L UNEF-ID dans le mouvement - article ; n°1 ; vol.1, pg 44-54
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L'UNEF-ID dans le mouvement - article ; n°1 ; vol.1, pg 44-54

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Description

Politix - Année 1988 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 44-54
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 101
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Cécile Chambraud
L'UNEF-ID dans le mouvement
In: Politix. Vol. 1, N°1. Hiver 1988. pp. 44-54.
Citer ce document / Cite this document :
Chambraud Cécile. L'UNEF-ID dans le mouvement. In: Politix. Vol. 1, N°1. Hiver 1988. pp. 44-54.
doi : 10.3406/polix.1988.1325
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1988_num_1_1_132544
L'UNEF ID ET LE MOUVEMENT
ETUDIANT <•)
On a beaucoup chanté le "non-alignement politique " dont aurait fait preuve la "génération
morale " à l'automne 1986, son refus de "toute prise en charge (...) par une organisation
quelle qu'elle soit " * , son caractère "démocratique ". Pour certains, la mise en retrait
apparente des organisations politiques et syndicales étaient la condition de cette démocratie.
"Méfiants jusqu'au bout des ongles à l'égard de toute étiquette, sigle, banderole ou
récupération politique, leur mouvement réinvente la démocratie en marchant, s'inscrit en
décalage par rapport aux grilles d'analyse syndicales et partisanes traditionnelles, et a
débordé largement les organisations et groupuscules présents -sinon représentatifs - dans les
universités " 2. La nouvelle vague de militants révélée par le mouvememt étudiant "échappe
aux catégories classiques " 3 . Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les
appréciations portées sur la place des organisations - et singulièrement sur celle de la plus
impliquée d'entre elles, 1TJNEF ID - aient été hésitantes. Nous nous proposons ici d'étudier
le rôle des militants et des dirigeants de l'UNEF ID dans l'émergence et la trajectoire de la
mobilisation étudiante.
Dans un premier temps, 1TJNEF ID est jugée en bloc comme respectueuse de la "volonté
d'indépendance totale des étudiants ", s'effaçant "démocratiquement " derrière une
mobilisation "spontanée " et "apolitique", se contentant de mettre "à son service " ses
moyens logistiques, tout en étant capable " d'orienter et d'accompagner le mouvement " (
thèmes récurrents des commentaires journalistiques ), semblant réaliser ainsi une
performance troublante . Dans une seconde phase, au contraire, la pureté originelle du
mouvement semble corrompue par les "manoeuvres" des différentes tendances s'affrontant à
ce qui est alors devenu la direction du mouvement. Il est désormais question d'une "guerre
des clans " entre radicaux de tout poil ; le syndicat semble être " victime temporairement de
cette sourde bagarre héritée des années 70 " ^. Cette référence aux années 70 est du reste
utile à qui veut comprendre le comportement des militants de l'UNEF ID dans la
mobilisation étudiante de l'automne 1986. Nous avons pensé qu'elle devait être complétée
par une approche stratégique de l'activité des protagonistes engagés dans la crise^
Le recours à des coordinations lors d'une mobilisation dans la jeunesse scolarisée fait partie
d'une tradition de l'extrême gauche, constituée dans les années 70. Ce recours résultait
alors, au premier chef, de la stratégie de la Ligue Communiste Révolutionnaire, principale
tenante de l'idée du "mouvement politique de masse ". La Ligue communiste cherchait à
construire un mouvement politique, le Mouvement National des Comités de Luttes
étudiantes (MNCL). Mais, estimant que dans le cas de mobilisations importantes des
structures plus larges sont nécessaires, elle pensait articuler le MNCL avec des structures
d'auto-organisation. Ces dernières devaient permettre de rassembler dans un cadre unique,
lors d'une mobilisation, tous ceux qui ne se reconnaissaient pas dans les organisations
politiques. De même, un syndicat ne pouvait regrouper l'ensemble des étudiants. Le MNCL
devait donc favoriser, dans les période de crise, le développement de structures ad hoc
capables de regrouper syndiqués et non-syndiqués. L'auto-organisation se concrétise par la
mise sur pied de "coordinations nationales de lutte ", dont les participants sont élus par les
(*) Ndr : pour une analyse plus approfondie, voir Cécile Chambraud, L'UNEF ID et le
mouvement étudiant de l'automne 1986, mémoire D.E.A.-I.E.P. Paris, dir. S. Hurtig,
1987, multigraph., 101p.
1 F.Gaussen, "Qui osera encore réformer l'école ?", Le Monde, 3 novembre 1986.
2 G. Courtois, " L'extrême gauche tente une OPA sur le mouvement", Le Monde, 5
décembre 1986.
3 L. Joffrin, "Une génération morale", Libération, 25 novembre 1986.
^ G. Courtois, article précité.
5 Voir M. Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, PFNSP, 1986.
L'UNEF ID 45
assemblées générales de grévistes. La Ligue communiste entendait par là se donner les
moyens de politiser et de radicaliser la mobilisation d'un "milieu" qu'elle jugeait
structurellement porté au "réformisme", et non faire aboutir telle ou telle revendication .
D'où le refus de toute négociation comme éventuelle solution à la crise.
Les mouvements lycéens et étudiants de 1973 et 1976 connaîtront de telles coordinations.
Contraintes d'y participer, sous peine de marginalisation, les deux UNEF des années 70 n'en
considèrent pas moins les coordinations comme des structures "concurrentes" qui ne
profitent qu'aux militants les plus radicaux. Lors du mouvement étudiant de 1976 contre la
réforme Soisson -Saunier- Séité, la LCR, à travers la coordination nationale, parvient à
déborder puis finalement mettre hors-jeu l'UNEF Renouveau qui, au début du mouvement,
apparaissait comme l'une des organisations les plus en pointe dans la contestation.
La "Charte de Paris ", document fondateur de l'UNEF ID 6, reste dans l'ambiguïté. Il ne
tranche pas entre les thèses en présence. Un compromis boiteux entérine cette divergence :"
Quand vient l'heure de l'action, il est du devoir du syndicat de créer les meilleurs conditions
démocratiques au mouvement qui implique la participation à d'autre formes d'organisation
des étudiants. En ce sens elle [1XJNEF ÏD]oeuvrera au développement des formes d'auto-
organisation et d'autodétermination des étudiants " (article 9). L'UNEF US s'est contentée
d'insister pour que la proposition du MAS soit précédée d'une clause de circonstance "quand
vient l'heure de l'action". Le problème de l'auto-organisation n'est pas réglé, et sera l'un des
enjeux internes à l'UNEF ID lors de la crise de l'automne 1986.
Les coordinations s'inscrivent donc dans un répertoire ^ constitué en partie au cours des
années 70 lors des contestations étudiantes et lycéennes marquées par l'extrême gauche
d'alors. La longévité de militants aguerris par les actions collectives de la décennie
précédente en a favorisé la transmission, notamment au sein de l'organisation "creuset"
qu'est l'UNEF ID. Le Congrès de fondation de 1TJNEF ID de 1980 a réuni nombre d'acteurs
de ces mobilisations °. Certes, le contexte du recours à ce répertoire s'est modifié à bien des
6 L'UNEF ID est née en mai 1980 de la fusion de l'UNEF US (dirigée par les trotskistes du
PCI, elle comprend aussi des mitterrandistes et quelques rocardiens) et du MAS
(Mouvement d'Action Syndicale, à majorité trotskiste de la LCR et minorité
autogestionnaire - TSARS- a laquelle participe des rocardiens et des étudiants du PSU). Les
trotskistes du PCI ont la majorité absolue. Les socialistes se regroupent dans la tendance
PLUS ( Pour l'Union Syndicale), les militants de la LCR -majorité de l'ex-MAS, fondent
la tendance LEAS (Luttes Etudiantes - Action Syndicale). En 1981, J. Dray, principal
animateur de la tendance LEAS, quitte la LCR avec une partie des étudiants de cette
organisation pour rejoindre le PS et la tendance PLUS; ils éditent le bulletin "Questions
Socialistes", qui sert à les désigner. Il devient l'un des principaux animateur des
mitterrandistes au sein de l'UNEF ID. Ces demiers sont à l'origine de SOS Racisme. En
février 1986, les socialistes forment avec le PCI une nouvelle majorité syndicale. Le 14
avril 1986, la quasi totalité des étudiants du PCI quitte leur organisation pour adhérer au
PS. Il

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