La politique étrangère du président Reagan : le verbe et l action - article ; n°4 ; vol.49, pg 817-829
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Description

Politique étrangère - Année 1984 - Volume 49 - Numéro 4 - Pages 817-829
Président Reagan's Foreign Policy : Word and Action, by Stanley Hoffmann
President Reagan came into power with an unusually coherent and ideological view of the world. If America were strong, it would be respected. However, in spite of some extremist rhetoric on his part, prudence prevailed. There has been no lack of variety in the way his foreign policy has been applied, and there has been an inevitable collision between ideology and reality. Furthermore, foreign policy has not been the first priority of the Reagan Administration. During his second mandate, the choice of men will be the decisive factor. Although American public opinion has to be taken into account, this contains some contradictions. It wants power without risk. Public opinion has a double tendency towards unilateralism and a certain erosion of American intellectual and emotional commitments to the outside world. Internationalism is on the wane and has given way to a self satisfied pursuit of national interest without any felt need to convert other countries to its views. The prevailing idea is that sooner or later what is good for the United States will benefit those not lucky enough to be American citizens.
Le président Reagan est arrivé au pouvoir avec une vue particulièrement cohérente et idéologique du monde. Que l'Amérique soit forte, elle sera respectée. Mais, en dépit de déclarations fracassantes, c'est la prudence qui l'a emporté. Les divergences sur la façon d'appliquer la politique étrangère n'ont jamais manqué. Il y a eu collision inévitable entre l'idéologie et les réalités. De plus, la politique étrangère n'a pas été la priorité des priorités. Dans un second mandat, le choix des hommes sera décisif. Mais l'on doit tenir compte de l'évolution de l'opinion publique américaine qui est contradictoire. Elle veut la puissance, mais sans le risque. Il existe surtout une double tendance à l'unilatéralisme et à un certain décrochage intellectuel et passionnel vis-à-vis des engagements américains dans le monde. L'internationalisme est en recul et a fait place à un chauvinisme sans prosélytisme et content de lui-même. L'idée commode qui prévaut est que tôt ou tard ce qui est bon pour les Etats-Unis sera avantageux pour tous ceux qui n'ont pas la chance d'être américains.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 95
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hoffmann
La politique étrangère du président Reagan : le verbe et l'action
In: Politique étrangère N°4 - 1984 - 49e année pp. 817-829.
Citer ce document / Cite this document :
Hoffmann. La politique étrangère du président Reagan : le verbe et l'action. In: Politique étrangère N°4 - 1984 - 49e année pp.
817-829.
doi : 10.3406/polit.1984.3410
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1984_num_49_4_3410Abstract
Président Reagan's Foreign Policy : Word and Action, by Stanley Hoffmann
President Reagan came into power with an unusually coherent and ideological view of the world. If
America were strong, it would be respected. However, in spite of some extremist rhetoric on his part,
prudence prevailed. There has been no lack of variety in the way his foreign policy has been applied,
and there has been an inevitable collision between ideology and reality. Furthermore, foreign policy has
not been the first priority of the Reagan Administration. During his second mandate, the choice of men
will be the decisive factor. Although American public opinion has to be taken into account, this contains
some contradictions. It wants power without risk. Public opinion has a double tendency towards
unilateralism and a certain erosion of American intellectual and emotional commitments to the outside
world. Internationalism is on the wane and has given way to a self satisfied pursuit of national interest
without any felt need to convert other countries to its views. The prevailing idea is that sooner or later
what is good for the United States will benefit those not lucky enough to be American citizens.
Résumé
Le président Reagan est arrivé au pouvoir avec une vue particulièrement cohérente et idéologique du
monde. Que l'Amérique soit forte, elle sera respectée. Mais, en dépit de déclarations fracassantes, c'est
la prudence qui l'a emporté. Les divergences sur la façon d'appliquer la politique étrangère n'ont jamais
manqué. Il y a eu collision inévitable entre l'idéologie et les réalités. De plus, la politique étrangère n'a
pas été la priorité des priorités. Dans un second mandat, le choix des hommes sera décisif. Mais l'on
doit tenir compte de l'évolution de l'opinion publique américaine qui est contradictoire. Elle veut la
puissance, mais sans le risque. Il existe surtout une double tendance à l'unilatéralisme et à un certain
décrochage intellectuel et passionnel vis-à-vis des engagements américains dans le monde.
L'internationalisme est en recul et a fait place à un chauvinisme sans prosélytisme et content de lui-
même. L'idée commode qui prévaut est que tôt ou tard ce qui est bon pour les Etats-Unis sera
avantageux pour tous ceux qui n'ont pas la chance d'être américains.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 817
LA POLITIQUE
ÉTRANGÈRE
Stanley HOFFMANN *
DU PRÉSIDENT REAGAN
LE VERBE ET L'ACTION
Le président Reagan a abordé la campagne électorale avec un
thème unique, applicable, à la fois, à la politique intérieure et
à la politique étrangère. Grâce à ses efforts, l'Amérique se
porte mieux, elle a retrouvé sa confiance en elle-même et son prestige
dans le monde. Il y a quatre ans, lors de leur seul débat télévisé,
Reagan avait posé au président Carter, une question à laquelle ce
dernier n'avait pu répondre : les Américains se portent-ils mieux ou
non après quatre ans d'Administration Carter ? Implicitement, il pose
de nouveau la même question et fournit, évidemment, une réponse
enthousiaste. En ce qui concerne la politique étrangère, le fait est
que les Américains se sentent incontestablement en meilleure posture
qu'il y a quatre ans, mais le sont-ils vraiment ? A la fin du premier
mandat du président Reagan, on peut se poser la question ; le moins
que l'on puisse dire est qu'une grande partie des problèmes graves
qui se posent aux Etats-Unis restent en suspens.
L'équipe du président Reagan est arrivée au pouvoir avec une vue
particulièrement cohérente et idéologique du monde. On n'avait plus
eu à faire à pareille cohérence depuis Eisenhower ; mais les concept
ions de ce dernier étaient, malgré les excès de réthorique de la
campagne électorale de 1952, plus pragmatiques que la vision du
monde de Ronald Reagan et de ses conseillers. C'est une dont
le mérite principal, certains diraient le défaut, est la simplicité : le
problème qui domine les relations internationales est l'antagonisme
existant entre les Etats-Unis et l'Union soviétique — deux régimes
et deux sociétés fondamentalement incompatibles — , antagonisme
présent, au fond, dans tous les problèmes mondiaux importants, à
savoir ceux qui exigent que les Etats-Unis jouent un rôle actif et
auxquels se trouve mêlé le conflit opposant les deux Grands : en fait
la majorité des troubles et des crises, puisque l'Union soviétique et
* Professeur de civilisation française et président du Centre d'études européennes à
l'Université de Harvard. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 818
ses satellites et clients sont considérés comme des puissances interven
tionnistes et subversives à vocation universelle. Devant cette menace,
l'essentiel est d'abourtir au « rétablissement » de la puissance améri
caine que l'Administration précédente avait commencé à négliger.
(Reagan parle sans arrêt, sans preuves et à tort, du « désarmement
unilatéral » des Etats-Unis par l'équipe qui l'avait précédé.) Si l'Amé
rique est forte, les adversaires ne lui chercheront pas noise, et les
alliés la respecteront. Cette conception privilégie évidemment les pro
blèmes de défense par rapport à la politique étrangère ; elle semble
aspirer à un maximum de sécurité et à un minimum de diplomatie.
Politique étrangère ou politique de défense ?
Du fait de cette conception et de déclarations fracassantes du Président
ou de certains de ses ministres (on se souvient à la fois des théories
sur « l'escalade horizontale » en cas d'agression soviétique, et des
propos sur la possibilité de guerres nucléaires limitées), on pouvait
s'attendre à une action extérieure extrêmement militante et peut-être
même agressive. Or, si la politique de défense a été fort ambitieuse,
tous azimuts (efforts dans le domaine conventionnel, tels que la force
d'action rapide ; vaste programme nucléaire : Trident II, pour bombard
ier Bl, MX, missile de croisière ; initiative spectaculaire pour un
système de défense antimissiles dans l'espace, etc.), il n'en a pas été
de même de la politique extérieure. Celle-ci a été marquée par une
grande prudence, que l'on peut expliquer par trois facteurs.
En premier lieu, malgré la cohérence de la conception d'ensemble,
les divergences sur la façon de l'appliquer n'ont jamais manqué. Tant
et si bien que les conflits de personnes et de fonctions ont joué durant
les quatre dernières années un rôle tout aussi important que dans les
Administrations précédentes. Certes, les choses ont été moins nettes
qu'au temps de l'affrontement quasi général et quotidien avec Cyrus
Vance et Zbigniew Brzezinski. Néanmoins, il faut se rappeler qu'il y
a eu pendant ces quatre ans deux secrétaires d'Etat — le premier
ayant démissionné ou plutôt ayant été démissionné d'une façon tout
à fait remarquable — et trois directeurs du Conseil national de sécur
ité. De plus, sur beaucoup de points importants, les conflits n'ont
jamais cessé d'exister entre le département d'Etat et un département
de la Défense dont le rôle a été extrêmement important en raison à
la fois de l'ampleur du programme de réarmement et du rôle extr
êmement subtil en matière diplomatique que certains des conseillers
du secrétaire à la Défense, Caspar Weinberger, ont joué. L'interpré
tation de la conception d'ensemble n'a pas été la même selon le
tempérament des individus, et selon le jugement que ceux-ci ont porté
sur la meilleure façon d'aboutir à l'objectif commun dans des parties
du monde où une approche d'ensemble rendait fort mal compte des
réalités

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