Le différend sino-sovétique et l Europe - article ; n°5 ; vol.29, pg 518-530
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le différend sino-sovétique et l'Europe - article ; n°5 ; vol.29, pg 518-530

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1964 - Volume 29 - Numéro 5 - Pages 518-530
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Klaus Mehnert
Le différend sino-sovétique et l'Europe
In: Politique étrangère N°5-6 - 1964 - 29e année pp. 518-530.
Citer ce document / Cite this document :
Mehnert Klaus. Le différend sino-sovétique et l'Europe. In: Politique étrangère N°5-6 - 1964 - 29e année pp. 518-530.
doi : 10.3406/polit.1964.2261
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1964_num_29_5_2261LE DIFFÉREND SINO-SOVIÉTIQUE
ET L'EUROPE (1)
Le différend entre les Russes et les Chinois est, semble-t-il,
à l'avantage du monde communiste ; il serait en tout cas
désavantageux pour nous qu'ils réussissent à rétablir leurs
relations sur le mode amical qui existait entre eux aupa
ravant. Dans ces conditions, la question est de savoir ce que
l'Occident — l'Occident considéré comme un tout, et les pays
pris individuellement — doit faire pour maintenir la situation
actuelle.
Certes, le différend entre Pékin et Moscou a eu aussi des
inconvénients pour l'Occident : par exemple Khrouchtchev
et l'Union Soviétique sont apparus pour nombre de non-
communistes comme moins dangereux, moins « radicaux »,
moins révolutionnaires, du fait du conflit qui séparai!
l'URSS et la Chine. Les Chinois apparaissaient si révolu
tionnaires, « radicaux » et excessifs que quiconque se querell
ait avec eux paraissait être modéré. On a entendu dire,
parfois, que Khrouchtchev était pratiquement désormais
devenu l'un des nôtres du fait de son différend avec la Chine.
Et cela en conséquence impliquait une sous-estimation des
dangers que représentait la politique de Khrouchtchev et !a
politique de l'URSS. Le différend entre Pékin et Moscou, s'i'
n'a pas créé de différends à l'intérieur du camp occidental,
nous a probablement conduits à nous quereller avec moins
de retenue en pensant que « puisqu'ils se querellaient, nous
(1) Cet exposé de M. Klaus Mehnert, professeur d'économie politique à la Technische
Hochschule d'Aix-la-Chapelle, auteur de « L'Homme soviétique » (Pion). « Pékin et
Moscou » (Stock), a été prononcé en novembre 1964 au Centre d'études de politique
étrangère. LE DIFFÉREND SINO-SOVIKTIQUE 519
n'étions plus autant contraints qu'auparavant de nous serrer
les coudes ».
Ainsi le différend a eu aussi des désavantages pour le
monde non communiste, mais les avantages surpassent consi
dérablement les inconvénients ; les étant que nou*
n'avons plus en face de nous un bloc, un camp monolithique,
immense, solide, allant du cœur de l'Allemagne à l'Océan
Pacifique, comptant un milliard d'hommes organisés sous
une seule volonté ; mais que nous avons au contraire un
camp communiste en train de se désintégrer.
Si tel est bien le cas, si notre intérêt est de maintenir r«,
camp désintégré, que devons-nous faire ? Un point doit être
mentionné à ce propos : il s'agit de nos relations avec la
Chine. Tous les pays ont des relations avec Moscou, mais
beaucoup n'ont pas de relations avec Pékin. Parmi ceux qui
n'en ont pas figure le membre le plus important des pays
occidentaux, les Etats-Unis d'Amérique. Ainsi l'une de*
questions que nous devons nous poser est la suivante : les
pays européens et l'Occident dans son ensemble devraient-ils
établir des relations avec Pékin ? Je suis de cet avis, non
seulement en ce qui concerne ceux qui ont déjà des relations
diplomatiques avec Pékin, mais aussi en ce qui concerne
ceux qui n'en ont pas encore. Je pense que lorsque vous avez
un adversaire dangereux, et que cet adversaire se divise en
deux, il est alors plus sage d'avoir des relations avec les
parties de votre adversaire plutôt que de n'en avoir qu'avec
l'une d'elles. Dans cette mesure je n'ai pas d'objections à
formuler contre la décision politique française de rétablir des
relations diplomatiques avec la Chine ; j'aurais été plus
heureux si cette décision n'avait pas accru les tensions
existantes dans le camp occidental et si la reconnaissance
par Paris de la Chine communiste était intervenue dans des
conditions différentes. Mais, les choses étant ce qu'elles sont,
je ne puis rien y objecter et je pense que Bonn devrait agir
de même. Au moins de même jusqu'à un certain point,
puisque nous n'avons pas l'intention, quelle que soit l'action 520 KLAUS MEIINEJiT
à laquelle nous nous résolvons, d'envoyer un ambassadeur à
Pékin, de même que nous n'avons pas envoyé d'ambassadeurs
à Varsovie ou à Budapest. La raison en est que nous ne
voulons pas envoyer un ambassadeur de Bonn dans les capi
tales où il y a déjà un de Berlin-Est, parce que
cela impliquerait l'existence de deux Allemagnes. Il y a. à
cela une exception bien entendu en ce qui concerne Moscou,
mais c'est pour des raisons évidentes ; il n'y a pas d'autre
exception.
Cependant, de la même manière que nous avons été en
mesure d'établir des relations assez étroites avec Bucarest,
Budapest, Sofia, Varsovie — et j'espère que nous en ferons
bientôt autant avec Prague — de même pourrions
échanger avec Pékin des missions commerciales ou toutes
autres sortes de représentations, à l'exception d'ambassadeurs,
afin d'avoir des relations, un contact, et par conséquent des
moyens d'action politique, non seulement à l'égard d'une des
parties de ce camp qui se désintègre, mais aussi avec l'autre.
Cette position qui m'est personnelle n'a pas été modifiée
par la chute de Khrouchtchev. Même si l'on suppose que les
relations entre Moscou et Pékin devaient s'améliorer, je pense
que ma théorie et la politique que le gouvernement français
a adoptée seraient correctes ; et d'autre part, en ce qui me
concerne, je ne m'attends pas à une amélioration substantielle
et rapide des relations sino-soviétiques.
Une autre conséquence du différend sino-soviétique qui
est partout à notre avantage est l'émancipation croissante des
Etats européens qui appartiennent ou appartenaient au
« camp socialiste ». Sans le différend sino-soviétique, nous ne
verrions pas la Roumanie devenir si indépendante, ou du
moins devenir de plus en plus indépendante et assez coura
geuse pour envoyer son Premier ministre à Paris, son Secré
taire d'Etat à Vienne pendant que son ministre de la plani
fication était à Washington. Tout cela, les Roumains n'au
raient pas osé le faire s'ils n'avaient pu utiliser le différend
sino-soviétique. L'émancipation des Etats de l'Europe de LE DIFFÉREND SINO-SOVIETIQUE 521
l'Est est un effet direct de la querelle entre Moscou et Pékin,
et il est dans l'intérêt des pays non communistes que cette
émancipation se poursuive. En fait j'ai visité, en octobre
1964^ c'est-à-dire au moment de la chute de Krouchtchev,
les pays de l'Europe de l'Est, et j'ai pu constater que les
populations s'inquiétaient de cette chute, parce qu'elles ne
savaient pas si leur émancipation pourrait se poursuivre.
Ils estiment en effet que si les relations sino-soviétiques
s'amélioraient jusqu'à un certain degré, alors ils ne seraient
plus en mesure de jouer de l'un contre l'autre, et leur liberté
de manœuvre se trouverait beaucoup plus réduite qu'elle ne
l'était. Quelle que soit cette liberté de manœuvre dont ils
disposent, ils souhaitent en user et nous devons les aider à
en user ; c'est pourquoi, en Allemagne, nous sommes
heureux de voir que votre gouvernement améliore ses rela
tions, qui sont déjà très bonnes, avec les pays de l'Europe
orientale, et quelles que soient les critiques qui s'expriment
en République Fédérale sur l'actuel ministre des Affaires
étrangères, M. Schroeder, ces critiques ne concernent pas,
ou du moins très peu, sa politique « orientale » qui tend à
établir des missions commerciales ou tout autre type d'insti
tutions dans les pays de l'Europe de l'Est. Nous considérons
cette orientation comme intelligente et justifiée et elle a
l'appui du pays dans son ensemble. Il y a bien quelques diffi
cultés avec les organisations de réfugiés en ce qui concerne

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents