La guerre d Espagne et la paix de l Europe - article ; n°4 ; vol.2, pg 301-311
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Description

Politique étrangère - Année 1937 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 301-311
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 75
Langue Français

Extrait

Maurice Pernot
La guerre d'Espagne et la paix de l'Europe
In: Politique étrangère N°4 - 1937 - 2e année pp. 301-311.
Citer ce document / Cite this document :
Pernot Maurice. La guerre d'Espagne et la paix de l'Europe. In: Politique étrangère N°4 - 1937 - 2e année pp. 301-311.
doi : 10.3406/polit.1937.5602
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1937_num_2_4_5602LA GUERRE D'ESPAGNE ET LA PAIX DE L'EUROPE
II y a eu un an le 18 juillet que les hostilités ont éclaté en Espagne,
et le parti militaire qui avait cru imposer sa volonté par une campagne de
quelques semaines en est encore à attendre, après douze mois d'une lutte
coûteuse et cruelle, le succès décisif qui lui assurerait la victoire. Des obser
vateurs compétents prétendent même qu'un tel succès est improbable
et que la guerre civile se prolongera tant qu'une des factions aux prises
sera capable de quelque résistance. Si l'on avait laissé les Espagnols vider
entre eux leur querelle, sans doute aurait-on déjà vu la fin de cette sinistre
aventure. Mais la guerre civile est devenue guerre étrangère. Les événements
d'Espagne ont divisé l'Europe en deux camps. D'une part et de l'autre
les engins de destruction les plus perfectionnés, les spécialistes militaires
les mieux instruits, les troupes les mieux entraînées ont afflué vers la mal
heureuse péninsule, transformée en champ de manœuvre ou d'expérience
par la volonté de quelques gouvernements et par la faiblesse coupable
de quelques autres. Nous poserons plus loin la question de savoir si ces
interventions étrangères ont eu pour mobiles des idées ou des intérêts ;
mais, auparavant, nous croyons utile de rappeler l'origine du conflit.
L'origine du conflit
En février 1936, le parlement espagnol ayant été dissous, la campagne
ouverte en vue des nouvelles élections rapprochait certains éléments
qui jusqu'alors avaient paru divisés : les socialistes et les anarchistes
formaient avec quelques fractions bourgeoises de gauche une coalition
qui fut appelée Frente Popular, le Front Populaire. C'était la première
fois que les anarchistes prenaient part aux opérations électorales; grâce
à leur concours, le Front Populaire obtint la majorité : 270 mandats contre
200 aux partis de la droite et du centre. Il apparut bientôt qu'en s alliant
à la gauche bourgeoise, les extrémistes n'avaient pas eu seulement pour
but de mettre la main sur quelques portefeuilles ministériels, mais qu'ils
visaient à instaurer en Espagne une dictature de prolétariat. Les quelques
hommes de gouvernement que comptait le Cabinet laissèrent échapper
la direction des affaires ; les actes de terreur et de vandalisme demeuraient 302 LA GUERRE D'ESPAGNE ET LA PAIX DE UEUROPE
impunis. L'opposition au Front Populaire se concentrait dans une petite
fraction de droite, jusqu'alors insignifiante, le national-syndicalisme,
première forme espagnole du fascisme, et chez un certain nombre d'offi
ciers supérieurs de l'armée. Ceux-ci, confiants dans les exemples du passé,
crurent pouvoir mettre rapidement les révolutionnaires à la raison en fo
rmant un directoire militaire qui se substituerait, pour un temps, au gou
vernement civil défaillant. Au mois d'avril, une première tentative échoua
et fut pour les extrémistes le prétexte de nouveaux excès. Ce n'était que
partie remise, les violences redoublées rendant toute réconciliation imposs
ible.
Le 13 juillet, un député monarchiste, ancien ministre du Commerce
sous Primo de Rivera, M. Calvo Prieto, était arrêté par des Gardes d'Assaut
(police spéciale du gouvernement), traîné hors de sa maison et mis à mort
dans des circonstances odieuses. Cet assassinat fut, pour les militaires
et pour les éléments d'opposition nationale qu'ils avaient ralliés autour
d'eux, le signal de l'insurrection. Trois jours après, le plus jeune chef
de l'armée, le général Franco, que le gouvernement de Front Populaire
avait relégué aux îles Canaries, gagnait le Maroc par avion, soulevait contre
l'autorité civile les garnisons de Ceuta et de Melilla et, grâce à la terreur
inspirée par les Tercios (légionnaires), se rendait en peu de temps maître
de tout le Maroc espagnol. Le 18, des soulèvements éclataient dans la
péninsule : les troupes stationnées à Madrid, à Barcelone, à Seville, à
Saragosse, à Pampelune adhéraient, en totalité ou en partie, au mouvement
i nsurrectionnel.
La guerre civile était déchaînée. Des deux côtés, on se flattait d'y mettre
fin en quelques jours. Les succès remportés par les troupes régulières
sur les Gardes d'Assaut et sur les milices qu'avaient armées les syndicats,
en Galice, en Navarre, à Seville, donnèrent au général Franco et à ses par
tisans l'espoir d'un triomphe rapide et facile; tandis qu'à Madrid le gou
vernement, sur quelques nouvelles favorables reçues de Barcelone et de
Valence, se croyait déjà maître de la situation : ce n'était pas la première
fois — disait-on — qu'on avait vu un pronundamiento, un soulèvement
militaire, avorter et tourner en débâcle.
A notre avis, cette double illusion a pesé lourdement sur les phases
ultérieures de la guerre d'Espagne. D'un côté comme de l'autre, on avait
sous-estimé la capacité de résistance de l'adversaire; on s'était mépris
sur le caractère de son action ou sur l'ampleur de sa réaction. En juillet
1936, les forces opposées, d'effectif très modeste, étaient à peu près égales :
les troupes du gouvernement l'emportaient par le nombre, celles des insur
gés par l'entraînement et la discipline. Le matériel de combat dont dispo
saient les deux partis était infime, proprement misérable. Des quelques GUERRE D'ESPAGNE ET LA PAIX DE L'EUROPE 303 LA
douzaines d'avions que possédait l'armée espagnole, il y en avait une bonne
moitié d'inutilisables pour la guerre. L'artillerie et les autres engins de
destruction étaient à l'avenant. On allait bientôt remédier à cette insuffi
sance. Dès les premiers jours de novembre, on pouvait voir en Espagne
de nombreuses et puissantes escadrilles d'avions, des tanks légers du der
nier modèle italien, des chars d'assaut demi-lourds empruntés à l'armée
allemande, des auto-canons russes, engins formidables, bref tout ce qu'exige
une guerre moderne; et l'on commença à se battre pour de bon. Il suffit
d'un bombardement aérien bien ordonné pour arrêter net les garnisons de
Valladolid et de Burgos dans leur marche sur la capitale. Le 7 novembre
1 936, les insurgés atteignaient les faubourgs de Madrid ; ils y sont encore à
la fin de juillet 1937, occupant les mêmes positions, ou à peu près. L'entrée
en jeu des renforts étrangers, en personnel et en matériel, faussait brus
quement tous les calculs, déjouait toutes les prévisions des deux États-
majors. D'une part, elle allait prolonger la guerre civile espagnole et en
accroître démesurément les horreurs; de l'autre, elle entraînait dans la
bagarre plusieurs grandes puissances européennes et risquait de propager
l'incendie de la péninsule au continent tout entier.
Les réalités de la non-intervention
Cependant, dès le 1er août 1936, le gouvernement français avait lancé
un appel, mettant l'Europe en garde contre les dangers de l'intervention.
En parfait accord avec celui de Londres, il entreprenait une vaste action
diplomatique, afin de grouper dans une attitude commune et de lier entre
elles par des engagements précis toutes les puissances résolues à maintenir
la paix. L'initiative franco-britannique aboutit, dès les premiers jours
de septembre, à la constitution d'un « Comité de non-intervention », qui
se réunit à Londres; vingt-sept gouvernements y étaient représentés. Pas
plus que l'histoire des opérations militaires, la chronique des négociations
internationales touchant l'affaire espagnole ne rentre dans le cadre de cette
étude. On n'en retiendra que quelques points, propres à fixer la position
des principales puissances, à mettre en lumière les intérêts en jeu, à expli
quer enfin la raison du médiocre

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