La barrière du Sud-Est asiatique et l océan Indien - article ; n°2 ; vol.12, pg 155-170
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Description

Politique étrangère - Année 1947 - Volume 12 - Numéro 2 - Pages 155-170
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Silbert
La barrière du Sud-Est asiatique et l'océan Indien
In: Politique étrangère N°2 - 1947 - 12e année pp. 155-170.
Citer ce document / Cite this document :
Silbert Alfred. La barrière du Sud-Est asiatique et l'océan Indien. In: Politique étrangère N°2 - 1947 - 12e année pp. 155-170.
doi : 10.3406/polit.1947.5485
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1947_num_12_2_5485LA BARRIÈRE DU SUD-EST ASIATIQUE
ET L'OCÉAN INDIEN
Deux questions préalables dominent tout le développement de cette
étude : pourquoi « Sud-Est asiatique » ? Pourquoi « barrière » ? Ce terme
de Sud-Est asiatique serait d'origine militaire. On ne l'employait pas
avant la guerre ; ôh le dit beaucoup plus aujourd'hui en comprenant
l'ensemble de régions qui forme cette large péninsule qui s'étend, en effet,
au sud de l'Asie, jen direction dé l'est, et renferme la Birmanie, le Siam,
l'Indochine, là Malaisie, se prolongeant par l'Indonésie, en direction de
l'Australie* ,
C'est sans doute £ la suite des pourparlers entre Anglais et Américains,
au moment du conflit avec le Japon, que cette expression de Sud-Est
asiatique a pris toute sa valeur. On se souvient notamment que c'est en
1 945, lorsque avait été réglé à Potsdam le sort de l'Allemagne, que les Alliés
entreprirent en même temps de définir les lignes générales de leur offensive
contre Tokio. Alors intervint entre Anglais et Américains le partage de
leurs zones d'action, et, pendant que les Américains attaquaient vers le
nord, partant de l'Australie, de la Nouvelle-Guinée et de toutes les îles du
sud du Pacifique, montant vers les Philippines et le Japon pour conquérir
les îles d'Okinawa et Iwojima, les Anglais pointaient vers Singapour, avec,
comme champ d'action, les secteurs birman, siamois, indonésien, et l'Indo
chine du Sud, en dessous du 16e parallèle. C'est ce qu'on a appelé le Sud-
Est asiatique, et le quartier général de lord Mountbatten portait dès cet
instant lé nom de South-East Asiatic Command, Commandement du Sud-
Est asiatique, où S. E. A. C.
Lorsque je me trouvais à Singapour Tannée dernière, lord Mountbatten
avait encore son quartier général au Cathay, dans l'immense building gris
qu'on appelait le S. E. A. C Building et sur lequel flottaient les cinq dra
peaux des cinq nations unies : anglais, australien, américain, hollandais
et français.'
Et maintenant, pourquoi « barrière » ? Parce que, si nous regardons ce
qu'a été le déroulement des opérations militaires entre 1940 et 1945, nous
devons constater que cette région du Sud-Est asiatique a constitué, entre
lé Pacifique proprement dit et l'océan Indien, une véritable barrière contre ALFRED SILBERT 156
laquelle, jusqu'en 1944 notamment, et dès 194^, les Japonais, malgré leurs
conquêtes, ont vu se briser leur élan. Lorsque, après avoir débarqué en
Indochine, après avoir conclu leurs accords avec le Siam, ils ont essayé
de franchir définitivement la barrière du Sud-Est asiatique, c'est-à-dire de
déborder de la Birmanie en direction des Indes (de ces Indes où les All
emands espéraient peut-être arriver avec l'appui turc, à travers le Caucase ;
chacun se souvient bien de ce grand plan tel que les Allemands ont pu
l'envisager à un moment donné, lors de l'offensive Rommel sur Le Caire),
cette tentative est demeurée vaine.
De même, en 1941, les Japonais avaient glissé vers le sud, en direction
de Singapour ; ils ont pris la ville dans les conditions que l'on connaît,
par terre, par cette longue coulée malaise empruntée par leurs troupes, ce
qui leur a permis d'attaquer le port du côté que les Anglais n'avaient pas
prévu. Mais là aussi, pratiquement, ils n'ont pu aller plus loin... Ils ont
conquis l'Indonésie, mais ils n'ont pas débouché dans l'océan Indien : à
l'exception de quelques navires de guerre qui, au cours de raids audacieux,
sont allés bombarder les troupes anglaises, près de Madras, e^couler des
bateaux près de la baie de Trincomali, dans l'île de Ceylan. Gr, après cet
exploit — car c'en est un, il faut le reconnaître, — ces navires ont brusque
ment reflué sur Singapour et n'en sont plus sortis. Grâce à la barrière du
Sud-Est asiatique, l'océan Indien est demeuré libre de Japonais.
Si l'on examine les opérations de contre-offensive des Anglais, en 1945,
ces opérations se sont heurtées, à leur début, dans le sens ouest-est, à
la même barrière. Les Anglais ont bien reconquis la Birmanie ; mais fran
chir les chaînes de montagnes qui séparent la Birmanie du Siam était une
autre affaire. On a généralement oublié que, peu de temps avant Hiroshima,
les Anglais venaient, pour la première fois, de pratiquer une petite opéra
tion amphibie en Malaisie : certains détachements s'étaient avancés en
direction de Singapour, au sud de l'isthme de Kra ; ils avaient débarqué
sur le littoral, y étaient restés deux ou trois jours, puis étaient repartis.
C'était une opération d'avant- garde. J'appartenais à ce moment-là à l'état-
major du général Blaizot, qui commandait, avant le général Leclerc, les
Forces françaises d'Extrême-Orient, que nous commencions à rassembler
avec trop de retard, hélas ! Je sais bien, d'après certaines dispositions qui
étaient prises et des indications qui nous étaient données, que les Anglais
pensaient, vers le mois de septembre ou octobre, attaquer Singapour de la
même manière que les Japonais, c'est-à-dire débarquer en Malaisie, des
cendre vers Singapour et foncer par la terre ; encore une fois, ce n'était
qu'un projet qui n'a pas pu être exécuté, car la bombe d'Hiroshima a tout
interrompu. Ainsi, les Anglais s'étaient heurtés également à cette barrière
qui les séparait de l'océan Pacifique, comme elle avait séparé les Japonais
de l'océan Indien. BARRIÈRE DU SUD-EST ASIATIQUE 1 57 LA
Pourquoi, la guerre finie, ce problème demeure-t-il encore actuel ?
Pourquoi avoir choisi ce mot de « barrière », alors que les opérations mili
taires ont cessé ?
J'ai choisi ce terme parce que, à l'issue du voyage que j'ai effectué dans
ces régions jusqu'à l'extrême sud, puisque je me trouvais à Melbourne
alors que j'étais parti de Calcutta, j'ai l'impression que tout se passe encore
à l'heure actuelle comme si cette ligne de partage, dont les Anglais et les
Américains avaient convenu entre eux, continue d'exister. Les Anglais
se cramponnent à ces pays du Sud-Est asiatique qu'ils ont récupérés, qu'ils
essayent de réorganiser et où ils tentent d'installer un ordre britannique
stable...
Pourquoi agissent-ils ainsi ? Pourquoi ont-ils fait de tels efforts, non
seulement dans des territoires britanniques, mais également dans des ter
ritoires alliés, car l'on verra plus loin à quel point ils sont intervenus en
Indochine, et l'on sait comment ils sont intervenus en Indonésie ? En
voici la raison.
A l'heure actuelle, l'océan Pacifique est devenu en grande partie un
immense lac américain, et les Anglais paraissent avoir renoncé à bien des
avantages qu'ils possédaient jadis en Chine. Sauf, bien entendu, en ce qui
concerne le rocher de Hong-Kong, qui constitue, de l'autre côté de la
barrière du Sud-Est asiatique, une position avancée mais presque isolée,
quoique d'énorme valeur. Hong-Kong profite en effet beaucoup en ce
moment du déclin, peut-être temporaire d'ailleurs, de Shanghaï et peut
servir à drainer toutes les richesses du Sud de la Chine.
Si les Anglais se cramponnent de telle manière dans le Sud-Est asiatique,
on peut penser qu'ils l'ont fait pour bien marquer qu'ils sont là chez eux ;
ils ont voulu le démontrer vis-à-vis de leurs deux grands alliés, le peuple
américain et le peuple russe. Le peuple américain parce que, après
Hiroshima, lorsque le Japon a capitulé, une campagne anticolonialiste
violente a éclaté aux États-Unis. C'était la période où les États-Unis par
laient et reparlaient sans cesse de la nécessité d'établir

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