L Inde et le droit à la sécurité - article ; n°3 ; vol.40, pg 293-306
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Description

Politique étrangère - Année 1975 - Volume 40 - Numéro 3 - Pages 293-306
La première explosion nucléaire expérimentale indienne du 18 mai 1974 a suscité de nombreuses réactions et ranimé la controverse sur les risques de prolifération et la valeur qu'un armement nucléaire peut présenter pour la sécurité d'une puissance moyenne. Le gouvernement indien a fait savoir qu'il n'entendait pas utiliser la capacité scientifique et technique dont il a fait la preuve pour se doter d'une arme nucléaire. Quoi qu'il en soit, la valeur de l'arme nucléaire ne peut être justement appréciée qu'en distinguant entre deux utilisations possibles de cette arme, soit dans le cadre d'une stratégie de dissuasion, soit dans le cadre d'une stratégie de coercition. Qualitativement et quantitativement, ce sont des systèmes d'armes différents qui sont requis dans les deux cas.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 136
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Général Pierre Gallois
L'Inde et le droit à la sécurité
In: Politique étrangère N°3 - 1975 - 40e année pp. 293-306.
Résumé
La première explosion nucléaire expérimentale indienne du 18 mai 1974 a suscité de nombreuses réactions et ranimé la
controverse sur les risques de prolifération et la valeur qu'un armement nucléaire peut présenter pour la sécurité d'une
"puissance moyenne".
Le gouvernement indien a fait savoir qu'il n'entendait pas utiliser la capacité scientifique et technique dont il a fait la preuve pour
se doter d'une arme nucléaire.
Quoi qu'il en soit, la valeur de l'arme nucléaire ne peut être justement appréciée qu'en distinguant entre deux utilisations
possibles de cette arme, soit dans le cadre d'une stratégie de dissuasion, soit dans le cadre d'une stratégie de coercition.
Qualitativement et quantitativement, ce sont des systèmes d'armes différents qui sont requis dans les deux cas.
Citer ce document / Cite this document :
Gallois Pierre. L'Inde et le droit à la sécurité. In: Politique étrangère N°3 - 1975 - 40e année pp. 293-306.
doi : 10.3406/polit.1975.1772
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1975_num_40_3_1772L'INDE ET LE DROIT A LA SÉCURITÉ
Par Pierre M. GALLOIS
La première explosion nucléaire expérimentale indienne du
18 mai 1974 a suscité de nombreuses réactions et ranimé la contro
verse sur les risques de prolifération et la valeur qu'un armement
nucléaire peut présenter pour la sécurité d'une « puissance moyenne ».
Le gouvernement indien a fait savoir qu'il n'entendait pas utiliser
la capacité scientifique et technique dont il a fait la preuve pour se
doter d'une arme nucléaire.
Quoi qu'il en soit, la valeur de l'arme nucléaire ne peut être just
ement appréciée qu'en distinguant entre deux utilisations possibles de
cette arme, soit dans le cadre d'une stratégie de dissuasion, soit
dans le cadre d'une stratégie de coercition. Qualitativement et
quantitativement, ce sont des systèmes d'armes différents qui sont
requis dans les deux cas.
C'est avec surprise que le inonde apprit la nouvelle de l'explosion
expérimentale du 18 mai 1974. Il n'y a cependant rien d'étonnant
à ce qu'un peuple de 590 millions d'habitants, placé là où il est,
dont le budget militaire est, depuis des années, le cinquième après
celui des grandes et moyennes Puissances (1), maîtrise à son tour
les techniques de l'atome. Maintenant sous les armes près d'un
million d'hommes, n'était-il pas temps de substituer la puissance
de feu aux effectifs et de réaliser ainsi les économies que permet une
pareille mutation qui, de surcroît, placerait l'Inde dans le peloton
de tête des nations ? Certes, il ne s'agissait pas de construire des
armements nucléaires — et le gouvernement indien se défendit à
nouveau de vouloir en équiper ses forces armées — mais chacun
(*) La version anglaise de cet article est également publiée dans la revue
indienne India Quarterly.
(1) Non compris les pays du champ de bataille au Proche-Orient. PIERRE M. GALLOIS 294
comprit que, s'il l'estimait souhaitable, il en aurait la faculté, l'option
atomique étant désormais à sa portée.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne manifestèrent une vertueuse
indignation. Bien qu'elle détienne le record du nombre des explo
sions nucléaires dans l'atmosphère et en sous-sol, bien qu'avec l'Union
Soviétique, elle pollua terrestre plus que tout autre
nation, l'Amérique s'éleva contre l'essai du Rajahstan et s'inquiéta
publiquement des desseins secrets qu'il recouvrait. Cinq mois plus
tard, visitant la capitale de l'Inde, M. Kissinger y déclara « qu'il
considérait avec gravité l'engagement de la Nouvelle-Delhi de ne
pas avoir d'armes atomiques ». C'était faire preuve d'un humour
bien involontaire. Venant du ministre des Affaires étrangères d'un
pays qui accumule les mégatonnes et les vecteurs les plus évolués
et qui fonde entièrement sa propre sécurité sur cet énorme arsenal,
qui avec l'Union Soviétique combat la prolifération horizontale,
mais se charge de stimuler la prolifération verticale, la déclaration
ne manquait pas de sel.
Quant à la Grande-Bretagne, elle n'est pas mieux placée pour
protester. Elle procéda à toutes les campagnes d'essais atomiques
dont elle avait besoin et si elle y a mis un terme, c'est que le grand
allié américain lui fournit les armes et les informations dont elle
a besoin pour assurer sa sécurité. Et à l'occasion lui prête aussi
ses terrains d'expérimentation. « Fais ce que je te dis, mais ne
fais pas ce que je fais », pourrait être la devise du gouvernement
de Londres. C'est si vrai que si Downing Street s'opposa à la poli
tique nucléaire de la Nouvelle-Delhi, le dernier « Livre Blanc »
britannique sur la défense montre que si la Grande-Bretagne est
prête à beaucoup sacrifier sur ses forces classiques, elle entend
conserver son armement nucléaire. A ses yeux, elle en a le droit,
mais pas l'Inde. Lord Chalfont utilisa les colonnes du « Times »
pour fustiger l'essai atomique indien. « L'effort nucléaire de l'Inde »,
y écrivait-il « ... loin d'être un élément de sécurité..., invite à l'attaque
préventive... un système nucléaire capable d'exercer des représailles...
coûterait en gros l'équivalent de deux années du produit national
de ce pays » (2). L'ancien ministre de Sa Majesté feignait d'ignorer
(2) Lord Chalfont, « India has blown the nuclear safe wide open », The Times,
10 juin 1974. INDE 295
qu'il serait difficile d'en venir à une attaque nucléaire préventive
sans se placer au ban des nations. En pareil cas la pratique effective
de la coercition nucléaire est peu probable. Quant aux dépenses,
Lord Chalfont oubliait qu'elles sont à la mesure d'une Puissance
ayant déjà un gros budget militaire et qu'à l'instar de ce qui s'est
passé en France, les dépenses militaires de l'Inde diminueraient
d'autant plus que serait mise sur pied une force de dissuasion plus
importante et plus efficace. Les contingents armés classiquement
seraient réduits et les crédits ainsi économisés affectés à l'atome.
A Ottawa, la réaction fut sévère. D'où venait donc le plutonium
utilisé sinon des installations construites dans le cadre de l'accord
indo-canadien, disait-on au Canada. Pourtant, on y reconnaissait
que c'est en vain que M. Trudeau avait essayé d'obtenir de Mme Gand
hi qu'elle engage son pays dans la voie d'un renoncement formel
à l'atome militaire. Aux récriminations d'Ottawa, M. Brajesh
Mishra répondit que « l'Inde avait le droit d'avoir recours à la tech
nique de l'explosion nucléaire à des fins pacifiques et de poursuivre
des essais dans cette direction... et que tous les pays exploitant
l'énergie atomique n'étaient pas pour autant des puissances nu
cléaires (au sens militaire du terme) ». Et, de fait, ce n'est pas Ja
faute de l'Inde s'il n'y a guère de différence entre une explosion
expérimentale destinée à des travaux de génie civil (comme ceux
qu'effectue aussi l'Union Soviétique) et un essai destiné à la mise
au point d'armes de destruction massive. Mais l'argumentation d'Ot
tawa n'était pas plus fondée que celle de Londres ou de Washington.
En effet, le ministre des Affaires étrangères du Canada déclarait
« que son pays aurait pu fabriquer, il y a nombre d'années, un dispos
itif nucléaire explosif, mais il a choisi de ne point le faire, estimant
que les avantages — douteux — inhérents à la possession d'un
tel dispositif étaient insignifiants par rapport aux dangers réels
pour la paix et la sécurité nationale ». On semblait oublier, au Ca
nada, où se trouve situé ce pays et la garantie automatique dont
il bénéficie en raison de la position qu'il occupe sur la carte. On
oubliait aussi que c'est l'atome qui impose la paix entre Amérique,
Russie et Chine, pour ne citer que trois puissanc

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