Introduction : l OTAN et l Europe à la lumière du Kosovo - article ; n°2 ; vol.64, pg 207-218
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Description

Politique étrangère - Année 1999 - Volume 64 - Numéro 2 - Pages 207-218
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 45
Langue Français

Extrait

Gnesotto
Introduction : l'OTAN et l'Europe à la lumière du Kosovo
In: Politique étrangère N°2 - 1999 - 64e année pp. 207-218.
Citer ce document / Cite this document :
Gnesotto. Introduction : l'OTAN et l'Europe à la lumière du Kosovo. In: Politique étrangère N°2 - 1999 - 64e année pp. 207-218.
doi : 10.3406/polit.1999.4846
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1999_num_64_2_4846.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE 2/99
Introduction :
Nicole GNESOTTO L'OTAN et l'Europe
à la lumière du Kosovo
La guerre du Kosovo représente sans nul doute la crise la plus
grave que les Occidentaux aient eu à gérer depuis celle des
fusées de Cuba en 1962 : non parce que le risque d'une
confrontation nucléaire américano-russe menacerait de nouveau la
sécurité de la planète, mais parce que le Kosovo a précipité l'entrée
dans un XXIe siècle stratégique dont les principes, les institutions, la
régulation apparaissent soudain dramatiquement plus complexes et
incertains que prévu. À l'heure où paraît ce numéro, le pire comme le
meilleur semblent encore possibles : la capitulation formelle de
Milosevic, le 3 juin 1999, représente, d'une part, un jour faste pour les
démocraties occidentales, même si le retour de la paix et l'organisation
d'une sécurité minimale pour les réfugiés kosovars restent soumis à de
multiples et dangereux aléas. Ce même 3 juin inaugure, d'autre part,
une relance spectaculaire de l'ambition européenne en matière de
défense : le Conseil européen de Cologne, dans l'unanimité la plus
totale, vient en effet de reconnaître la nécessité et la légitimité pour
l'Union européenne d'une capacité militaire autonome, dont le mont
age institutionnel devrait être précisé d'ici la fin de l'an 2000 1. La
guerre du Kosovo réussira-t-elle au moins à précipiter ce que dix
années de déclarations et de controverses diplomatiques n'avaient pu
réussir à débloquer : la consécration de l'Union comme acteur inter
national ? S'il est trop tôt encore pour tirer des enseignements défi
nitifs de la crise, il est certain néanmoins que, s'agissant de l'ordre
européen, ni l'OTAN ni l'Union européenne ne sortiront indemnes
de cette aventure.
Nicole Gnesotto est chargée de mission auprès du directeur de l'If ri.
1 Voir, en annexe, la déclaration de Cologne. 208 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Du côté de l'OTAN, plusieurs constats peuvent d'ores et déjà être
dressés. S'agissant de son adaptation aux nouvelles contraintes strat
égiques de l'après-guerre froide, il est clair, d'une part, que rien n'est
acquis. Contrairement en effet aux communiqués officiels qui, dès
janvier 1994, attestent périodiquement des réformes entreprises pour
permettre à l'OTAN de remplir efficacement ses nouvelles missions
de gestion des crises, l'inadaptation de l'Alliance reste encore palpable.
Sur le plan militaire, Américains et Européens témoignent chacun
d'un syndrome de déconnection stratégique spécifique : les premiers,
obnubilés par les nouvelles technologies militaires, préparent la guerre
du XXIIe siècle ; les seconds, pléthoriques en division blindées encore
largement orientées à l'Est, en restent à la guerre froide d'il y a vingt
ans. Sur le plan stratégique, l'OTAN n'a qu'à peine entamé sa néces
saire conversion d'un monde de non-guerre, régi par la dissuasion
nucléaire, à celui où l'usage de la force armée redevient inévitable.
Certes, certaines étapes ont été franchies. À partir de 1994, la difficile
gestion de la Bosnie devait amener les alliés à considérer désormais
avec sérieux l'hypothèse d'une européanisation de l'OTAN : il fallait
adapter la structure militaire à l'éventuelle abstention des États-Unis.
De même, le concept de flexibilité des engagements fait-il son entrée
dans la panoplie des réformes souhaitables : les GFIM (Groupes de
forces interarmées multinationales) deviennent la formule magique
pour les futures tâches de l'Alliance. En 1999 toutefois, ces différentes
réformes vont apparaître totalement décalées face à la nouvelle
contrainte que vont s'imposer eux-mêmes les alliés au Kosovo : celle
de la guerre sans risque et sans guerre. Que Milosevic ait cédé sous les
coups répétés de 72 jours d'attaques aériennes est une chose. Que
cette doctrine du tout-aérien devienne à l'avenir la seule stratégie mili
taire possible et acceptable pour l'OTAN n'est pas pour autant un
gage de l'excellence et de la réussite future de cette organisation. Au-
delà de la réforme militaire de l'Alliance, au-delà des efforts parallèles
de constitution d'une défense européenne plus autonome, c'est à une
réflexion plus essentielle sur leur propre rapport à la violence, et aux
risques nécessaires qu'elle implique, que sont désormais contraintes
les démocraties occidentales, Europe comprise. Si la fin de la guerre
froide n'est autre que le retour des guerres réelles, force est de recon
naître que l'OTAN n'est encore entrée qu'à moitié dans la modernité
stratégique. L'OTAN ET L'EUROPE À LA LUMIÈRE DU KOSOVO / 209
Le deuxième constat concerne le fonctionnement même de l'Alliance
comme organisation militaire. La stratégie fut-elle adoptée en fonction
de la réalité serbe au printemps 1999, ou doit-elle beaucoup à la sorte
d'auto-intoxication collective dont s'était enivrée l'OTAN à partir du
règlement de la guerre bosniaque à l'été 1995 ? Il est vrai que les États-
Unis avaient magistralement réussi à forcer la main des Serbes à Day
ton ; il est également certain que l'IFOR {Implementation Force, Force
multinationale de mise en oeuvre de la paix), déployée à partir de janvier
1996 sous commandement américain en Bosnie, a connu un succès à
peu près sans faille dans la pacification militaire de la Bosnie. Une sorte
d'illusion irénique semble donc s'être emparée de l'Organisation, le
succès de l'IFOR dans la gestion de la paix bosniaque, après Dayton,
devenant à la fois la preuve et le modèle de l'excellence de l'OTAN
pour la gestion de toutes les crises futures. Les alliés ont donc réitéré au
Kosovo, et sans états d'âme, la formule qui avait semblé si bien marcher
en Bosnie : frappes aériennes en appui d'une offensive diplomatique.
Or, de la Bosnie au Kosovo, trois différences passèrent curieusement à
la trappe : il y avait offensive terrestre en Bosnie, menée par les troupes
croates et bosniaques ; la République serbe de Bosnie n'était pas la
Serbie de Milosevic ; l'IFOR était une force de gestion de la paix, non
une force de gestion de la guerre. La capitulation de Milosevic ne
saurait donc faire oublier que l'OTAN n'a cessé, durant ces trois mois
de campagne aérienne, de frôler le pire, et que celui-ci fut en tout cas
vécu par près de 900 000 réfugiés. L'histoire dira sans doute comment
fut rendue possible une telle impréparation stratégique dans le la
ncement de l'intervention militaire, pourtant légitime, au Kosovo. Pour
l'heure, ne reste qu'une série d'interrogations sur le fonctionnement
interne de l'OTAN, sur ses mécanismes d'élaboration d'une stratégie
militaire, sur le rôle des autorités politiques et de ce qu'il faut bien
appeler le leadership américain. On savait déjà que la pertinence de
l'Alliance comme organisation politique était plus rhétorique que réelle
(aucun des plans de paix qui se sont succédé depuis 1991 pour gérer
l'effondrement yougoslave ne fut en effet issu de l'OTAN, ni les plans
Vance-Owen, ni les accords de Dayton, ni les différents plans
Holbrooke, ni le texte de Rambouillet, ni, en l'occurrence, celui du
G8). On aimerait à penser que la pertinence de l'OTAN comme organi
sation militaire peut, de son côté, être autre qu'accidentelle. 210 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Du côté de l'Europe, la crise du Kosovo suggère également trois

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