La Yougoslavie et le processus d intégration en Europe - article ; n°1 ; vol.55, pg 83-91
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Description

Politique étrangère - Année 1990 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 83-91
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

Budimir Loncar
La Yougoslavie et le processus d'intégration en Europe
In: Politique étrangère N°1 - 1990 - 55e année pp. 83-91.
Citer ce document / Cite this document :
Loncar Budimir. La Yougoslavie et le processus d'intégration en Europe. In: Politique étrangère N°1 - 1990 - 55e année pp. 83-
91.
doi : 10.3406/polit.1990.3922
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1990_num_55_1_3922POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 83
DOCUMENTS
Budimir LONCAR * La d'intégration Yougoslavie en et Europe le processus "
Le sujet principal de mon exposé est la Yougoslavie aujourd'hui —
vue de l'intérieur, ainsi que de l'extérieur. Je sais que vous êtes plus
souvent en situation de voir les aspects sombres de ce pays avec,
malheureusement, des connotations plutôt négatives.
En ce moment exceptionnel — dans un contexte européen politiquement
plus agréable s'accompagnant d'espérances nouvelles, mais aussi de change
ments imprévus, d'émotions accrues et d'incertitudes non négligeables — , il
n'est pas facile de prétendre à être objectif. Pourtant, la Yougoslavie
d'aujourd'hui suscite de nombreuses questions. Je vais essayer de répondre
à certaines que je considère cruciales :
— Quelle est la place de la Yougoslavie, pays hors-blocs, au moment où les
blocs perdent leur importance et leur identité d'autrefois ?
— Où est ce pays, ayant pris, dès 1948, la voie indépendante des réformes,
au moment de la perestroïka et des changements actuels dans les pays de
l'Europe de l'Est ?
— Quelle est sa place au moment où se consolident les processus d'intégra
tion à l'Ouest et apparaissent ceux de désintégration à l'Est ?
— Où en est l'être social yougoslave au moment où les libertés humaines
ont revêtu l'importance des valeurs fondamentales de l'humanité ?
— Où se trouve la Yougoslavie au moment où de nouvelles constructions
de l'Europe sont en train d'être édifiées et où naissent les espérances d'une
maison commune européenne ?
**
* Secrétaire fédéral aux Affaires étrangères de Yougoslavie.
** Conférence prononcée devant l'Institut français des relations internationales, à Paris, le
31 janvier 1990. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 84
Au XIIIe siècle, un grand humaniste de nos régions a écrit : « L'Est a cru
que nous étions l'Ouest, et l'Ouest nous a traités de l'Est... Or, notre sort
nous a fait être l'Est à et l'Ouest à l'Est ». Durant ces quarante
dernières années, quelle était la position de celui qui était l'Est à l'Ouest et
l'Ouest à l'Est ? Même d'après la conception de l'Est et de telle
qu'elle était imposée par la guerre froide, il s'agissait d'un pont sur lequel
l'Est et l'Ouest ont pu se rencontrer et s'élever au-dessus des confrontations
qui les opposaient. C'était la position hors-blocs.
La fin de la guerre froide a changé, dans une mesure considérable, la carte
politique et sociale de l'Europe. Si la clef de ce changement est l'élimina
tion du rideau de fer qui divisait le monde d'après-guerre, si l'objectif final
est l'élargissement de l'aire d'un développement libre et démocratique, du
renforcement d'une identité et d'un intérêt européens, il n'y a pas de raison
pour que l'inquiétude, qui s'était installée dans nos maisons, ne cède pas la
place à l'espoir. Par contre, si quelqu'un cherchait à profiter des change
ments dans les rapports de force pour imposer ses options et ses intérêts,
nous nous retrouverions au commencement : de nouvelles incertitudes, de
nouveaux dangers seraient devant nos portes. Nous espérons pourtant que
cela n'arrivera pas : non seulement en raison des expériences et des ense
ignements que nous avons pu acquérir à l'époque de la guerre froide, mais
aussi parce qu'à l'heure actuelle, marquée par un développement économi
que et technologique puissant, ni l'idéologie, ni les armes, ni les sphères
d'influence n'ont l'importance qu'elles ont eue autrefois. Deviennent donc
de plus en plus nombreuses les raisons de considérer que les processus de
négociation et d'entente, la libération idéologique des aires spirituelles et la
démilitarisation des aires géographiques et politiques, ne constituent pas une
trêve précaire ni une pause, mais une tendance prolongée du développe
ment du monde, avec toutes les hésitations possibles, voire même inévita
bles.
Il serait pourtant absurde de soutenir que, par la fin de la guerre froide et
par le rapprochement mutuel de l'Est et de l'Ouest, les blocs n'ont plus de
signification militaire et politique. Il reste toutefois possible qu'à l'avenir
l'Est et l'Ouest ne préservent que leur notion géographique, tout en
maintenant leurs marques spécifiques historiques et de civilisation, et en
devenant de plus en plus liés par des valeurs, aspirations et intérêts
communs.
La situation traditionnelle de la Yougoslavie entre l'Est et l'Ouest ne perd-
elle pas alors ses raisons ? En effet, depuis plus de quatre décennies, la
Yougoslavie n'est plus à « l'Est » politique. Sa rupture dramatique avec le
modèle et les dogmes du « socialisme réel » est déjà connue. Bien que la
rupture ait été totale, il a fallu longtemps après se libérer des récidives
inévitables — importées ou non. Mais la Yougoslavie n'a pas joint non plus
« l'Ouest » politique, nonobstant les acquisitions de civilisation et le système
de valeurs dits « occidentaux » inhérents à son être. Donc, dans le même
temps, la Yougoslavie cherchait et trouvait des valeurs authentiques et
spécifiques.
Sans perdre cet aspect de vue, nous pouvons dire que la Yougoslavie a
devancé de nombreux événements et développements en Europe, tout en
prenant du retard — si paradoxal que cela puisse paraître — par rapport à I DOCUMENTS : YOUGOSLAVIE I 85 EST
ses propres options et besoins à l'égard de l'Europe et de son rôle en son
sein. La Yougoslavie n'est pas « entre » l'Est et l'Ouest, mais elle est entre
le Nord et le Sud. Elle est entrée dans le monde du développement avec un
pied et l'autre, malheureusement, se débat toujours dans les sables mouv
ants du sous-développement.
Hors des blocs, développée et en voie de développement, sur quoi la
Yougoslavie peut-elle compter, tout en étant consciente du fait qu'elle ne
peut vivre toujours sur ses « lauriers » pour avoir anticipé, par sa politique,
l'évolution actuelle dans le monde dit socialiste et le dépassement des
divisions de blocs et qu'elle ne peut compter éternellement sur la crédibilité
issue du rôle qu'elle avait joué dans la Seconde Guerre mondiale, en 1948,
et grâce au choix de la politique hors-blocs à l'époque des conflits violents
des blocs ?
Elle ne peut compter que sur le rôle qui lui revient d'une manière
objective, fondé sur ses valeurs globales, la capacité de cerner d'une
manière réaliste le présent et l'avenir, en tenant compte de toutes les
expériences du passé. Autrement dit, il lui faut, en harmonie avec ses
possibilités, contribuer au dénouement de nouveaux dilemmes, à la
recherche de voies de sortie, en harmonie avec des valeurs communes.
**
La Yougoslavie se trouve-t-elle à la queue des processus positifs qui sont en
plein essor en Europe de l'Est ? En réponse, nous posons la question :
cette place peut-elle revenir à un pays qui a déjà tant acquis dans les
sphères politique, économique et spirituelle, acquisitions qui restent à réali
ser par les pays de l'Europe de l'Est, à la suite d'un rejet dramatique des
entraves d'un système administratif et autoritaire ? La réponse est à la fois
affirmative et négative. La Yougoslavie ne peut être derrière, parce que,
sur la voie des réformes, elle est allée le plus loin. Mais elle peut l'être
éventuellement, si l'on a en vue le fait que certains pas faits par d'autres
sur la voie des réformes sont plus rapides. La Yougoslavie peut être
comparée aux pays de l'Europe de l'Est, mais i

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