Chine et équilibre asiatique - article ; n°4 ; vol.38, pg 443-453
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Description

Politique étrangère - Année 1973 - Volume 38 - Numéro 4 - Pages 443-453
Ce que l'on voit peut-être se dessiner dans l'Ouest du Pacifique n'est pas un simple triangle de forces, mais un rectangle, Japon compris (2).
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Jacques Guillermaz
Chine et équilibre asiatique
In: Politique étrangère N°4 - 1973 - 38e année pp. 443-453.
Résumé
Ce que l'on voit peut-être se dessiner dans l'Ouest du Pacifique n'est pas un simple triangle de forces, mais un rectangle, Japon
compris (2).
Citer ce document / Cite this document :
Guillermaz Jacques. Chine et équilibre asiatique. In: Politique étrangère N°4 - 1973 - 38e année pp. 443-453.
doi : 10.3406/polit.1973.1857
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1973_num_38_4_1857CHINE ET ÉQUILIBRE ASIATIQUE
par Jacques GV1LLERMAZ{\)
Ce que l'on voit peut-être se dessiner dans l'Ouest du Pacifique
n'est pas un simple triangle de forces, mais un rectangle, Japon
compris (2).
L'étranger regarde la Chine. Fasciné par le caractère unique
et souvent inintelligible des événements intérieurs, abusé par
un message révolutionnaire prétendu universel mais fait pour
une société sans traditions démocratiques engagée par dure
et absolue nécessité dans un gigantesque effort de modernisat
ion, il n'a pas encore perçu clairement la véritable place que
ce pays vient tout-à-coup de prendre parmi les nations.
Le Chinois regarde le monde. Marqué par vingt siècles de
sinocentrisme dominateur et par cent ans de soumission aux
« traités inégaux », longtemps tenu sous le martèlement d'une
idéologie exclusivement anti-impérialiste et persuadé de vivre
sous une dangereuse et permanente menace, il a grand mal à
mesurer le sens et l'ampleur des changements qui sont en train
de s'accomplir chez lui et autour de lui.
Essayons de refaire, en passant par les sommets, le chemin
suivi par la politique étrangère chinoise depuis 1949 sous la
direction continue mais sinueuse de Mao Tse-tung et de son
premier ministre Chou En-lai.
(1) Directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes Etudes (VIe Section), Direc
teur du « Centre de Documentation sur la Chine Contemporaine ».
(2) Edgar Snow: « Mao m'a dit », L'Express, 2-8 août 1971. 444 GUILLERMAZ
Avec le traité sino-soviétique du 14 février 1950, la Chine
« tombe d'un seul côté ». La puissante personnalité de Staline,
la guerre de Corée, la persistance de la « guerre froide », les
exigences de sa sécurité, les besoins du premier plan quin
quennal, ne lui laissent pas d'autres choix. Les prétentions chi
noises à l'inspiration idéologique et à terme politique du Tiers-
monde se font plus discrètes, la question du retour de Taiwan,
celle de l'entrée de Pékin aux Nations-Unies sont mollement
poussées.
Illustrée par le retrait des experts soviétiques, l'année 1960
verra se briser des liens économiques longtemps privilégiés. La
grande controverse de l'été 1963, aboutissement d'un différend
commencé après le XXe Congrès du PCUS en février 1956,
consommera une rupture idéologique définitive dont la lettre
chinoise en 25 points du 14 juin et la réponse soviétique du
14 juillet suivant résument les motifs officiels. Partout la poli
tique étrangère chinoise s'affranchit des orientations générales
du « camp socialiste », s'oppose quand et comme elle le peut
à la politique et aux intérêts russes. Le contentieux frontalier
sino-soviétique, la légitimité de la présence soviétique à l'est
du Baikal sont évoqués, au moins officieusement, par Mao
Tse-tung lui-même. Puis, la Chine va tomber pendant plusieurs
années dans un isolement que l'engagement militaire américain
au Vietnam semble rendre périlleux. Une grande hardiesse
verbale couvrira l'extrême prudence des comportements. La
politique militaire chinoise libérée de la tutelle mais aussi de
la protection russe se fera résolument défensive. Elle s'expr
imera par un texte de Lin Piao : « Vive la victorieuse guerre
du peuple » qui ramène la Chine au climat et aux concepts
militaires de la guerre sino-^japonaise. La force de dissuasion
nucléaire chinoise vient à peine de naître. La Chine n'a plus
que des amis dérisoires comme l'Albanie ou sans vraie puis
sance comme le Pakistan. Elle se complait dans le mythe de
l'encerclement par « les impérialistes américains, les révision
nistes soviétiques, les réactionnaires indiens ».
A partir de 1966 le défi s'ajoutera au mythe. Sans souci de
ses intérêts idéologiques, politiques, économiques, la Chine bri- CHINE 445
sera sa propre image de nation modèle, sage et responsable.
Pourtant, sous ces apparences bruyantes et parfois puériles
s'accomplissent de sourdes mutations et de discrets revirements.
Les Soviétiques, censés inspirer Liu Shao-ch'i (le « Krouchtchev
chinois ») et ses partisans deviennent ainsi des ennemis de
l'intérieur plus insidieux, dangereux et haïssables que ceux du
dehors. Aucun des centaines d'incidents sino-américains ne
dégénérera en affrontement grave malgré la tension créée par
la guerre du Vietnam. En revanche, les « accrochages » sino-
soviétiques prendront sur l'Oussouri le caractère d'opérations
en règle et seront sanglants. Déjà, sans qu'il y paraisse, le monde
et la Chine sont entrés dans une ère nouvelle qui annonce la
situation d'aujourd'hui.
Evolution intérieure et politique étrangère
Au dedans, la Révolution culturelle est en train de périr de
ses désordres. Déjà 1966 avait vu l'élimination de ceux dont
le réalisme ou l'orthodoxie doctrinale aurait pu s'accommoder
de quelque apaisement, voire rapprochement avec l'Union sovié
tique ; tel avait été le cas du chef d'état-major général Lo Jui-
ch'ing, puis du président de la République Liu Shao-ch'i, ce der
nier suivi par une majorité de l'appareil supérieur du Parti.
Avec le brusque virage de l'été 1967 s'amorce la liquidation
de tous les courants radicaux en commençant par les plus
extrêmes. De Ch'i Pen-yu et Kuan Feng à l'automne 1967 à
Ch'en Po-ta au printemps 1971 elle demandera près de quatre
années. Ce sont précisément celles qui séparent l'incendie de
l'ambassade de Grande-Bretagne et la prise du ministère des
Affaires étrangères par Yao Teng-shan de la première visite
du Dr Kissinger à Pékin au mois de juillet 1971.
La fuite tragique du maréchal Lin Piao en septembre 1971
achèvera de dégager les voies de Chou En-lai et, dès lors, la
politique extérieure chinoise s'insère très exactement dans un
ensemble cohérent et mesuré : restauration des appareils poli
tique et administratif et d'abord d'un Parti auquel il s'agit
de rendre autorité et crédit, développement économique équi- 446 GUILLERMAZ
libre et compatible avec les possibilités réelles du pays, réinté
gration au moins partielle et à certaines conditions d'un patr
imoine culturel propre à renforcer l'identité nationale.
Ainsi, sur le plan intérieur, épuisement de la Révolution cul
turelle et émergence d'une personnalité hors série, particulièr
ement propre à saisir les réalités et les évolutions internationales
vont-ils permettre à la Chine de s'ajuster sans retard aux boule
versements qui viennent de se produire autour d'elle.
Les changements extérieurs
Tandis que la politique extérieure chinoise se trouvait en
quelque sorte abolie par les convulsions de la Révolution cultur
elle, celle des trois autres « grands » de l'Asie orientale évo
luait rapidement et profondément.
L'Union soviétique
A l'autre bout du monde socialiste, la mise au pas de la
Tchécoslovaquie avait non seulement obligé l'Union soviétique
à recourir à la force ouverte, mais elle l'avait aussi contrainte
à justifier en droit son intervention militaire. La doctrine de la
« souveraineté limitée », attribuée à Lénine, avait repris une
actualité que la vulnérabilité des frontières occidentales chi
noises rendait plus inquiétante. A défaut d'intervention directe
l'URSS s'employait à répandre en Asie l'idée déjà ancienne
d'un système de sécurit

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