L économie américaine à l heure de l humanisme - article ; n°1 ; vol.27, pg 85-93
10 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'économie américaine à l'heure de l'humanisme - article ; n°1 ; vol.27, pg 85-93

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
10 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1962 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 85-93
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Edouard Silz
L'économie américaine à l'heure de l'humanisme
In: Politique étrangère N°1 - 1962 - 27e année pp. 85-93.
Citer ce document / Cite this document :
Silz Edouard. L'économie américaine à l'heure de l'humanisme. In: Politique étrangère N°1 - 1962 - 27e année pp. 85-93.
doi : 10.3406/polit.1962.2357
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1962_num_27_1_2357AMÉRICAINE A L'HEURE L'ÉCONOMIE
DE L'HUMANISME
A propos d'un nouveau
livre de J.K. Galbraith :
The Liberal Hour.
Le pragmatisme américain et le moralisme puritain resteront
toujours une énigme pour l'esprit latin, l'humour anglo-saxon
probablement aussi. Aussi ne faut-il pas trop s'étonner que
l'œuvre de Galbraith, dont le retentissement a été ailleurs si
considérable, n'ait reçu en France qu'une audience aussi limi
tée.
L'affirmation répétée que l'homme a besoin d'une théologie
économique n'est pas seulement une boutade, elle révèle une
préoccupation constante de l'auteur. Si l'idéologie économique
se voit accorder un rôle aussi important dans la détermination
du comportement, il s'ensuit qu'elle doit correspondre aux
mécanismes et aux besoins réels de la société où ce comporte
ment s'insère. C'est ici qu'intervient la démarche spécifiquepragmatique et américaine de J.K. Galbraith.
Aucune pensée n'est aussi éloignée de l'esprit de Galbraith
que celle de l'Homo economicus abstrait. Autant qu'à toute
métaphysique, l'auteur reste étranger à toute philosophie de
l'histoire à la manière de Marx. C'est l'Homo americanus de
son temps dont il compare les idées et le comportement avec
les mécanismes réels et les mécanismes supposés de l'économie
américaine et avec l'ensemble même de cette société qu'il ob
serve avec une vigilance minutieuse ; d'où l'aspect purement
américain qui à première vue se retrouve dans toutes ses
œuvres : la critique du modèle concurrentiel et le caractère 86 EDOUARD SILZ
oligopolis tique de l'économie américaine, la mise en évidence
dans le « great crash > des aspects purement américains de la
débâcle de 1929 et finalement de la grande dépression elle-
même. Le démontage minutieux de la gestion des grandes
sociétés et des techniques de la spéculation financière, le rôle
d'une répartition totalement irrationnelle des revenus, la res
ponsabilité des hommes et plus encore du milieu idéologique
et institutionnel de l'époque dans l'inaction gouvernementale
alimentent une démonstration désormais classique.
L'influence exercée par les groupes de pression dans l'équi
libre ou le déséquilibre du capitalisme américain, et la surv
ivance du mythe de la « production souveraine » qui s'expli
quait dans un état de choses ancien et ne permet plus de satis
faire aux problèmes réels d'une société au stade de l'opulence
des biens matériels, constituent la trame de deux de ses ouvra
ges récents : « Le capitalisme américain » et « L'ère de l'opu
lence », tous deux traduits en français.
Il n'y a guère lieu de s'étonner de l'accueil chaleureux qu'une
partie de l'opinion britannique a fait à l'œuvre de Galbraith :
il a été favorisé par la communauté de culture et la compré
hension instinctive du radicalisme américain dont il est au
fond un représentant typique. Crossman y voit la peinture la
plus fidèle de la société occidentale d'après-guerre ; Balogb,
beaucoup plus Keynesien, pourtant, que Galbraith, salue l'ac
tion de déboulonnage des idoles et la lutte menée contre l'ob
scurantisme. Mais l'écho n'a guère été moindre dans les milieux
conservateurs attentifs à la perspicacité déployée par l'auteur
dans le démontage des mécanismes concrets du capitalisme
financier et aux analogies qui subsistent entre l'économie des
deux pays.
Le retentissement en France a certes été moindre ; au public
l'ceuvre a paru trop irréelle pour notre pays, l'abondance des
biens trop récente, le pouvoir des groupes de pression peu res
senti. L'idéologie économique n'y éveille aussi que peu d'écho.
Une perspective plus délibérément historique à la Lerner, ou
plus politique, y aurait eu plus d'audience. « L'heure libé
rale » trouvera sans doute un accès plus aisé auprès du public
grâce au caractère d'actualité des sujets traités et à la plus
grande analogie des préoccupations. GALBRAITH • 87 J.-K.
L.e livre est composé de trois parties, dont la première, consa
crée aux problèmes d'actualité, débute par la « Stratégie de la
compétition pacifique », le chapitre le plus long du livre. L'au
teur conteste l'idée de plus en plus admise que l'enjeu de la
lutte réside dans l'accélération de la croissance économique
des Etats-Unis et dans l'augmentation de la production des
biens matériels. (L'explication de la victoire des alliés lors de
la première et de la seconde guerre mondiale par la puissance
économique américaine a de tout temps suscité l'ironie de
Galbraith). La conviction qu'au stade actuel, la production
matérielle, surtout de biens de consommation, est un problème
relativement mineur ne peut que l'amener à s'insurger contre
l'identification du potentiel de guerre à la puissance économi
que et à la rapidité de son expansion. L'évolution technolo
gique elle-même, par les nouvelles armes, fusées et bombes ato
miques, entraîne encore un amoindrissement de l'importance
des industries lourdes.
Compétition ne signifie pas nécessairement accroissement de
la production. L'U.R.S.S. se trouve dans une conjoncture très
différente des Etats-Unis, en raison de la structure de son éco
nomie, quant aux effets à attendre d'une expansion de la pro
duction ; elle est dans la nécessité de franchir de nouveaux
paliers et d'accroître le standard de vie de la population, qu'elle
espère bientôt aligner sur celui des Etats-Unis.
Mais, se demande Galbraith, pourquoi les Etats-Unis produir
aient-ils davantage ? Le renforcement de l'économie auquel
ils doivent tendre est avant tout d'ordre qualitatif ; il s'agit en
particulier d'une amélioration de la qualité des hommes dont
dépend en définitive le sort de toute compétition. L'optique
de la compétition pacifique rejoint ainsi celle de « L'ère de
l'opulence >. Les changements qu'elle impose sont d'autant plus
nécessaires qu'ils- conditionnent l'opinion étrangère et en part
iculier celle des pays du Tiers monde. Or les Etats-Unis offrent
un spectacle peu encourageant, mais la stabilité de l'indice de
leur production industrielle n'est pas en cause. Le chômage
qui dans l'ensemble n'a cessé de croître depuis dix ans, plus
encore la faveur discrète qu'il recueille dans certains cercles
dirigeants, et le paupérisme constituent des phénomènes affl
igeants dans une société riche et prospère. (Plus d'un dixième
de la population vit dans des conditions voisines de la misère). 88 EDOUARD SILZ
L'extension de la criminalité liée à l'insuffisance de la politique
d'urbanisme, le retard de certains secteurs de la recherche
scientifique, la médecine et l'agronomie notamment, la défi
cience du système éducatif enfin, minent le prestige américain
bien plus que la stagnation de la production. Selon une image
favorite de Galbraith, un Américain peut toujours trouver à
tout moment une voiture de son choix, mais non un établiss
ement scolaire pour ses enfants. Enfin, l'énorme poids des
dépenses militaires accrédite l'idée, inexacte pour Galbraith,
que la guerre ou les préparatifs de guerre sont nécessaires à
l'équilibre de l'économie américaine.
C'est en remédiant à ces causes de discrédit que l'on renfor
cera le plus efficacement les chances des Etats-Unis dans la
compétition pacifique. La propagande des a tout

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents