La politique britannique aux Indes - article ; n°3 ; vol.11, pg 237-250
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Description

Politique étrangère - Année 1946 - Volume 11 - Numéro 3 - Pages 237-250
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

L.-S. Amery
La politique britannique aux Indes
In: Politique étrangère N°3 - 1946 - 11e année pp. 237-250.
Citer ce document / Cite this document :
Amery L.-S. La politique britannique aux Indes. In: Politique étrangère N°3 - 1946 - 11e année pp. 237-250.
doi : 10.3406/polit.1946.5458
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1946_num_11_3_5458LA POLITIQUE BRITANNIQUE AUX INDES
La solution du problème de la constitution de l'Inde et de son avenir
en tant que puissance indépendante, soit dans le cadre, soit en dehors de
cette association de peuples libres que nous appelons le Commonwealth
britannique — c'est-à-dire la Communauté britannique, — aura des consé
quences vitales, non seulement pour elle-même et pour cette communauté,
mais aussi pour la paix mondiale. Ce n'est pas une tâche facile qu'ont entre
prise mon successeur, lord Pethick Lawrence, secrétaire d'État aux Indes,
et ses deux collègues, sir Stafford Cripps et M. Alexander, pour essayer de
persuader aux chefs politiques indiens de se mettre d'accord sur le méca
nisme préliminaire qui consisterait à réunir une conférence constituante,
ou une convention, afin d'élaborer le futur système constitutionnel d'une
Inde indépendante. Je peux simplement dire, en parlant pour moi-même
et pour la nation britannique, sans considération de partis politiques, que
nous leur souhaitons plein succès dans leurs efforts.
Pour comprendre la nature de la tâche qui incombe à la mission envoyée
par le cabinet, tâche qu'elle doit remplir en accord avec le vice-roi, le
maréchal-lord Wavell, et les chefs des partis politiques indiens, je crois
qu'il est nécessaire d'esquisser le cadre géographique et historique dans
lequel la situation politique a évolué. D'abord, l'Inde est un continent, une
région du monde bien définie, dans un sens aussi réel que l'Europe. Sa
superficie est aussi vaste que celle de toute l'Europe située à l'ouest de la
Russie. Sa population de 400 millions d'habitants est non seulement plus
dense, mais encore plus diverse au point de vue des races et langues. Toutef
ois, elle diffère de l'Europe sous certains aspects importants. Elle est,
d'une part, plus nettement séparée du reste du bloc principal du vieux
monde par d'immenses chaînes de montagnes et de larges océans. D'autre
part, contrairement à l'Europe, elle n'a pas de frontières intérieures bien 238 L.-S. AMERY
définies, derrière lesquelles ont pu se développer des nationalités et des
Etats bien distincts. Les divers éléments qui la composent sont partout
enchevêtrés. Ils ne se sont jamais cristallisés en nations séparées, pas plus
qu'ils ne se sont fondus en une seule nationalité.
Il est encore plus essentiel, pour comprendre le problème, de se rappeler
que l'Inde est non seulement le berceau de nombreuses races, mais aussi
celui de deux cultures et de deux modes de vie nettement différents. D'une
part, existe l'ancienne culture hindoue, basée sur une religion dans laquelle
la profonde et noble philosophie sôus-jacente de ses conquérants aryens
d'autrefois est mêlée au polythéisme le plus primitif des Dravidiens autoch
tones. Elle est basée plus encore sur un système rigide de caste qui fait de
la religion hindoue, sous certains aspects, le type de société aristocratique
le plus exclusif du monde. D'autre part, existe l'Islam, strictement mono-
théiste et essentiellement démocratique, qui considère tous les croyants
égaux devant Dieu, qui méprise les dieux et les coutumes sociales des Hin
dous, et qui, à son tour, est méprisé par les Hindous.
L'Islam, à l'origine religion des envahisseurs de l'Asie centrale, qui, pen
dant plus de sept siècles, s'infiltrèrent dans l'Inde par les passages du Nord-
Ouest, devint, par conversion volontaire ou forcée, la religion d'un quart
de la population de l'Inde et de plus de la moitié de la population de ces
régions Nord-Ouest et Nord-Est. Mais l'Inde hindoue n'a jamais cessé
entièrement de considérer l'Islam comme un élément étranger intrus, ni de
rêver d'une Inde indépendante, libérée des musulmans, ainsi que de la domi
nation britannique. L'Inde musulmane, pour sa part, même si elle ne peut
aspirer à la restauration de l'Empire mongol qui avait précédé l'Empire
britannique, ne peut se faire à l'idée d'une autorité hindoue. Ceci explique
la revendication musulmane du « Pakistan », c'est-à-dire là reconnaissance
des musulmans de l'Inde du Nord-Ouest et du Nord-Est comme nation
entièrement séparée de l'Inde hindoue.
Ceci me conduit au troisième et non moins important élément politique
et culturel de la situation indienne. Je veux parler de l'élément anglais. La
façon dont cet élément a pris de l'ascendant dans la vie de l'Inde est un des
romans de l'Histoire. Ce n'est pas le résultat d'un plan de conquête délibéré,
de la part d'un gouvernement anglais. Aucune expédition militaire ne fut
jamais envoyée d'Angleterre pour faire la conquête de l'Inde. Au contraire,
les gouvernements anglais et l'opinion publique ont longtemps regardé
avec la plus grande défiance l'extension de l'autorité politique de la Compag
nie anglaise des Indes sur toute l'Inde. Cette Compagnie, pendant cent
cinquante ans, fut établie aux Indes à titre uniquement commercial. Seul
l'état d'anarchie générale qui suivit la dislocation de l'Empire mongol, vers
le milieu du XVIIIe siècle, la força à recruter de petites unités militaires pour LA POLITIQUE BRITANNIQUE AUX INDES 239
protéger ses centres marchands et à entamer des relations politiques avec
les pouvoirs locaux qui commencèrent à s'affirmer un peu partout, sans
tenir compte de l'autorité déclinante de l'empereur de Delhi.
Du reste, son attitude aurait pu longtemps encqrjyrestejipurement défens
ive, s'il n'y avait eu la tentation inévitable qu'offrait l'anarchie indienne
il y a deux cents ans — et qu'elle offrirait encore demain — de faire de
l'Inde un champ de bataille dans une guerre mondiale. Il y avait aux Indes
une Compagnie française qui, elle aussi, avait commencé par faire du
négoce, comme la Compagnie anglaise. Son gouverneur à Pondichéry,
un grand Français qui voyait loin, Joseph-François Dupleix, conçut l'idée
audacieuse de créer un Empire français aux Indes en prenant de l'autorité
ou en établissant un protectorat virtuel sur les despotes locaux de l'Inde
méridionale. La Compagnie anglaise agit dans le même sens, et, pendant
les cinquante années qui suivirent, les rivalités entre Français et Anglais
contribuèrent à embrouiller la situation indienne. En définitive, la suprémat
ie maritime des Anglais et l'habileté militaire et diplomatique des représen
tants locaux de la Compagnie anglaise des Indes gagnèrent la partie.
En tout cas, l'état d'anarchie et de misère affreuses de l'époque poussa la
. Compagnie anglaise à élargir sans cesse le champ de ses responsabilités
administratives. Vers le milieu du siècle dernier, le continent indien tout
entier s'y trouvait englobé. Toutefois, environ la moitié du territoire restait
et reste encore sous l'autorité directe des princes hindous avec lesquels la
Compagnie avait passé des accords. Je tiens à insister sur le fait que l'Empire
britannique des Indes ne fut pas le résultat d'une conquête extérieure déli
bérée, mais d'un système de gouvernement autochtone qui, remplaçant
1 autorité mongole effondrée, s'étendit graduellement sur l'Inde pour
répondre à son besoin de paix et d'unité. Les troupes qui étendirent ce pou
voir et l'administration qui les soutenait étaient pour la plupart des él
éments indiens. L'Angleterre, elle, fournit un petit noyau ferme de troupes
anglaises, recrutées par la Compagnie, et surtout une poignée de chefs
remarquables, tant au combat que dans les tâches administratives.
Mais, avant la fin du XVIIIe siècle, le parlement de Londres, quoique pr j
disposé à prendre une responsabilité directe dans les affaires indiennes,
était intervenu pour convertir la Compagnie anglaise en un corps purement
administratif

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