La science politique américaine face aux défis du féminisme - article ; n°41 ; vol.11, pg 33-81
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Description

Politix - Année 1998 - Volume 11 - Numéro 41 - Pages 33-81
Feminist Challenges to American Political Science.
Susan J. Carroll, Linda M. G. Zerilli [33-81].
This essay examines the questions posed by American women and politics research about what we study as political scientists and how we study it in the context of three analytically distinct categories of research on women and politics. The first category consists on critiques of the ways in which political theory and empirical research in political science have traditionally excluded women as political actors. The second category consists of research that has attempted to add women into politics, to make them visible as political actors, while accepting the existing dominant frameworks of political analysis. The third category consists of research that calls existing frameworks and assumptions into question, suggesting that they cannot accomodate the inclusion of women as political actors. Work within this category suggests that many of définitions central to political science must be reconceptualized.
La science politique américaine face aux défis du féminisme.
Susan J. Carroll, Linda M. G. Zerilli [33-81].
Bénéficiant d'un développement fulgurant, le sous-champ des recherches consacrées aux femmes et à la politique a profondément remis en question au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix les postulats, les définitions et les méthodologies de la science politique américaine traditionnelle. Les auteurs du présent article nous donnent un aperçu des multiples déplacements et reconceptualisations qu'entraîne dans l'analyse des phénomènes politiques l'intégration systématique du «point de vue» et des «expériences» des femmes. Trois grands ensembles de travaux féministes sont distingués : ceux qui critiquent la façon dont, traditionnellement, la théorie politique et la recherche empirique en science politique ont dénié aux femmes la capacité d'être de véritables acteurs politiques ; ceux qui tentent de restituer aux femmes la place qui est la leur dans la vie politique, tout en acceptant cependant les cadres dominants de la discipline ; ceux, enfin, qui contestant ces cadres d'analyse et ces postulats dominants, invitent les politistes à repenser de façon radicale la plupart des définitions élémentaires dont ils se servent.
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Susan J. Carroll
Linda M. G. Zerilli
La science politique américaine face aux défis du féminisme
In: Politix. Vol. 11, N°41. Premier trimestre 1998. pp. 33-81.
Citer ce document / Cite this document :
Carroll Susan J., Zerilli Linda M. G. La science politique américaine face aux défis du féminisme. In: Politix. Vol. 11, N°41.
Premier trimestre 1998. pp. 33-81.
doi : 10.3406/polix.1998.1714
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1998_num_11_41_1714Abstract
Feminist Challenges to American Political Science.
Susan J. Carroll, Linda M. G. Zerilli [33-81].
This essay examines the questions posed by American women and politics research about what we
study as political scientists and how we study it in the context of three analytically distinct categories of
research on women and politics. The first category consists on critiques of the ways in which political
theory and empirical research in political science have traditionally excluded women as political actors.
The second category consists of research that has attempted to add women into politics, to make them
visible as political actors, while accepting the existing dominant frameworks of political analysis. The
third category consists of research that calls frameworks and assumptions into question,
suggesting that they cannot accomodate the inclusion of women as political actors. Work within this
category suggests that many of définitions central to political science must be reconceptualized.
Résumé
La science politique américaine face aux défis du féminisme.
Susan J. Carroll, Linda M. G. Zerilli [33-81].
Bénéficiant d'un développement fulgurant, le sous-champ des recherches consacrées aux femmes et à
la politique a profondément remis en question au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix les
postulats, les définitions et les méthodologies de la science politique américaine traditionnelle. Les
auteurs du présent article nous donnent un aperçu des multiples déplacements et reconceptualisations
qu'entraîne dans l'analyse des phénomènes politiques l'intégration systématique du «point de vue» et
des «expériences» des femmes. Trois grands ensembles de travaux féministes sont distingués : ceux
qui critiquent la façon dont, traditionnellement, la théorie politique et la recherche empirique en science
politique ont dénié aux femmes la capacité d'être de véritables acteurs politiques ; ceux qui tentent de
restituer aux femmes la place qui est la leur dans la vie politique, tout en acceptant cependant les
cadres dominants de la discipline ; ceux, enfin, qui contestant ces cadres d'analyse et ces postulats
dominants, invitent les politistes à repenser de façon radicale la plupart des définitions élémentaires
dont ils se servent.La science politique américaine
face aux défis du féminisme
Linda Rutgers Susan M. J. University G. Carroll Zerilli
DANS LE CHAMP disciplinaire de la science politique, l'étude des
femmes et de la politique a été stimulée par (et a évolué de pair
avec) le mouvement féministe contemporain. Avant que ce
mouvement n'émerge au milieu des années soixante, les politistes
n'avaient en effet consacré que fort peu d'ouvrages et d'articles aux
femmes (à l'exception notable de Duverger, 1955). Entre 1901 et 1966,
on ne répertorie en tout et pour tout que onze thèses sur le sujet (selon
Shanley et Schuck, 1974). Il faut attendre 1972 pour que le Women's
Caucus for Political Science, fondé l'année précédente, commence à
parrainer des communications sur la division sexuelle à l'occasion des
réunions annuelles de l'Association américaine de science politique
(APSA). C'est à la même époque que seront publiés quelques grands
ouvrages pionniers consacrés aux femmes et à la politique (notamment
Amundsen, 1971 ; Kirkpatrick, 1974 ; Jaquette, 1974 ; Freeman,
1975).
Une fois amorcé ce modeste départ, le sous-champ des études sur les
femmes et la politique n'allait cesser de croître à vive allure. Au début
des années quatre-vingt-dix, le nombre de communications, d'articles et
de livres consacrés par des politistes à la question des rapports entre
femmes et politique ou à la théorie politique féministe avait augmenté
dans des proportions considérables. C'est ainsi par exemple qu'en
1992, plus de soixante communications relatives à la division sexuelle
ont été présentées à la réunion annuelle de l'APSA, et que pour la seule
année 1991, Women & Politics, revue universitaire consacrée à la
publication de travaux empiriques et théoriques sur les femmes et la
politique, a publié vingt-quatre articles et chronique vingt-et-un
ouvrages relatifs au domaine. Le développement, en science politique,
d'un secteur consacré aux femmes et à la division sexuelle a suivi un
schéma d'évolution comparable (quoique souvent plus rapide) à ceux
* Ce texte est la traduction, par C. Lemieux, de «Feminist Challenges to Political Science»,
in Pinifter (A.), ed., Political Science : the State of the Discipline, vol. 2, Washington,
APSA, 1993. Les intertitres ont été ajoutés par le traducteur.
Politix, n°41, 1998, pages 33 à 81 33 sciences du politique aux États-Unis Les
des autres disciplines des sciences sociales (Dubois et alii, 1985).
Ajoutons que les travaux de science politique consacrés à la division
sexuelle ont été fortement influencés par le développement lui aussi très
rapide des travaux interdisciplinaires consacrés aux femmes («women's
studies»).
Il convient également de noter que le secteur des études sur les femmes
et la politique s'est peu à peu institutionnalisé au cours des années
soixante-dix et quatre-vingt. Deux des événements les plus importants
ont été la création en 1981 de la revue Women & Politics et celle, en
1986, de la Section spécialisée dans la recherche sur les femmes et la
politique (OSWPR) au sein de l'Association américaine de science
politique. La même année, le département de science politique de la
Rutgers University devenait le premier du pays à officialiser les études
sur les femmes et la politique en créant un doctorat spécifique. De nos
jours, la plupart des grands départements de science politique
possèdent au moins un spécialiste en études sur les femmes, et
beaucoup d'entre eux proposent aux étudiants en formation doctorale,
comme composante à part entière de leur cursus, des cours sur les
femmes et la politique.
Les travaux produits dans ce champ en rapide expansion ont des
implications non négligeables pour la communauté entière des
politistes, et non pas seulement pour ceux d'entre eux qui se
spécialisent dans les questions relatives à la division sexuelle. Les
recherches menées par les féministes introduisent en effet toute une
série de questions qui remettent profondément en cause les fondements
théoriques et épistémologiques sur lesquels, historiquement, la
discipline s'est construite. Parfois implicitement, parfois explicitement,
les travaux féministes soulèvent d'importantes questions à propos de ce
qu'est l'objet fondamental de la science politique et de la façon la plus
adéquate de l'étudier.
Cadres d'analyse
C'est à travers ces deux interrogations : quel est notre objet en tant que
politistes ? Comment l'étudions-nous ? que le présent article se propose
d'examiner les questions soulevées par la recherche sur les femmes et la
politique. Pour ce faire, nous distinguerons analytiquement trois grands
ensembles de travaux. Le premier ensemble regroupe les travaux qui
critiquent la façon dont, traditionnellement, la théorie politique et la
recherche empirique en science politique ont dénié aux femmes la
capacité d'être de véritables acteurs politiques, soit en les escamotant
purement et simplement, soit en les présentant comme des êtres
fondamentalement apolitiques. Le deuxième ensemble de travaux
rassemble les recherches qui ont tenté de restituer aux femmes la place
qui est la leur dans la vie politique et de les faire bénéficier ainsi d'une
meilleure visibilité en tant qu'acteurs politiques - et ce, en acceptant
cependant les cadres jusqu'alors dominants dans la discipline. Le
34 Susan J. Carroll, Linda M. G. Zerilli
troisième ensemble de travaux, enfin, regroupe des recherches qui
remettent en cause ces cadres d'a

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