La politique de sécurité de la RFA - article ; n°2 ; vol.47, pg 457-467
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Description

Politique étrangère - Année 1982 - Volume 47 - Numéro 2 - Pages 457-467
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 73
Langue Français

Extrait

Egon Bahr
La politique de sécurité de la RFA
In: Politique étrangère N°2 - 1982 - 47e année pp. 457-467.
Citer ce document / Cite this document :
Bahr Egon. La politique de sécurité de la RFA. In: Politique étrangère N°2 - 1982 - 47e année pp. 457-467.
doi : 10.3406/polit.1982.3145
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1982_num_47_2_3145ÉTRANGÈRE I 457 POLITIQUE
DOCUMENTS
Egon BAHR LA DE POLITIQUE LA RFA DE SÉCURITÉ
Trois facteurs déterminent actuellement le débat sur la
sécurité : premièrement, les conséquences résultant du
passage de la stratégie de représailles massives à la stra
tégie de la riposte flexible, décidée en 1962 ; deuxièmement
le problème de la mininucléarisation des armements ; troisi
èmement, les problèmes liés aux programmes d'armements lancés
tant aux Etats-Unis que dans des pays européens et qui lai
ssent entrevoir que, si rien de décisif n'est fait, nous aurons,
vers le milieu des années 80, un réarmement supplémentaire
gigantesque partout dans le monde.
En ce qui concerne le premier facteur, il a été affirmé que la
menace du recours aux représailles massives n'était plus cré
dible et on a donc adopté la stratégie de la riposte flexible.
Cela a été convaincant à l'époque, mais a aussi conduit à une
miniaturisation des armes nucléaires, ce qui a eu pour consé
quence d'ôter à certaines armes, et en particulier à celles se
trouvant sur le sol de la République fédérale, leur caractère
prédominant de moyens de dissuasion pour leur conférer en
partie celui d'armes de bataille. Le président des Etats-Unis
a manifesté son désir ou sa conviction que, si un conflit écla
tait, il faudrait essayer de le limiter à l'Europe. Cette décla
ration a provoqué beaucoup d'agitation en RFA, ce qui d'ailleurs
m'a surpris, puisque ce que le président Reagan exprimait
n'était pas nouveau, étant contenu dans le principe même de
la stratégie de la riposte flexible. Il est tout à fait naturel que
la question de savoir si un conflit éclatant en Europe peut
être limité ou non soit très âprement discutée en Allemagne
de l'Ouest et il n'est pas douteux que cette discussion a très
* Ancien ministre, député SPD, président de la sous-commission du Bundestag
pour la politique de sécurité et la maîtrise des armements.
** Ce texte est issu de la conférence prononcée devant l'IFRI, le 1er avril 1982,
à Paris. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 458
fortement encouragé ce que l'on appelle chez nous le mouve
ment pour la paix.
Le problème d'une guerre me semble se poser de la façon
suivante : je ne peux pas m'opposer à la tentative de limiter
un conflit s'il devait éclater, mais je ne peux pas prendre une
position semblable à celle d' Adolf Hitler et dire que, si nous
devons périr, le reste du monde doit également périr. C'est
inacceptable et je dois souhaiter qu'il existe une possibilité
de limiter une guerre. Mais au fond cette question ne m'inté
resse pas, car je ne connaîtrai jamais la réponse puisque le
problème sera résolu après ma mort.
La différence entre les intérêts des pays européens et ceux
des deux superpuissances apparaît nettement ici. La première
priorité de la République fédérale doit être d'empêcher le
déclenchement d'une guerre. Les deux superpuissances doivent
en plus se demander s'il est possible de mener la guerre et
peut-être aussi de la gagner. Voilà la différence fondament
ale d'intérêt qui sépare les deux des Etats
européens. La question de la limitation d'un conflit revêt
non seulement un aspect militaire mais aussi un aspect poli
tique, celui du découplage des Etats-Unis du sort de l'Europe.
Je pense qu'un tel est inacceptable et que l'Alliance
atlantique repose sur le partage égal du risque.
La stratégie soviétique, face à la riposte flexible de l'Alliance,
nie la possibilité de limiter une guerre alors que celle-ci aura
pris une forme nucléaire. L'Union soviétique adopte ainsi une
stratégie de dissuasion politique massive, bien que je sois
persuadé, sans pouvoir le prouver, que l'Union soviétique
chercherait aussi, en cas de conflit, à le limiter et à ne pas
provoquer tout de suite un échange nucléaire avec les Etats-
Unis.
Deux conséquences découlent de cette situation. Première
ment, nous avons une attitude de scepticisme allant jusqu'au
refus de la poursuite de la miniaturisation des armes nu
cléaires, c'est-à-dire l'installation de nouvelles armes de champs
de bataille qui perdent leur caractère dissuasif et créent l'ill
usion de pouvoir mener une guerre limitée. Le meilleur exemple
en est le débat suscité en RFA par l'arme à neutrons. Indépe
ndamment des problèmes d'éthique qui pourraient être soulevés,
cette arme n'est pas acceptable pour nous, et ceci pour des
raisons militaires : elle n'est pas seulement un bon moyen
défensif^ mais aussi un moyen offensif pour un adversaire
voulant débarrasser de ses défenseurs le terrain qu'il cherche DOCUMENTS I 459
à conquérir ; de plus l'arme à neutrons abaisse le seuil nu
cléaire. Pour pouvoir utiliser des ogives à neutrons sur un
obusier américain de 203 m/m ayant une portée de tir de 25
à 29 km (ce qui correspond à une heure d'avance d'un char),
il faudrait que l'autorisation de tir soit donnée rapidement
et d'une façon décentralisée (ce qui exclut que le président
américain puisse l'accorder après consultations) et que le
seuil nucléaire soit abaissé à un niveau si bas qu'il est incomp
atible avec l'intérêt allemand défini précédemment.
Deuxièmement, la question est de savoir comment il faut éva
luer, dans ce contexte, les armes nucléaires françaises et br
itanniques. Elles existent, et je suis heureux qu'il y ait un
armement nucléaire français indépendant. Je crois que la poli
tique française, qui a créé et maintenu cet armement, est
aussi une bonne politique dans l'intérêt de l'Europe. Je ne
peux pas comparer le poids politique de l'armement nucléaire
français à celui de l'arsenal nucléaire américain, parce que
les armes tactiques américaines, dites de champ de bataille
ou nucléaires de théâtre, ont la double mission de garant
ir la dissuasion et de mener la guerre. L'armement français
n'a pas un caractère tactique, mais un caractère stratégique
dont on nous assure, de façon crédible, qu'il ne sera employé
que si l'existence même de la France était mise en jeu. L'arme
ment nucléaire français exige donc qu'il reste indépendant
et ne soit pas intégré dans la stratégie de l'OTAN car il per
drait alors son caractère. Mais, en cas de conflit, une seule
stratégie peut être appliquée, soit celle de l'OTAN, soit celle
de la France. Du point de vue allemand, cela signifie que la
décision française sur l'emploi des armes nucléaires devrait
être prise à un moment où, pour l'Allemagne, cela ne présent
erait plus aucun intérêt. C'est cela la grande différence. Les
armes françaises et britanniques ne seront utilisées qu'au
moment où il sera évident que la guerre ne pourra plus être
limitée et ce qui se passera après ma mort ne m'intéresse pas.
Une certaine contradiction existe entre la solidarité franco-
allemande d'un côté, et de l'autre les deux stratégies de sécur
ité que chacun des deux pays pense devoir suivre. Une véri
table solidarité exige que l'on soit prêt à mettre conjointement
en jeu l'existence de l'un et de l'autre. Ce n'est pas le cas
aujourd'hui car la stratégie française ne serait pas appliquée
au cas où les troupes soviétiques s'arrêteraient sur les bords
du Rhin ou de la Weser ; elle n'entrerait en action que lorsque
l'existence propre de la France serait menacée et les armes
françaises ne seraient pas utilisées, dans le cadre d'une atta- 460 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE

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