L Union économique franco-sarroise et les conséquences économiques des accords franco-allemands sur la Sarre - article ; n°4 ; vol.20, pg 435-452
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Union économique franco-sarroise et les conséquences économiques des accords franco-allemands sur la Sarre - article ; n°4 ; vol.20, pg 435-452

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1955 - Volume 20 - Numéro 4 - Pages 435-452
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri G. Rathenau
L'Union économique franco-sarroise et les conséquences
économiques des accords franco-allemands sur la Sarre
In: Politique étrangère N°4 - 1955 - 20e année pp. 435-452.
Citer ce document / Cite this document :
Rathenau Henri G. L'Union économique franco-sarroise et les conséquences économiques des accords franco-allemands sur la
Sarre. In: Politique étrangère N°4 - 1955 - 20e année pp. 435-452.
doi : 10.3406/polit.1955.2573
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1955_num_20_4_2573ÉCONOMIQUE FRANCO-SARROISE L'UNION
ET LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
DES ACCORDS FRANCO-ALLEMANDS SUR LA SARRE
Nul problème n'a mieux mis en évidence depuis la fin de la guerre 1939-
1945 la précarité et le caractère mouvant des relations internationales que
celui du statut de la Sarre. Paraissant peu important aux uns, grave aux
autres, vital à ceux qui y sont directement intéressés, il n'a cessé de subir
l'influence des décisions prises en matière de politique générale. Il a ainsi
dû soufïrir d'instabilité permanente, parfois dangereusement équivoque et
certainement préjudiciable à l'objet de tant de tractations et de convoitises :
la Sarre elle-même, et à son moteur, l'économie sarroise.
D'autre part, dans le domaine de la politique intérieure, on arrive à une
constatation contraire : nulle part ailleurs une politique suivie et cohérente
n'a pu être développée avec tant de sagesse et de calme réflexion qu'en
Sarre, à l'abri des changements continuels. Le gouvernement du pays
est dirigé depuis bientôt huit années par le même président, M. Johannes
Hoffmann, et par les mêmes partis politiques — le parti Chrétien Popul
aire et le parti Socialiste — qui ont soit conjointement dirigé le pays
en se partageant la responsabilité, ou ont laissé cette responsabilité dans
les mains du parti majoritaire à la Diète, le parti Chrétien Populaire. Même
dans ce cas, la politique générale n'a jamais fait l'objet de différends qui
n'ont surgi que dans le domaine intérieur et étaient plutôt des désaccords
d'hommes que de partis politiques. Les intérêts français, pendant très long
temps prépondérants, ont reposé pendant plus de neuf années dans les
mains énergiques et expertes de M. Gilbert Grandval, d'abord gouverneur
militaire, ensuite haut-commissaire de la République Française et, final
ement, ambassadeur de France en Sarre, désigné depuis quelques jours
comme Résident général de France au Maroc.
C'est grâce à cette continuité et à la qualité incontestable de ces deux
hommes que des résultats remarquables ont pu être atteints, qui donnent
au problème de la Sarre le puissant relief qu'il présente actuellement. 436 HENRY G. RATHENAU
Les trois facteurs déterminants de la politique sarroise et française en
Sarre étaient au cours des dernières années :
1° L'établissement et le développement de l'Union économique franco-
sarroise ;
2° L'amorce d'une politique européenne ayant comme but l'intégration
de l'économie sarroise dans une économie européenne, par paliers pro
gressifs ;
3° La recherche d'un équilibre dans les relations franco-allemandes au
sujet d'un statut définitif de la Sarre.
Si l'Union économique franco-sarroise a pu être réalisée très rapidement
et pratiquement sans heurts, son développement a naturellement été
influencé par la conjoncture économique internationale, par les difficultés
économiques et financières dont la France a trop longtemps souffert et par
le dynamisme du relèvement économique de la République fédérale
allemande.
Quant à l'intégration de l'économie sarroise dans une future économie
européenne, l'idée est si fortement ancrée dans les esprits en Sarre qu'elle
n'a subi presque aucun changement depuis octobre 1 952, lorsqu'elle fut plé
biscitée avec l'écrasante majorité que l'on sait dans les dernières élections
à la Diète. Aucun découragement n'a diminué la volonté sarroise de persé
vérer dans ce chemin qui, malgré et peut-être précisément en raison des
déceptions consécutives, paraît le seul praticable pour consolider une fois
pour toutes l'économie sarroise, garantir la prospérité de sa population
et maintenir son standing social très élevé. La Sarre doit être considérée
comme le noyau le plus actif de l'Europe de demain.
D'autre part, le statut de la Sarre est inconcevable en dehors d'une
intégration dans l'économie européenne. Le pays ne peut pas vivre sur les
ressources qui lui sont propres, car, bien qu'il soit très fortement indust
rialisé, il ne dispose pas de produits agricoles en quantités suffisantes pour
permettre à sa population de se nourrir. Si donc ce pays, qui a fait, dans
le passé, l'objet de tant de changements du point de vue rattachement éco
nomique, ne doit pas appartenir organiquement et politiquement à l'un
ou l'autre de ses plus grands voisins, la France ou l'Allemagne, il ne peut
exister que dans le cadre d'un statut européen qui lui garantisse une auto
nomie et une pérennité excluant toute surprise par des modifications impré
vues de son statut.
Restent les relations franco-allemandes et la recherche d'une entente
au sujet de la Sarre. Ces relations constituaient dans le passé récent le
thermomètre de la jeune Europe. Le différend initial la montrait fatiguée,
la querelle ouverte sérieusement malade et, depuis les accords du 23 oc
tobre 1954, en convalescence progressive. SARRE 437 LA
Structure de l'économie sarroise.
La Sarre est un pays d'une étendue restreinte. Ole ne couvre que
2 567 kilomètres carrés. Sa population ne s'élève qu'à peine à un million
d'habitants. C'est un pays frontalier ayant comme voisins directs la France,
l'Allemagne et le Luxembourg. Bien que sa situation géographique semble
avantageuse parce qu'en plein centre del'Europe, elleest, en vérité, désavan-*
tagée par des distances trop longues avec les lieux de consommation de ses
productions.
Le sol du pays constitue sa principale richesse. Elle conditionne les
activités de sa population dont la majeure partie travaille dans les mines,
la sidérurgie et les industries de transformation.
Fin 1 954, environ 320 000 personnes occupaient un emploi lucratif
en Sarre, soit le tiers de la population. L'importance des trois secteurs
principaux correspond au nombre des emplois occupés :
Mines, environ 67 000 personnes ; sidérurgie, environ 39 000 per
sonnes ; industries de transformation, environ 61 000 personnes.
Le chiffre d'affaires de l'économie sarroise s'élevait, pour l'année 1954,
à environ 700 milliards de francs dont la moitié a été réalisée par les trois
secteurs industriels.
La production charbonnière accusait en 1954 environ 16,8 millions de
tonnes, la sidérurgique dans la même année environ 2,5 mil
lions de tonnes de fer brut et 2,8 millions de tonnes d'acier brut. Les indust
ries de transformation ont produit en 1954 pour environ 65 milliards de
biens d'investissement et de consommation.
Ces résultats présentent des chiffres record. Ils prouvent que l'économie
sarroise est apparemment saine. Ils indiquent clairement que l'Union
économique franco-sarroise est une réussite indéniable. Ils expliquent la
satisfaction des milieux sarrois qui ne désirent pas sacrifier leur bien-être
sur l'autel d'un nationalisme aveugle et périmé.
Mais il serait aussi erroné de croire que cette satisfaction est absolue
ou immuable. Le premier objectif est atteint, l'Union économique a porté
ses fruits. Les Sarrois scrutent l'horizon et y trouvent maintes raisons
d'inquiétude. Ils les ont communiquées avec une grande franchise à leurs
partenaires français. Les négociations qui s'ensuivirent ont conduit au
Protocole franco-sarrois du 21 mars 1955. Ce protocole est un compromis.
Il ne donne entière satisfaction ni à l'un, ni à l'autre des deux signataires.
Mais il est une étape importante vers un but commun : l'autonomie sarroise
et l'indépendance 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents