La Djezireh syrienne et son réveil économique - article ; n°1 ; vol.28, pg 1-15
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1953 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 1-15
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Gibert
Maurice Févret
La Djezireh syrienne et son réveil économique
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 28 n°1, 1953. pp. 1-15.
Citer ce document / Cite this document :
Gibert André, Févret Maurice. La Djezireh syrienne et son réveil économique. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 28 n°1,
1953. pp. 1-15.
doi : 10.3406/geoca.1953.1294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1953_num_28_1_1294л
SUR LA GEOGRAPHIE DU PROCHE ET DU MOYEN ORIENT
LA DJEZIREH SYRIENNE
ET SON RÉVEIL ÉCONOMIQUE
par André Gibert et Maurice Fevret
Ce que les Syriens nomment la Djézireh (= l'Ile), ce n'est pas, comme le
voudrait le sens propre et généralement admis du terme, l'ensemble de
l'interfluve séparant le Tigre et l'Euphrate au sud des montagnes du Kurd
istan turc, mais seulement le territoire du mohafazat de Hassetché, occu
pant le nord-est de la Syrie, jusqu'aux frontières turque et iraquienne et
limité, du nord-ouest au sud-est, par une ligne transversale tracée à travers
la steppe et grossièrement parallèle aux cours du Balikh et de l'Euphrate
qu'elle laisse à une distance d'au moins 10 km.
Ainsi désignée, la Djézireh est une unité administrative et non une
unité naturelle. Cependant, les éléments hydrographiques qu'elle enferme
et dont elle doit la présence et l'abondance, en premier lieu, à la puissante
barrière des reliefs turcs, lui confèrent une réelle unité régionale. La Djé
zireh syrienne, c'est essentiellement le domaine où les eaux du Khabour et
de ses affluents, rompant la monotonie de la steppe mésopotamienne, pro
posent à l'homme la mise en valeur de sols riches étalés en un glacis incliné
vers le sud, depuis la grande chaîne septentrionale.
Avec quelque exagération on s'est complu à comparer la Djézireh aux
immenses étendues qui s'offraient aux premiers colons américains. Pareil
rapprochement ne se justifie guère au regard de la dimension. Le mohafazat
couvre une superficie de 21.870 km2 — à peu près trois grands départe -
Le présent article a été rédigé à la suite d'une visite de la Djézireh, effectuée en mars
1952, à la faveur d'une autorisation courtoisement accordée par le gouvernement syrien.
Il ne vise qu'à faire le point des transformations en cours. Il doit beaucoup au Rapport
général de reconnaissance foncière de lu Djézireb (dactylographié, daté d'avril 1941), rédigé
à la suite d'une reconnaissance menée par les Services du Cadastre de la République
Syrienne, à un mémoire inédit de M. Nazim Moussly (thèse secondaire de doctorat, déposée
à la Faculté des Lettres de Lyon), mais plus encore aux diverses informations recueillies
sur place, tant auprès d'administrateurs que de particuliers, tous intéressés à la rénovation
de leur pays et envers qui nous demeurons fort obligés.
Alors que notre article est déjà sous presse, nous apprenons que M. Roupen Boghossian
vient de soutenir, devant le jury de la Faculté de Droit de Paris, une thèse intitulée « La
Haute Djézireh ». Cet ouvrage n'est pas encore entre nos mains. Nous espérons porter
bientôt à la connaissance de nos lecteurs, dans un compte rendu, ce qu'il offre de nouveau
sur le sujet. 1 Л. GIBERT ET M. FEVRET
merits français — dont le tiers est condamné à la stérilité, réserve faite pour
les zones où le dry farming arrache des conquêtes temporaires trop soumises
aux aléas climatiques.
Mais, pour ce pays de 3.300.009 habitants qu'est la Syrie,, il est permis
de songer à une « Terre de Promesse », et de la voir grande. Depuis un
quart de siècle que la sécurité restaurée a rendu l'avantage au sédentaire
sur le nomade, la Djézireh qui fut, il y a quatre mille ans, l'une des régions
les plus prospères et les plus civilisées du monde antique, se réveille dans
le bruit des tracteurs et des batteuses motorisées. Les dernières années ont
vu sa fiévreuse métamorphose, bien plus rapide que celle des rives proches
de l'Euphrate. souvent inondées à l'excès. Elle présente dès maintenant
quelques-uns des aspects les plus frappants du retour à la vie du Croissant
Fertile.
Dans le cadre réduit de cette étude, nous fixerons les traits caractéristiques
de cette transformation, après avoir brièvement rappelé les conditions phy
siques auxquelles elle est soumise.
CONFIGURATION PHYSIQUE
L'ensemble considéré est constitué de deux zones nettement distinctes,
l'une au nord, l'autre au sud de l'alignement des Djebels Abd el Aziz
(920 m.) et Sin jar (en territoire iraquien, 1.460 m.), entre lesquels la dépres
sion de Hassetché où coule le Khabour ouvre un large passage vers
l'Euphrate.
La zone septentrionale, la Haute Djézireh, est sur sa plus grande étendue
un piémont. Une couverture de dépôts quaternaires apportés par les rivières
du Kurdistan turc masque le soubassement sédimentaire miocène (gypses,
avec intercalations de calcaire poreux, du Lower Fars ; sables et marnes
de l'Upper Fars), épais de plusieurs milliers de mètres au pied de la chaîne.
Le Khabour et ses tributaires collectés par le Jagh Jagh inférieur, s'y di
sposent en une sorte de vaste éventail dont les deux branches principales
confluent à Hassetché. Mais ce glacis alluvial qui s'abaisse lentement de
500 mètres à moins de 350 est loin d'être uniforme. Par endroits les rivières
le découpent en petites collines. L'allure de sa surface reflète les mouvements
qui, jusqu'à une date récente ont affecté le soubassement (on note, au nord-
est, les signes d'une reprise de l'érosion). La dépression marécageuse du
Radd marque sa limite sud-est, au delà de laquelle se dégage le miocène.
Au volcanisme surtout est due la diversité des aspects : dans la région de
Hassetché les sols basaltiques et l'appareil du Kaukab (534 m.) ; au fond
du « Bec de Canard », la masse considérable du Karatchok Dagh (769 m.),
édifice juché sur le flanc nord, faille, d'un anticlinal prolongeant à l'ouest
du Tigre le Djebel Biklhair iraquien. Bien que ses formes volcaniques se
montrent encore fraîches, il est déjà profondément entaillé par les ouadis.
Le Saffane draine son versant septentrional : sa vallée, merveilleusement LA DJEZIREH SYRIENNE
Fig. 1. — Carte de la Djézireh syrienne. A. GIBERT ET M. FEVRET 4
parée de fleurs au printemps, s'abaisse rapidement à travers les tables basal
tiques vers le couloir du Tigre.
La longue voûte du Djebel Abd el Aziz (300 m.), sèche et déserte, portant
une végétation arborescente de pistachiers sauvages, ferme l'horizon méri
dional de la Haute Djézireh. Déversée et f aillée vers le nord, elle a été
entamée en sa partie centrale par l'érosion qui a dégagé les formations infé
rieures à la couverture miocène, jusqu'au dévonien dont l'apparition atteste
la proximité du socle arabique cristallin.
Au sud, la steppe vêt à peine une plaine morne — accidentée de tells —
de gypses et de calcaires miocènes que recouvrirent largement, à la fin du
néogène, des sédiments d'eau douce. Solitaire dans sa vallée enfoncée d'une
vingtaine de mètres, le Khabour serpente entre des traînées de verdure,
rarement grossi par le flot brusque des ouadis issus des flancs sud du
Djebel Abd el Aziz et du Djebel Jéribé, extrémité occidentale du Sin jar.
La donnée ordinaire du paysage est la cuvette fermée, enserrant souvent des
eaux salines (lac Khatounié).
Tandis que la Basse Djézireh n'offre guère à la culture que les rives du
Khabour, la Haute possède, grâce aux imposants reliefs sur les
quels elle s'appuie, les avantages du sol, de l'hydrographie et du climat.
Son manteau de dépôts meubles, ses alluvions riveraines, ses basaltes décom
posés fournissent des terres fécondes, propres à la culture des céréales et du
coton. Les espaces réputés stériles sont très réduits : lambeaux interfluviauxr
secteurs rocheux et cheires du nord-est, dépression mal drainée — mais
bonifiable — du Radd. L'eau est partout, coulant à la surface ou recelée à
fai

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