La difficile réconciliation tchéco-allemande - article ; n°2 ; vol.66, pg 353-370
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Description

Politique étrangère - Année 2001 - Volume 66 - Numéro 2 - Pages 353-370
The Uneasy Reconciliation Between Germany and the Czech Republic, by Jacques Rupnik and Anne Bazin In Spite of the Friendly Cooperation Treaty of 1992, and the Déclaration of Reconciliation of 1997, relations between Germany and the Czech Republic remain troubled by problems inherited from the Second World War: the expulsion of Sudetan Germans on one side, and compensation for Czech victims of nazism on the other. Ten years after German Reunification and Vaclav Havel's speech in front of the Brandenburg Gâte in Berlin, these questions are stakes in domestic politics in Berlin, Prague, and, also, Vienna. They feed po-pulist currents in Germany and Austria and alter the terms of the debate over the young republic's entry into the European Union. If they persist, these obstacles, bequeathed by history, could even defer and complicate the European enlargement process to the countries of Central and Eastern Europe.
Malgré le traité de coopération de 1992 et la Déclaration commune de réconciliation de 1997, les relations entre l'Allemagne et la République tchèque restent troublées par des problèmes hérités de la Seconde Guerre mondiale : celui de l'expulsion des Allemands des Sudètes, d'un côté, et les compensations pour les victimes tchèques du nazisme, de l'autre. Dix ans après la réunification allemande et le discours de Vâclav Havel devant la porte de Brandebourg, à Berlin, ces questions sont aujourd'hui l'objet d'enjeux de politique intérieure à Berlin, Prague mais aussi Vienne. Elles alimentent les courants populistes en Allemagne et en Autriche et altèrent le débat sur l'entrée de la jeune république dans l'Union européenne. S'ils persistent, ces obstacles légués par l'histoire risquent même de repousser ou de compliquer le processus d'élargissement européen aux pays de l'Europe centrale et orientale.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Rupnik
Anne Bazin
La difficile réconciliation tchéco-allemande
In: Politique étrangère N°2 - 2001 - 66e année pp. 353-370.
Résumé
Malgré le traité de coopération de 1992 et la Déclaration commune de réconciliation de 1997, les relations entre l'Allemagne et la
République tchèque restent troublées par des problèmes hérités de la Seconde Guerre mondiale : celui de l'expulsion des
Allemands des Sudètes, d'un côté, et les compensations pour les victimes tchèques du nazisme, de l'autre. Dix ans après la
réunification allemande et le discours de Vâclav Havel devant la porte de Brandebourg, à Berlin, ces questions sont aujourd'hui
l'objet d'enjeux de politique intérieure à Berlin, Prague mais aussi Vienne. Elles alimentent les courants populistes en Allemagne
et en Autriche et altèrent le débat sur l'entrée de la jeune république dans l'Union européenne. S'ils persistent, ces obstacles
légués par l'histoire risquent même de repousser ou de compliquer le processus d'élargissement européen aux pays de l'Europe
centrale et orientale.
Abstract
The Uneasy Reconciliation Between Germany and the Czech Republic, by Jacques Rupnik and Anne Bazin
In Spite of the Friendly Cooperation Treaty of 1992, and the Déclaration of Reconciliation of 1997, relations between Germany
and the Czech Republic remain troubled by problems inherited from the Second World War: the expulsion of Sudetan Germans
on one side, and compensation for Czech victims of nazism on the other. Ten years after German Reunification and Vaclav
Havel's speech in front of the Brandenburg Gâte in Berlin, these questions are stakes in domestic politics in Berlin, Prague, and,
also, Vienna. They feed po-pulist currents in Germany and Austria and alter the terms of the debate over the young republic's
entry into the European Union. If they persist, these obstacles, bequeathed by history, could even defer and complicate the
European enlargement process to the countries of Central and Eastern Europe.
Citer ce document / Cite this document :
Rupnik, Bazin Anne. La difficile réconciliation tchéco-allemande. In: Politique étrangère N°2 - 2001 - 66e année pp. 353-370.
doi : 10.3406/polit.2001.5076
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2001_num_66_2_5076POLITIQUE ÉTRANGÈRE 2/2001
Repères
Jacques RUPNIK tchéco-allemande La difficile réconciliation
et Anne BAZIN
Malgré le traité de coopération de 1992 et la Déclaration commune de réconci
liation de 1997, les relations entre l'Allemagne et la République tchèque restent
troublées par des problèmes hérités de la Seconde Guerre mondiale : celui de
l'expulsion des Allemands des Sudètes, d'un côté, et les compensations pour les vic
times tchèques du nazisme, de l'autre. Dix ans après la réunification allemande
et le discours de Vâclav Havel devant la porte de Brandebourg, à Berlin, ces ques
tions sont aujourd'hui l'objet d'enjeux de politique intérieure à Prague
mais aussi Vienne. Elles alimentent les courants populistes en Allemagne et en
Autriche et altèrent le débat sur l'entrée de la jeune république dans l'Union
européenne. S'ils persistent, ces obstacles légués par l'histoire risquent même de
repousser ou de compliquer le processus d'élargissement européen aux pays de
l'Europe centrale et orientale.
Politique étrangère
La taille de l'Allemagne importe peu, l'essentiel est qu'elle
soit démocratique. » Ces paroles, prononcées par le prési
dent Vâclav Havel devant la porte de Brandebourg, le
2 janvier 1990, froissèrent quelques sensibilités à domicile, mais le
moment choisi et l'autorité de l'auteur l'emportaient sur l'essentiel :
ouvrir, après un demi-siècle marqué par les traumatismes de la guerre
et la coupure de la guerre froide, une ère nouvelle pour les relations
tchéco-allemandes dans une Europe réunifiée. La signature, sept ans
plus tard, d'une « Déclaration commune de réconciliation » sembla
Jacques Rupnik est directeur de recherches au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) de
la Fondation nationale des sciences politiques (rupnik@ceri-sciences-po.org). Anne Bazin termine une
thèse de doctorat sur les relations tchéco-allemandes à l'Institut d'études politiques de Paris
(bazinbegley@gmx.net). :
354 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
confirmer cet espoir de « tirer un trait » sur le passé et de tourner
ensemble une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. Si
l'on ajoute à cela des liens économiques intenses - l'Allemagne est
le premier partenaire et le premier investisseur en République
tchèque1 —, des échanges culturels qui se multiplient et des « euro-
régions » qui se mettent en place, alors il ne fait aucun doute que la
relation avec Berlin a une importance primordiale pour Prague.
D'autant que la RFA s'est engagée à soutenir la République tchèque
dans son adhésion à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord
(OTAN), en 1999, et à l'Union européenne (UE). À cet égard, l'arr
ivée simultanée à la tête des gouvernements tchèque et allemand de
Milos Zeman et Gerhard Schroeder, deux sociaux-démocrates prag
matiques, contraste avec la distance qui caractérisait la relation de
Klaus, l'eurosceptique disciple de Margaret Thatcher, et de Kohi,
l'Européen par excellence. Plus de dix ans après la chute du commun
isme, le pari de Vaclav Havel sur la réconciliation dans une Europe
réunifiée paraît aujourd'hui amplement justifié.
Pourtant, un examen plus attentif des relations tchéco-allemandes
révèle certaines difficultés préoccupantes. La réconciliation, attendue
depuis la fin de la guerre froide, s'avère plus difficile qu'entre
l'Allemagne et ses autres voisins est-européens, en particulier la
Pologne2. Et, bien qu'écartés des discussions bilatérales par la
Déclaration commune, certains contentieux du passé continuent de
troubler les rapports germano- tchèques. Ils sont même, insidieus
ement, en train de devenir un élément du débat sur l'élargissement de
l'UE à la République tchèque. Aussi est-il nécessaire, sans en exagérer
l'importance, d'identifier certains de ces problèmes largement ignorés
en France.
Une déclaration politique
La Déclaration commune de 1997 revêtit une importance symbolique
et politique particulière pour les deux signataires. Elle offrait à
1. En 1998, l'Allemagne représentait 34% des importations et 38% des exportations de la République
tchèque. Sa part dans les investissements étrangers de ce pays était de 29 % (en cumulé depuis 1990).
Source ministère tchèque de l'Industrie et du Commerce, 2000.
2. Christoph Zôpel, Staatsminister au ministère des Affaires étrangères allemand, au Bundestag le 9 juin
2000. LA DIFFICILE RÉCONCILIATION TCHÉCO-ALLEMANDE / 355
l'Allemagne l'occasion de tourner la dernière page de la Seconde
Guerre mondiale et de franchir une étape nouvelle sur la voie de la
réconciliation avec ses voisins. Elle participait aussi du processus de
redéfinition par la RFA, moteur de l'UE et partenaire privilégié des
nouvelles démocraties centre-européennes, de son rôle nouveau dans
l'Europe réunifiée : être un pont entre les deux parties du continent.
Pour la République tchèque, il s'agissait avant tout de parvenir à nor
maliser les relations avec son partenaire politique et économique le
plus important, afin de retrouver sa place sur la scène européenne. Et
il fallait éviter pour cela que les négociations pour l'intégration dans
l'UE ne fussent perturbées par des contentieux anciens.
Signée par les chefs de gouvernement et ratifiée par les deux parle
ments, la Déclaration bénéficia d'un large consensus dans les deux
pays3, ce qui lui conféra d'emblée un poids véritable, renforcé par le
fait qu'y étaient abordés pour la première fois les problèmes qui
entravaient les relations bilatérales. En République tchèque, seuls les
républicains (extrême droite) et les communistes s'exprimèrent contre,
et les hésitations des sociaux-démocrates furent surtout liées à la situa
tion politique interne

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