L Europe face à la politique militaire américaine - article ; n°3 ; vol.49, pg 571-587
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Politique étrangère - Année 1984 - Volume 49 - Numéro 3 - Pages 571-587
Europe and the Problem of American Military Policy, by François Heisbourg
The build-up of the American military effort began several years prior to Reagan's élection. At present it seems to have acquired a leapfrog dimension rather than a simple catching-up. Due to an accumulation of modernisation processes through partial and progressive stages, we are today on the threshold of a qualitative transformation of military technology. The difference between the Strategie Defense Initiative (SDI) and plans for a conventional dissuasion force depend on the évolution of technology but the final objective is the same. This is to reduce or completely eliminate the dependence on nuclear arms, whether in order to maintain peace or to achieve victory. Medium-sized nuclear powers such as France, China and the U.K., would be disturbed by develop-ments which threatened U.S. adhérence to the 1972 treaty. But for the Europeans, the problems posed are political and technical rather than strategie and military. They need to coordinate their defence industries in order to be better placed for cooperative arrangements with the United States or Japan.
Le redémarrage de l'effort militaire a précédé de plusieurs années l'élection de Reagan. La dynamique actuelle correspond autant à un envol qu'à un simple rattrapage. Grâce à une accumulation de modernisations partielles et progressives, on est aujourd'hui parvenu au seuil d'une transformation qualitative. Entre l'Initiative de défense stratégique (SDI) et les plans militaires visant l'établissement d'une dissuasion conventionnelle s'appuyant sur les progrès de la technique (ET), il y a des différences, mais un même objectif final : réduire, voire annuler, la dépendance à l'égard des armes nucléaires, qu'il s'agisse de maintenir la paix ou d'emporter la victoire. Les forces nucléaires moyennes — France, Chine, Royaume-Uni — seraient probablement gênées par une évolution qui mettraient en cause le traité de 1972. Mais, pour les Européens, les risques sont plus d'ordre politique et technique que stratégique et militaire. Pour y faire face, les Européens devront mieux coordonner leurs actions en matière d'industries de défense, pour être mieux à même d'entrer dans des coopérations avec les Etats-Unis ou le Japon.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Heisbourg
L'Europe face à la politique militaire américaine
In: Politique étrangère N°3 - 1984 - 49e année pp. 571-587.
Citer ce document / Cite this document :
Heisbourg. L'Europe face à la politique militaire américaine. In: Politique étrangère N°3 - 1984 - 49e année pp. 571-587.
doi : 10.3406/polit.1984.3389
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1984_num_49_3_3389Abstract
Europe and the Problem of American Military Policy, by François Heisbourg
The build-up of the American military effort began several years prior to Reagan's élection. At present it
seems to have acquired a leapfrog dimension rather than a simple catching-up. Due to an accumulation
of modernisation processes through partial and progressive stages, we are today on the threshold of a
qualitative transformation of military technology. The difference between the Strategie Defense Initiative
(SDI) and plans for a conventional dissuasion force depend on the évolution of technology but the final
objective is the same. This is to reduce or completely eliminate the dependence on nuclear arms,
whether in order to maintain peace or to achieve victory. Medium-sized nuclear powers such as France,
China and the U.K., would be disturbed by develop-ments which threatened U.S. adhérence to the 1972
treaty. But for the Europeans, the problems posed are political and technical rather than strategie and
military. They need to coordinate their defence industries in order to be better placed for cooperative
arrangements with the United States or Japan.
Résumé
Le redémarrage de l'effort militaire a précédé de plusieurs années l'élection de Reagan. La dynamique
actuelle correspond autant à un envol qu'à un simple rattrapage. Grâce à une accumulation de
modernisations partielles et progressives, on est aujourd'hui parvenu au seuil d'une transformation
qualitative. Entre l'Initiative de défense stratégique (SDI) et les plans militaires visant l'établissement
d'une dissuasion conventionnelle s'appuyant sur les progrès de la technique (ET), il y a des différences,
mais un même objectif final : réduire, voire annuler, la dépendance à l'égard des armes nucléaires, qu'il
s'agisse de maintenir la paix ou d'emporter la victoire. Les forces nucléaires moyennes — France,
Chine, Royaume-Uni — seraient probablement gênées par une évolution qui mettraient en cause le
traité de 1972. Mais, pour les Européens, les risques sont plus d'ordre politique et technique que
stratégique et militaire. Pour y faire face, les Européens devront mieux coordonner leurs actions en
matière d'industries de défense, pour être mieux à même d'entrer dans des coopérations avec les Etats-
Unis ou le Japon.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 571
L'EUROPE FACE
François HEISBOURG * À LA POLITIQUE
MILITAIRE AMÉRICAINE
Le redémarrage de l'effort militaire américain a précédé de
plusieurs années l'élection du président Reagan. Entamée pen
dant le mandat du président Ford, confirmée sous le président
Carter, la croissance des dépenses militaires a connu une vive accélé
ration dans le cadre des deux premiers budgets élaborés par l'Admin
istration Reagan : de +2,9 % en dollars constants en 1980 l et de
+ 5,3 % en 1981, l'augmentation des crédits militaires est passée à
-I- 12 % en 1982 dès la première année de l'Administration actuelle.
L'accroissement des autorisations de programme (TO A, Total Obliga-
tionnal Authority) s'est poursuivie avec + 7 % en 1983, ralentissant
avec +3,5 % pour l'année 1984. Le débat entre la Maison-Blanche
et la Chambre des représentants pour l'année 1985 porte sur une
plage d'accroissement de + 5 à + 7 % en dollars constants.
Il s'agit donc d'un phénomène de grande ampleur comparé aux taux
d'évolution des budgets militaires ouest-européens dont l'accroiss
ement entre 1980 et 1985 a été en moyenne inférieur à + 3 % par an
en monnaies constantes. Le contraste est également saisissant par
rapport à la période de 1968 à 1975, qui avait vu les dépenses militaires
américaines (TO A) passer de 194,1 milliards de dollars à 133,8 mil
liards de dollars (dollars constants, année fiscale 1981) soit une baisse
réelle de 32 %, rejoignant ainsi le niveau de 1959.
Rattrapage ou envol ?
Cette constatation relativise quelque peu le spectaculaire regain de la
période 1980-1985 : celui-ci aura certes permis de retrouver en 1984
le niveau de 1968 mais sans combler le creux considérable intervenu
* Directeur attaché à la Direction des affaires internationales de la Société Thomson.
Les opinions exprimées ci-après n'engagent que leur auteur, actuellement en service
détaché de son administration d'origine.
1. Dès lors qu'il est question de dépenses militaires, les dates mentionnées pour les
.Etats-Unis correspondent à des années fiscales (1er octobre, 30 septembre). 572 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
entre temps et notamment le déficit enregistré entre 1972 (fin de la
guerre du Vietnam) et 1981 (année du retour au niveau de 1972). A
cela s'ajoute le fait que le coût de la guerre du Vietnam a, dans les
années 1966-1972, obéré la recherche et le développement, sacrifiés
à l'entretien de la machine de guerre en Indochine. Le phénomène
de rattrapage est probablement encore en cours tant en valeur absolue
que relativement aux Européens, qui ont, pour leur part, accru leurs
efforts militaires pendant la période 1972-1980.
Il reste que la dynamique militaire américaine actuelle correspond
autant à un envol qu'à un simple rattrapage pour plusieurs raisons :
— un large consensus existe au Parti démocrate comme au Parti
républicain pour maintenir un taux d'accroissement annuel réel nota
ble dans l'avenir immédiat, permettant ainsi de maintenir l'essor ; le
programme électoral de Walter Mondale prévoit une hausse annuelle
réelle de 3 à 4 % ;
— l'injection massive de fonds à partir de 1981 a été trop importante
pour pouvoir être épongée rapidement par les structures militaires et
industrielles existantes. Aussi sont-ce les dépenses de recherche et
développement qui ont connu l'ascension la plus forte : les laboratoires
militaires et les centres de recherche connaissent une période d'autant
plus faste qu'un mouvement comparable se produit dans la recherche
dite civile, dont la part croît dans le PNB américain, lui-même en
augmentation ;
— le bond en avant américain coïncide avec l'effort au mieux main
tenu d'une Europe où la situation économique ne permet pas d'envi
sager d'avancées spectaculaires. Ainsi les budgets militaires de la
RFA, du Royaume-Uni et de la France se sont accrus en trois ans
de 7,7%, 10% et 10,2% respectivement de 1977 à 1980 et de
3,9 %, 9,8 % et 12,8 % de 1981 à 1984 (monnaies constantes). A
titre de comparaison, les Etats-Unis ont accru leurs dépenses program
mées d'environ 25 % réels pendant la période 1981-1984 ;
— enfin, l'effort financier américain coïncide avec une révolution
technologique dans le domaine des armements : celui qui prendra la
tête de cette nouvelle mutation risque fort de disqualifier des parte
naires moins dynamiques.
La nouvelle donne technologique
Le facteur technologique nouveau réside dans le changement complet
qui s'opère dans les capacités de traitement de l'information : certes
l'évolution elle-même n'est pas entièrement nouvelle puisque les pre
mières applications opérationnelles de l'électronique et de l'informa
tique remontent à la Seconde Guerre mondiale, avec les UNI VAC
du projet Manhattan ou encore la « guerre de l'électronique » entre
la Luftwaffe et la RAF. De nos jours, joue déjà un ÉTATS-UNIS : POLITIQUE MILITAIRE ET EUROPE I 573
rôle militaire essentiel, tant dans la gestion des grands réseaux de
défense aérienne (NORAD nord-américain, réseau NADGE en
Europe occidentale, STRIDA français) ou de communication tactique
— ainsi le RITA français, le plus moderne actuellement déployé —
que dans la mise en œuvre des PGM {Precision Guided Munitions),
contemporains des premiers microprocesseurs : ainsi des bombes gui
dées par faisceau laser ou des armes anti-chars dites de la deuxième
génération (Hot et Milan franco-allemands, Tow américains).
Cette accumulation de modernisat

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