L intervention des militaires dans la vie politique de la Syrie, de l Irak et de la Jordanie - article ; n°3 ; vol.39, pg 343-374
33 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'intervention des militaires dans la vie politique de la Syrie, de l'Irak et de la Jordanie - article ; n°3 ; vol.39, pg 343-374

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
33 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1974 - Volume 39 - Numéro 3 - Pages 343-374
L'étude de l'intervention des armées dans la vie politique des pays du Proche-Orient arabe a été le plus souvent envisagée dans une optique centrée sur l'appréciation de ces expériences à la lumière de leurs effets d'ordre politique au sens étroit du terme, c'est-à-dire en ne considérant ces effets que par rapport aux enjeux des luttes politiques de l'heure. Si l'on essaie de se placer, avec un recul minimum, dans une optique de longue période, d'autres problèmes se font jour : les problèmes des relations entre segmentations sociales et modes de structuration des armées (leur composition, leur cohésion, leur esprit), le problème des nouvelles stratégies que le pouvoir militaire introduit éventuellement dans le champ politique (vis-à-vis des partis notamment) et enfin le problème des aspects culturels et éthiques du pouvoir militaire. Autant de questions qui permettent d'apprécier la nature de la relation de chaque armée avec le terrain socio-politique où elle opère.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hamid Al-Shawi
L'intervention des militaires dans la vie politique de la Syrie, de
l'Irak et de la Jordanie
In: Politique étrangère N°3 - 1974 - 39e année pp. 343-374.
Résumé
L'étude de l'intervention des armées dans la vie politique des pays du Proche-Orient arabe a été le plus souvent envisagée dans
une optique centrée sur l'appréciation de ces expériences à la lumière de leurs effets d'ordre politique au sens étroit du terme,
c'est-à-dire en ne considérant ces effets que par rapport aux enjeux des luttes politiques de l'heure. Si l'on essaie de se placer,
avec un recul minimum, dans une optique de longue période, d'autres problèmes se font jour : les problèmes des relations entre
segmentations sociales et modes de structuration des armées (leur composition, leur cohésion, leur "esprit"), le problème des
nouvelles "stratégies" que le pouvoir militaire introduit éventuellement dans le champ politique (vis-à-vis des partis notamment) et
enfin le problème des aspects culturels et éthiques du pouvoir militaire. Autant de questions qui permettent d'apprécier la nature
de la relation de chaque armée avec le terrain socio-politique où elle opère.
Citer ce document / Cite this document :
Al-Shawi Hamid. L'intervention des militaires dans la vie politique de la Syrie, de l'Irak et de la Jordanie. In: Politique étrangère
N°3 - 1974 - 39e année pp. 343-374.
doi : 10.3406/polit.1974.1815
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1974_num_39_3_1815L'INTERVENTION DES MILITAIRES
DANS LA VIE POLITIQUE DE LA SYRIE,
DE L'IRAK ET DE LA JORDANIE
UN ESSAI D'INTERPRETATION SOCIO-POLITIQUE
par Hamid AL-SHAWI *
L'étude de l'intervention des armées dans la vie politique des
pays du Proche-Orient arabe a été le plus souvent envisagée dans
une optique centrée sur l'appréciation de ces expériences à la
lumière de leurs effets d'ordre politique au sens étroit du terme,
c'est-à-dire en ne considérant ces effets que par rapport aux
enjeux des luttes politiques de l'heure. Si l'on essaie de se placer,
avec un recul minimum, dans une optique de longue période,
d'autres problèmes se font jour : les problèmes des relations entre
segmentations sociales et modes de structuration des armées (leur
composition, leur cohésion, leur « esprit »), le problème des nouv
elles « stratégies » que le pouvoir militaire introduit éventuelle
ment dans le champ politique (vis-à-vis des partis notamment) et
enfin le problème des aspects culturels et éthiques du pouvoir
militaire. Autant de questions qui permettent d'apprécier la nature
de la relation de chaque armée avec le terrain socio-politique où
elle opère.
I) L'héritage de l'histoire
Aux origines des armées de Syrie, d'Irak et de Jordanie, on trouve
un point commun qui résulte de l'intégration de ces trois pays,
autrefois provinces de l'Empire ottoman, dans une même structure
politique : la toute première génération d'officiers que les Etats ara-
(*) Chercheur au C.N.R.S., attaché à la F.N.S.P. 344 AL-SHAWI
bes créés au lendemain de la première guerre mondiale ont placée
à la tête de leur armée, et souvent même à la tête de la hiérarchie
politique, a reçu sa formation et fait ses premières armes dans l'a
rmée ottomane avant la première guerre mondiale.
L'influence occidentale avait commencé à se faire sentir dans le
cadre de l'empire dès le XVffl" siècle, allant en s'accentuant avec
le temps, et c'est précisément dans le domaine militaire que la supér
iorité occidentale s'était le plus affirmée, en matière d'équipement,
de technique et d'organisation.
Les premières réformes inspirées de l'Occident et introduites dans
l'Empire avaient été des réformes militaires : ainsi le corps des offi
ciers ottomans avait été le premier groupe social d'importance à en
trer en contact avec la culture occidentale et avec les scientifiques
européens. Les cercles d'officiers ottomans réformistes, des « Jeunes
Ottomans » des années 1870 aux « Jeunes Turcs » des années 1890
fondant le Comité pour l'union et le progrès à vocation révolution
naire, toutes les incarnations successives du libéralisme des jeunes
officiers turcs influencés par les idées occidentales exercèrent à leur
tour une grande influence sur le mouvement national arabe naissant,
et en premier lieu sur les jeunes officiers arabes de l'armée ottomane,
camarades, et aussi bien souvent partenaires, des officiers révolution
naires turcs.
La désillusion des Arabes nationalistes devant le nationalisme
pan-turc qui succéda, avec l'accession au pouvoir des Jeunes Turcs,
à l'assimilationisme islamique d'Abd-ul-Hamid ne fit que renforcer
les aspirations nationalistes et la répression contraignit le mouvement
nationaliste arabe à agir dans la clandestinité. Dans cette clandestini
té les officiers arabes se montrèrent particulièrement actifs, organi
sant des sociétés secrètes, telle Al-Ahd, dont les membres devaient
devenir plus tard les chefs de l'armée chérifienne. Les officiers
irakiens, beaucoup plus nombreux que les Syriens ou les Palestiniens
dans l'armée turque, étaient également plus nombreux que les autres
officiers arabes dans les sociétés secrètes ; le corps des officiers
irakiens se flatte aujourd'hui encore d'avoir travaillé efficacement à
l'effondrement de l'Empire ottoman.
La différence affectant la participation des officiers irakiens et
celle des officiers syriens aux activités nationalistes clandestines doit
être interprétée en tenant compte de la participation au mouvement :
la plupart des membres des sociétés secrètes étaient des civils syriens AU PROCHE-ORIENT 345 L'ARMÉE
tandis que tous les Irakiens qui y appartenaient (1) étaient des offi
ciers. C'est la conséquence des mesures de répression plus dures ap
pliquées à la Syrie en raison de la précocité et de la force de ses aspi
rations à la libération (2).
L'Irak avait été plus lent que la Syrie à s'éveiller au nationalisme
arabe, et dans le domaine économique et social son développement
était également moins grand. Aussi, nombreux étaient les fils de
commerçants de Bagdad qui voyaient dans l'armée ottomane une voie
de promotion sociale — en l'occurence même une des seules aux
quelles ils avaient accès (3). Le corps des officiers ottomans jouissait
en Irak d'un très grand prestige.
Malgré leur nombre relativement faible par rapport à celui des
civils, les officiers arabes avaient une situation prééminente dans le
mouvement clandestin de libération arabe : leurs qualités d'organi
sateurs et leur prestige leur conféraient une forme de leadership.
Ce leadership des officiers dans le mouvement de libération connut
une brève éclipse avant les années 1920 : de 1917 à 1921 toutes les
révoltes (irakiennes et syriennes) furent dirigées par des civils. Ceci
tient au fait que les armées recrutées alors localement par les Bri
tanniques et par les Français étaient placées sous commandement
étranger et que le corps des officiers faisait l'objet d'une surveillance
très étroite.
Au surplus, la politique de recrutement des puissances mandat
aires donnait systématiquement la préférence aux groupes minoritdans la population au détriment de la pénétration des Arabes
sunnites (prédisposés aux velléités nationalistes) dans le corps des
officiers, et de l'armée en général.
Cependant, cette éclipse des officiers arabes devait être de courte
durée : une génération ne s'était pas écoulée que l'officier allait de
nouveau apparaître comme un facteur décisif dans la vie politique
arabe. L'influence turque allait se révéler déterminante dans son in
tervention. L'exemple d'Ataturc et de son entreprise de réforme et
(1) Une minorité par rapport aux civils syriens.
(2) CE. Dawn : « The rise of arabism in Syria ». Middle East Journal, vol.
16, 2, p. 148-50, 1964.
(3) Lord Birdwood. c Nuri As-Saïd ». Londres, 1959, p. 9. 346 AL-SHAWI
reconstruction

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents