Citoyenneté et acte de vote des individus issus de l immigration maghrébine. Des stratégies politiques plurielles et contradictoires - article ; n°22 ; vol.6, pg 93-103
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Citoyenneté et acte de vote des individus issus de l'immigration maghrébine. Des stratégies politiques plurielles et contradictoires - article ; n°22 ; vol.6, pg 93-103

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Description

Politix - Année 1993 - Volume 6 - Numéro 22 - Pages 93-103
Citizenship and vote for people from North African migration.
Jocelyne Cesari. [93-103]
The struggle for civic rights caracterizing people from North African migration, is only one aspect of plural and opposite political strategies. This demand makes of citizenship an issue. It reveals a new conception of citizenship based on a question about the exclusive tie between individuals and State, which is the traditional conception of french citizenship. For young people living in suburbs, voting is nom considered as a way to struggle against xenophobe opinions and against the influence of the National Front in the french political life. According to the results of an opinion poll, made in 1988, in most cases, these young voters have choosen the socialist party because it seems to tbem that the political men belonging to this party, specially Francois Mitterrand, are the best supporters of their cause against right-wing parties. This attitude reveals the influence of the political context on their political opinions and this influence will probably continue as long as the National Front will have a significantpolitical audience in France.
Citoyenneté et acte du vote des individus issus de l'immigration maghrébine.
Jocelyne Césari. [93-103]
L'article porte sur les significations de l'acte de vote des nouvelles générations issues de l'immigration maghrébine et ce, à partir des résultats de deux sondages «sortie d'urnes» menés auprès de ces populations lors des seconds tours de l'élection présidentielle de 1988 et de l'élection municipale de 1989. Il s'agit de dégager les éventuelles spécificités de ce vote franco-maghrébin en le replaçant dans la problématique générale de l'intégration politique de ce groupe, notamment de l'intégration démocratique qui apparaît comme l'une des modalités de «passage au politique», parmi d'autres, mises en œuvre par les acteurs considérés. Il est notamment essentiel d'évaluer l'influence de l'effet de contexte dans l'acte de vote de ces générations, en tenant compte des particularités de leur socialisation politique et de leur appartenance citoyenne. Ceci conduit à dresser une typologie sommaire de ces nouveaux électeurs et à mesurer les éventuelles disparités qui peuvent apparaître par rapport à l'électorat «témoin» caractérisé par les mêmes tranches d'âge et les mêmes conditions socio-économiques.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jocelyne Césari
Citoyenneté et acte de vote des individus issus de l'immigration
maghrébine. Des stratégies politiques plurielles et
contradictoires
In: Politix. Vol. 6, N°22. Deuxième trimestre 1993. pp. 93-103.
Citer ce document / Cite this document :
Césari Jocelyne. Citoyenneté et acte de vote des individus issus de l'immigration maghrébine. Des stratégies politiques
plurielles et contradictoires. In: Politix. Vol. 6, N°22. Deuxième trimestre 1993. pp. 93-103.
doi : 10.3406/polix.1993.2046
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1993_num_6_22_2046Abstract
Citizenship and vote for people from North African migration.
Jocelyne Cesari. [93-103]
The struggle for civic rights caracterizing people from North African migration, is only one aspect of
plural and opposite political strategies. This demand makes of citizenship an issue. It reveals a new
conception of citizenship based on a question about the exclusive tie between individuals and State,
which is the traditional conception of french citizenship. For young people living in suburbs, voting is
nom considered as a way to struggle against xenophobe opinions and against the influence of the
National Front in the french political life. According to the results of an opinion poll, made in 1988, in
most cases, these young voters have choosen the socialist party because it seems to tbem that the
political men belonging to this party, specially Francois Mitterrand, are the best supporters of their cause
against right-wing parties. This attitude reveals the influence of the political context on their political
opinions and this influence will probably continue as long as the National Front will have a
significantpolitical audience in France.
Résumé
Citoyenneté et acte du vote des individus issus de l'immigration maghrébine.
Jocelyne Césari. [93-103]
L'article porte sur les significations de l'acte de vote des nouvelles générations issues de l'immigration
maghrébine et ce, à partir des résultats de deux sondages «sortie d'urnes» menés auprès de ces
populations lors des seconds tours de l'élection présidentielle de 1988 et de l'élection municipale de
1989. Il s'agit de dégager les éventuelles spécificités de ce vote franco-maghrébin en le replaçant dans
la problématique générale de l'intégration politique de ce groupe, notamment de l'intégration
démocratique qui apparaît comme l'une des modalités de «passage au politique», parmi d'autres, mises
en œuvre par les acteurs considérés. Il est notamment essentiel d'évaluer l'influence de l'effet de
contexte dans l'acte de vote de ces générations, en tenant compte des particularités de leur
socialisation politique et de leur appartenance citoyenne. Ceci conduit à dresser une typologie
sommaire de ces nouveaux électeurs et à mesurer les éventuelles disparités qui peuvent apparaître par
rapport à l'électorat «témoin» caractérisé par les mêmes tranches d'âge et les mêmes conditions socio-
économiques.Citoyenneté et acte de vote
des individus issus de l'immigration
maghrébine
Des stratégies politiques plurielles et contradictoires
Jocelyne Césari
CNRS-IREMAM
Aix-en-Provence
DEPUIS PLUS D'UNE DECENNIE, les individus issus de l'immigration
maghrébine sont devenus des acteurs dans l'espace public en
développant des formes de mobilisation diverses : marches s'inspirant
de l'idéologie de la non-violence, grèves de la faim et surtout création
d'associations. L'essor de ce mouvement associatif a été bien souvent suscité et
encouragé par les pouvoirs publics dans la mesure où il a permis de
désamorcer le potentiel de violence contestataire qui présidait aux premières
formes d'action1. Il a eu comme effet induit de contribuer à l'émergence d'un
acteur collectif «artificiel» : les «beurs» ou encore «la deuxième génération».
Cette autonomisation des générations suivantes est un phénomène inédit dans
l'histoire des migrations en France, et met en relief le caractère d'extériorité
qui demeure attaché à cette population en dehors de toute réalité sociologique
et juridique. Il faut en chercher la raison dans la condition post-coloniale de
ce groupe qui se traduit par des actes de discrimination dont sont surtout
victimes, précisément, ces nouvelles générations. Il s'agit d'un processus
courant selon lequel les formes de rejet se développent lorsque les conditions
de vie s'égalisent et qu'une minorité ethnique s'assimile à la société d'accueil2.
Ceci engendre pour les individus concernés une situation paradoxale. Pétris
des valeurs d'égalité et d'ascension sociale de la société française, leurs
revendications ne trouvent de place ni dans les institutions liées aux pays
d'origine ni dans les associations créées par les primo-migrants. En même
temps, ils ne peuvent utiliser les canaux traditionnels que sont les partis
politiques et les syndicats pour des raisons qui tiennent à leur moindre
efficacité mais aussi aux séquelles d'une histoire conflictuelle entre l'Etat
français et les pays de leurs pères dont ils sont en quelque sorte les «enfants
illégitimes»3.
1. Il s'agissait à la fin de la décennie soixante-dix, de mouvements de protestation contre la
multiplication des expulsions d'individus nés sur le territoire français ou de mouvements de
squatters ou d'occupants rénovateurs ou encore d'agressions contre les institutions policières. Le
maître-mot guidant ces manifestations était l'autonomie : autonomie envers les structures
d'encadrement liées aux pays d'origine comme envers les organisations politiques françaises. Cf.
Jazouli (A), L'action collective des jeunes maghrébins de France, Paris, CIEMI-L'Harmattan, 1986.
2. Myrdal (G.), An American dilemma. The negro problem and modern democracy, Harper and
Brother Publishers, New York, 1944, ou encore Arendt (H.), Sur l'antisémitisme, Paris, Calmann-
Lévy, 1973.
3. Cf. Sayad (A.), -Les enfants illégitimes», Actes de la recherche en sciences sociales, n°25 et 26-27,
1979-
Poîitix, n°22, 1993, pages 93 à 103 93 Jocelyne Césari
C'est pourquoi les orientations de l'action demeurent jusqu'à aujourd'hui
plurielles et contradictoires, car elles s'enracinent dans l'affirmation de deux
principes opposés. D'une part, il s'agit de valoriser une spécificité et une
différence, ce qui dans le cas présent ne renvoie pas à la défense d'une culture
mais plutôt à la reconnaissance d'une expérience particulière : le racisme post
colonial. D'autre part, il s'agit de refuser l'enfermement dans une logique
communautaire au nom du refus de la stigmatisation et du principe d'égalité.
Ce dilemme traverse toutes les formes d'actions engagées par ces nouvelles
générations, qu'il s'agisse de la lutte anti-raciste, de la mobilisation ethnique1
ou encore du combat pour les droits civiques.
La citoyenneté comme enjeu
La lutte pour les droits civiques est le fait principalement d'individus en
ascension sociale vers les classes moyennes (étudiants, leaders issus du
mouvement associatif, militants politiques...). Le combat pour l'égalité des
droits et pour la citoyenneté est alors privilégié au détriment du droit à la
différence.
La première dimension de ce combat consiste à sensibiliser la jeunesse des
banlieues à l'exercice du droit de vote. Ceci prend la forme de véritables
campagnes menées par les leaders associatifs à l'occasion de chaque scrutin2.
Dès 1985, la troisième marche des jeunes issus de l'immigration s'était
déroulée sous le signe de la participation politique. A l'issue de celle-ci
d'ailleurs, avait été constituée l'association France plus dont les responsables
se sont depuis érigés en défenseurs des droits civiques. Or, l'inscription sur les
listes électorales est habituellement un acte individuel qui, de ce fait, constitue
une première limite du passage à la citoyenneté pour la jeunesse des banlieues
en général. En effet, celle-ci est caractérisée par une distanciation vis-à-vis de
toute forme de participation politique, par un sentiment d'exclusion et
d'impasse qui favorise l'inertie et la passivité. A cec

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