La crise politique en Italie. Les analyses de la science politique italienne - article ; n°30 ; vol.8, pg 127-138
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Description

Politix - Année 1995 - Volume 8 - Numéro 30 - Pages 127-138
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Briquet
La crise politique en Italie. Les analyses de la science politique
italienne
In: Politix. Vol. 8, N°30. Deuxième trimestre 1995. pp. 127-138.
Citer ce document / Cite this document :
Briquet Jean-Louis. La crise politique en Italie. Les analyses de la science politique italienne. In: Politix. Vol. 8, N°30. Deuxième
trimestre 1995. pp. 127-138.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1995_num_8_30_2065Revue de la littérature
La crise politique en Italie
Les analyses de la science politique italienne
Jean-Louis Briquet
CNRS-CEPEL
Université Montpellier I
CE N'EST PAS, loin s'en faut, dans la seule période récente que la
catégorie de crise a été utilisée pour qualifier la politique italienne :
parmi les principaux concepts et modèles forgés par la science
politique à partir des années soixante, nombreux sont ceux qui ont
proposé de l'Italie l'image d'une démocratie «particulière», d'un système
politique en situation potentielle de crise. Joseph La Palombara (1990) fait
remarquer à ce propos que les principales caractéristiques de la «démocratie
à l'italienne» (régime des partis, domination hégémonique de la Démocratie
chrétienne sur l'appareil d'État, absence d'alternance, ingouvernabilité et
relative inefficience des administrations publiques, etc.) ont été longtemps
déchiffrées comme les signes d'une crise politique tendancielle, d'un «déficit
démocratique» qui différencierait l'Italie des autres démocraties occidentales.
On comprendra par là que les théories de la crise ont été l'un des thèmes
privilégiés par les politistes italiens, d'abord au regard d'une réflexion sur les
processus du développement démocratique de leur pays, d'une interrogation
ensuite sur les dysfonctionnements du système politique national (Morlino,
1989, p. 71-77 ; Von Beyme, 1987, p. 94-95).
La période actuelle implique un renouvellement de la notion de crise
politique. Celle-ci n'est plus le simple support interprétatif ou critique pour
décrire ou évaluer des institutions dont les règles de fonctionnement ne se
sont que peu transformées, au moins dans leurs aspects généraux, jusqu'au
début des années quatre-vingt-dix. La crise s'est pour ainsi dire «réalisée». La
dénonciation du régime et des institutions a été prise en charge par des
groupes partisans récemment créés qui ont réussi à intégrer l'arène
parlementaire (la Lega et Forza Italia), par des secteurs de l'appareil d'État
(notamment la magistrature) qui ont contribué à la forte délégitimation des
acteurs politiques traditionnels. Elle s'est traduite par une redéfinition des
règles du jeu institutionnel (par exemple la loi électorale), une modification
des rapports de force entre les partis politiques («écroulement» de la
Démocratie chrétienne, disparition du Parti socialiste italien, succès électoraux
des partis coalisés dans le Polo délie libertà dirigé par Silvio Berlusconi), la
transformation des alliances gouvernementales et la recomposition, encore
indécise, des forces partisanes au gré de ces alliances. L'ensemble de ces
processus implique une discontinuité radicale avec les procédures politiques
anciennement stabilisées, une situation d'incertitude qui rend plus aléatoires et
incertaines les anticipations et les stratégies des acteurs politiques, une
«rupture dans le fonctionnement normal des institutions», phénomènes qui
caractérisent une crise politique (Dobry, 1992).
Potitix, n°30 1995, pages 127 à 138 127 Jean-Louis Briquet
L'évidence factuelle de la crise a incité à une reformulation des modèles
d'interprétation traditionnels du système politique italien, à l'élaboration
d'hypothèses en mesure d'expliquer les réalités nouvelles qui ont émergé avec
la crise. L'objectif de cet article est de rendre compte de certaines de ces
reformulations et hypothèses, à partir de l'examen de quelques-uns des
ouvrages parus en Italie à ce propos. À la lecture de ces ouvrages, émerge une
perspective d'analyse globalement partagée, qui tend à privilégier l'examen
des causes générales de la crise aux dépens d'une description des processus de
son déroulement, des mobilisations politiques et sociales qui en sont au
fondement en même temps qu'elles en constituent la trame concrète.
L'importance accordée à la «spécificité italienne» et aux principes de la
stabilité antérieure du système politique explique certainement la prégnance
d'une telle perspective : c'est en effet en référence aux hypothèses à partir
desquelles cette «spécificité» et cette stabilité sont attestées et expliquées que
l'essentiel des analyses de la crise se constituent, aboutissant à faire des
conditions de la rupture des équilibres politiques antérieurement stabilisés les
facteurs déterminants du déclenchement et du déroulement de la crise.
La «spécificité italienne»
II n'est pas lieu ici de reprendre dans le détail les arguments à partir desquels
se justifie l'opinion d'une «spécificité» (voire d'une «anomalie») politique de
la République italienne. Il suffit de dire qu'ils se fondent sur les principes
généraux de la théorie de la démocratisation, qu'ils relèvent d'une analyse en
termes de développement politique ou d'une évaluation du fonctionnement
des institutions et de leur caractère démocratique. Dans le premier cas, un
certain «retard» dans le processus de démocratisation expliquerait la faiblesse
des modèles d'intégration caractéristiques des démocraties modernes (sens
civique, identification à la nation, acceptation des règles du jeu
parlementaire), faiblesse qui aurait été corrigée par la prégnance de
«subcultures» partisanes à forte fonction intégrative (les subcultures chrétienne
et communiste) assurant la mobilisation des masses sur des bases sociales plus
que proprement politiques. Le faible degré d'«émancipation du système
politique par rapport à la société civile» (Farneti, 1971) implique selon cette
hypothèse un «déficit de légitimation» autonome des institutions
démocratiques, déficit qui est «compensé par un contrôle plus important de la
société civile, à travers les institutions publiques, de la part des partis, acteurs
centraux de la consolidation [du régime républicain!» (Morlino, 1991, p. 484).
Les analyses de la «culture civique» italienne, qui insistent sur ses aspects
«amoraux» ou «particularistes», sur son «incompatibilité avec un système
politique démocratique efficace et stable» (Almond et Verba, 1963, p. 496)
accréditent l'idée d'un «déficit démocratique» en Italie, dont certains décèlent
les origines dans l'histoire particulière du pays, le caractère récent et
contradictoire de sa construction nationale (Salvadori, 1994).
Dans le deuxième cas, la détention quasi-monopolistique du pouvoir, depuis la
fin de la seconde guerre mondiale, par la Démocratie chrétienne (DC) et
l'absence d'alternance gouvernementale qui en résulte apparaissent comme
les manifestations d'un «blocage» démocratique. C'est à l'examen de ce
dernier que les modèles interprétatifs parmi les plus notoires de la science
politique italienne se sont consacrés dès le début des années soixante. On sait
par exemple le succès à ce propos de la notion de «bipartisme imparfait»
(Galli, 1966), ou de celle de «pluralisme polarisé» (Sartori, 1964 et 1982). Dans
128 Revue de la littérature : la crise politique
l'un et l'autre de ces modèles, et malgré leurs divergences, l'attention est
portée sur la polarisation excessive du système des partis italiens, à l'intérieur
duquel s'opposent deux formations dominantes qui véhiculent des idéologies
conflictuelles et exclusives l'une de l'autre, le caractère radical de l'opposition
de ce parti «anti-système» qu'est le Parti commu

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