L évolution de la vie politique malaysienne - article ; n°4 ; vol.41, pg 337-369
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L'évolution de la vie politique malaysienne - article ; n°4 ; vol.41, pg 337-369

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Description

Politique étrangère - Année 1976 - Volume 41 - Numéro 4 - Pages 337-369
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Fistié
L'évolution de la vie politique malaysienne
In: Politique étrangère N°4 - 1976 - 41e année pp. 337-369.
Citer ce document / Cite this document :
Fistié Pierre. L'évolution de la vie politique malaysienne. In: Politique étrangère N°4 - 1976 - 41e année pp. 337-369.
doi : 10.3406/polit.1976.1712
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1976_num_41_4_1712L'ÉVOLUTION DE LA VIE POLITIQUE
MALAYSIENNE
par Pierre FISTIÉ
Depuis le passage des trois pays d'Indochine sous des régimes
communistes, l'attention se tourne vers les autres Etats de l'Asie
du Sud-Est et particulièrement vers ceux qui sont géographiquement
les plus proches des premiers : Birmanie, Thaïlande, Malaysia (1)
et Singapour. Contrairement aux affirmations trop simplistes de la
« théorie des dominos », il apparaît cependant que leur avenir dé
pende avant tout de leurs évolutions internes respectives qui, au cours
de ces dernières années, ont présenté certains traits communs.
Les pays considérés ont ceci de semblable qu'ils sont tous, suivant
des modalités et à des degrés divers, des pays pluri-ethniques ou tout
au moins pluri-culturels à la différence des sociétés relativement plus
homogènes du Vietnam et du Cambodge. Cet état de choses se reflète
directement dans leur vie politique dans la mesure où les oppositions
aux gouvernements établis ont eu généralement dans le passé une
base avant tout ethno-culturelle, qu'il s'agisse des Karens, des Shans
ou des Kachins en Birmanie, des Laos-Thaïs du Nord-Est de la
Thaïlande chez qui l'opposition de gauche et, depuis 1965, la subver
sion armée ont trouvé leur principal point d'appui, sans parler des
(1) La pratique française — qui avait pour mérite d'éluder tout problème de
reconnaissance — a été de continuer de désigner ce pays du nom de Malaisie après
comme avant 1963 bien qu'en réalité il ait changé de dénomination, abandonnant
celle de Federation of Malaya (en Anglais) ou de Persekutuan Tanah Melayu (en
malais) pour celle de Malaysia, la nouvelle désignation accompagnant l'incorpo
ration de Singapour, du Sarawak et du Sabah dans la Fédération en 1963 et survivant
à l'expulsion de Singapour en 1965. Nous préférons pour notre part suivre la pra
tique malaysienne qui est également celle de la totalité des pays étrangers à l'excep
tion de la France. 338 PIERRE FISTIÉ
montagnards Méo et des Malais de l'extrême sud du pays. C'est
encore le cas à Singapour dont la population est chinoise à 15 %
mais où depuis 1961 la principale opposition qu'a dû affronter le
gouvernement Lee Kuan- Yew (qui s'appuie sur les Chinois d'édu
cation anglaise) était celle des Chinois d'éducation chinoise et cela
pour des raisons d'identité culturelle plutôt que pour des motifs
économiques.
Depuis plusieurs années au contraire — et la révolution qui, en
octobre 1973, a mis fin en Thaïlande au régime militaire a eu à cet
égard un caractère exemplaire — on peut constater un déplacement
d'accent dans la vie intérieure de ces pays. Les problèmes posés par
les minorités ne sont toujours pas résolus mais les poli
tiques à base socio-économique tendent à passer au premier plan, les
étudiants issus de la communauté ethno-culturelle dominante jouant
pour leur part, de plus en plus, le rôle de fer de lance de l'opposition.
Après avoir été observé à Bangkok en octobre 1973 et dans les mois
qui ont suivi, le phénomène (mais non ses résultats) s'est reproduit
l'année suivante à Kuala Lumpur ainsi qu'à Rangoon (avec l'agitation
ouvrière de juin et l'agitation étudiante de décembre qui s'est renou
velée en juin 1975) et même à Singapour, avec l'affaire Tan Wah-
Piow qui a vu la Singapore University (où l'enseignement est donné
en anglais) succéder un moment à la Nanyang University (chinoise
jusqu'à une date récente) comme principal foyer de contestation.
C'est le cas de la Malaysia, pays pluri-ethnique type, que nous
voudrions étudier de plus près afin de déterminer dans quelle mesure
ce pays a connu lui aussi une évolution et quelles peuvent en être
les conséquences.
Dès l'origine, le problème du rapport de forces entre Malais et non-
Malais, et plus particulièrement entre Malais et Chinois a été au cœur
de la vie politique malayenne puis malaysienne (après l'élargissement
de la Fédération en 1963) (2).
(2) En 1965 (c'est-à-dire après la séparation de Singapour qui n'a été réuni que
pendant deux ans à la Fédération) la population de la Malaysia occidentale (c'est-
à-dire sans compter les deux Etats de Bornéo) se répartissait à raison de 50,1 % de
Malais, 36,7 % de Chinois et 11,1 % d'Indiens. Six ans plus tard, en 1971, les
Malais en raison de leur taux de natalité plus élevé étaient passés à 53,1 % contre
35,5 % pour les Chinois et 10,6 % pour les Indiens. MALAYSIA 339
Créé en 1946 pour lutter contre le statut de la Malayan Union
jugé trop favorable aux Chinois, le principal parti malais, celui de
l'U.M.N.O., a néanmoins adopté pour politique à partir de 1951 de
former avec le principal parti chinois (la Malayan Chinese Association
ou M.C.A.) et ensuite avec un parti Indien (le Malayan Indian
Congress ou M.I.C.) une « Alliance » sans laquelle il aurait été im
possible d'obtenir l'indépendance des Britanniques et de garantir pour
l'avenir un minimum de stabilité. En fait, sous cette apparente re
cherche d'un consensus, l'U.M.N.O. a utilisé sa position dominante
au sein de l'Alliance pour établir en 1957 une Constitution qui a fait
de la Malaisie indépendante et plus tard de la Malaysia un pays à
prédominance malaise (3). Par la suite, la pratique constitutionnelle
a encore renforcé cette prépondérence politique, la règle de fait
s'établissant que non seulement le Premier ministre mais encore le
vice-Premier ministre devaient toujours être des Malais.
Au cours des années postérieures à l'indépendance, la prépondér
ance politique des Malais s'est exercée de deux manières. D'une part
les efforts déployés pour surmonter le sous-développement visaient
avant tout à la promotion des Malais à qui on reconnaît seuls la
qualité de Bumiputra (fils du sol) et qui, jugeait-on, avaient davantage
besoin d'aide que les Chinois, mieux adaptés à l'économie monétaire.
D'autre part, alors qu'il n'y avait plus de subventions officielles pour
les écoles secondaires utilisant le Chinois comme véhicule de l'e
nseignement, le gouvernement de l'Alliance entreprenait de développer
un système d'éducation malais, d'abord au niveau secondaire (avant
l'indépendance il n'existait pas d'enseignement en malais),
puis à partir de 1969 au niveau de l'enseignement supérieur. Enfin,
à un stade ultérieur il fut décidé de convertir progressivement en
écoles malaises les établissements d'enseignement primaire puis se
condaire utilisant la langue anglaise. Grâce à cet ensemble de mesures
on peut s'attendre à ce que la loi votée en 1967 qui fait du Malais la
seule langue officielle, ait, à terme, des effets effectifs.
(3) Le chef d'Etat constitutionnel, le Yang di Pertuan Agong, choisi dans leur
sein pour cinq ans par les sultans, est nécessairement un Malais. L'Islam — religion
des Malais — est la religion de l'Etat. La langue malaise est la langue nationale et
depuis 1967 la seule langue officielle. Enfin pour compenser leur relatif retard éco
nomique sur les Chinois, les Malais se voyaient accorder sans limitation de temps
des droits spéciaux en ce qui concerne l'accès à la fonction publique, l'octroi de
bourses d'étude ou celui de licences pour l'exercice de certaines professions. 340 PIERRE FISTIÉ
En face du système de l'Alliance visant à unir toutes les commun
autés sous la direction des Malais, on pouvait distinguer une oppos
ition armée et une opposition légale.
L'opposition armée était et est toujours celle du Malayan Commun
ist Party (M.C.P.) qui après avoir combattu les Japonais (et surtout
leurs « collaborat

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