La dégradation générale du paysage et les degrés dans la dégradation - article ; n°3 ; vol.32, pg 227-247
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1957 - Volume 32 - Numéro 3 - Pages 227-247
Depuis le milieu du siècle dernier, le Massif Central a perdu le quart de sa population. Son paysage s'est généralement mais très inégalement dégradé. Les causes des inégalités de dégradations sont d'ordre physique ou d'ordre humain. L'examen des causes et des effets différentiels doit être très précis pour orienter à moindres risques d'erreur les perspectives du réaménagement.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lucien Gachon
La dégradation générale du paysage et les degrés dans la
dégradation
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 32 n°3, 1957. pp. 227-247.
Résumé
Depuis le milieu du siècle dernier, le Massif Central a perdu le quart de sa population. Son paysage s'est généralement mais très
inégalement dégradé. Les causes des inégalités de dégradations sont d'ordre physique ou d'ordre humain. L'examen des
causes et des effets différentiels doit être très précis pour orienter à moindres risques d'erreur les perspectives du
réaménagement.
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Gachon Lucien. La dégradation générale du paysage et les degrés dans la dégradation. In: Revue de géographie de Lyon. Vol.
32 n°3, 1957. pp. 227-247.
doi : 10.3406/geoca.1957.2855
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1957_num_32_3_2855LE RÉAMÉNAGEMENT DU MASSIF CENTRAL
par Lucien Gachon
AVERTISSEMENT
J'ai publié dans le Bulletin de l'Académie de Clermont, n° 572, 1956, 3' trimestre,
une étude sur Le réaménagement du territoire auvergnat. Et voici avec Le réaménage'
ment du Massif Central, le tout après la partie.
Dans l'une et l'autre étude, le lecteur ne doit pas s'attendre à des propositions pré
cises, à une sorte de plan avec étapes, quelque chose d'immédiatement utilisable, ou
presque, par les Pouvoirs1 publics, ou dans quelque organisme qui serait chargé de
remettre en ordre bellement productif, suivant l'économie d'aujourd'hui et de demain,
un paysage terriblement dégradé.
Dans mon jeune âge, j'ai été le témoin de la vie populaire d'hier en Auvergne,
combien ardente et généreuse, alors que la province natale était encore autant elle-
même tout en étant française. La connaissance intime, vécue d'une telle prospérité
humaine dans des cadres naturels si bien tenus et si bien utilisés peut à la fois soutenir
l'espérance civique et l'endeuiller. Elle donne des certitudes indubitables quant au
passé proche et moins proche et aux possibilités d'avenir.
Mais les innombrables « si » dont dépend le succès des plans de réaménagement
condamnent aussi à rester quelque peu dans l'incertain. Le modeste chercheur que je
suis a exposé dans les pages qui suivent les vues que lui ont inspirées des années
d'observations et de réflexions sur cette partie du sol français. Mais il y a là une
question de volonté nationale, d'option politique poursuivie pendant des dizaines
d'années, de suffisant instinct collectif de conservation enfin. Sur ces points qu'il nous
est impossible de prévoir, nous ne pouvons qu'espérer.
Aucune quête n'allant sans postulat, nous indiquons quels sont ceux que nous
croyons préalables à tout redressement de notre région. Mais nous avons tâché de
nous garder de toute utopie. Il se peut que parfois, animés par la foi de ce que nous
avons connu, nos perspectives paraissent un peu plus optimistes que celles qu'un
géographe-historien non originaire des hautes terres du Centre tracerait pour elles.
Qu'avec les lecteurs de leur belle revue, A. Allix et nos collègues lyonnais veuillent
bien croire que dans cette étude, cependant, nous avons eu le souci dominant d'être
objectif, condition indispensable de son éventuelle utilité.
L. G.
Premier article
LA DEGRADATION GENERALE DU PAYSAGE
ET LES DEGRES DANS LA DEGRADATION
Résumé. — Depuis le milieu du siècle dernier, le Massif Central a perdu le quart de sa
population. Son paysage s'est généralement mais très inégalement dégradé. Les causes des LUCIEN GACHON 228
inégalités de dégradations sont d'ordre physique ou d'ordre humain. L'examen des causes
et des effets différentiels doit être très précis pour orienter à moindres risques d'erreur les
perspectives du réaménagement.
A. — La situation générale
La situation du paysage dans le Massif Central est aussi mauvaise en
général qu'elle était bonne il y a seulement cinquante ans. Excessif recul du
champ entretenu qui a entraîné celui de la prairie artificielle, recul aussi du
pré de fauche : la régression du territoire agricole proprement dit, de Yager,
a été considérable bien que dans des proportions très variables. Au pire,
jusqu'aux 4/5* et les 9/10" comme dans les pays coupés autour des petites
Limagnes. Au moins mauvais, de la moitié ou seulement du tiers, comme
dans la grande Limagne à terre noire.
Ce que Yager a perdu, le saltus enlaidissant, improductif ou peu productif
l'a gagné, hélas ! pour la grande partie, et la productive sylva seulement
pour la petite partie. En effet, aux lieux et places du champ permanent ou
temporaire qui a été abandonné, du pré fauché qui ne l'est plus, du pâturage
ou de l'embouche naguère entretenus mais qui ne le sont plus, beaucoup plus
souvent que la jeune forêt, d'avenir prometteur pour être elle-même
conduite, soignée, jardinée, c'est le vague saltus donné à la fougère, au genêt,
à la ronce, au buisson, à la broussaille, à l'arbuste, au taillis, au pin tors.
Soit, le saltus laissé dans tous les cas aux envahissements d'une végétation
sauvage qui, inutilisable ou inutilisée, parasite généralement les quelques
bonnes espèces ligneuses, constitutives de la véritable forêt : le sapin, l'épicéa,
le pin de belle venue ,1e hêtre vendable à profit, et dans les fonds humides
qui se drainent, le peuplier.
Le saltus irréductible au siècle dernier. — Certes, au siècle dernier, un
saltus existait, mais qui était irréductible. Ce saltus résiduel, irréductible,
était à quelques végétaux spontanés, à ses seuls occupants possibles : le genêt
rond ou cendreux (genista purgans) du côté des Cévennes et jusqu'en Mar-
geride vers le Nord-Ouest, les diverses variétés de bruyères, le genévrier,
les ajoncs, surtout l'ajonc nain (ulex nanus), le nard raide (nardus strictaj.
Ce saltus, superficiellement irréductible, allait jusqu'à occuper, joint aux
rochers nus des sommets ou des gorges, aux éboulis rocheux, aux com-
payrés, aux cheires, jusqu'aux 4/5* et même les 9/10* du territoire dans les
parties les plus érosives, les plus décharnées, du Massif Central méditer
ranéen.
Vers le Nord-Ouest, vers la Montagne Limousine, l'extension du saltus
s'expliquait non plus par le rocher squelettique, mais au contraire par
l'épaisseur des arènes lessivées et inertes. En revanche, sur les Massifs gra
nitiques du Centre qui aux altitudes moyennes réunissent toutes les condi
tions propices d'exploitation, pentes modérées, climat et sol, le saltus
résiduel ne recouvrait plus, au siècle dernier que de toutes petites proport
ions territoriales : un dixième et moins à Brousse-Montboissier en
Livradois. DU MASSIF CENTRAL 229 RÉAMÉNAGEMENT
Le saltus-f riche. — Genévrier, genêt rond, bruyères, ajonc, nard ou
mousses des fondrières et des tourbières: au saltus résiduel il est venu s'en
ajouter un nouveau, beaucoup plus étendu : le saltus-f riche. Présentement,
le Massif Central n'est tenu, productif, que sur la moitié, en évaluation
optimiste, de ses 80.000 kilomètres carrés.
Pendant un temps, se sont implantés, ont régné quelques végétaux natur
els, immédiats héritiers des parcelles abandonnées: le chiendent, le grand
genêt (sarothamne), la fougère, les arbustes feuillus, alisier, sorbier... Or,
ces espèces attestaient toutes, par leur vigueur végétative, les possibilités
du sol. Le chiendent, quelques années, donnait une herbe succulente. Tant
que la démission humaine n'a pas été trop grande, les demeurants ont
exploité, pour se chauffer, le sarothamne, les arbustes des haies, les rejets
des taillis. Entre les deux guerres encore, le passage de Yager à la sylva
restait assez bien gouverné. Car du fait de ses exploitations diverses, le
saltus-friche était contenu dans ses extensions et surtout dans ses étouffantes
luxuriances. D'épisodiques pâturages de gros bétail sur une lande suffisent
à ce que la fougère y reste deux fois moins haute et deux fois moins dense
qu'après cessation de tout p

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