L Allemagne dans la crise - article ; n°3 ; vol.61, pg 631-643
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L'Allemagne dans la crise - article ; n°3 ; vol.61, pg 631-643

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Description

Politique étrangère - Année 1996 - Volume 61 - Numéro 3 - Pages 631-643
Le modèle allemand montre des signes d'épuisement en raison des difficultés économiques persistantes outre-Rhin, qui se traduisent par une langueur économique et un accroissement notable du chômage. Dans un monde en pleine mutation, l'économie allemande perd de sa compétitivité. Ceci est imputable à des coûts du travail trop élevés, à un manque notoire d'innovation et à des structures économiques désuètes. En fait, cette crise révèle les dévoiements d'une économie sociale de marché qui a été transformée en un système étatique et corporatiste. Or, il convient d'en revenir aux principes fondateurs de celle-ci par une réforme du secteur étatique et une entreprise de déréglementation. A cet égard, l'UEM pourrait favoriser l'amorce d'une telle politique de réforme.
Germany in Crisis, by Norbert Walter
The German System shows signs of breaking-down, hecause of persistent German economie difficulties, illustrated by economie torpor and a notable growth in unemployment. In a changing world the German economy is becoming less competitive. this is due to labour costs being too high, well-known lack of innovation and outdated economic structures. In fact, this crisis is due to the deviations from the social market economy which has been transformed into a state corporatist system. However, it would be sufficient to return to the founding principles of this system by reforming and deregulating the state sector. In this regard, the EMU could favourise the start of such a reform policy.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Walter
Rémi Lallement
L'Allemagne dans la crise
In: Politique étrangère N°3 - 1996 - 61e année pp. 631-643.
Résumé
Le modèle allemand montre des signes d'épuisement en raison des difficultés économiques persistantes outre-Rhin, qui se
traduisent par une langueur économique et un accroissement notable du chômage. Dans un monde en pleine mutation,
l'économie allemande perd de sa compétitivité. Ceci est imputable à des coûts du travail trop élevés, à un manque notoire
d'innovation et à des structures économiques désuètes. En fait, cette crise révèle les dévoiements d'une économie sociale de
marché qui a été transformée en un système étatique et corporatiste. Or, il convient d'en revenir aux principes fondateurs de
celle-ci par une réforme du secteur étatique et une entreprise de déréglementation. A cet égard, l'UEM pourrait favoriser l'amorce
d'une telle politique de réforme.
Abstract
Germany in Crisis, by Norbert Walter
The German System shows signs of breaking-down, hecause of persistent German economie difficulties, illustrated by economie
torpor and a notable growth in unemployment. In a changing world the economy is becoming less competitive. this is
due to labour costs being too high, well-known lack of innovation and outdated economic structures. In fact, this crisis is due to
the deviations from the social market economy which has been transformed into a state corporatist system. However, it would be
sufficient to return to the founding principles of this system by reforming and deregulating the state sector. In this regard, the EMU
could favourise the start of such a reform policy.
Citer ce document / Cite this document :
Walter, Lallement Rémi. L'Allemagne dans la crise. In: Politique étrangère N°3 - 1996 - 61e année pp. 631-643.
doi : 10.3406/polit.1996.4566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1996_num_61_3_4566I
ÉTRANGÈRE / 631 POLITIQUE
Norbert Walter * L'Allemagne dans la crise
A
dans serait la guerre division la l'orbite froide. peine réunifiée. vantail partie nouvelle y apparues d'une ayant L'ouverture ouest fit Il superpuissance son fut Allemagne pris du apparition dit les Vieux fin, premières que de aucun l'espace ce Continent. agrandie, colosse, économique à travers autre failles est-européen et fort pays A du l'Europe le peine de mur et mark ne politique ses profiterait de coïnciderait six quelque : s'imposerait le Berlin, ans spectre de après, 80 l'Europe. en autant avec millions de 1989, l'état définitivement l'Allemagne son de un de L'ère d'âmes, passage l'après- épou- l'opi de
nion s'est brutalement retourné, et le modèle allemand montre des signes d'épui
sement. « Le prestige de l'économie allemande a perdu de son éclat aux
Etats-Unis », constatait récemment l'économiste Rùdiger Dornbusch, du MIT
(Massachusetts Institute of Technology). En Suisse, deux instituts ont radical
ement révisé à la baisse le rang de l'Allemagne dans leur palmarès mondial de la
compétitivité internationale des nations. Et le Financial Times titre sur la crise
du modèle allemand de l'économie sociale de marché.
De fait, l'économie allemande traverse une passe difficile. Après une maigre pro
gression de 2 % en 1995, la croissance économique de l'Allemagne ne devrait
guère dépasser 1 % en 1996. Le produit intérieur brut (PIB) a même légèrement
reculé au cours du dernier trimestre de 1995, ainsi qu'au premier trimestre de
1996. Ce qui est particulièrement préoccupant est le fait que le marasme conjonct
urel perdure depuis le printemps 1992, c'est-à-dire depuis la fin du boom conséc
utif à l'unification. Au cours des quatre années qui ont suivi, le taux de croissance
annuelle du PIB n'a en moyenne atteint qu'à peine 1,5 %. Ainsi mesurée, la per
formance de l'Allemagne se situe non seulement nettement en retrait par rapport à
celle des Etats-Unis, mais aussi depuis 1993 en deçà de la moyenne des pays de
l'Union européenne (UE). Sur ce plan, l'Allemagne se trouve reléguée dans le
sillage des autres pays industriels, en queue du convoi, avec la Suède et la Suisse.
Couplée à une politique salariale inappropriée, cette trop faible dynamique de
croissance a débouché sur une crise durable de l'emploi. Près de 4 millions de
chômeurs seront officiellement inscrits sur l'ensemble de l'année en cours, soit
un niveau encore jamais atteint depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et
aucune amélioration ne se profile à brève échéance.
Les causes de la crise : des erreurs commises en Allemagne même
La crise actuelle est avant tout imputable aux erreurs et aux manquements com
mis par les entreprises, les partenaires sociaux et au fonctionnement de la poli-
* Directeur des études économiques du groupe Deutsche Bank (Francfort).
** Ce texte a été traduit par Rémi Lallement. 632 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
tique économique. Les défauts de compétitivité du pays résultent pour l'essent
iel de coûts du travail trop élevés et d'un manque d'innovation. Ceci s'exprime
notamment par l'importance élevée qu'occupent dans la structure industrielle
allemande les industries en déclin — à l'instar du charbon et de l'acier.
• Pendant des décennies, les prix et les coûts n'avaient joué qu'un rôle restreint
dans la compétitivité de l'économie allemande. Or, ceci a fondamentalement
changé au cours des dernières années. De 1990 à 1995, les coûts du travail se sont
accrus de 5,5 % par an dans l'ensemble de l'Allemagne, soit davantage que dans
tous les autres pays industriels, à l'exception de l'Italie et de la Grande-Bretagne.
En Allemagne, ces augmentations salariales importantes découlent en partie des
conventions collectives, lesquelles se sont notamment traduites par des hausses
contractuelles des salaires de 6 % en moyenne en 1993, l'année même de la réces
sion.
A côté des salaires, les coûts du travail annexes et notamment les cotisations so
ciales payées par les employeurs constituent un autre facteur du gonflement des
coûts. Celles-ci ont augmenté de plus de 50 % au cours des vingt-cinq dernières
années et, dans l'ensemble, représenteront en 1997, pour la première fois, plus de
40 % du revenu brut du travail salarié. Le facteur travail ne cesse de se renchérir
du fait de ce type de coûts, sur le niveau desquels les entreprises ne peuvent in
fluer, et dont un autre exemple est constitué par les garanties de revenu payées en
cas de congé maladie. Pour 100 marks de salaire direct, les entreprises du secteur
industriel doivent aujourd'hui payer sous forme de coûts annexes un supplément
de 81 marks, c'est-à-dire le double de ce qu'elles devaient débourser à cet effet au
début des années 60. Avec 20,44 marks de l'heure, ces coûts étaient en 1995 les
plus élevés du monde.
La « crise des coûts » ne se limite cependant aucunement à l'évolution des
salaires et des du travail annexes. Elle porte aussi sur des prix
de l'énergie, des télécommunications, de la poste, etc. Autre facteur agravant, et
non le moindre, la pression fiscale a désormais atteint un niveau insupportable
pour les entreprises.
Comparativement aux autres pays, l'Allemagne occupe depuis des années la
place la plus défavorable pour l'impôt sur les sociétés. Les sociétés allemandes
de capitaux doivent actuellement se soumettre à un taux d'imposition de 65 %
sur leurs bénéfices non distribués. Le taux équivalent atteint 45 % en Grande-
Bretagne et même seulement 32 % aux Etats-Unis. Au total, la « psychologie du
taux d'imposition élevé » produit des effets néfastes. Ceci vaut même compte
tenu des possibilités de provision et d'amortissement qui, en Allemagne, sont
partiellement plus favorables que dans d'autres pays ; le fait est que les investis
seurs internationaux ne peuvent en pratique tirer parti de ces avantages fiscaux
potentiels que dans une mesure relativement faible.
Les citoyens, eux aussi, sont soumis à des prélèvements obligatoires considér
ables. Un salarié célibataire doit actuellement verser en moyenne plus de 40 %
de son revenu brut au fisc et à l'assurance sociale. Pour chaque mark supplé
mentaire qu'il perçoit, il

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