Europe de la Défense : y a-t-il encore une ambition française ? - article ; n°4 ; vol.67, pg 983-1000
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Politique étrangère - Année 2002 - Volume 67 - Numéro 4 - Pages 983-1000
Europe and Defence: Does France still Have an Ambition for it?, by Gilles ANDRÉANI
After 50 years under the aegis of the United States, Europe has begun seriously, through the European Councils at Saint-Malo and Helsinki, to take over its own defence. This evolution was made possible by the end of the cold war, the warming of relations between London and Paris on transatlantic relations, and, finally, through the priority given to military capabilities, the key to independence on defence matters. But, after September 11 and the reaffirmation of the US hegemony on the international scene, a European defence policy must confront a major issue: does Europe want and can it become a genuine international player, capable of standing up to the challenges of global security? By proposing a transatlantic and European solidarity project that allows a European defence policy to coexist along side the US hyperpower, France will be able to play a once again a leading role on the old continent.
Après plus de 50 années passées sous la protection de l'allié américain, l'Europe a sérieusement commencé, après Saint-Malo et Helsinki, à coopérer dans le domaine de la défense. Cette évolution a été rendue possible d'abord par la fin de la guerre froide, ensuite par le rapprochement entre Londres et Paris, enfin par la priorité accordée aux capacités militaires. Mais, après le 11 septembre, le projet d'Europe de la défense reste suspendu à plusieurs interrogations majeures : l'Union européenne veut-elle devenir un véritable acteur international, capable de faire face aux défis de sécurité du monde global ? Les Européens sont-ils capables de développer des conceptions communes sur le rôle de la force armée dans le monde d'aujourd'hui ? La réponse à ces questions ne viendra pas sans un engagement de la France dans un projet de solidarité européenne et transatlantique et un lourd investissement dans l'ambition d'une Europe de la défense.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Andréani
Europe de la Défense : y a-t-il encore une ambition française ?
In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 983-1000.
Abstract
Europe and Defence: Does France still Have an Ambition for it?, by Gilles ANDRÉANI
After 50 years under the aegis of the United States, Europe has begun seriously, through the European Councils at Saint-Malo
and Helsinki, to take over its own defence. This evolution was made possible by the end of the cold war, the warming of relations
between London and Paris on transatlantic relations, and, finally, through the priority given to military capabilities, the key to
independence on defence matters. But, after September 11 and the reaffirmation of the US hegemony on the international scene,
a European defence policy must confront a major issue: does Europe want and can it become a genuine player,
capable of standing up to the challenges of global security? By proposing a transatlantic and European solidarity project that
allows a European defence policy to coexist along side the US hyperpower, France will be able to play a once again a leading
role on the old continent.
Résumé
Après plus de 50 années passées sous la protection de l'allié américain, l'Europe a sérieusement commencé, après Saint-Malo
et Helsinki, à coopérer dans le domaine de la défense. Cette évolution a été rendue possible d'abord par la fin de la guerre
froide, ensuite par le rapprochement entre Londres et Paris, enfin par la priorité accordée aux capacités militaires. Mais, après le
11 septembre, le projet d'Europe de la défense reste suspendu à plusieurs interrogations majeures : l'Union européenne veut-elle
devenir un véritable acteur international, capable de faire face aux défis de sécurité du monde global ? Les Européens sont-ils
capables de développer des conceptions communes sur le rôle de la force armée dans le monde d'aujourd'hui ? La réponse à
ces questions ne viendra pas sans un engagement de la France dans un projet de solidarité européenne et transatlantique et un
lourd investissement dans l'ambition d'une Europe de la défense.
Citer ce document / Cite this document :
Andréani. Europe de la Défense : y a-t-il encore une ambition française ?. In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp.
983-1000.
doi : 10.3406/polit.2002.5242
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2002_num_67_4_5242POLITIQUE ÉTRANGÈRE 4/2002
L'Europe de la défense :
Gilles ANDREANI y a-t-il encore
une ambition française ?
Après plus de 50 années passées sous la protection de l'allié américain, l'Europe a
sérieusement commencé, après Saint-Malo et Helsinki, à coopérer dans le
domaine de la défense. Cette évolution a été rendue possible d'abord par la fin
de la guerre froide, ensuite par le rapprochement entre Londres et Paris, enfin par
la priorité accordée aux capacités militaires. Mais, après le 11 septembre, le pro
jet d'Europe de la défense reste suspendu à plusieurs interrogations majeures :
l'Union européenne veut-elle devenir un véritable acteur international, capable
de faire face aux défis de sécurité du monde global ? Les Européens sont-ils
capables de développer des conceptions communes sur le rôle de la force armée
dans le monde d'aujourd'hui ? La réponse à ces questions ne viendra pas sans un
engagement de la France dans un projet de solidarité européenne et transatlan
tique et un lourd investissement dans l'ambition d'une Europe de la défense.
Politique étrangère
La défense occupe une place à part dans l'histoire de la cons
truction européenne. Au lendemain de la Deuxième Guerre
mondiale, l'unité de l'Europe apparaît comme une réponse
salutaire, la seule qui permette au continent de surmonter ses déchi
rements et de compenser l'effondrement géopolitique provoqué par la
guerre civile de trente ans qui vient de s'achever. Dans ce contexte, la
défense aurait dû être une priorité naturelle pour le développement de
la construction européenne, d'autant que la montée de la menace
soviétique à l'est lui donnait un objet stratégique et un sens moral qui
auraient dû agir comme un puissant catalyseur des énergies euro
péennes. Cette résolution et cette stratégie européennes communes,
on en trouve des traces au tournant de la guerre froide, avec le traité
Gilles Andréani est conseiller maître à la Cour des comptes. 984 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
franco-britannique de Dunkerque de 1947, puis avec la constitution,
l'année suivante, de l'Union de l'Europe occidentale (UEO).
Cependant, la faiblesse des moyens français et britanniques, le désé
quilibre des forces et la montée de la tension Est-Ouest amènent les
Européens à s'en remettre aux Américains pour une tâche qui excède
leurs forces, le maintien de l'équilibre européen : d'abord avec la
conclusion du traité de l'Atlantique Nord en 1949, mais surtout avec
la remobilisation américaine provoquée par la guerre de Corée. C'est
elle, en effet, qui amène les Etats-Unis à aller au-delà du rôle de
protecteur politique et stratégique distant de l'Europe occidentale, à y
déployer des forces nombreuses, et à en assumer directement la
défense conventionnelle et nucléaire dans le cadre d'une stratégie
planétaire de défense du monde libre.
Dès lors, la grande politique et la défense seront interdites à l'Europe
en construction. Elle se développera comme une puissance civile,
compétente principalement pour l'économie et l'organisation des
échanges, même si le projet européen est, dès l'origine, éminemment
politique et non sans impact stratégique. La dimension politique
des entreprises européennes fondatrices — Conseil de l'Europe,
Communauté européenne du charbon et de l'acier - est évidente. Elles
servent de cadre à la réhabilitation politique et morale des ennemis
d'hier et à la réconciliation franco-allemande, indispensables à la soli
darité européenne et atlantique. Celle-ci est d'ailleurs largement per
çue en Europe et aux Etats-Unis comme un prolongement de celle-là,
et la nécessité de donner un contenu de défense à l'intégration euro
péenne n'est pas ressentie après l'échec de la Communauté
péenne de défense.
Il en résulte que les tentatives des Européens de développer entre eux
une coopération spécifique dans le domaine de la défense sont restées
marginales : plan Fouchet d'union politique européenne proposé par
la France en 1961-1962, traité franco-allemand de 1963, dont les
clauses militaires resteront lettre morte jusqu'au début des années
1980, revitalisation de l'UEO en 1984. Toutes ces tentatives ont deux
caractéristiques : elles émanent de la France qui est, en Europe, le pays
qui ressent le plus vivement la dépendance à l'égard des Etats-Unis en
matière de défense, et qui appelle de ses vœux l'émergence d'une
« Europe de la défense » face à l'indifférence, et parfois l'hostilité, des L'EUROPE DE LA DÉFENSE : Y A-T-IL ENCORE UNE AMBITION FRANÇAISE ? / 985
autres Européens. Ces moments où la France parvient à surmonter
leurs réticences coïncident avec une certaine insatisfaction de leur part
à l'égard de la politique américaine du moment. C'est l'inquiétude du
général de Gaulle et d'Adenauer devant les tentations conciliatrices de
Kennedy vis-à-vis de l'URSS lors de la crise de Berlin qui sert de toile
de fond au plan Fouchet ; c'est la politique du président Reagan et la
« guerre des étoiles », qui justifient le besoin des Européens de se
concerter sur leurs « intérêts communs de sécurité » dans les années
1980. Mais, dans l'un et l'autre cas, on ne veut pas de substitut euro
péen à l'alliance américaine : la France est isolée dans la négociation
du plan Fouchet, qui échoue dès que De Gaulle refuse d'assumer
la continuité entre coopération européenne et renforcement de
l'OTAN ; l'UEO revitalisée est pour celle-ci un complément, non un
concurrent.
De ces entreprises résultent pour l'Europe, et singulièrement la
France

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