Françafrique, les médias complices
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Françafrique, les médias complices

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Langue Français

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Françafrique, les médias complices
par François-Xavier Verschave
« Françafrique : les médias complices ? » Sous ce titre,
Acrimed
1
a organisé, le 18 Janvier 2001, dans le cadre de ses
"Jeudis" quasi-mensuels, un débat avec François-Xavier Verschave, président de l’association
Survie
et auteur du livre
Noir Silence
(éditions Les Arènes, 2000), poursuivi par trois présidents africains, Omar Bongo, Idriss Déby et Denis
Sassou Nguesso (défendus par Me Jacques Vergès), qui ont déposé plainte pour "offense à Chef d’Etat étranger". On lira ci
dessous l’intervention de François-Xavier Verschave lors du débat.
Avant d’aborder le rôle spécifique des médias dans les relations françafricaines depuis quarante ans, je vais essayer de
vous expliquer le contexte historique qui a rendu possible l’installation du système Françafrique
2
.
Origines de la Françafrique
Le général de Gaulle, quand il accède à la présidence de la République, doit affronter une situation internationale
nouvelle, celle où les colonies de la France du sud du Sahara affirment leur volonté d’accéder à l’indépendance. De
Gaulle fait mine d’accepter. Mais dans le même temps, il charge, dès 1958, son plus proche collaborateur, Jacques
Foccart, de créer un système de réseaux qui emmaillotent les anciennes colonies dans un ensemble d’accords de
coopérations politique, économique et militaire qui les placent entièrement sous tutelle. Ainsi, il charge son bras droit
de faire le contraire de ce qu’il dit, c’est-à-dire d’installer la dépendance par un certain nombre de moyens qui sont
forcément illégaux, inavouables, occultes.
Quels moyens ? Citons notamment la sélection d’un certain nombre de chefs d’Etat amis, la guerre civile dissuasive (de
100 000 à 400 000 morts dans la guerre indépendantiste au Cameroun en 1960 : ce qui ne figure dans aucun manuel
d’histoire) ; le meurtre (assassinat de Sylvanus Olympio, premier président élu au Togo) ; la fraude électorale, qu’on
verra réapparaître dans les années 1990... Un seul chef d’Etat d’une ancienne colonie a échappé à ce système : Sékou
Touré, en Guinée. Mais il a fait l’objet de tant de complots vrais en deux ans qu’il a fini par en voir des faux partout ...
Pour veiller à ce que ce système tienne bien en place, Jacques Foccart a installé des réseaux : des moyens de tenir ces
pays au bénéfice de la France grâce à une organisation barbouzarde sophistiquée. Là encore, quels moyens ? Des
officiers placés auprès de chaque chef d’Etat, chargés de les protéger mais parfois aussi de les éliminer ; des
entreprises faux-nez des services secrets (M Le Floch Prigent a ainsi avoué qu’Elf avait été créée pour servir
d’instrument aux services secrets) ; tout un tas de petites entreprises de sécurité, enfin, dont les prestations
surfacturées permettaient de payer les sociétés de mercenaires... Bref, un système élaboré d’installation de forces
parallèles. Et puis il y a eu l’instauration du franc CFA, présenté comme un cadeau fait à l’Afrique, et qui est en réalité
un instrument magnifique de convertibilité en Suisse d’un certain nombre de richesses africaines.
Comment donner une idée de cet enrichissement mutuel entre les commanditaires français et les potentats africains ?
Pour cela, il suffit de chiffrer ce qu’a rapporté la rente pétrolière du Gabon en l’espace de quarante ans : peut-être 200
milliards de francs. Or le Gabon est aussi le pays qui a le plus mauvais système de santé en Afrique. On pense bien que
ces 200 milliards ne sont pas allés aux Gabonais. Ils ont été partagés entre Omar Bongo, ses proches, et les
commanditaires. Même chose pour les fortunes d’Houphouët-Boigny (60 milliards de francs), d’Eyadema, de Moussa
Traore, de Mobutu ... souvent égales à l’endettement de leurs pays respectifs.
Ce mécanisme d’économie de rente consiste à capter la différence entre les matières premières payées à très bas prix et
leur prix de vente. A cela s’ajoute le détournement d’une bonne partie de l’aide publique au développement (au moins la
moitié, l’autre servant à des objectifs géopolitiques, ou de "lubrifiant" à l’extraction de la rente : il faut bien faire tourner
un minimum les Etats pillés par leurs régimes ...). A tout cela, ajoutons encore le fardeau insupportable de la dette : la
baisse du cours des matières premières a obligé les potentats à s’endetter à bas taux.
Tout de même, au bout d’un certain temps, les régimes n’ont pas pu continuer à dire : "Nous sommes là pour le
développement ou le progrès de nos peuples." Ils ont donc dû utiliser l’arme ultime du politique, qui est le bouc
émissaire. Leur discours s’est adapté à cette situation. Il est devenu le suivant : "Je ne suis pas là pour le mieux être
mais parce que si ce n’est pas moi, ce sera votre adversaire ethnique de toujours" ...
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