Le dépérissement de l Etat soviétique - article ; n°4 ; vol.55, pg 799-811
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le dépérissement de l'Etat soviétique - article ; n°4 ; vol.55, pg 799-811

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1990 - Volume 55 - Numéro 4 - Pages 799-811
The Soviet State Into Pieces by Roland Lomme and Philippe Méchet
The dismantling of the Soviet Union is unavoidable and imminent. The federal state existence is already little more than a fiction. The Russian people and the central power are less and less opposed to the intensifying national aspirations and growing claims for independence from the nations of the Union. But all the federate states are threatened in their territorial integrities and the dismantling of the Union calls into question its inside and outside borders. If tomorrow's independent states are convinced that common security system is needed, it is excluded for it to be under the aegis of some avatar of the Soviet state.
Le démembrement de l'Union soviétique est inévitable et imminent. L'existence de l'Etat fédéral est d'ores et déjà en partie fictive. Le peuple russe et le pouvoir central opposent de moins en moins de résistance à la radicalisation des aspirations nationales et aux revendications indépendantistes de plus en plus nombreuses des peuples de l'Union. Mais tous les Etats fédérés sont eux-mêmes menacés dans leur intégrité et le démembrement de l'Union provoque déjà la remise en cause de ses frontières intérieures et extérieures. Si les futurs Etats indépendants sont convaincus de la nécessité d'un système de sécurité collective, il est exclu qu'ils consentent à ce que celui-ci soit placé sous l'égide d'un quelconque avatar de l'Etat soviétique.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Roland Lomme
Mechet
Le dépérissement de l'Etat soviétique
In: Politique étrangère N°4 - 1990 - 55e année pp. 799-811.
Abstract
The Soviet State Into Pieces by Roland Lomme and Philippe Méchet
The dismantling of the Soviet Union is unavoidable and imminent. The federal state existence is already little more than a fiction.
The Russian people and the central power are less and less opposed to the intensifying national aspirations and growing claims
for independence from the nations of the Union. But all the federate states are threatened in their territorial integrities and the
dismantling of the Union calls into question its inside and outside borders. If tomorrow's independent states are convinced that
common security system is needed, it is excluded for it to be under the aegis of some avatar of the Soviet state.
Résumé
Le démembrement de l'Union soviétique est inévitable et imminent. L'existence de l'Etat fédéral est d'ores et déjà en partie
fictive. Le peuple russe et le pouvoir central opposent de moins en moins de résistance à la radicalisation des aspirations
nationales et aux revendications indépendantistes de plus en plus nombreuses des peuples de l'Union. Mais tous les Etats
fédérés sont eux-mêmes menacés dans leur intégrité et le démembrement de l'Union provoque déjà la remise en cause de ses
frontières intérieures et extérieures. Si les futurs Etats indépendants sont convaincus de la nécessité d'un système de sécurité
collective, il est exclu qu'ils consentent à ce que celui-ci soit placé sous l'égide d'un quelconque avatar de l'Etat soviétique.
Citer ce document / Cite this document :
Lomme Roland, Mechet. Le dépérissement de l'Etat soviétique. In: Politique étrangère N°4 - 1990 - 55e année pp. 799-811.
doi : 10.3406/polit.1990.3990
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1990_num_55_4_3990POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 799
Le dépérissement Roland LOMME *
et Philippe MECHET de l'Etat soviétique
Les péripéties de la crise nationale et de celle de l'Etat en URSS ont
été amplement analysées et commentées [1]. L'exposé des faits n'est
donc plus indispensable. Rares en revanche sont les observateurs
occidentaux ou soviétiques qui se sont hasardés à prédire l'aboutissement du
processus en cours et le devenir de ce qui constitue aujourd'hui encore
l'Union soviétique après le dépérissement de l'Etat fédéral. Or, la prévision
des faits s'impose d'autant plus que le cours des événements s'accélère, que
le dénouement imminent de la crise de l'Etat soviétique aura une incidence
déterminante sur l'équilibre stratégique en Europe, au Moyen-Orient, en
Asie et sur l'ensemble de la scène internationale.
Le dépérissement de l'Etat soviétique est irrépressible. Il est d'ailleurs
revendiqué non seulement dans les républiques dites périphériques de
l'Union, mais en Russie même. La préservation d'une « confédération »,
voire d'une « communauté » d'Etats souverains au prix de la révision du
traité d'Union qui associe les républiques fédérées d'URSS depuis 1922, est
illusoire. En dépit d'un discours de façade, le pouvoir central s'est déjà
résolu au démembrement de l'« Empire » et y concourt délibérément. Mais
la crise de l'Etat fédéral est aussi et déjà celle des Etats fédérés. Le
dépérissement de l'Etat soviétique provoquera inévitalement une remise en
cause globale des frontières intérieures et extérieures des Etats de l'Union.
Quel nouvel ordre régional de sécurité écartera le risque de balkanisation
de ce qui succédera sous peu à l'URSS ?
Le triomphe du cartiérisme
On suppose généralement que le peuple russe est nécessairement attaché à
l'intégrité de l'Union, c'est-à-dire à la préservation de l'empire colonial dans
lequel il exerce sa domination. On suppose aussi le pouvoir central indéfec-
tiblement attaché à la pérennité de l'Etat soviétique qui est la condition
même de sa propre existence.
Or, les Russes et le pouvoir central n'opposent qu'une faible résistance aux
revendications indépendantistes qui s'expriment dans la plupart des républi
ques fédérées, non pas seulement qu'ils soient impuissants à les contrarier,
* Directeur général de l'Institut Louis Harris, France.
** Chargé de mission auprès du président de la Commission de la défense à l'Assemblée
nationale. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 800
mais parce qu'eux-mêmes sont de plus en plus acquis à l'idée même du
démembrement de l'Union. L'évolution de leur attitude est analogue à celle
des opinions et des autorités métropolitaines dans les processus de décoloni
sation antérieurs, elle procède des mêmes causes et s'accélère à un rythme
comparable. Dans l'ouvrage qu'il a consacré à l'idée coloniale en France,
Raoul Girardet distinguait quatre types d'anticolonialisme, « un anticolonia
lisme de formulation et d'aspiration révolutionnaire, un anticolonialisme de
protestation morale, un anticolonialisme de repli hexagonal et un de grandeur nationale » [2]. Les deux derniers, les plus décisifs, ont
d'ores et déjà conquis une large part de l'opinion en Russie soviétique.
« // n'y a des Flandres au Congo que la loi, une seule nation... »
Le pouvoir gorbatchévien est fondamentalement jacobin. Or son jacobi
nisme même, parce qu'il est irrémédiablement contrarié par le cours des
événements, est sans doute paradoxalement ce qui l'incite à se résigner au
démembrement de l'Union. Mikhaïl Gorbatchev s'efforce, jusqu'au prin
temps 1990, de faire de l'Union soviétique tout entière un seul et unique
Etat-nation, conformément au projet léniniste. Lénine consentit à fédérali-
ser le système soviétique, mais seulement comme une concession provisoire
aux revendications nationales, comme un détour obligé, « une étape vers la
fusion volontaire » des nations. Ses successeurs ont tous proclamé leur
volonté de parachever un processus qu'ils prétendaient en outre largement
accompli déjà, même s'ils s'inquiétaient parfois, comme Leonid Brejnev et
Youri Andropov, de la résurgence des revendications nationales. En réalité,
depuis 1917, nombreux furent les méandres de la politique nationale et les
concessions au sentiment national des peuples de l'Union [3]. Leonid Brej
nev a plus que tous ses prédécesseurs généralisé et pérennisé ces dérogat
ions au principe d'unité.
« La fusion des nations » est étrangère au discours du pouvoir gorbatchévien
qui se distingue en revanche par une volonté farouche de rétablir l'unité des
principes idéologiques et des normes politiques qui régissent les peuples de
l'Union. Il s'emploie rapidement à détrôner les potentats locaux pour
mettre un terme aux violations de la « légalité socialiste » qu'ils incarnent,
mais ne parvient qu'à exacerber les revendications nationales. En fait, de
plus en plus dépourvu de tout pouvoir de contrôle sur les organes dirigeants
du Parti et de l'Etat dans les républiques périphériques, le pouvoir central
ne peut sauvegarder l'intégrité de l'Etat fédéral que s'il renonce à l'unité du
régime politique. Mais, pour un jacobin convaincu, le principe d'unité ne
prévaut-il pas sur toute autre considération, y compris sur le souci de
l'intégrité de l'Empire ?
Le pouvoir gorbatchévien a été manifestement tenté de préserver l'intégrité
de l'Etat soviétique, c'est-à-dire de contrarier l'aspiration de certaines répu
bliques fédérées à l'indépendance en exigeant le respect en leur sein de
l'autonomie territoriale des minorités nationales dont elles sont peuplées
ainsi que l'autonomie extra-territoriale des peuples dispersés sur tout le
territoire de l'Union. Le pouvoir central s'ingénie donc 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents