L Eglise catholique et le dialogue Nord-Sud - article ; n°4 ; vol.46, pg 863-873
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Eglise catholique et le dialogue Nord-Sud - article ; n°4 ; vol.46, pg 863-873

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1981 - Volume 46 - Numéro 4 - Pages 863-873
L'Eglise catholique et le dialogue Nord-Sud, par Philippe Laurent
Dès les années 60, l'Eglise catholique a participé au mouvement de recherche sur les relations Nord-Sud. En 1961, l'encyclique Maeter et Magistra met l'accent sur les nouvelles disparités issues de la croissance économique. En 1967, dans le texte de Paul VI, Le développement des peuples, l'Eglise porte son attention sur le problème du commerce international et de la recherche de l'équité dans les relations internationales. Si l'Eglise catholique s'intéresse à tous les secteurs où la justice internationale est en jeu et a conscience, elle aussi, que c'est l'ensemble de l'ordre économique qu'il faut transformer, elle entend cependant marquer des choix prioritaires : rejoindre les populations les plus pauvres parmi les plus pauvres, rechercher la paix - le développement est le nouveau nom de la paix -, accorder la première place à l'homme en insistant sur la distinction entre croissance économique et développement humain. Par son organisation transnationale et sa structure hiérarchique, la présence et les modalités d'action de l'Eglise dans le dialogue Nord-Sud sont multiples et diversifiés.
The Catholic Church and the North-South Dialogue, by Philippe Laurent
Since the beginning of the 60s, the Catholic Church took part in researches on the North-South relations. In 1961 the encyclical letter Maeter et Magistra points out the new disparities resulting of the economic growth. In 1967 Paul VI's text The people's development, the Church turns her attention to the problem of international trade and of the research of fairness in international relations. Interested in all the fields where international justice is in play and conscious that the whole economic order has to be transformed the Catholic Church intends to make major choices: rejoin the poorest among the poor people, seek for peace - development is the new name for peace -, give the first place to Men, standing out for the distinction between economic growth and human development. Thanks to her transnational organisation and her hierarchical structure, the presence and the means of action of the Church in the North-South dialogue are manifold and various.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 150
Langue Français

Extrait

Philippe Laurent
L'Eglise catholique et le dialogue Nord-Sud
In: Politique étrangère N°4 - 1981 - 46e année pp. 863-873.
Citer ce document / Cite this document :
Laurent Philippe. L'Eglise catholique et le dialogue Nord-Sud. In: Politique étrangère N°4 - 1981 - 46e année pp. 863-873.
doi : 10.3406/polit.1981.3089
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1981_num_46_4_3089Résumé
L'Eglise catholique et le dialogue Nord-Sud, par Philippe Laurent
Dès les années 60, l'Eglise catholique a participé au mouvement de recherche sur les relations Nord-
Sud. En 1961, l'encyclique "Maeter et Magistra" met l'accent sur les nouvelles disparités issues de la
croissance économique. En 1967, dans le texte de Paul VI, "Le développement des peuples", l'Eglise
porte son attention sur le problème du commerce international et de "la recherche de l'équité dans les
relations internationales". Si l'Eglise catholique s'intéresse à tous les secteurs où la justice
internationale est en jeu et a conscience, elle aussi, que c'est l'ensemble de l'ordre économique qu'il
faut transformer, elle entend cependant marquer des choix prioritaires : rejoindre les populations les
plus pauvres parmi les plus pauvres, rechercher la paix - "le développement est le nouveau nom de la
paix" -, accorder la première place à l'homme en insistant sur la distinction entre croissance
économique et développement humain. Par son organisation transnationale et sa structure
hiérarchique, la présence et les modalités d'action de l'Eglise dans le dialogue Nord-Sud sont multiples
et diversifiés.
Abstract
The Catholic Church and the North-South Dialogue, by Philippe Laurent
Since the beginning of the 60s, the Catholic Church took part in researches on the North-South
relations. In 1961 the encyclical letter "Maeter et Magistra" points out the new disparities resulting of the
economic growth. In 1967 Paul VI's text "The people's development", the Church turns her attention to
the problem of international trade and of the "research of fairness in international relations". Interested in
all the fields where justice is in play and conscious that the whole economic order has to be
transformed the Catholic Church intends to make major choices: rejoin the poorest among the poor
people, seek for peace - "development is the new name for peace" -, give the first place to Men,
standing out for the distinction between economic growth and human development. Thanks to her
transnational organisation and her hierarchical structure, the presence and the means of action of the
Church in the North-South dialogue are manifold and various.ÉTRANGÈRE I 863 POLITIQUE
Philippe LAURENT L'EGLISE CATHOLIQUE
ET LE DIALOGUE NORD-SUD
L'Eglise catholique n'a pas attendu que se schématisent dans les
termes « Nord-Sud » les rapports entre pays développés et pays
en développement, pour prendre conscience de ce grave problè
me international, défi de notre temps et des décennies à venir. Déjà,
en 1961, le Pape Jean XXIII dans son encyclique sociale Mater et
Magistra (mots latins du début) indique les déplacements en cours
de ce que l'Eglise appelait depuis la fin du XIXe siècle « La question
sociale », c'est-à-dire les relations entre employeurs et travailleurs.
La croissance économique a créé des disparités nouvelles — entre
secteurs économiques, entre régions, entre groupes de pays — qui
relèvent de la justice sociale. « L'évolution historique met de plus
en plus en relief que les règles de la justice et de l'équité ne doivent
pas être restaurées seulement dans les relations entre employeurs
et travailleurs, mais aussi dans les rapports entre secteurs écono
miques, entre régions inégalement pourvues de richesses dans un
même pays et, sur le plan mondial, entre pays d'inégal développe
ment économique et social » l .
La préoccupation internationale sera celle, exclusive, de Paul VI
en 1967 dans son encyclique sur « Le développement des peuples ».
Il le fait par un cri, un appel à la prise de conscience et à l'action ;
pour lui, le déplacement de priorité est complet : « Aujourd'hui le
fait majeur dont chacun doit prendre conscience est que la question
sociale est devenue mondiale... Les peuples de la faim interpellent
de façon dramatique les peuples de l'opulence. L'Eglise tressaille
* Directeur de la revue Projet.
1. Jean XXIII signalera aussi les déséquilibres engendrés par la croissance démographi
que, bien avant la conférence mondiale de la Population (Bucarest, 1974) ne porte
la question devant l'opinion mondiale. 864 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
devant ce cri d'angoisse et appelle chacun à répondre avec amour
à l'appel de son frère ».
Une vision bipolaire
Dans ce texte de référence de 1967, la présentation des relations
internationales reste bipolaire — comme le suggèrent d'ailleurs les
termes Nord-Sud. D'un côté, les peuples riches, les pays développés
parce qu'industrialisés, pays de l'opulence et de la consommation
gaspilleuse, et, de l'autre, les pays pauvres, sous-développés (terme
de l'époque) à structure agricole prioritaire, pays de la faim. Ce
tableau saisissant, et encore classique, n'inclut aucune diversité à
l'intérieur de chacun de ces deux ensembles, alors que ce sera la
découverte de l'analyse plus précise des années 70. Pas d'allusion
aux disparités internes à chaque pays : les catégories pauvres dans
les pays riches et les catégories riches dans les pays pauvres. La
vision de Paul VI laisse de côté les idéologies, les structures écono
miques et sociales de chaque pays, pour donner la priorité aux
relations économiques, sans pourtant souligner le lien étroit entre la
politique (voire le militaire et le culturel) et l'économique dans les
rapports internationaux. Les pays socialistes de l'Est, regroupés
autour de l'URSS (le groupe D dans les conférences spécialisées
des Nations-Unies), ne sont pas mentionnés, alors qu'ils prennent une
place non négligeable dans les problématiques internationales ; les
politologues s'interrogent : le dialogue ou le conflit Est-Ouest n'est-il
pas déterminant aujourd'hui ; conflit et compétition d'influence
s 'exerçant en particulier dans le champ nouveau et instable que
représentent les pays en développement. L'Afrique, le Moyen-Orient,
le Sud-Est asiatique, l'Amérique centrale... ne sont-ils pas les enjeux
majeurs entre les Grandes Puissances ?
Par l'aide économique, culturelle, militaire, venant de l'Ouest ou de
l'Est, le développement des peuples prend alors une dimension poli
tique plus nette. Pour échapper à cette alternative de relation et de
dépendance — Est ou Ouest — , le mouvement des « non-alignés »
qui réunit une grande partie des pays en développement, cherche à
s'affirmer, tout en connaissant en son sein des tensions graves
d'orientations idéologiques, surtout depuis la disparition des « Pères
fondateurs », Nehru, Tito, Nasser.
Une vision bipolaire tend aussi, si l'on n'y prend garde, à trop
simplifier l'approche éthique. D'abord par un glissement de type
manichéen : on range d'un côté les bons, de l'autre les mauvais ;
d'un côté les ayant-droits, et de l'autre les ayant-devoirs ; et ceci de
façon exclusive, tranchée. Ensuite, l'idée s'impose peu à peu qu'une
justice de répartition est suffisante : ceux qui ont plus et trop doivent EGLISE ET DEVELOPPEMENT I 865
partager avec ceux qui ont moins, pas assez, ou pas du tout ; partage
au nom de la justice sociale ou, pour certains, de la restitution
(théorie du pillage du Tiers-Monde), ou encore de la solidarité fra
ternelle.
Qu'un partage soit nécessaire, quoi de plus vrai. Qu'il soit suffisant,
c'est peu probable. Cette solution instantanée ne transforme pas
l'avenir et les conditions futures des populations, surtout en période
de croissance démographique forte. Il convient donc d'examiner la
question plus difficile de l'interdépendance des croissances, celles des
pays développés et celles des pays en développement ; y a-t-il en
traînement automatique ? Faut-il transformer les structures économi
ques internationales pour que cet entraînement soit positif? Y a-t-il,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents