La politique extérieure de l Arabie Saoudite - article ; n°6 ; vol.42, pg 601-622
23 pages
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Description

Politique étrangère - Année 1977 - Volume 42 - Numéro 6 - Pages 601-622
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. J.L. Soulié
L. Champenois
La politique extérieure de l'Arabie Saoudite
In: Politique étrangère N°6 - 1977 - 42e année pp. 601-622.
Citer ce document / Cite this document :
Soulié G. J.L., Champenois L. La politique extérieure de l'Arabie Saoudite. In: Politique étrangère N°6 - 1977 - 42e année pp.
601-622.
doi : 10.3406/polit.1977.1648
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1977_num_42_6_1648LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
DE L'ARABIE SAOUDITE
par G.J.L. SOULIÊ
et L. CHAMPENOIS
Le 28 mars 1975, l'Emir Khaled Ben Abdelaziz succède à Fayçal
sur le trône d'Arabie Saoudite. La disparition dramatique de son
illustre aîné projette sur le devant de la scène un prince encore
peu connu hors de son pays, bien qu'il jouisse à l'intérieur de celui-ci
d'un réel prestige. En même temps s'affirme l'autorité du nouveau
prince héritier, ancien ministre de l'Intérieur, le prince Fahed Ben
Abdelaziz, considéré comme le chef de file de la tendance modern
iste au sein de la famille royale. Cette succession survient au moment
où l'Arabie Saoudite, grâce à l'expansion de sa puissance financière
et à l'affaiblissement de ses principaux rivaux au sein du monde
arabe, a acquis une audience internationale sans précédent dans son
histoire : le Royaume est désormais non seulement une puissance
régionale mais aussi à certains égards une puissance mondiale.
La doctrine du nouveau gouvernement en matière de politique
extérieure a été énoncée dans la déclaration lue au nom du Roi par
le Prince héritier le jour de l'intronisation du souverain : solidarité
islamique, coopération interarabe, restitution de ses droits au peuple
palestinien, responsabilité particulière de l'Arabie dans l'ordre éco
nomique mondial, désir de coopération avec tous les peuples à
l'exception du bloc communiste en sont les points fondamentaux.
Si ce texte, dans sa formulation très générale, a paru être une
simple confirmation de la ligne suivie par Fayçal, du moins a-t-il
eu le mérite de faire ressortir les grandes composantes de la politique
étrangère du Royaume, objet de l'analyse tentée dans cet article. 602 G.J.L. SOULIÉ ET L. CHAMPENOIS
I. Islam et arabisme
L'existence de relations diplomatiques entre les pays musulmans
et plus particulièrement entre les pays arabes est relativement
récente. Elle a même, par certains aspects, un caractère insolite.
Le monde de l'Islam est, en effet, dans son acception religieuse
la plus stricte, un ensemble indissociable, soumis à un commandement
unique excluant, dans les rapports entre ses membres, toute notion
de politique étrangère. Cette situation réelle ou théorique, selon
les époques, fut symbolisée jusqu'en 1924 par le Califat. En sup
primant cette dignité le 1er mars 1924 et en invitant les pays musul
mans à s'ériger en « gouvernements souverains et indépendants »,
Moustapha Kemal ébranla gravement la charpente unitaire de la
« Maison d'Allah ». Chaque région se dota d'une capitale, d'un
régime et d'une diplomatie. L'étendard vert fut amené au bénéfice
d'emblèmes nationaux. Il ne subsista dans la plénitude de sa couleur
qu'en Arabie Saoudite.
La question du Califat resta cependant au centre des débats qui
agitèrent le monde musulman jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale.
Plusieurs congrès panislamiques tenus au Caire, à la Mecque et
à Jérusalem ne purent néanmoins parvenir à aucun résultat concret
sur ce point. Ce mouvement d'idées resurgit toutefois en 1963 sous
l'impulsion de l'Emir Fayçal avec la création de la « Ligue du
Monde Islamique », expression d'un traditionnalisme actif opposé
à l'arabisme régionaliste développé à l'époque par les nationalistes
du Proche-Orient et du Maghreb.
Très tôt en effet, plusieurs chefs de file avaient estimé illusoire
un retour au passé. Il fallait à leur sens réunifier l'Islam à partir
d'une « Nation arabe » adaptée aux temps modernes, en mettant
l'accent sur une solidarité ethnico-culturelle plutôt que sur un lien
simplement religieux. Telle était l'idée qui présida, en mars 1946,
à la création de la « Ligue des Etats Arabes », et devint par la suite,
sous une forme socialisante, le thème central du nassérisme.
Cette dichotomie du concept de base de l'Islam souverain influa
sensiblement de 1956 à 1970 sur les relations entre les pays musul
mans. Le clivage des tendances se fit le plus souvent au point de
rencontre de l' Arabisme et de l'Islamisme. D'une façon générale, les ARABIE SAOUDITE 603
Etats de langue non-arabe se rapprochèrent de l'Arabie Saoudite. Ce
phénomène en apparence surprenant est normal si l'on tient compte
de l'obstination mise par l'Emir Fayçal, soit comme ministre des
Affaires étrangères, soit comme roi, à dénoncer le caractère racial
et étriqué de la « Nation Arabe », conçue par le président Nasser.
Le mot « Nation » fut lui-même rejeté, « El Oumma » auquel il a
emprunté son sens, ne pouvant désigner que la communauté des
peuples rassemblés sous la bannière de l'Islam.
Il ne pouvait certes être question pour le souverain wahhabite
de rompre ouvertement avec le symbole d'unité ethnico-culturelle
que constituait la Ligue des Etats arabes (1). Mais l'organisme créé
par Nahhas Pacha recouvrait dès l'origine des arrière-pensées dont
les Al Saoud avaient aussitôt discerné la menace. Lors des pourp
arlers d'Alexandrie en 1944, le roi Abd Elaziz avait fait savoir
qu'il n'adhérerait à cette institution que dans la mesure où elle
garantissait le respect des régimes et les frontières des Etats contract
ants. Depuis lors, ces clauses furent maintes fois transgressées et,
en particulier, aux moments les plus critiques du conflit entre Riadh
et le Caire (2). Cette situation amena paradoxalement l'homme du
Nedjd « Arabe de sang, de langue, de naissance » à invoquer le
concept plus vaste d'un Islam universaliste et à s'employer avec
ténacité à en faire une réalité politique.
C'est pourquoi, tandis que la « Ligue du Monde islamique »
(Râbitat al Alam al Islami) se voyait assigner pour but la renais
sance spirituelle et culturelle de 1' « Oumma », la « Conférence isl
amique » (3) s'efforçait, à l'instar des congrès islamiques de l'entre-
deux guerres, d'harmoniser les vues de ses membres sur les grands
problèmes affectant la communauté.
Elle dispose comme élément permanent d'un Secrétariat général
dont le premier titulaire fut l'ancien Premier ministre malaisien,
Tunku Abd Errahman.
(1) L'Arabie est d'ailleurs un participant actif des organismes spécialisés de
la Ligue, tels que le Conseil Economique des Etats arabes, l'Union arabe des
Télécommunications, etc.
(2) Voir « Le Royaume d'Arabie Saoudite face à l'Islam révolutionnaire »
des mêmes auteurs, Armand Colin, 1966.
(3) Al Mo'tamar al Islami » : « Congrès » ou « Conférence islamique ». G.J.L. SOULIÉ ET L. CHAMPENOIS 604
Ses instances politiques sont les réunions politiques des chefs
d'Etat et des ministres des Affaires étrangères des pays membres.
Les chefs d'Etat se sont réunis pour la première fois à Rabat en
septembre 1969, dans l'atmosphère de crise provoquée par l'incendie
de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. Leur seconde réunion s'est
tenue à Lahore, en février 1974. Elle rassemblait 16 chefs d'Etat
dont certains des représentants les plus marquants de l'Islam progress
iste (4) et 37 délégations d'Etats souverains, ainsi qu'une délégation
de l'O.L.P. conduite par Yasser Arafat, laquelle se voyait confirmer
la qualité de représentante unique du peuple palestinien. L'une
des principales résolutions adoptées portait d'ailleurs sur la récu
pération des territoires occupés par Israël, la restitution de la pléni
tude de ses droits nationaux au peuple palestinien et l'exigence
du retrait israélien de Jér

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