L ENONCIATION DANS LA COMMUNICATION MEDIATIQUE - THESE Jean-Claude ...
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L'ENONCIATION DANS LA COMMUNICATION MEDIATIQUE - THESE Jean-Claude ...

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Extrait

       THESE
pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS 8 Sciences du langage soutenue publiquement par   le 30 mai 2006 !   "" "# "  !"      " $    %&%  &'(  ")%  %)*% %% 
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1
Avertissement
Cette thèse porte sur le mode authentifiant de la télévision. C’est pourquoi les événements, les personnes et les lieux évoqués ne sont pas imaginaires ; le corpus ayant été puisé dans les productions télévisuelles. Il a souvent été relevé sur le vif et transcrit par nousmême. Les enregistrements nous ont permis d’effectuer des vérifications poussées et de reproduire le plus fidèlement possible les propos effectivement tenus. Notre transcription tient compte des effets prosodiques, mais surtout des intentionnalités de l’énonciation. La source des énoncés et leur datation sont généralement indiquées ; elles le sont partiellement ou ne le sont pas chaque fois que nous avons eu un doute d’exactitude compte tenu du caractère fugace du discours de la télévision. Les textes publicitaires ne sont pas datés car les mêmes messages reviennent au fil des mois et des années et nous avons préféré indiquer la période large dans laquelle nous les avons relevés plutôt que de les dater de façon inadéquate. A l’origine, nous voulions éviter (autant que possible) des thèmes comme le conflit israélopalestinien, le racisme, l’immigration, le clivage politique gauche/droite, les affaires politicofinancières, etc. qui divisent traditionnellement l’opinion en France et qui sont susceptibles de faire passer pour partisanes des conclusions analytiques. Mais nous avons dû nous rendre à l’évidence que ces thèmes étaient les plus pertinents pour l’analyse de la subjectivité médiatique et avons cédé à l’exigence scientifique d’y faire face. Au niveau de l’objectivité de notre analyse, nous tenons à signaler notre neutralité par rapport aux événements traités ; aucune prise de position personnelle n’ayant préexisté à notre recherche.
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Remerciements
Je remercie tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué de quelque manière que ce soit à ma formation depuis l’école primaire jusqu’à ce jour. Bien qu’il soit difficile d’énumérer la longue liste des personnes à remercier, je ne saurais oublier mes parents Marguerite et Jonathan Prosper Engal qui me regardent de l’audelà et qui souhaiteraient sans doute m’encourager ; mes frères et sœurs Prosper, Armand, Roger, MartheClaire, René, Rosine, Jonathan Prosper, Henriette, Franck. Pour leur contribution directe ou indirecte à l’étude : les équipes de rédaction de TF1, de France 2 et de France 3 et autres rédactions télé que j’ai côtoyées; Daniel Schneidermann et son équiped’Arrêt sur images(France 5) ; JeanClaude Allanic et son équipe deL’Hebdo du médiateur(France 2); Pierre Martinez, Clive Perdue, BlancheNoëlle Grunig, Roland Grunig, Claude Mouchard, Sylvie PoissonQuinton, AlexLouise Tessonneau, Catherine Carlo, Jean Charconnet pour leur soutien pédagogique et leurs encouragements ; Anne ZribiHertz et Brenda Laca, JeanPaul Desgoutte, Guy Lochard, François Jost, Dominique Wolton, pour les entretiens qu’ils m’ont accordés et les importants conseils de lecture et de méthode qu’ils m’ont prodigués ; Bernard Pottier qui m’a fait redécouvrir avec plaisir la sémantique de l’énonciation. Pour leur amitié et leur soutien : Gilles Almosnino, Karin Belgau, Bernard Carmeli, Jacques Etoundi Ateba, Auguste Eyéné Essono, Abdou Giscard, Angélique Gréjois, Tony Hauterville, JeanFidel Kpan, Christophe Laborde, JeanYves Le Bouillonnec, Manuel Lopès, Yolande Obono Allogho, Yolaine Peler, Michel Sainlez, Vincent Sainlez, Emmanuel Tchoffogueu, Albert Tétang, Narcisse Tiky VI, MarieChristine Wallet, les amis du CISED, les amis de Ciel 8. Et pour terminer, je remercie infiniment mon directeur de thèse, Pierre Cadiot dont la disponibilité et la générosité inégalables m’ont permis de mener ce travail à terme dans les meilleures conditions. J’ai le plaisir de rendre un vibrant hommage au professeur Pierre Cadiot dont l’excellence dans les rapports humains a dépassé mes espérances. Je ne trouve pas de mot assez fort, de superlatif assez puissant pour traduire les qualités professionnelles et humaines du professeur Pierre Cadiot. Les séances de travail avec lui ont été un vrai régal intellectuel. Sa générosité exceptionnelle l’a rendu davantage disponible pour faire passer la finition de mon travail au premier rang de ses préoccupations. Je garde un souvenir heureux de cette direction de thèse hors du commun.
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Les médias doivent accepter qu’ils ne peuvent prétendre à la transparence, l’événement étant le résultat d’une construction. Ils ne peuvent prétendre être un transmetteur de nouvelles qui s’efface devant le monde perçu, ni un simple greffier qui l’enregistre, ni un miroir qui enverrait un reflet fidèle. La déontologie ici serait de refuser de faire passer pour réalité du monde social ce qui n’en est que l’une des représentations imaginées. Patrick Charaudeau,Les Médias et l’information. L’impossible transparence du discours, Bruxelles, De Boeck/INA, 2005, p. 231.
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Avantpropos
1 Quand Bloomfield (1933) conclut qu’audelà de la phrase, il n’y a point de salut pour les linguistes, il ignore encore que l’analyse du discours va connaître quelque temps après un développement prodigieux. En effet, Benveniste (1966, 2 3 1974) et Jakobson (1963) ne renoncent pas à l’idée de faire de la phrase et plus encore du discours l’objet d’une discipline qui s’imposera bien que ces unités échappent encore à l’ordre du système linguistique. Pour Michel Charolles (2005), il y a place chez Benveniste pour une analyse proprement linguistique du discours dont l’objectif sera d’étudier les marques qui sont l’indice de la façon dont les sujets parlants s’approprient, dans la communication, le système de la langue. Il note que l’analyse du discours ainsi conçue devait connaître une postérité considérable, au 4 moins en France, jusqu’à la fin des années 70 (2005 : 36) . En effet, nombreux sont les courants qui ont contribué à cet essor, courants auxquels sont attachés des noms comme ceux de M. Pêcheux, J. Dubois, J.B. Marcellesi et bien d’autres encore qui, audelà de leurs querelles et dissensions, ont tous largement admis l’idée d’une étude du discours comme énonciation.  La promotion de la pragmatique matérialisée par la diffusion de nombreux travaux sur les actes de langage au milieu des années 70 amène à une conception 5 « étendue » du champ des phénomènes énonciatifs, avec des études intégrant un large spectre de paramètres situationnels. C’est sur une telle conception de la linguistique de l’énonciation que nous fondons notre approche théorique de la problématique des traces linguistiques (et extralinguistiques) de la subjectivité des énonciateurs de la communication médiatique que soustend notre analyse sociodiscursive. Sachant que les mots changent de sens en passant d’une formation discursive à une autre 6 (Maingueneau, 1976) , les unités pertinentes qu’il s’agira de traquer seront à considérer, non seulement comme les indices d’un sujet individuel, mais aussi comme
1 L. Bloomfield,Language, NewYork, Holt, 1933, trad fr. 1971, Paris, Payot. 2 E. Benveniste,Problèmes de linguistique générale, 2 t., Paris Gallimard, 1966 et 1974. 3 R. Jakobson,Essais de linguistique générale, Paris, Minuit, 1963. 4  M. Charolles, « Analyse de discours, grammaire de texte et approche grammaticale des faits de textualité », inLe Français aujourd’hui, n° 148, Armand Colin. 5  Terme introduit par C. KerbratOrecchioni dansL’énonciation. De la subjectivité dans le langage, ère Paris, Armand Colin, 1999 (1 éd. 1980). 6 D. Maingueneau,Introduction aux méthodes de l’analyse du discours, Paris, Hachette, 1976, pp. 83 84.
5
1 2 le pense L. Guespin (1976) , des « spécificateurs de formation discursive » . Le fait d’admettre que tout ce qui touche à la mise en œuvre de la langue relève du discours
aboutit à un glissement progressif de l’emploi de l’étiquette « analyse du discours » et devient parfaitement compréhensible au plan théorique puisqu’il repose sur l’idée qu’un énoncé même isolé, est toujours interprété en relation avec les propositions décrivant les traits pertinents du contexte matériel dans lequel il est produit. M. Charolles (2005 : 37) note avec quelque satisfaction, l’acquisition des lettres de noblesse de l’analyse du discours : « Cette évolution dans l’emploi du mot « discours » est aujourd’hui largement attestée dans les travaux français et étrangers. Il
en résulte un certain flottement dans l’usage qui hésite entre une acception étroite (proche du sens ordinaire où le mot discours désigne toute suite d’énoncés), et une acception large où l’expression renverra à toute approche sémantique intégrant des
variables de situation. ».
 Sachant que le langage ne saurait être réduit au rôle d’un instrument « neutre » destiné seulement à transmettre des informations, il semble judicieux de le poser comme une activité entre deux protagonistes, énonciateur et allocutaire, activité à travers laquelle l’énonciateur se situe par rapport à cet allocutaire, à son énonciation 3 ellemême, à son énoncé, au monde, aux énoncés antérieurs ou à venir. Aussi cette activité de l’énonciateur laissetelle des traces dans son énoncé, traces que nous 4 proposons d’analyser ici à travers le discours du mode authentifiant de la télévision.
Nous appréhendons le langage médiatique audelà de sa fonction représentationnelle et référentielle pour y voir non seulement « ce qui est dit » mais le fait de le dire, l’énonciation, qui se réfléchit dans la structure de l’énoncé. Nous avons retenu comme
critère de détermination de la subjectivité, la volonté affichée ou dissimulée de faire passer pour absolues des choses relatives. Nous n’avons donc pas tenu compte de l’erreur qui n’est pas le fruit d’un désir de tromper ou de manipuler les téléspectateurs.
1 L. Guespin, « Introduction » et « Les embrayeurs en discours »,Langages41, 1976. 2  Pour M. Pêcheux qui fait de la notion de formation discursive l’équivalente de « formation idéologique », il s’agit d’un ensemble d’attitudes et de représentations qui se rapportent à des positions de classe. (cf.Analyse automatique du discours, Paris, Dunod, 1969). 3 Cf. D. Maingueneau,L’Enonciation en linguistique française, Paris, Hachette, 1994, pp. 1213. 4  Ce mode regroupe des émissions qui prétendent nous informer sur notre monde (journal télévisé, documentaire, reportage, émission non fictionnelle en direct ou en différé) ou tout simplement nous mettre en contact avec lui. Dans le mode authentifiant, la vérité des mots et des images se juge par comparaison avec ce que nous savons par ailleurs de notre monde. L’attachement des téléspectateurs au « direct » se justifierait par le fait qu’il semble porteur d’une authenticité particulière.
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 Considérée comme une des dimensions fondamentales de toute étude de langue au même titre que la morphosyntaxe ou le lexique, la problématique de l’énonciation est devenue incontournable dans l’analyse d’une phrase ou d’un texte dans la mesure où on ne peut plus l’analyser sans prendre en compte l’événement énonciatif qui le rend possible, dès lors que la langue s’organise à partir des sujets qui la prennent en charge. C’est certainement ce prestige sans cesse croissant qui fait figurer en bonne place l’énonciationles grammaires actuelles. D. Maingueneau dans (2005) approuve largement cette réorientation de l’enseignement de la langue vers le « discours » et se préoccupe de « souligner certaines de ses conséquences pour la didactique du point de vue de la formation des enseignants comme de celui de 1 l’enseignement dans les classes. » . C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre cette mise au point théorique de M. Charolles et B. Combettes qui, prenant en compte la diversité des phénomènes discursifs pouvant aller audelà des structures purement linguistiques, soulignent les conditions d’une didactique rentable de la grammaire du discours : « L’idée de grammaire, telle qu’au moins on l’entend, dans la plupart des écoles contemporaines, s’applique difficilement au texte (...). Les règles, à supposer qu’on puisse parler de règles dans le domaine textuel, ne sont pas du même ordre que les règles qui commandent la morphosyntaxe. A l’échelle du discours, on n’a en effet pas affaire à des déterminations exclusivement linguistiques, mais à des mécanismes de régulation communicationnelle hétérogènes dans lesquels les phénomènes linguistiques doivent être envisagés en relation avec des phénomènes 2 psycholinguistiques, cognitifs et sociologiques. » . En effet, le linguiste qui se sent entraîné par l’étude du sens sur un terrain où les possibilités de formalisation rigoureuse se réduisent, ressent le besoin d’échapper à l’immanentisme des phénomènes linguistiques et la nécessité d’assouplir cette formule saussurienne « la
langue en ellemême et pour ellemême ». C’est la préoccupation de R. Martin (1983 : 3 18) pour qui l’immanentisme ne passe pas nécessairement par le représentationnalisme radical et l’abandon de l’illocutoire puisque la langue comporte des signes qui ne sont rien d’autre que la prévision de l’énoncé en tant qu’acte.
1  D. Maingueneau, « Réflexions sur la « grammaire du discours » au collège », inLe français aujourd’hui, n° 148, février 2005, p. 47. 2  M. Charolles et B. Combettes, « Contribution pour une histoire récente de l’analyse du discours », Langue française, n° 121, 1999, p. 93. 3 R. Martin,Pour une logique du sens, Paris, PUF.
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Notre préoccupation constante a été de cerner au plus près la problématique de l’énonciation et plus spécifiquement l’ensemble des manifestations de subjectivité dans le discours de la télévision que nous avons considéré ici comme un cas particulier de la communication médiatique. Ainsi, nous avons poursuivi les objectifs suivants. D’une part, appréhender les mécanismes de subjectivité d’un discours qui, dans son mode authentifiant, entretient l’illusion d’objectivité auprès des téléspectateurs ; d’où l’exploitation d’une grande variété des niveaux d’analyse de la langue et d’autres codes susceptibles de mener le plus possible à l’exhaustivité. D’autre part, nous avons essayé de structurer cet ensemble afin de lui donner une cohérence théorique interne et externe. Cohérence interne, dans la mesure où nous proposons une définition globale rassemblant la plupart des phénomènes qui ont été rapportés jusqu’ici à la problématique de l’énonciation et plus spécifiquement à la notion de subjectivité ; l’examen du discours télévisuel nous ayant permis, grâce à la richesse de ses moyens d’expression verbale, non verbale, iconique et sonore, d’élargir la recension de phénomènes énonciatifs peu habituellement évoqués en sciences du langage même s’ils sont souvent mieux connus des chercheurs en sciences de l’information et de la communication. Cohérence externe, puisque dans chaque cas, notre contribution est partie des théories de l’énonciation pour s’articuler sur la sémantique, la pragmatique et la psychologie. Après une série de définitions des concepts sur lesquels s’appuie notre étude, nous envisageons de rechercher les marques de subjectivité sous forme de traces linguistiques et extralinguistiques de l’activité énonciative par exploration des moyens d’expression directs ou inférentiels à travers l’étude des deux domaines qui semblent les dominer et les régir : les embrayeurs et les mots porteurs d’évaluations positives ou négatives que KerbratOrecchioni (1999 : 79) propose d’appeler « subjectivèmes ». Ensuite, nous recherchons les marques de subjectivité dans le discours rapporté, dans l’activité réflexive de l’énonciation linguistique et dans la motivation des noms propres avec notamment, la mise en relief de la notion de « transfert connotatif ». Nous poursuivons  audelà des structures purement linguistiques étudiées aux chapitres 1 à 6  en examinant les données extralinguistiques (chapitres 7 et 8) et notamment les artifices particuliers de l’énonciation télévisuelle qui tentent de faire passer pour absolues des réalités relatives. Enfin, nous mobilisons les ressources de la pragmatique pour rendre compte des moyens d’influence du journal télévisé peu ou prou connus ou reconnus comme tels par les téléspectateurs, en étudiant
8
successivement l’énoncé médiatique comme macroacte de langage, comme acte de langage et comme acte d’argumentation et en focalisant quelque peu notre attention sur la notion d’orientation argumentative. Sur le modèle de B.N. Grunig (1990 1 2 1998) et de P. Charaudeau (1997) , nous éviterons de produire un guide de bon usage
des techniques d’écriture dans notre brève présentation de quelques titres ou slogans qui manifestent un important potentiel pragmatique eu égard à notre recherche sur l’implicite subjectif.
1  A partir de trois exemple précis de slogans, B.N. Grunig dansLes Mots de la publicité. L’architecture du slogan, Paris, Editions du CNRS, 19901998, p. 9, propose un modèle d’évaluation de l’efficacité communicative du slogan allant de l’«excellence» à la « médiocrité » en leur affectant successivement les valeurs de « réussite », « raté », et « hasardeux ». Ce modèle inspirera notre évaluation des titres dans la seule perspective de la valeur de « réussite ». 2  P. Charaudeau,Le Discours d’information médiatique. La construction du miroir social, Paris, Nathan/INA, 1997.
9
1. L’énonciation : définitions, théories, hypothèses
1.1.
Problématique
médiatique
de
l’énonciation
et
communication
La présomption d’honnêteté dont jouissent a priori les professionnels de la communication médiatique leur permet de se présenter volontiers ou d’être perçus comme de simples rapporteurs de réalités autonomes et spontanées. Mais cellesci, 1 soulignent G. LochardetH. Boyer (1998 : 86) , «sont le plus souvent et de plus en plus « agencées » intentionnellement par les pouvoirs, les institutions et les individus». Ainsi, il faut se garder de concevoir un monde événementiel indépendamment du regard médiatique car ceci relèverait d’une fausse assimilation entre réalités sociales et réalités naturelles. Aux premières (une explosion volcanique, une éclipse par exemple, régies par des lois physiques, étrangères à toute intention humaine, correspond un regard strictement « constatif » que l’individu qui en est le témoin (et le média également) ne fait que porter sur elles. Aux secondes, correspondent ce que G. Lochard et H. Boyer appellent « mises en scène de soi » dans la mesure où les individus ou les groupes qui communiquent sont conscients du regard d’autrui et
agissent en conséquence. Nos auteurs insistent sur cette dimension de la subjectivité de la communication médiatique : Le fait peut se vérifier pour les situations quotidiennes et privées. Il est d’autant plus vrai pour toutes les circonstances de la vie publique, 2 notamment pour celles relevant de la vie politique . Mais il faut ajouter que l’exercice du pouvoir des médias s’appuie moins sur l’obtention d’une adhésion rationnelle et obéit davantage à ce que G. Lochard et H. Boyer appellent « lois du spectacle». A l’état brut, un événement est presque dépouillé de signification. Selon. P. 1 Charaudeau (1985, pp. 56) , il est surtout rendu signifiant par le traitement langagier
1  G. Lochard et H. Boyer,La communication médiatique, Paris, Seuil, 1998. 2 Ibid, p. 86. 1 P. Charaudeau, « Introduction »,Médias et enseignement, Paris, Didier Erudition, 1985.
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