Chine-Taiwan : le poids des échanges économiques - article ; n°1 ; vol.66, pg 69-81
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Politique étrangère - Année 2001 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 69-81
China-Taiwan : The Influence of Economie Exchanges, by Philippe Chevalérias Since the mid-80s, the economie exchanges across the Taiwan Strait have increa-sed dramatically, making Taiwan's economy more and more dépendent upon the Chinese Mainland. However, Taipei has not given up anything to Peking from the political viewpoint. In that context, can the Taiwanese government follow a strategy aiming to separate the économie question from the political one?
Les relations économiques entre Taiwan et la République populaire de Chine ont pris un tour nouveau depuis l'élection du président Chen Shui-bian, en mars 2000 : l'une des premières décisions du nouveau pouvoir consista en effet à lever l'interdiction des liaisons « directes » avec le continent, mettant fin à un principe affiché depuis plus de cinquante ans. Au-delà de sa portée symbolique, cette décision mettait en accord les réalités et le discours économiques des dirigeants taiwanais, car les années 90 furent celles d'une progression géométrique des échanges économiques entre Pékin et Taipei, entraînant une interdépendance croissante. Cette interdépendance, jointe à la perspective d'une entrée prochaine dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC), pourrait conduire les deux gouvernements à mettre leurs divergences politiques en veilleuse. Dans ce cas, le pari taiwanais d'une séparation des questions politiques et économiques serait en passe d'être gagné, pour le bien de la paix dans le détroit de Formose.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Chesnais
Chine-Taiwan : le poids des échanges économiques
In: Politique étrangère N°1 - 2001 - 66e année pp. 69-81.
Abstract
China-Taiwan : The Influence of Economie Exchanges, by Philippe Chevalérias
Since the mid-80s, the economie exchanges across the Taiwan Strait have increa-sed dramatically, making Taiwan's economy
more and more dépendent upon the Chinese Mainland. However, Taipei has not given up anything to Peking from the political
viewpoint. In that context, can the Taiwanese government follow a strategy aiming to separate the économie question from the
political one?
Résumé
Les relations économiques entre Taiwan et la République populaire de Chine ont pris un tour nouveau depuis l'élection du
président Chen Shui-bian, en mars 2000 : l'une des premières décisions du nouveau pouvoir consista en effet à lever
l'interdiction des liaisons « directes » avec le continent, mettant fin à un principe affiché depuis plus de cinquante ans. Au-delà de
sa portée symbolique, cette décision mettait en accord les réalités et le discours économiques des dirigeants taiwanais, car les
années 90 furent celles d'une progression géométrique des échanges économiques entre Pékin et Taipei, entraînant une
interdépendance croissante. Cette interdépendance, jointe à la perspective d'une entrée prochaine dans l'Organisation mondiale
du commerce (OMC), pourrait conduire les deux gouvernements à mettre leurs divergences politiques en veilleuse. Dans ce cas,
le pari taiwanais d'une séparation des questions politiques et économiques serait en passe d'être gagné, pour le bien de la paix
dans le détroit de Formose.
Citer ce document / Cite this document :
Chesnais. Chine-Taiwan : le poids des échanges économiques. In: Politique étrangère N°1 - 2001 - 66e année pp. 69-81.
doi : 10.3406/polit.2001.5044
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2001_num_66_1_5044:
POLITIQUE ÉTRANGÈRE 1/2001
Chine-Taiwan :
Philippe CHEVALÉRIAS le poids des échanges
économiques
Les relations économiques entre Taiwan et la République populaire de Chine
ont pris un tour nouveau depuis l'élection du président Chen Shui-bian, en
mars 2000 : l'une des premières décisions du nouveau pouvoir consista en effet
à lever l'interdiction des liaisons « directes » avec le continent, mettant fin à un
principe affiché depuis plus de cinquante ans. Au-delà de sa portée symbolique,
cette décision mettait en accord les réalités et le discours économiques des diri
geants taiwanais, car les années 90 furent celles d'une progression géométrique
des échanges économiques entre Pékin et Taipei, entraînant une interdépen
dance croissante. Cette interdépendance, jointe à la perspective d'une entrée
prochaine dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC), pourrait
conduire les deux gouvernements à mettre leurs divergences politiques en
veilleuse. Dans ce cas, le pari taiwanais d'une séparation des questions poli
tiques et économiques serait en passe d'être gagné, pour le bien de la paix dans
le détroit de Formose.
Politique étrangère
Trois jours après l'élection de Chen Shui-bian à la présidence de
Taiwan, le 18 mars 2000, le parlement taiwanais levait l'inte
rdiction des liaisons « directes » (commerce, transport, poste)
avec la République populaire de Chine (RPC)1. Cette décision n'aura
certes pas, dans l'ordre actuel des choses, d'effets économiques consi
dérables : seules sont en effet concernées les îles de Quemoy, Matsu et
Penghu, au large de Formose. Elle n'en est pas moins hautement symb
olique sur le plan politique, puisqu'elle met fin au sacro-saint prin
cipe des échanges « indirects » que Taipei maintenait envers et contre
tout dans ses relations avec Pékin depuis 1949.
Philippe Chevalérias travaille à l'Université de Tokyo sur les relations économiques entre Taiwan, le Japon et
la Chine populaire. E-mail tcheuv@hotmail.com
1. Japan Times (JP), 22 mars 2000, p. 1. :
:
/ POLITIQUE ÉTRANGÈRE 70
Ce faisant, le nouveau Président élu ne remplit pas seulement une pro
messe électorale : il prend aussi acte de l'échec de la politique de Lee
Teng-hui visant à freiner les échanges économiques avec la RPC.
Depuis dix ans, ceux-ci ont en effet atteint une ampleur telle que
l'interdépendance s'est fortement accrue entre les deux rives du
détroit. Or, contrairement aux inquiétudes du gouvernement taiwa-
nais, ce rapprochement économique n'a pas fondamentalement affai
bli la position politique de Taipei vis-à-vis de Pékin, en particulier sur
le problème sensible de la (ré)unification2. Lâchant du leste sur le plan
économique, sans pour autant céder sur le plan politique (il refuse la
solution « un pays, deux systèmes » appliquée à Hong-Kong et
Macao), Chen Shui-bian a fait ainsi le pari de séparer les questions
économique et politique. Mais le pouvoir communiste acceptera-t-il
d'entrer dans ce jeu ?
Le principe des relations indirectes maintenu envers et contre tout
Le 1er janvier 1979, dans un message à destination des « compat
riotes » de Taiwan, la Commission permanente de l'Assemblée popul
aire nationale proposa l'établissement de liaisons directes à travers le
détroit. Taipei y répondit par la politique des « trois non » : ni contact,
ni négociation, ni compromis. Si, depuis cette date, le gouvernement
de l'île a mis beaucoup d'eau dans son vin, il continue toutefois de
refuser l'ouverture de liaisons directes.
Cette politique de prudence poursuivie par le Kuomintang et visant à
ralentir les échanges avec la RPC s'appuyait sur l'idée qu'une forte
dépendance économique mettrait Taipei en position de faiblesse vis-à-
vis de Pékin, qui pourrait en profiter pour exercer des pressions poli
tiques. Cette crainte ne semblait d'ailleurs pas dénuée de tout
fondement, car, dès 1979, dans la Réglementation provisoire sur le
développement du commerce avec Taiwan, le pouvoir communiste
reconnaissait que le avait pour but, en ralliant le monde de
l'industrie, de promouvoir l'union économique entre les deux rives et
le retour de Taiwan au sein de la mère patrie.
2. Notons que les textes chinois ne semblent pas faire la distinction entre « unification » et « réunification »
les deux concepts s'expriment par le terme tongyi. L'utilisation de l'un ou l'autre terme français est dès lors
une question d'appréciation politique Taiwan et le continent chinois étaient-ils déjà unifiés avant 1949 ? Sur
ce point, voir par exemple François Joyaux, Géopolitique de l'Extrême-Orient - Tome 1 : Espaces et poli
tique (Taiwan, un État d'Asie du Sud-Est?), Complexe, Bruxelles, 1993, p. 141-150. CHINE-TAIWAN : LE POIDS DES ÉCHANGES ÉCONOMIQUES / 71
Le principe des relations indirectes eut deux conséquences majeures.
D'une part, il entraîna la création d'organismes privés chargés de
traiter les problèmes relevant normalement des gouvernements : la
Fondation pour les échanges à travers le détroit (Taipei, février 1991),
et l'Association chargée des relations entre les deux rives (Pékin,
décembre 1991). D'autre part, il obligea les hommes d'affaires de l'île
ayant des relations commerciales avec la RPC à faire transiter leurs
marchandises et leurs capitaux par un pays ou territoire tiers et à y
investir sous le couvert d'une société-écran pour les sommes supé
rieures à un million de dollars3 (voir la Réglementation concernant les
modalités d'approbation de l'investissement ou de la coopération tech
nologique sur le continent, mars 1993).
Certes, au fur et à mesure que se développaient, parfois en toute illé
galité, les échanges avec l'autre rive, le gouvernement taiwanais dut
plus d'une fois infléchir sa politique. Se mettant au diapason des entre
prises, il finit par officialiser ces échanges à condition qu'ils fussent
« indirects » : d'abord, le commerce, en juillet 1985, puis les investis
sements, en octobre 1990. Il élargit aussi progressivement les secteurs
autorisés. De 29, en août 1987, le nombre de catégories de produits
pouvant être importées de RPC était passé à 5 260 en juin 1997 ; en
décembre

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