La chimère et le caméléon : les ambiguïtés du mimétisme entrepreneurial dans les transformations du secteur des transports collectifs urbains en France - article ; n°1 ; vol.7, pg 213-233
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La chimère et le caméléon : les ambiguïtés du mimétisme entrepreneurial dans les transformations du secteur des transports collectifs urbains en France - article ; n°1 ; vol.7, pg 213-233

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Politiques et management public - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 213-233
Le renouveau du transport collectif qu'ont connu les agglomérations françaises durant les années soixante-dix s'est effectué au nom du service public, dans un contexte d'osmose idéologique et professionnelle entre les entreprises (privées ou semi-publiques) exploitant les réseaux de transport et les autorités organisatrices. Aujourd'hui, un discours consensuel sur la nécessaire clarification des rapports entre partenaires et sur leur responsabilisation — sur fond de décentralisation et de crise du financement des transports en commun — amène les groupes de transport à légitimer leur rôle par une compétence managériale censée spécifier le statut d'entreprise. Ce mimétisme du privé, cantonné dans la prestation de service aux collectivités locales ou prétendant au risque financier de l'entrepreneur industriel, se heurte à la réalité politique et économique du transport urbain comme bien collectif.
A vouloir faire croire à la rentabilité financière de ce type de service, les chimères devront (comme à la fin des années soixante) renier leurs engagements. A vouloir servir deux clients à la fois — l'usager et la collectivité locale — les caméléons perdront leurs prérogatives. Il reste aux autorités organisatrices à inventer un véritable management public apte à intégrer les effets externes du transport dans le système de pilotage des politiques de déplacement.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marc Offner
La chimère et le caméléon : les ambiguïtés du mimétisme
entrepreneurial dans les transformations du secteur des
transports collectifs urbains en France
In: Politiques et management public, vol. 7 n° 1, 1989. Quel projet pour les administrations et les entreprises
publiques ? Actes du Troisième Colloque International - Québec - 3-4 novembre 1988 - (Première partie). pp. 213-
233.
Résumé
Le renouveau du transport collectif qu'ont connu les agglomérations françaises durant les années soixante-dix s'est effectué au
nom du service public, dans un contexte d'osmose idéologique et professionnelle entre les entreprises (privées ou semi-
publiques) exploitant les réseaux de transport et les autorités organisatrices. Aujourd'hui, un discours consensuel sur la
nécessaire clarification des rapports entre partenaires et sur leur responsabilisation — sur fond de décentralisation et de crise du
financement des transports en commun — amène les groupes de transport à légitimer leur rôle par une compétence managériale
censée spécifier le statut d'entreprise. Ce mimétisme du privé, cantonné dans la prestation de service aux collectivités locales ou
prétendant au risque financier de l'entrepreneur industriel, se heurte à la réalité politique et économique du transport urbain
comme bien collectif.
A vouloir faire croire à la rentabilité financière de ce type de service, les chimères devront (comme à la fin des années soixante)
renier leurs engagements. A vouloir servir deux clients à la fois — l'usager et la collectivité locale — les caméléons perdront leurs
prérogatives. Il reste aux autorités organisatrices à inventer un véritable management public apte à intégrer les effets externes du
transport dans le système de pilotage des politiques de déplacement.
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Offner Jean-Marc. La chimère et le caméléon : les ambiguïtés du mimétisme entrepreneurial dans les transformations du
secteur des transports collectifs urbains en France. In: Politiques et management public, vol. 7 n° 1, 1989. Quel projet pour les
administrations et les entreprises publiques ? Actes du Troisième Colloque International - Québec - 3-4 novembre 1988 -
(Première partie). pp. 213-233.
doi : 10.3406/pomap.1989.2875
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1989_num_7_1_2875CHIMERE ET LE CAMELEON : LES AMBIGUÏTES DU MIMETISME 213 LA
ENTREPRENEURIAL DANS LES TRANSFORMATIONS DU SECTEUR
DES TRANSPORTS COLLECTIFS URBAINS EN FRANCE
Jean-Marc OFFNER*
Résumé Le renouveau du transport collectif qu'ont connu les agglomérations françaises
durant les années soixante-dix s'est effectué au nom du service public, dans un
contexte d'osmose idéologique et professionnelle entre les entreprises (privées
ou semi-publiques) exploitant les réseaux de transport et les autorités organisat
rices. Aujourd'hui, un discours consensuel sur la nécessaire clarification des
rapports entre partenaires et sur leur responsabilisation — sur fond de décentral
isation et de crise du financement des transports en commun — amène les groupes
de transport à légitimer leur rôle par une compétence managériale censée spécifier
le statut d'entreprise. Ce mimétisme du privé, cantonné dans la prestation de ser
vice aux collectivités locales ou prétendant au risque financier de l'entrepreneur
industriel, se heurte à la réalité politique et économique du transport urbain
comme bien collectif.
A vouloir faire croire à la rentabilité financière de ce type de service, les chi
mères devront (comme à la fin des années soixante) renier leurs engagements.
A vouloir servir deux clients à la fois — l'usager et la collectivité locale — les
caméléons perdront leurs prérogatives. Il reste aux autorités organisatrices à inven
ter un véritable management public apte à intégrer les effets externes du trans
port dans le système de pilotage des politiques de déplacement.
IN RETS (Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité)
LATTS-ENPC (Laboratoire Techniques-Territoires-Sociétés, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées) 2 1 4 Jean-Marc OFFNER
Publiant un sondage sur les services collectifs locaux (1) en 1988, le journal
Le Monde avait cru pouvoir parler de « démunicipalisation » des réseaux de trans
port collectif urbain. Cette interprétation erronée (2) des transformations d'un
secteur méconnu illustre bien la complexité des modalités de gestion des services
de transport en commun (ainsi, d'ailleurs, que la simplification abusive trop sou
vent subie par les controverses public-privé).
Par la diversité des entreprises qui y opèrent (régies, sociétés d'économie mixte
ou privées dépendant ou non de groupes nationaux), par l'importance des re
structurations tant institutionnelles que financières qui s'y déroulent actuellement,
ce secteur permet des investigations aptes à éclairer les « grandeurs et misères du
mimétisme du secteur privé ».
A partir des exemples des grandes agglomérations de province — et ponctuelle
ment du cas spécifique de la région parisienne — on s'attachera ici à développer
deux idées principales : l'affaiblissement de la notion de service public, combiné
à l'éclatement du milieu professionnel des transports urbains, conduit à un
renforcement de la division du travail entre technique et politique, entre gestion
et planification, au profit d'une domination du discours « managérial » proposé
par les entreprises de transport en guise de doctrine (1ère partie). Cette idéologie
« entrepreneuriale », diversement mise en pratique suivant les stratégies des grou
pes, semble pourtant devoir, à terme, se heurter à la réalité du fort investissement
politique et économique concédé aux transports collectifs par les élus locaux
(2ème partie).
(1) « Le métier de maire », Le Monde, 3-4 juillet 1988.
(2) Voir « Les transports entre le public et le privé », Jean-Marc Offner, Le Monde, 12 juillet 1988. La chimère et le caméléon 215
Les mots qui L'élaboration des politiques publiques suppose bien souvent le développement
« font faire » : de rhétoriques articulées sur des expressions « totems », dont la polysémie s'avère
du service public paradoxalement gage d'efficacité ; mots qui permettent aux processus de décision
au management de fonctionner, en fournissant des « objets transactionnels » aptes à alimenter
les médiations entre acteurs ; mots qui renforcent la crédibilité des discours
tenus par la multiplicité des légitimités auxquelles leur emploi renvoie ( 1 ).
A cet égard, la notion de service public, pivot quasi explicite des doctrines et
pratiques professionnelles dans le secteur des transports urbains jusqu'au début
des années quatre-vingt, semble devoir laisser la place au lexique de la gestion
d'entreprise.
De l'osmose au partenariat :
une nouvelle division du travail technico-politique
1. Un milieu professionnel segmenté
La constitution d'un milieu professionnel homogène au-delà des cloisonnements
organisationnels entre agences d'urbanisme, Centres d'Etudes Techniques de
l'Equipement (CETE) et entreprises de transport — avait représenté un facteur
non négligeable du mouvement de réhabilitation des transports collectifs urbains
en France dans les années soixante-dix (2). Mobilité et réseaux de sociabilité
professionnels aidant, une doctrine consensuelle s'était progressivement élaborée
pour appuyer les efforts de l'État et des collectivités locales. Elle se fondait
principalement sur l'intérêt d'une approche coordonnée des questions de dépla
cement et d'urbanisme, sur la nécessité d'un rééquilibrage de la place des divers
moyens de transport au détriment de l'automobile, sur la pertinence de l'agglomé
ration comme niveau de traitement du transport urbain.
(1) Trop succinctement présentées ici, ces hypothèses lourdes font l'objet de réflexions plus approfond
ies dans : Les grands projets de transport : langages de l'évaluation, discours de la décision, Institut
National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité, Synthèse No 10, novembre 1987.
(2) Voir « L'expertise locale en transport

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