La coopération pour le développement, nouvel axe d une politique culturelle avec les pays arabes - article ; n°5 ; vol.36, pg 553-564
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La coopération pour le développement, nouvel axe d'une politique culturelle avec les pays arabes - article ; n°5 ; vol.36, pg 553-564

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1971 - Volume 36 - Numéro 5 - Pages 553-564
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Maurice Flory
La coopération pour le développement, nouvel axe d'une
politique culturelle avec les pays arabes
In: Politique étrangère N°5-6 - 1971 - 36e année pp. 553-564.
Citer ce document / Cite this document :
Flory Maurice. La coopération pour le développement, nouvel axe d'une politique culturelle avec les pays arabes. In: Politique
étrangère N°5-6 - 1971 - 36e année pp. 553-564.
doi : 10.3406/polit.1971.1957
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1971_num_36_5_1957COOPÉRATION POUR LE DÉVELOPPEMENT, LA
NOUVEL AXE D'UNE POLITIQUE CULTURELLE
AVEC LES PAYS ARABES
par Maurice FLORY
L'action culturelle de la France dans les pays arabes, plus parti
culièrement au Maghreb, est généralement considérée comme un
grand succès. Dans les trois pays d'Afrique du Nord, la France entre
tient une centaine d'établissements d'enseignement, scolarise 50.000
élèves dont 30 % d'enfants maghrébins et fournit plus de 15.000
instituteurs et professeurs aux écoles et lycées locaux. Sa contribution
financière est considérable encore qu'une part croissante de la rémun
ération des enseignants français soit supportée par les pays utili
sateurs. A côté de cette puissante présence culturelle de la France,
les « Cultural Exports » des Etats-Unis paraissent faibles : au
Maghreb quelques centres culturels ou bibliothèques, des cours de
langues pour étudiants et adultes, des bourses d'études, des conférenc
es, des expositions, du cinéma, un peu de théâtre et de musique.
Faut-il alors s'émerveiller devant le succès de la politique cultu
relle de la France et s'interroger sur les recettes miraculeuses qu'elle
emploie ? En réalité, la comparaison entre l'action culturelle fran
çaise et américaine au Maghreb n'a pas grand sens car la position
de ces deux pays y est radicalement différente et les politiques qu'ils
y pratiquent, difficilement comparables.
Des raisons historiques en sont l'explication principale. Alors que
la langue anglaise est au Maghreb une langue étrangère parmi d'aut
res, la colonisation a permis à la française d'apparaître
comme la langue de la modernité, de la promotion professionnelle
et de l'ouverture sur le monde. La situation est inversée au Proche-
Orient où, sauf au Liban, la langue anglaise a nettement l'avantage.
Le nationalisme naissant devait contester vigoureusement l'expan- LA CULTURE 554
sion culturelle française comme une conséquence de la colonisation,
tandis que la vieille et prestigieuse culture arabo-islamique ne cessait
de jouer un rôle capital dans la lutte contre l'impérialisme. La rési
stance spirituelle s'est en effet réfugiée dans la langue et la culture
arabes considérées comme un patrimoine sacré et intangible. L'all
égeance à ces traditions culturelles constituait la meilleure identifica
tion par rapport à l'étranger, à « l'Autre », en même temps que l'in
strument de défense le plus efficace contre toute forme d'aliénation.
L'indépendance et le retour à une pleine souveraineté allaient po
ser les problèmes culturels et linguistiques en termes neufs (1).
I — LE RETOUR A UNE CULTURE ARABO-ISLAMIQUE.
L'homme maghrébin a ressenti très vivement le déclin politique
et économique du monde arabe de même que la décadence de la
culture islamique dont la Zitouna à Tunis et la Karaouiyne à Fès
avaient été les phares au même titre qu'El Azhar au Caire. Pas un
instant il n'a été tenté comme dans la Turquie de Kemal de tourner
le dos à une culture déclinante pour adopter la forme capitaliste ou
socialiste de la civilisation occidentale. Il se sent profondément arabe
(même s'il est ethniquement et linguistiquement berbère), fier de sa
culture et de sa civilisation, persuadé que son déclin est dû à des
circonstances extérieures. Aucune expression n'est trop forte pour
stigmatiser le plus pernicieux des colonialismes, celui qui s'attaque à
l'esprit ; ainsi, la terminologie nationaliste parle-t-elle d'aliénation
culturelle, d'agression culturelle, d'impérialisme culturel et même de
cannibalisme culturel.
L'une des premières revendications de l'homme maghrébin indé
pendant va naturellement être la restitution à la culture arabe de la
place à laquelle elle a droit (2). L'unanimité s'est faite immédiate
ment sur cette aspiration générale qui s'est révélée plus difficile à
réaliser qu'on ne l'imaginait lorsqu'il a fallu préciser de quelle culture
on parlait et surtout lorsqu'il a fallu évaluer les incidences pratiques
de telles aspirations.
(1) V. dans Y Annuaire de l'Afrique du Nord de 1967 la série d'études consacrées
à « Mutations culturelles et coopérations techniques et notamment l'article de
Bruno Etienne : « La coopération culturelle franco-maghrébine ».
(2) Cf. M. Lelong : « Le ressurgissement de la culture nationale en Tunisie ».
Annuaire de l'Afrique du Nord, 1967, p. 21. MAURICE FLORY 555
La culture peut être conçue comme une sorte de conservatoire des
traditions, comme un monde dans lequel on se réfugie pour se dé
fendre contre les agressions de l'extérieur, comme un univers suff
isamment riche pour se suffire à lui-même. Cette tendance qui a trouvé
une justification supplémentaire dans la lutte coloniale, est inhérente
à l'Islam qui a été une civilisation de conquérants, mais qui est aussi
la civilisation du voile, des habitations secrètes, des médinas closes
et des lieux de cultes interdits.
A cette tendance, fière et introvertie, s'oppose le courant des jeu
nes élites, passionnées par l'évolution du monde moderne et conscient
es du fait que — même le voudrait-on — il n'est plus possible à la
fin du XXe siècle de vivre replié sur soi-même à la façon du waha-
bisme séoudien, de l'Empire chérifien antérieur au Protectorat ou du
Yémen de l'Iman Yayha. Il n'est pas imaginable de refuser l'éduca
tion et d'empêcher les masses d'aspirer au développement ; il est de
plus en plus difficile de cacher les réalités extérieures et en particulier
la prospérité des pays occidentaux où émigrent tant de travailleurs
arabes.
Les Ulémas, les vieux turbans, les passéistes de toute tendance
restent encore écoutés en raison de leurs références patriotiques et
religieuses, mais perdent du terrain au profit des tenants d'une culture
arabe ouverte qui estiment que l'indispensable « resourcement » ne
doit pas entraver le développement et doit se concilier avec les nécess
aires ouvertures.
En Afrique du Nord ce « resourcement » passe par l'arabisation
puisque pendant la période de l'emprise coloniale, plus ou moins
longue selon les pays, la langue française s'est substituée à l'arabe
dans d'importants secteurs de la vie nationale, notamment dans l'ad
ministration, dans l'enseignement et dans l'économie. Mais cette
arabisation pose une série de problèmes difficiles à surmonter. Les
uns tiennent à la langue arabe elle-même qui traverse une double
crise due à une inadaptation aux innovations scientifiques et techno
logiques du monde moderne, et à un manque d'homogénéité qui
entrave les communications à l'échelle d'un monde arabe qui redé
couvre son unité. D'autres viennent des populations maghrébines qui
ne sont que partiellement arabophones et qui, dans la mesure où elles
le sont, pratiquent un arabe dialectal assez éloigné de l'arabe écrit,
et plus encore de l'arabe littéraire. Enfin, une troisième difficulté
résulte de la pénurie de cadres techniques et d'enseignants qui LA CULTURE 556
conduit à faire appel à des étrangers non arabophones dont la pré
sence freine le mouvement d'arabisation.
Les dirigeants maghrébins savent que le développement de leurs
pays passe par une ouverture sur le monde extérieur et notamment
sur les pays industriels. Ils comprennent que ce bilinguisme dans
lequel baigne aujourd'hui leur population peut être utilisé comme un
atout, à condition de le doser habilement. Mais cette conviction s'e
xprime différemment en Alg&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents