La politique méditerranéenne et proche-orientale de G. Pompidou - article ; n°3 ; vol.43, pg 283-306
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Description

Politique étrangère - Année 1978 - Volume 43 - Numéro 3 - Pages 283-306
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Daniel Colard
La politique méditerranéenne et proche-orientale de G.
Pompidou
In: Politique étrangère N°3 - 1978 - 43e année pp. 283-306.
Citer ce document / Cite this document :
Colard Daniel. La politique méditerranéenne et proche-orientale de G. Pompidou. In: Politique étrangère N°3 - 1978 - 43e
année pp. 283-306.
doi : 10.3406/polit.1978.1623
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1978_num_43_3_1623LA POLITIQUE MÉDITERRANÉENNE
ET PROCHE-ORIENTALE DE G. POMPIDOU
par Daniel COLARD
La vocation méditerranéenne de la France
Le Président Pompidou était convaincu que, de même que la
France a besoin pour se développer d'un « hinterland européen »,
l'histoire et la géographie lui ont assigné un prolongement médi
terranéen et africain. Cette politique méditerranéenne, qui consiste
à entretenir les « meilleures relations possibles », les « plus étroites »,
avec tous les Etats riverains de cette mer presque fermée, s'ordonne
autour de trois axes principaux :
Rééquilibrer la Communauté européenne vers le Sud, en soutenant
ouvertement la candidature de l'Espagne au Marché commun et en
mettant l'accent sur la défense de la « latinité » ;
Consolider et maintenir des relations privilégiées avec les trois
nations du Maghreb : Tunisie, Algérie, Maroc ;
Défendre les intérêts de l'Europe au Proche-Orient et y développer
une influence française très ancienne.
Pour bien montrer la place qu'occupe le bassin méditerranéen dans
la diplomatie française, le chef de l'Etat organise les 18 et
19 juin 1971, avec beaucoup d'éclat et d'apparat, de grandes
manœuvres militaires nationales dans la rade de Toulon. Y parti
cipent des forces nombreuses de l'armée de terre, de la marine, de
l'armée de l'air et de la défense opérationnelle du territoire. Aux
côtés du Président de la République, chef des armées, on note la
présence du Premier ministre, J. Chaban-Delmas, qui a des respons
abilités en matière de défense, du ministre d'Etat chargé de la 284 DANIEL COLARD
Défense nationale, M. Debré, de son secrétaire d'Etat, et du ministre
de l'Intérieur, R. Marcellin. Au cours d'une conférence de presse
donnée à bord du « Clemenceau », G. Pompidou explique les
raisons pour lesquelles son gouvernement a choisi cette région str
atégique cet exercice pacifique :
« Parce que, dit-il, la Méditerranée est une mer qui borde la
France et que nous avons énormément d'intérêts méditerranéens et
une façade méditerranéenne importante. Nous avons des relations
étroites et amicales avec la quasi-totalité des Etats riverains, nous
avons traditionnellement un rôle et une présence en Méditerranée,
aussi bien en Méditerranée occidentale qu'en Méditerranée orien
tale. Enfin, il y a l'Afrique du Nord avec laquelle aussi nous avons
des liens étroits, des intérêts importants.
Il est donc normal qu'à un certain moment on choisisse la
Méditerranée pour un exercice de cet ordre d'autant plus que cette est devenue à nouveau un des lieux stratégiques du
monde. La preuve en est qu'à l'heure actuelle c'est là qu'il y a la plus
grande concentration de bateaux de guerre, appartenant non seul
ement aux riverains mais aussi pour beaucoup à des Etats qui ne sont
pas riverains. Ainsi, nous avons jugé — la décision a été prise il y a
plus d'un an — qu'il était utile que la France donne cette année
à ces manœuvres nationales cette signification de présence médi
terranéenne. »
Faire de cette mer un « lac de paix », la soustraire à la présence
des flottes militaires extérieures, la VIe Flotte américaine et
l'Escadre soviétique. Bref, laisser la « Méditerranée aux Méditer
ranéens », telle est la doctrine Pompidou dans cette région
névralgique, rendue instable par le conflit israélo-arabe : crise de
Suez de 1956, guerre des Six jours de 1967, conflit du Kippour
de 1973.
S'il est un point sur lequel le Président de la République est
resté fidèle à son prédécesseur, c'est bien sur la politique arabe.
Cet « Orient compliqué » que de Gaulle avait abordé « avec des
idées simples », G. Pompidou — dans le droit fil de la diplo
matie gaullienne — va continuer à lui accorder la priorité des
priorités. Surtout après la guerre d'Octobre qui accouche de la
révolution pétrolière et démontre à l'évidence la nécessité impérieuse MÉDITERRANÉE 285
d'instaurer un dialogue euro- arabe pour trouver une solution intel
ligente à la crise de l'énergie.
Pendant la campagne présidentielle du printemps 1969, l'adver
saire d'Alain Poher avait laissé entendre qu'il désirait rééquilibrer
les rapports de la France avec les Etats du Proche-Orient. Mais
les contacts pris avec Israël n'aboutirent pas. La rigidité de l'attitude
de Mme Golda Meïr ne pouvait que décourager le gouvernement de
Paris convaincu, à raison, que la seule paix concevable dans cette
région reposait obligatoirement sur des concessions mutuelles :
évacuation des territoires occupés, d'un côté ; reconnaissance de
l'Etat hébreux, de l'autre. Précisons aussi que le maintien en
France, pays à faibles ressources énergétiques propres, d'une crois
sance industrielle rapide supposait la sécurité et la diversification
de nos approvisionnements en or noir, et, par conséquent, une attitude
amicale vis-à-vis de l'ensemble du monde arabe. Enfin, plusieurs
Etats pétroliers se situaient parmi les meilleurs clients de l'industrie
française d'armements, dont l'existence est indispensable à celle
de la force de dissuasion nucléaire, condition sine qua non d'une
défense indépendante. C'est dans ce contexte qu'il faut examiner
la politique méditerranéenne poursuivie entre 1969 et 1974.
Quand l'ancien Premier ministre accède à la magistrature suprê
me, deux événements se produisent à la fin de l'année 1969 qui
aggravent immédiatement les relations entre Paris et Jérusalem et
accentuent la politique pro-arabe de l'Elysée.
L'affaire des « vedettes de Cherbourg » et des « Mirage libyens »
La première affaire relève plus des feuilletons télévisés style
« Mission impossible » et des exploits d'un Robin Hood ou d'un
James Bond que d'une décision diplomatique mûrement réfléchie
dans les salons feutrés des chancelleries.
Le 24 décembre 1969, un commando israélien s'empare de cinq
vedettes rapides lance-missiles, non armées, dans le port de
Cherbourg où elles avaient été construites d'abord pour Israël,
puis, après avoir été placées sous embargo, vendues en apparence
à la Norvège. Après avoir traversé impunément toute la Médi- 286 DANIEL COLARD
terranée, les vedettes de Cherbourg sont accueillies triomphalement
dans le port de Haïfa. Cette folle et joyeuse équipée qui avait
ridiculisé délibérément les autorités françaises et violait toutes les
règles du droit international plaçait le gouvernement dans une
situation politique inconfortable.
Outre que l'incident est très fâcheux, la facilité de ce départ
révèle un défaut manifeste de surveillance et la grande connivence
qui existe encore entre les états-majors français et la mission
militaire de l'ambassade israélienne à Paris. Des sanctions sont
prises, des diplomates éloignés et une enquête ouverte pour établir
les responsabilités. Mais G. Pompidou, qui prise peu les méthodes
de Robin des Bois, se sent directement atteint dans son autorité
et son honneur de chef de l'Etat. Alerté par le secrétaire général
de l'Elysée le jour de Noël à Cajarc, il soupire, au dire de Michel
Jobert : « Ah ! Quos vult Jupiter perdere dementat prius ». De fait,
peu après, la surveillance autour des cinquante Mirage payés par
Israël, mais stockés sur la base militaire de Tours, est considérable
ment renforcée. Les services aprè

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