Comment réaliser la nouvelle carte de France à 1 : 50000 - article ; n°249 ; vol.44, pg 225-237

Jean Martin

Description

Annales de Géographie - Année 1935 - Volume 44 - Numéro 249 - Pages 225-237
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1935
• Nombre de lectures: 52
• Langue: Français
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Jean Martin
Comment réaliser la nouvelle carte de France à 1 : 50000
In: Annales de Géographie. 1935, t. 44, n°249. pp. 225-237.
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Martin Jean. Comment réaliser la nouvelle carte de France à 1 : 50000. In: Annales de Géographie. 1935, t. 44, n°249. pp. 225-
237.
doi : 10.3406/geo.1935.10898
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1935_num_44_249_10898249. — XLIVe année. 15 Mai 1935. №
ANNALES
DE
GÉOGRAPHIE
LA NOUVELLE COMMENT CARTE DE RÉALISER FRANCE A 1 : 50000
I. — Nécessité d'une nouvelle carte de France
La France ne possède encore qu'une seule carte d'ensemble de son
territoire métropolitain, la célèbre carte d'État-Major à 1 : 80 000.
Cette carte, vieille d'un siècle1, a fait son temps et ne répond plus
aux besoins du pays ; elle n'est ni assez claire ni assez détaillée, et son
échelle est nettement insuffisante.
Œuvre magnifique, monument qui serait, peut-être, unique en son
genre, de la belle gravure sur cuivre, si ne pouvait lui être comparée,
à cet égard, la magnifique carte des chasses royales, la carte d'État-
Major a rendu et rend encore à la France des services considérables,
mais, comme ces souverains qui survivent trop longtemps à leurs
années de gloire, son règne est virtuellement terminé, et il faut souhait
er, pour sa réputation même, qu'elle cède la place au plus tôt.
Dressée, pour l'altimétrie, à l'aide de mesures d'un caractère expéd
ié, — il ne pouvait alors en être autrement, - — elle ne fournit sur
l'altitude des points cotés que des indications trop approximatives
pour que l'on continue à leur faire confiance. Le caractère même
auquel elle doit la part la plus légitime de l'admiration qu'on lui a
vouée, son mode d'expression du relief, peut aujourd'hui lui être
imputé à crime. Sans doute le système des hachures donne-t-il du
terrain une image particulièrement expressive et parlante, mais il
ne peut, en raison même de l'échelle, que le définir dans ses lignes
1. Commencés en 1818, les levés de la carte étaient achevés dans les premières
années du Second Empire. Ils furent repris après la guerre d'Italie les territoires
nouvellement annexés (Savoie et Comté de Nice) et terminés par les levés de Corse en
1866. La carte elle-même, divisée en 274 feuilles, ne fut terminée qu'en 1880. Revisée
périodiquement, elle est toujours en service.
ANN. DE GÉOG. XXIVe ANNÉE. 226 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
générales ; il manque de précision, surcharge la carte au détriment de
la planimétrie et contribue à en rendre la lecture difficile, surtout en
montagne.
Pour toutes ces raisons, la nécessité a été reconnue, à la fin du
siècle dernier, d'établir sur nouveaux levés précis et complets une
carte de France qui répondrait aux exigences de la cartographie con
temporaine : échelle plus grande, impression en plusieurs couleurs
notamment, et remplacerait, aussitôt terminée, la carte d'État-Major1.
La nouvelle carte de France, à laquelle nous avons la légitime
ambition d'intéresser le lecteur de cet article, est la carte à 1 : 50 000.
Conçue et entreprise au début même de ce siècle, à une échelle
qui, pour les surfaces, est près de trois fois supérieure à celle de la
carte d'État-Major2, elle est susceptible d'une grande richesse de
documentation planimétrique et peut supporter, dans la figuration
des détails de nivellement, ou si l'on préfère dans l'expression du
relief, autant d'éléments qu'en exigent les régions les plus accidentées.
Et cependant, grâce à un choix très étudié de signes conventionnels,
elle est d'une clarté de lecture, d'une lisibilité, qui frappe d'admira
tion ceux qui se trouvent en sa présence pour la première fois. Je
défie qu'un fervent de nos grandes Alpes dauphinoises soit placé
brusquement devant un assemblage des feuilles récemment parues
de ces régions de hautes montagnes, sans un frémissement de plaisir.
Le nouveau 1 : 50 000 séduit aussi par la gamme de ses différents
coloris où les oppositions brutales et les teintes trop crues ont été
soigneusement évitées. Il rend à merveille les formes du terrain au
moyen de courbes de niveau de faible équidistance, relevées et mises
en place avec une grande rigueur et rehaussées d'un double estompage
dans l'hypothèse d'un éclairage à la fois oblique et vertical. Le lecteur
a ainsi le moyen de déterminer avec une précision absolue l'altitude
d'un point quelconque, ce qui est impossible sur le 1 : 80 000.
Sous cette forme, la carte de France à 1 : 50 000, dans la mesure hé
las si restreinte où l'on peut déjà parler d'elle au présent, est un chef-
d'œuvre de la cartographie française, qui fait le plus grand honneur
au Service Géographique de l'Armée et qui ne craint aucune comparai
son avec ce qui se fait et peut se faire de mieux dans d'autres pays.
1. La démonstration détaillée de la nécessité d'une carte de France à 1 : 50 000
n'est plus à l'aire ; elle a été magistralement développée ici même par MMr* P. Vidal
de La Blache, Emm. de Margerie et Emm. de Martonne, dans trois articles aux
quels nous renvoyons le lecteur : P. Vidal de La Blache, La carte de France au
1 : 50 000 (Ann. de Géogr., 15 mars 1904, p. 113-120) ; Emm. de Margerie, La nouv
elle carte de France au 50 000e (Ibid., 15 mai 1905, p. 236-244) ; Emm. de Martonne,
Pour la carte de France au 50 000e (Ibid., 15 janvier 1924, p. 1-18). Nous ne rappelons
que l'essentiel.
2. Les surfaces de deux cartes à échelles différentes d'une même étendue de ter
rain sont entre elles comme le carré des échelles. NOUVELLE CARTE DE FRANCE A 1 : 50 000 227 LA
La nouvelle carte de France est tout d'abord un document qui
donne entière satisfaction aux exigences de la défense nationale. La
France a cruellement ressenti, pendant la dernière guerre, combien
semblable carte tactique lui manquait, puisqu'elle a dû en improviser
une, nécessairement insuffisante, par simple agrandissement photo
graphique du 1 : 80 000. L'échelle de 1 : 50 000 répond si bien aux
besoins militaires que l'Allemagne vient de consacrer d'importants
crédits pour la confection en cinq ans d'une carte militaire à cette
échelle x.
Le nouveau 1 : 50 000 satisfait aussi, de façon remarquable, à la
plupart des besoins du génie civil et dans les domaines les plus variés.
Il n'est, pour s'en convaincre, que de parcourir pendant quelques
instants la liste des usagers certains, c'est-à-dire des acheteurs actuels
de cartes à grande échelle : ingénieurs des mines, ingénieurs des
Ponts et Chaussées et des Services vicinaux, agents voyers, services
municipaux, ingénieurs électriciens, inspecteurs des Eaux et Forêts,
géomètres du Cadastre, entreprises et directions de travaux publics,
d'adduction d'eau, de distribution d'électricité, cabinets d'archi
tectes, clubs scientifiques ou touristiques tels que le Spéléoclub et le
Touring Club de France2, sans parler, pour le moment, des géologues
et des géographes, pour lesquels une telle œuvre présente, comme
nous allons voir, un intérêt d'un ordre plus direct et tout particulier.
L'abondance et la netteté de ses indications précises, la rigou
reuse exactitude de ses cotes et courbes de niveau désignent impéra
tivement le 1 : 50 000 à tous ceux qui reçoivent mission de préparer
l'étude des grands travaux d'utilité publique intéressant les collec
tivités. La carte les oriente presque immédiatement vers les diverses
possibilités d'exécution et leur permet, après une étude attentive, de
choisir, sans risque d'erreur, la meilleure d'entre elles, même de sup
puter l'importance des travaux à entreprendre et leurs difficultés
éventuelles. En un mot la carte leur fournit le moyen de conduire
leur étude jusqu'à l'avant-projet exclusivement. Sans doute, pour
donner forme définitive aux avant-projets et à plus forte raison
passer à l'exécution matérielle des travaux, des levés de détail à