Icône offerte en Chypre par un commandeur des Hospitaliers (information) - article ; n°2 ; vol.143, pg 649-683
36 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Icône offerte en Chypre par un commandeur des Hospitaliers (information) - article ; n°2 ; vol.143, pg 649-683

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
36 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1999 - Volume 143 - Numéro 2 - Pages 649-683
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 78
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jean-Bernard de Vaivre
Icône offerte en Chypre par un commandeur des Hospitaliers
(information)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 2, 1999. pp. 649-
683.
Citer ce document / Cite this document :
de Vaivre Jean-Bernard. Icône offerte en Chypre par un commandeur des Hospitaliers (information). In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 2, 1999. pp. 649-683.
doi : 10.3406/crai.1999.16030
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1999_num_143_2_16030,
I
J
NOTE D'INFORMATION
ICÔNE OFFERTE EN CHYPRE PAR UN COMMANDEUR DES HOSPITALIERS,
PAR M. JEAN-RERNARD DE VAIVRE, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
En Chypre, dans l'église, relativement moderne1, du petit village
d'Ephtanonia2, situé dans une vallée à environ dix- huit kilomètres
de la mer au nord-est de Limassol, sont conservées quelques
belles icônes nettement antérieures à la construction de l'édifice,
dédié à sainte Marina. Elles proviennent de la chapelle, proche, de
Saint-Photios, en mauvais état dans les années trente3 et détruite
depuis trois décennies1.
Parmi elles, l'une représente une intéressante Vierge à l'Enfant
(fig. 1). Cette icône à une face, en bois marouflé, constituée d'une
planche dotée au revers de deux traverses, mesure 0,79 m de haut
sur 0,548 de large pour une épaisseur de 0,0028 m (fig. 2). Le sup
port est fissuré en son milieu. L'état de l'icône est assez moyen, les
bords présentant, notamment sur le côté gauche, des absences
parfois importantes de tissu et de gesso sous-jacents, donc de la
couche picturale, ce qui est également le cas tout au long de la fi
ssure verticale médiane. Un léger manque de forme circulaire s'ob
serve également au centre de la composition. Des craquelures et
des éraflures sont à noter. Enfin il y a une croûte de crasse, net
toyée en partie sans doute anciennement, sur la moitié inférieure
de l'icône dont le bord porte encore des traces d'incandescence
causée par une lampe ou un cierge.
Sur un fond verdâtre, la Vierge, à mi-corps, est de face. Elle tient
l'Enfant sur le bras gauche et tend vers lui la main droite. Elle est
vêtue d'une robe bleue à parements brodés, au cou et aux poi
gnets, d'or sur un liseré pourpre sur laquelle elle a passé un
maphorion (vêtement porté par les femmes qui couvre la tête et
descend jusqu'à la taille) lie de vin orné de fleurons dorés sur
1. Elle fut édifiée en 1914.
2. Ephtagonia appartient dès le XIV siècle aux Hospitaliers. J. Richard, Chypre sous les
Lusignan. Documents chypriotes des archives du Vatican (XIV et XV siècles), Paris, 1962, p. 68
3. R. Gunnis, Historié Cyprus. A guide to its towns and villages, monasteries and castles, Nicos
ie, 1936 (rééd. 1973), in- 12°, p. 226.
4. C'est en 1970 que l'église Saint-Photios, en très mauvais état, fut détruite et rempla
cée par une autre, sans aucun caractère.
1999 42 0 n o
ICÔNE DE CHYPRE
Fie. 2. - Icône d'Ephtag, onia. revers (cliché J.-B. de Vaivre). V
652 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
l'épaule et le front, laissant pourtant voir la chevelure à reflets gris,
coupée court. Le visage (fig. 3) accuse un ovale très net, aux
contours ombrés comme le nez, long et rectiligne. Le menton, la
partie inférieure de la cavité oculaire et surtout la zone placée
immédiatement sous l'arcade sourcilière sont traités de manière
analogue. La bouche, petite, est soulignée de vermillon.
L'Enfant Jésus a la main droite en l'air, le majeur et l'index levés,
les autres doigts repliés (geste symbolisant la parole). Dans la main
gauche, il tient un fragment de parchemin maintenu roulé par un
mince ruban rouge plusieurs fois croisé (fig. 4). L'Enfant est vêtu
d'un chiton (sorte de tunique) blanc, constellé de fleurettes quadrilo-
bées rouges et d'un himadon rouge orangé, doté d'une infinité de plis
fins aux reflets dorés. Il a passé sur les épaules un clavus qui ceinture
aussi la taille et qui paraît de la même texture rouge orangée à plis
mordorés. Les nimbes dorés sont cernés de rouge et celui de Jésus
comporte des traits cruciformes avec les trois lettres O, W, N.
Sur le fond de la composition, se détachent, difficilement, en haut
les lettres :
M [HT] HP [98O]V [H] HAMATHKH -I[HCOV]C X[PICTO]G
En dessous de cette dernière inscription, sur le bord droit de
l'icône, à hauteur de l'arrière bras de l'Enfant, un écu : d'or à trois
jumelles de sable, au chef de gueules à la croix d'argent (fig. 5). Cette
dernière disposition dite aussi au chef de la Religion fut, à compter
du milieu du XV* siècle, propre aux commandeurs de l'ordre des
Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Ces armes n'ont jamais été identifiées. Rupert Gunnis qui les
avait relevées dans son livre paru en 1936 soulignait que cet écu,
inconnu, comportait les couleurs originales5.
Le blason, qui pourrait a priori convenir à plusieurs familles, est
effectivement celui d'un commandeur des Hospitaliers qu'aucun
de ceux qui ont étudié cette image n'ont pu nommer6, se privant
du même coup de la possibilité de cerner un peu mieux cette
icône dont le style lui-même ne permet pas de lui attribuer une
date de fabrication précise, le XVe comme le XVIe siècle pouvant
tout aussi bien convenir.
Il est à noter qu'une main, moderne, a inscrit au stylet sur un
espace de l'avers inférieur gauche du support de bois, privé de sa
couche picturale et de la préparation sous-jacente, une date :
«1520» (fig. 6).
5. « Several interesting icons. That of the Virgin and child has a coat of arms on it with
the original tinctures. Unfortunately, it is impossible to identify the family who bore it. ».
6. C'est aussi le cas de D. T. Rice, The icons ofCyprus, Londres, 1937, p. 219. 653 F
FlG. 3. — Icône d'Ephtagonia. (cliché J.-B. de Détail Vaivre). du visage de la Vierge .
,
r o ro i
#*«/^. —..**■ ._ ■ <*•■».#* *„** '
FlG. 4. — Icône d'Ephtagonia. Détail du visage de l'Enfant Jésus
(cliché J.-B. de Vaivre). FlG. 5. — Icône d'Ephtagonia. FlG. 6. — Icône d'Ephtagonia.
Détail de l'écu peint, près du bord droit Détail de l'inscription au stylet : 1520
(cliché J.-B. de Vaivre). (cliché J.-B. de Vaivre).
Cette indication, peut-être reprise d'une inscription ancienne
qui aurait disparu, est probablement effectivement celle de la
donation de l'icône. Cette dernière a en effet été commandée par
un personnage mal connu aujourd'hui qui a joué un rôle notable
dans l'Ordre, alors implanté à Rhodes : Jacques Gastineau.
Ce chevalier appartenait à la Langue d'Auvergne7, c'est-à-dire
qu'il était né dans l'une des régions constituant cette vaste ci
rconscription de l'ordre des Hospitaliers, s'étendant latéralement
de la Marche au S impion. Il est curieusement difficile de détermi
ner quelles sont ses origines dans la mesure où son patronyme,
relativement répandu dans le Centre- Ouest de la France, est celui
de plusieurs familles qui ne paraissent pas avoir une origine com-
7. On renvoie à J.-B. de Vaivre, «Les six premiers prieurs d'Auvergne de l'ordre des
Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem », CRAI, 1997, p. 965-996. 656
656 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
mune et dont on trouve de nombreux représentants en Poitou,
dans la partie méridionale de la Bretagne, en Anjou ou dans le
Berry8. C'est probablement à l'une de celles établie dans le Bas-
Berry que le personnage en question appartenait, celle des se
igneurs de La Chapelle Orthemale et de Saint-Bonnet. Si la plu
part des ouvrages, de l'époque classique ou plus récents9, donnent
à cette famille des armes de sable au lion, armé, lampassé et couronné
d'or, les armoiries originelles paraissent avoir été très différentes :
un Perrichon Gastineau est au XVe siècle seigneur de La Chapelle
Orthemale et de Saint-Bonnet10 et, à la génération suivante, vivent
Antoine et Jean, seigneur de Saint-Bonnet, lequel épouse Jeanne
Paviot et sera père, notamm

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents