L avenir de la défense de l Europe occidentale : une alliance à deux piliers - article ; n°4 ; vol.50, pg 961-973
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L'avenir de la défense de l'Europe occidentale : une alliance à deux piliers - article ; n°4 ; vol.50, pg 961-973

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Description

Politique étrangère - Année 1985 - Volume 50 - Numéro 4 - Pages 961-973
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Huntzinger
L'avenir de la défense de l'Europe occidentale : une alliance à
deux piliers
In: Politique étrangère N°4 - 1985 - 50e année pp. 961-973.
Citer ce document / Cite this document :
Huntzinger Jacques. L'avenir de la défense de l'Europe occidentale : une alliance à deux piliers. In: Politique étrangère N°4 -
1985 - 50e année pp. 961-973.
doi : 10.3406/polit.1985.3516
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1985_num_50_4_3516POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 961
DEBATS
Jacques HUNTZINGER L'avenir une de l'Europe alliance de la occidentale à deux défense piliers :
La constitution d'un pilier européen de la défense de l'Europe
occidentale devient, au fur et à mesure des années, une
nécessité. A moins d'accepter de renoncer à tout destin pour
l'Europe occidentale.
— Elle est nécessaire parce que la distorsion entre l'effort de partici
pation budgétaire, financier, humain des Européens à leur défense et
la part de responsabilité effective dans la gestion de leur sécurité
devient de plus en plus inadaptée à la volonté manifestée d'une
identité européenne. Malgré l'écart des évolutions budgétaires entre
les Etats-Unis et l'Europe occidentale ces dernières années, les pays
européens financent l'Alliance atlantique à plus de 50 %, ce qui est
insuffisant si l'on veut aller vers une européanisation de notre
défense, mais ce qui est beaucoup par rapport aux responsabilités
réelles des Européens dans les processus de décision de l'OTAN.
L'Europe finance pour plus de la moitié sa défense, mais n'a presque
pas le droit de décider de cette défense. Une autre donnée : les
Etats-membres européens fournissent 90 % des forces terrestres,
80 % des chars de combat, 65 % des navires de combat, et, sur la
centaine des divisions aptes à renforcer le premier échelon, 75 sont
européennes. La présence américaine, naturellement, est vitale,
moins par son nombre que par la nature de l'engagement et le lien
ainsi créé entre le théâtre européen et la politique de sécurité
américaine. Mais les données quantitatives sont là : l'Europe occiden-
* Professeur à l'Université de Paris-X. L'auteur s'exprime, dans cet article, à titre
personnel.
** Cet article s'inscrit dans le cadre du « Débat » sur « Les relations franco-
allemandes et le fait nucléaire dans une Europe divisée », commencé dans le n° 3/84
de Politique étrangère et poursuivi dans les nos 4/84 et 1/85. 962 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
tale assure le gros de sa défense par son propre effort, sans être
pour autant un pilier politique de sa propre sécurité. // faut adapter
la structure politique de l'Alliance à la réalité de l'engagement euro
péen.
— Nécessité liée au développement des relations Est-Ouest
Les Européens de l'Ouest ne pourront avoir un poids significatif dans
les relations Est- Ouest sur les négociations de contrôle de désarme
ment et sur l'approche de leurs relations avec l'URSS et l'Europe de
l'Est en matière économique, culturelle, politique, qu'à partir du
moment où ils pourront s'appuyer sur un pilier de défense, seul à
même de permettre une autonomie politique dans l'action diplomati
que. On ne peut pas durablement demander à l'Amérique de jouer
le rôle essentiel pour sa défense et vouloir pratiquer librement une
politique de sécurité dans les relations Est-Ouest. Parce que les
Européens de l'Ouest ont un intérêt évident — c'est de leur conti
nent et des peuples les plus proches d'eux qu'il s'agit — à avoir leur
propre approche de la politique Est-Ouest, ils doivent choisir un
rééquilibrage de l'Alliance atlantique et une européanisation de leur
défense.
— Nécessité liée à la construction européenne
II ne s'agit pas de doter formellement la CEE de compétences de
défense, puisque, dans l'état actuel des choses, certains Etats-memb
res ne le veulent pas. Il ne s'agit pas non plus de bâtir une
dissuasion nucléaire européenne intégrée ou une nouvelle CED, tant
les obstacles politiques et pratiques sont innombrables. Mais on ne
voit pas comment la construction européenne pourrait se développer
sans que les problèmes de sécurité et de défense ne soient pris en
compte d'une façon ou d'une autre (appréciation commune des
conflits et des tensions en Europe, relations avec l'Est, industries
d'armement...). La perspective de l'Union européenne acceptée par
la plupart des Etats-membres, tout comme la réactivation de l'UEO
expriment cette prise de conscience. Les préoccupations de sécurité
et de défense pèsent trop fortement sur les politiques nationales des
uns et des autres pour que l'on puisse vouloir développer une
Communauté européenne plus forte, et dans le même temps évacuer
complètement tout processus de coordination et de coopération euro
péenne en matière de défense. Même plus, la militaire
européenne peut précéder une Europe politique et, qui plus est,
aider à sa constitution, tant le sentiment de dépendance stratégique
est un obstacle formidable à l'affranchissement politique de nombre
de gouvernements européens. Notre conviction est que le rééquili
brage de l'Alliance aidera à la construction de l'Europe. L'AVENIR DE LA DÉFENSE DE L'EUROPE OCCIDENTALE I 963
— Nécessité stratégique
L'évolution actuelle conduit à une relation de plus en plus inquié
tante entre les capacités offensives conventionnelles du pacte de
Varsovie, la disparition de l'avantage nucléaire de l'OTAN et les
difficultés croissantes d'un engagement rapide des forces américaines
autres que celles actuellement installées sur le sol allemand. Pour des
raisons démographiques, techniques et stratégiques, les réserves amér
icaines immédiatement mobilisables et aptes à être rapidement trans
portées sur le théâtre européen seront de moins en moins garanties :
moins d'hommes, plus de difficultés de transport maritime et aérien
dans l'Atlantique, de grosses à réagir très rapidement face
aux nouvelles capacités d'attaque rapide des forces du pacte de
Varsovie. Ne parlons même pas des hésitations et des réticences
politiques qui pourraient survenir à Washington en cas de crise ou de
conflit, ni même des risques de réduction des forces américaines
stationnées en Europe si le Congrès américain en prend un jour la
décision. Autrement dit, l'Alliance atlantique sera moins capable de
réagir à de nombreuses hypothèses d'attaques conventionnelles du
pacte de Varsovie et, dans le même temps, elle pourra moins compter
sur l'engagement conventionnel américain.
L'Europe occidentale devra de plus en plus compter sur ses propres
forces conventionnelles, sur ses propres capacités de défense et de
mobilisation de réserve. Autant qu'elle commence à y réfléchir et à
s'organiser le plus tôt possible, et notamment à débattre de la
meilleure façon d'établir dans le futur une dissuasion conventionnelle
dans le centre de l'Europe.
Une Alliance à deux piliers passe par une révision profonde
de l'OTAN
Le concept d'Alliance à deux piliers, évoqué pour la première fois
par J. Kennedy, a été repris depuis lors par tel ou tel responsable
politique pour évoquer le souhait d'un renforcement du rôle et des
responsabilités des pays européens au sein de l'OTAN. Mais, plus
récemment, la référence à l'identité européenne de défense a donné
lieu à des analyses et des propositions dont l'intérêt politique est tout
à fait évident. Le discours d'Helmut Schmidt au Bundestag en juin
1984, le document du Parti socialiste français sur l'avenir de la
sécurité en Europe de juin 1985, la déclaration solennelle sur la
défense présentée par F. Gonzales aux Cortès à l'automne 1984, le
document final adopté par la rencontre de Bonn des partis socialistes
européens membres de l'Alliance atlantique (

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