Le Cambodge et les grandes puissances - article ; n°4 ; vol.54, pg 639-653
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Politique étrangère - Année 1989 - Volume 54 - Numéro 4 - Pages 639-653
Cambodia and the Big Powers, by Nayan Chanda
Inability of the big powers to resolve the Cambodia conflict, however, should not obscure the fact that Cambodia has served other interests of the powers. It has helped in China's emergence as a regional power ; it has given the Soviet Union a new position in Asia ; it has given Washington means of consolidating its des with China ; and the conflict has bolstered the non-communist Association of Southeast Asian Nations (ASEAN) to emerge as an influential group in the world scene. This paper seeks to analyse the geopolitical and strategie factors that led the big powers to get involved in the Cambodia conflict ; the effort of the powers to resolve this particular regional conflict ; and the impact of the conflict on big power relations.
L'incapacité des grandes puissances à résoudre le conflit cambodgien ne doit pas cacher le fait que le Cambodge a servi d'autres intérêts des grandes puissances. Il a aidé la Chine à émerger en tant que puissance régionale ; il a fourni à l'Union soviétique l'occasion d'occuper une nouvelle position en Asie ; il a donné à Washington des moyens de consolider ses liens avec la Chine ; et le conflit a permis à l'Association non communiste des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) d'émerger en tant que groupe influent sur la scène mondiale. Le présent article a pour objectif d'analyser les facteurs géopolitiques et stratégiques qui ont conduit les grandes puissances à s'impliquer dans le conflit cambodgien ; les efforts des grandes puissances pour résoudre ce conflit régional particulier ; et l'impact du conflit sur les relations des grandes puissances.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nayan Chanda
Le Cambodge et les grandes puissances
In: Politique étrangère N°4 - 1989 - 54e année pp. 639-653.
Abstract
Cambodia and the Big Powers, by Nayan Chanda
Inability of the big powers to resolve the Cambodia conflict, however, should not obscure the fact that Cambodia has served other
interests of the powers. It has helped in China's emergence as a regional power ; it has given the Soviet Union a new position in
Asia ; it has given Washington means of consolidating its des with China ; and the conflict has bolstered the non-communist
Association of Southeast Asian Nations (ASEAN) to emerge as an influential group in the world scene. This paper seeks to
analyse the geopolitical and strategie factors that led the big powers to get involved in the Cambodia conflict ; the effort of the
powers to resolve this particular regional conflict ; and the impact of the conflict on big power relations.
Résumé
L'incapacité des grandes puissances à résoudre le conflit cambodgien ne doit pas cacher le fait que le Cambodge a servi
d'autres intérêts des grandes puissances. Il a aidé la Chine à émerger en tant que puissance régionale ; il a fourni à l'Union
soviétique l'occasion d'occuper une nouvelle position en Asie ; il a donné à Washington des moyens de consolider ses liens avec
la Chine ; et le conflit a permis à l'Association non communiste des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) d'émerger en tant que
groupe influent sur la scène mondiale. Le présent article a pour objectif d'analyser les facteurs géopolitiques et stratégiques qui
ont conduit les grandes puissances à s'impliquer dans le conflit cambodgien ; les efforts des grandes puissances pour résoudre
ce conflit régional particulier ; et l'impact du conflit sur les relations des grandes puissances.
Citer ce document / Cite this document :
Chanda Nayan. Le Cambodge et les grandes puissances. In: Politique étrangère N°4 - 1989 - 54e année pp. 639-653.
doi : 10.3406/polit.1989.3889
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1989_num_54_4_3889POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 639
Le Cambodge
Nayan CHANDA . _ ,&
et les grandes puissances
Lorsque, au cours de l'hiver 1979, l'armée vietnamienne envahit le
Cambodge et renversa le régime de Pol Pot, le conflit était considéré
par de nombreux observateurs comme une « guerre par procuration »
entre Moscou et Pékin. La signature d'un traité d'amitié entre Hanoi et
l'Union soviétique et la livraison massive de matériel militaire russe qui
avait précédé l'invasion par le Vietnam du Kampuchea démocratique sou
tenu par les Chinois semblaient fournir une crédibilité à cette interprétation.
Mais, dix ans plus tard, lorsque les protagonistes du conflit cambodgien et
leurs soutiens étrangers se sont rencontrés à Paris (juillet-août 1989) pour
négocier un règlement de paix, les efforts se sont brisés sur l'attitude
intransigeante des parties khmères. Malgré une amélioration spectaculaire
de leurs relations, ni les Soviétiques ni les Chinois ne purent imposer un
règlement à leurs alliés récalcitrants. En fait, cette conférence de Paris n'a
fait que confirmer ce qui était amplement indiqué par le déroulement de ce
conflit vieux de onze ans — en dépit d'implications extérieures importantes,
la lutte au Cambodge n'était pas une « guerre par procuration ».
L'incapacité des grandes puissances à résoudre le conflit cambodgien ne doit
toutefois pas cacher le fait que le Cambodge a servi d'autres intérêts des
grandes puissances. Il a aidé la Chine à émerger en tant que puissance
régionale ; il a fourni à l'Union soviétique l'occasion d'occuper une nouvelle
position en Asie ; il a donné à Washington des moyens de consolider ses
liens avec la Chine ; et le conflit a permis à l'Association (non communiste)
des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) d'émerger en tant que groupe
influent sur la scène mondiale.
Le présent document a pour objectif d'analyser les facteurs géopolitiques et
stratégiques qui ont conduit les grandes puissances à s'impliquer dans le
conflit cambodgien ; les efforts des grandes pour résoudre ce régional particulier ; et l'impact du conflit sur les relations des
grandes puissances.
Intérêts des grandes puissances au Cambodge
Comment un pays, pauvre et petit, comme le Cambodge (181 000 km2 et
7 millions d'habitants) a-t-il pu devenir l'arène d'une lutte des grandes
* Maître de recherches au Carnegie Endowment for International Peace, Washington (Etats-
Unis). I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 640
puissances ? La réponse est simple : en raison de sa situation géographique.
Le Cambodge se trouve être à cheval sur la faille où viennent se rencontrer
ce que l'on pourrait appeler les plaques tectoniques des ambitions régionales
et, par extension, de la lutte globale entre les superpuissances. Toutefois, le
Cambodge ne s'est pas contenté d'être une victime passive des interférences
étrangères. Les tensions internes et la volatilité du Cambodge ont été un
élément-clef pour amener les puissances étrangères à intervenir. Si l'élite
cambodgienne ne s'était pas tournée contre son dirigeant patriarcal, le
prince Norodom Sihanouk, et si les luttes intestines entre les différents
éléments de gauche du Cambodge n'avaient pas été si intenses, les possibil
ités d'interventions étrangères auraient été limitées.
Un témoignage de la vulnérabilité du faible Cambodge se retrouve dans le
fait que ses récents dirigeants — du roi Ang Duong à Norodom Sihanouk
et à Pol Pot — ont dû faire appel à des puissances éloignées pour qu'elles
interviennent et protègent leur pays. Les interventions qui s'en sont suivies
ont plus servi les puissances étrangères que le Cambodge.
Rôle de la Chine
La Chine, qui a longtemps considéré le Cambodge comme un vassal
tributaire, était tout à fait décidée à être garante de son indépendance, car
cela lui semblait renforcer dans le même temps sa propre sécurité. Depuis
la conférence de Genève en 1954, la Chine s'est efforcée de soutenir
l'indépendance et la neutralité du Cambodge, même aux frais de son allié
idéologique, le Nord- Vietnam. Son intervention directe dans la lutte a
donné à la Chine les atouts lui permettant de contrôler l'ambition vietna
mienne. La domination de l'Indochine par une seule puissance — Hanoi —
n'aurait pas seulement détruit l'équilibre régional, mais aurait également été
préjudiciable à tout le monde, a dit Sihanouk au premier chinois, Zhou
Enlai, et ce dernier a acquiescé. « // faut que les Etats Indochinois restent
tout à fait indépendants. La Chine s'y emploiera », a répondu Zhou à
Sihanouk [1].
Le même calcul stratégique, qui était à la base de la politique chinoise de
coopération étroite avec le royaume du Cambodge sous Sihanouk, s'est
retrouvé dans l'aide de Pékin au Kampuchea démocratique de Pol Pot. Au
lieu d'empêcher l'émergence d'une influence américaine en Indochine, le
nouvel objectif était de bloquer l'hégémonie vietnamienne et l'encerclement
de la Chine par les Soviétiques avec l'aide de Hanoi.
Au cours des mois qui ont suivi la victoire des Khmers rouges, la Chine a
fourni au Cambodge une aide de 1 milliard de dollars américains. Dans le
même temps, Pékin refusait une nouvelle aide au Vietnam sous le prétexte
de difficultés économiques. Bien que le leadership pragmatique qui émerg
eait en Chine en 1978 ait été gêné par la politique ultra-gauchiste poursuiv
ie par les Khmers rouges, la Chine a néanmoins offert son assistance totale
à Phnom Penh dans sa confrontation avec le Vietnam. Une aide militaire
massive a commencé au début de 1978 [2] avec l'envoi de centaines de
conseillers au Cambodge et de centaines d'autres en Chine pour y être
formés. Malgré les problèmes que lui posait la politique « provocante » des
Khmers rouges à l'égard du Vietnam, Pékin ne pouvait pas se permettre de
voir Hanoi assujettir le Kampuchea démocratique et ainsi établir sa supré- I LES GRANDES PUISSANCES I 641 CAMBODGE
matie sur l'Indochine. Si le Cambodge était devenu une partie du bloc
i

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