L Algérie du président Chadli - article ; n°1 ; vol.46, pg 151-162
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Politique étrangère - Année 1981 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 151-162
L'Algérie du président Chadli, par Bernard Cubertafond
Depuis 1962, l'Algérie a connu trois périodes : une période de tâtonnements de 1962 à 1965 ; une période de structuration et d'industrialisation de 1965 à 1976-1978; une période d'ajustements qui commence à la fin de la présidence Boumediene et qui se précise depuis l'élection du président Bendjedid Chadli. Toutefois avant de s'engager nettement dans cette voie, celui-ci a d'abord dû renforcer son autorité. Et les ajustements ne peuvent résoudre le dilemme du FLN qui, s'il est avant garde, peut briser l'unité nationale mais qui, s'il n'est que front, peut apparaître de peu d'utilité. Cette période d'ajustements s'est accompagnée d'un relatif renouvellement du personnel politique. Et elle s'est traduite incontestablement par une nouvelle politique économique, plus créatrice d'emplois et plus sensible aux aspirations de la population. Au total ces ajustements manifestent un souci de réalisme. Au plan diplomatique, l'Algérie est bien placée pour jouer le rôle de médiateur.
President Chadli's Algeria, by Bernard Cubertafond
Since 1962, Algeria has known three periods: one of experimentation, from 1962 to 1965; one of structuring and industrialization from 1965 to 1976-1978; one of adjustment starting with the end of the Boumedienne presidency and increasingly more defined after the election of President Chadli. However, before committing himself in this course, President Chadli had first to reinforce his authority. Adjustments cannot solve the NLF dilemma which, if it acts as avant-garde, may break national unity but, if it is only a front for other forces, may seem of little use. In return, these adjustments are accompanied by a relative change of the political staff and they undoubtedly have resulted in a new economic policy, more centered on employment and more aware of popular aspirations. On the whole, these adjustments indicate a concern for realism. At the diplomatic level, Algeria is in a good position to act as a mediator.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Cubertafond
L'Algérie du président Chadli
In: Politique étrangère N°1 - 1981 - 46e année pp. 151-162.
Résumé
L'Algérie du président Chadli, par Bernard Cubertafond
Depuis 1962, l'Algérie a connu trois périodes : une période de tâtonnements de 1962 à 1965 ; une période de structuration et
d'industrialisation de 1965 à 1976-1978; une période d'ajustements qui commence à la fin de la présidence Boumediene et qui se
précise depuis l'élection du président Bendjedid Chadli. Toutefois avant de s'engager nettement dans cette voie, celui-ci a
d'abord dû renforcer son autorité. Et les ajustements ne peuvent résoudre le dilemme du FLN qui, s'il est avant garde, peut briser
l'unité nationale mais qui, s'il n'est que front, peut apparaître de peu d'utilité. Cette période d'ajustements s'est accompagnée d'un
relatif renouvellement du personnel politique. Et elle s'est traduite incontestablement par une nouvelle politique économique, plus
créatrice d'emplois et plus sensible aux aspirations de la population. Au total ces ajustements manifestent un souci de réalisme.
Au plan diplomatique, l'Algérie est bien placée pour jouer le rôle de médiateur.
Abstract
President Chadli's Algeria, by Bernard Cubertafond
Since 1962, Algeria has known three periods: one of experimentation, from 1962 to 1965; one of structuring and industrialization
from 1965 to 1976-1978; one of adjustment starting with the end of the Boumedienne presidency and increasingly more defined
after the election of President Chadli. However, before committing himself in this course, President Chadli had first to reinforce
his authority. Adjustments cannot solve the NLF dilemma which, if it acts as "avant-garde", may break national unity but, if it is
only a "front" for other forces, may seem of little use. In return, these adjustments are accompanied by a relative change of the
political staff and they undoubtedly have resulted in a new economic policy, more centered on employment and more aware of
popular aspirations. On the whole, these adjustments indicate a concern for realism. At the diplomatic level, Algeria is in a good
position to act as a mediator.
Citer ce document / Cite this document :
Cubertafond Bernard. L'Algérie du président Chadli. In: Politique étrangère N°1 - 1981 - 46e année pp. 151-162.
doi : 10.3406/polit.1981.3048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1981_num_46_1_3048POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 151
L'ALGERIE
Bernard CUBERTAFOND
DU PRESIDENT CHADLI
Le coup d'Etat qui, le 19 juin 1965, renversa le président Ben Bella,
n' fut aborde- baptisé t-elle « réajustement pas, comme révolutionnaire en 1965, une ». nouvelle En 1980, phase l'Algérie que
l'on pourrait qualifier cette fois-ci de « période d'ajustements » ?
La période 1962-1965 a été marquée par des paralysies, des fuites en
avant, des divisions et des tâtonnements. Pouvait-il en être autrement
au sortir d'une guerre de libération longue et cruelle ? Celle qui suivit
a été une période de structurations : structurations économiques avec la
liquidation de l'autogestion industrielle, le cantonnement de l'auto
gestion agricole, le développement de puissantes sociétés nationales
à partir des biens nationalisés et de la rente pétrolière, l'introduction
d'une stratégie industrielle ambitieuse tendant à créer des industries de
pointe, industrialisantes ; structurations institutionnelles avec, notam
ment, le Code communal (1967), le Code de la Wilaya (1969), la Charte
nationale et la Constitution (1976). Il est possible que cette deuxième
période ne commence qu'en 1967 : c'est la guerre des Six-Jours qui
a permis pour la première fois, en juin 1967, une certaine mobilisation
nationale derrière Boumediene.
Il est également difficile de déterminer le début de la troisième période,
celle des ajustements. Une certitude toutefois : elle commence avant
la mort de Boumediene (fin décembre 1978) et ne contredit donc pas
sa volonté présumée. En effet, dès 1976, les problèmes à régler aujour
d'hui sont exposés au cours du débat préalable à l'adoption de la
Charte nationale, le gouvernement nommé par Boumediene en avril 1977
ayant pour mission d'apporter des solutions à certains d'entre eux.
De plus, le second plan quadriennal (1974-1977) est suivi d'une période
de bilan et de réflexion, voire d'autocritique et de remise en cause.
Toutefois, en 1978 et 1979, la maladie et la mort de Boumediene, puis
les luttes de pouvoir bloquent le développement des ajustements. Et,
jusqu'en mai-juin 1980, le président Chadli Bendjedid, élu le 7 fé-
* Maître-assistant de droit public à l'Université de Limoges. 152 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
vrier 1979 grâce à l'arbitrage de l'Armée nationale populaire, semble
quelque peu paralysé, comme prisonnier de tendances et de soutiens
contradictoires.
Le renforcement de l'autorité présidentielle
Au départ, le nouveau président a pu apparaître, comme « l'officier le
plus ancien dans le grade le plus élevé » difficilement imposé par l'ANP,
force politique la plus puissante en dépit du net renforcement du FLN
placé depuis octobre 1977 sous l'impulsion du colonel Mohamed Salah
Yahiaoui. Début 1979, les Algériens ne faisaient pas grand cas de leur
nouveau président et chaque force en présence pouvait espérer le
manipuler.
L'observation des événements qui suivirent donne d'ailleurs une cer
taine impression de flottement comme si le président ne pouvait s'en
tenir à une ligne constante. Si les premières mesures furent libérales
(libération de condamnés pour crimes politiques, suppression des
autorisations de sortie du territoire national, assignation à résidence
du président Ben Bella), la « campagne contre les fléaux sociaux »
lancée en septembre 1979 a pu apparaître autoritaire, voire parfois
brutale dans son application. Puis une partie de l'opinion eut l'impres
sion que le pouvoir laissait se développer l'agitation des arabisants
dans les universités (novembre 1979-20 janvier 1980). Et les événements
de Kabylie révélèrent les deux faces du pouvoir, relativement ouvert
d'un côté, et autoritaire de l'autre. Le 10 mars 1980, Mouloud Mam-
meri se voit interdire la tenue d'une conférence sur la poésie kabyle
ancienne qu'il devait donner à Tizi-Ouzou. Puis un dialogue relatif
s'instaure avec les étudiants grévistes par l'intermédiaire du ministre
de l'Enseignement supérieur, Bererhi, qui au cours des semaines pré
cédentes avait écouté et pris en compte les revendications des arabi
sants. Ensuite, du 19 au 22 avril, on assiste à une répression violente
assortie de l'affirmation, pouvant apparaître d'un autre âge, selon
laquelle ces événements résultaient d'une manipulation de l'étranger
(Maroc et France). Enfin un dialogue relatif à nouveau s'établit par
l'intermédiaire de M. Bererhi et, discrètement, le 25 juin, vingt-quatre dé
tenus sont libérés.
En fait, jusqu'au printemps 1980 il semblait que le pouvoir de M. Ya
hiaoui, « coordonnateur » du Parti s'affermissait tout autant, sinon plus
que celui du président-secrétaire général du Parti. Le renouveau du
Parti bénéficiait à Yahiaoui qui s'appuyait déjà avant la mort de Bou-
mediene sur les arabisants et les marxistes issus du Parti de l'avant-
garde socialiste. Pendant ce temps, le président Chadli se retrouvait à
la tête d'un bureau politique de dix-sept membres (dont les huit sur
vivants du conseil de la Révolution pourtant supprimé en janvier 1979),
ingouvernable parce que paralysé par des oppositions entre les « lib
éraux » tel que Bouteflika, et les « partisans de l'approfondissement du ALGÉRIE I 153
socialisme » tel que Yahiaoui, oppositions qui avaient justement conduit
à la désignation d'un troisième homme à la présidence de la République,
le colonel Chadli.
Que s'est-il passé à la suite des émeutes de Tizi-Ouzou, germes de
guerre civile ? De l'extérieur, on a pu constater une sorte de révo
lution de palais : la troisième session du comité central s'était déroulée
à huis clos, du

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