La RFA, un allié pas comme les autres ? - article ; n°2 ; vol.46, pg 347-355
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Description

Politique étrangère - Année 1981 - Volume 46 - Numéro 2 - Pages 347-355
La RFA, un allié pas comme les autres, par Robert Picht
Le paradoxe allemand du géant aux pieds d'argile est-il en train de réapparaître ? Au lendemain des élections, en dépit des débats souvent déchirants qui font la une des journaux, ce qui domine c'est le consensus fondamental qui rend difficile la distinction entre les différents partis politiques allemands. Les orientations fondamentales de la République fédérale demeurent les mêmes. Pour l'Allemagne, du fait de sa situation géographique, de sa maîtrise de la guerre, la double décision de l'OTAN d'installer les nouvelles fusées américaines et de négocier leur réduction n'est acceptable que si ces deux orientations sont suivies simultanément. L'expérience directe de la réalité du régime pratiqué en RDA fait ressentir la menace soviétique comme une mise en question permanente des valeurs fondamentales sur lesquelles la société de la République fédérale a été construite depuis la guerre. La distinction entre l'unité culturelle de la nation et la diversité des Etats constitue une vieille tradition allemande et pourrait servir de modèle pour surmonter la division de l'Europe dans le respect de la paix et des intérêts légitimes des partenaires. Les relations économiques avec les pays de l'Est représentent un lien d'intérêt commun et un potentiel de développement mais par une dépendance unilatérale. Le maintien des orienta tion fondamentales qui dictent l'équilibre précaire du consensus allemand correspond à l'intérêt commun de tous les Européens dans l'Alliance atlantique. L'Allemagne compte tenu de sa marge de manoeuvre étroite est particulièrement limitée par les contraintes de sa situation. Elle ne saurait donc jouer à elle seule un rôle de médiateur ou de leadership européen.
The Federal Republic of Germany, an Ally Unlike the Others, by Robert Picht
Is the German paradox of the giant with clay feet reappearing? In the wake of the elections, in spite of often agonizing arguments that occupy the front page of newspapers, what prevails in Germany is the fundamental consensus which makes it difficult to distinguish among the various German political parties. The essential orientations of the Federal Republic are still the same. For the Federal Republic, given its geographic situation, the dual NATO decision to install new American nuclear weapons and to negotiate their reduction can only be accepted if these two orientations are simultaneously followed. Because of its direct contact with the reality of the German Democratic Republic, the Federal Republic perceives the Soviet threat as a permanent challenge to the very values that are the basis of West German society since the war. The distinction between the cultural unity of the nation and the diversity of the States represents an old German tradition and could serve as a model to transcend Europe's divisions in the respect of peace and of the legitimate interests of its partners. Economic relations with Eastern European countries represent a link of common interest and a potential for development but through a unilateral dependence. The upkeeping of fundamental orientations that dictates the fragile equilibrium of the German consensus corresponds to an interest common to all Europeans inside the Atlantic Alliance. The Federal Republic given its limited margin of manoeuver is particularly constrained by its situation. It cannot play alone neither a mediating role nor a leading role in Europe.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Picht
La RFA, un allié pas comme les autres ?
In: Politique étrangère N°2 - 1981 - 46e année pp. 347-355.
Citer ce document / Cite this document :
Picht. La RFA, un allié pas comme les autres ?. In: Politique étrangère N°2 - 1981 - 46e année pp. 347-355.
doi : 10.3406/polit.1981.3168
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1981_num_46_2_3168Abstract
The Federal Republic of Germany, an Ally Unlike the Others, by Robert Picht
Is the German paradox of the "giant with clay feet" reappearing? In the wake of the elections, in spite of
often agonizing arguments that occupy the front page of newspapers, what prevails in Germany is the
fundamental consensus which makes it difficult to distinguish among the various German political
parties. The essential orientations of the Federal Republic are still the same. For the Federal Republic,
given its geographic situation, the dual NATO decision to install new American nuclear weapons and to
negotiate their reduction can only be accepted if these two orientations are simultaneously followed.
Because of its direct contact with the reality of the German Democratic Republic, the Federal Republic
perceives the Soviet threat as a permanent challenge to the very values that are the basis of West
German society since the war. The distinction between the cultural unity of the nation and the diversity
of the States represents an old German tradition and could serve as a model to transcend Europe's
divisions in the respect of peace and of the legitimate interests of its partners. Economic relations with
Eastern European countries represent a link of common interest and a potential for development but
through a unilateral dependence. The upkeeping of fundamental orientations that dictates the fragile
equilibrium of the German consensus corresponds to an interest common to all Europeans inside the
Atlantic Alliance. The Federal Republic given its limited margin of manoeuver is particularly constrained
by its situation. It cannot play alone neither a mediating role nor a leading role in Europe.
Résumé
La RFA, un allié pas comme les autres, par Robert Picht
Le paradoxe allemand du géant aux pieds d'argile est-il en train de réapparaître ? Au lendemain des
élections, en dépit des débats souvent déchirants qui font la une des journaux, ce qui domine c'est le
consensus fondamental qui rend difficile la distinction entre les différents partis politiques allemands.
Les orientations fondamentales de la République fédérale demeurent les mêmes. Pour l'Allemagne, du
fait de sa situation géographique, de sa maîtrise de la guerre, la double décision de l'OTAN d'installer
les nouvelles fusées américaines et de négocier leur réduction n'est acceptable que si ces deux
orientations sont suivies simultanément. L'expérience directe de la réalité du régime pratiqué en RDA
fait ressentir la menace soviétique comme une mise en question permanente des valeurs
fondamentales sur lesquelles la société de la République fédérale a été construite depuis la guerre. La
distinction entre l'unité culturelle de la nation et la diversité des Etats constitue une vieille tradition
allemande et pourrait servir de modèle pour surmonter la division de l'Europe dans le respect de la paix
et des intérêts légitimes des partenaires. Les relations économiques avec les pays de l'Est représentent
un lien d'intérêt commun et un potentiel de développement mais par une dépendance unilatérale. Le
maintien des orienta tion fondamentales qui dictent l'équilibre précaire du consensus allemand
correspond à l'intérêt commun de tous les Européens dans l'Alliance atlantique. L'Allemagne compte
tenu de sa marge de manoeuvre étroite est particulièrement limitée par les contraintes de sa situation.
Elle ne saurait donc jouer à elle seule un rôle de médiateur ou de leadership européen.POLITIQUE ETRANGERE I 347
LA RFA, UN ALLIÉ
Robert PICHT*
pAS œMME LES AUTRES ?
L'image de la République fédérale a toujours été paradoxale.
Caractérisée longtemps par la formule « géant économique mais
nain politique », qui serait inapte ou réticent à définir sa propre
politique internationale, elle fut subitement suspectée d'indépendance
excessive quand elle suivit, avec la nouvelle Ostpolitik, les conseils du
général de Gaulle. La version allemande de la politique de détente,
réalisée en concertation étroite avec les alliés, était considérée par
certains comme une résurgence du spectre de Rapallo. Avec sa nouvelle
marge de manœuvre, la République fédérale ne risquerait-elle pas
d'échapper aux liens de dépendance et de solidarité tissés par l'Alliance
atlantique et la construction européenne ?
Bien que rien, dans la politique menée par Willy Brandt et son succes
seur Helmut Schimdt, ne justifiât ces inquiétudes, le malaise fut encore
renforcé par le succès spectaculaire de la politique de stabilité écono
mique conduite depuis 1974. La capacité de maîtriser les effets du
premier choc pétrolier par la progression constante des exportations,
et de limiter l'inflation par le maintien d'un climat de concertation
sociale semblait relever d'un « modèle allemand » qu'une partie de
l'opinion française percevait comme la menace d'une nouvelle supré
matie.
De plus, le thème de l'Allemagne devenait en France l'enjeu d'un débat
de politique intérieure, et fut en conséquence soumis aux simplifications
inhérentes à la confrontation partisane. L'Allemagne redevint le point
de fixation de toutes sortes d'inquiétudes contradictoires [1]. Ces
suspicions ne visaient pas seulement la République fédérale, mais
également les liens étroits établis entre Valéry Giscard d'Estaing et le
chancelier allemand. Ne risquaient-ils pas de s'enfermer dans un
néo-bilatéralisme égoïste qui ne tiendrait plus compte ni des partenaires
européens ni de la solidarité traditionnelle avec les Etats-Unis ? [2]
* Directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, président du Comité exécutif
de la Fondation européenne de la culture. 348 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Après les élections de l'automne 1980, la vue paradoxale de la Répu
blique fédérale comme pays à la fois trop fort et trop faible revenait
à l'ordre du jour. Subitement, le « modèle allemand » semblait vaciller
de l'intérieur. Le renforcement du Parti libéral et la crise qui finissait
par atteindre également l'économie allemande et les difficultés des
finances publiques rendirent difficile l'élaboration du contrat de gouver
nement. Pour la première fois, le chancelier Schmidt paraissait avoir
du mal à accorder les vues contradictoires de ses alliés libéraux et de
son propre Parti social-démocrate, qui n'était pas prêt à oublier l'élan
réformiste des années 70.
En même temps, le durcissement du climat international, l'armement
accéléré de l'Union soviétique, l'intervention en Afghanistan et les
menaces sur la Pologne mettaient en danger les bases mêmes de l'équi
libre européen. Par ailleurs, le nouveau gouvernement Reagan poussait
les Européens, et avant tout les Allemands, vers une politique d'arme
ment et de confrontation qui risquait de mettre en cause les fondements
à la fois politiques et économiques de la position allemande.
Inévitablement, les difficultés surgissant dans le Parti social-démocrate,
dans la coalition et dans les rapports de la République fédérale avec
ses partenaires à l'Ouest et à l'Est furent interprétés comme signes de
faiblesse. Le paradoxe allemand allait-il resurgir ? Le géant a-t-il des
pieds d'argile ? On ne saurait y répondre sans étudier de plus près les
données structurelles qui distinguent la République fédérale de ses
alliés occidentaux.
Le jeu des coalitions
Le fait qu'un gouvernement allemand se trouve en difficulté après des
élections gagnées n'est pas nouveau. Depuis l'époque du chancelier
Adenauer, l'effort d'unité pré-électorale a souvent été compensé après
les élections par une résurgence des conflits entre les différentes
tendances des partis politiques. Car, dans le système politique allemand,
les trois grands partis représentent eux-mêmes des coalitions de
courants soci

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