Le rôle de la méthode dans l évaluation à travers l expérience du Conseil scientifique de l évaluation en France - article ; n°3 ; vol.10, pg 83-102
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le rôle de la méthode dans l'évaluation à travers l'expérience du Conseil scientifique de l'évaluation en France - article ; n°3 ; vol.10, pg 83-102

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politiques et management public - Année 1992 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 83-102
La place de la méthode dans l'évaluation est aujourd'hui l'objet en France soit d'une fétichisation (pour qu'une évaluation soit bonne et que ses conclusions soient acceptées il faut et il suffit que ses méthodes d'investigation soient indiscutables) soit d'un excès d'indignité (aucune méthode n'étant scientifiquement parfaite, l'évaluation serait d'abord un processus d'expression et de négociation social). Cet article se propose d'analyser l'origine de ces deux positions, et de mieux préciser les rôles possibles de la méthode, notamment en distinguant les méthodes des travaux d'évaluation (réalisés par des chercheurs, experts ou consultants) et les choix méthodologiques résultant de la conduite d'un projet d'évaluation par les commanditaires. Il s'appuie sur les deux premières années d'expérience du conseil scientifique de l'évaluation, créé par décret du président de la république le 22 janvier 1990.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sylvie Trosa
Le rôle de la méthode dans l'évaluation à travers l'expérience du
Conseil scientifique de l'évaluation en France
In: Politiques et management public, vol. 10 n° 3, 1992. pp. 83-102.
Résumé
La place de la méthode dans l'évaluation est aujourd'hui l'objet en France soit d'une fétichisation (pour qu'une évaluation soit
bonne et que ses conclusions soient acceptées il faut et il suffit que ses méthodes d'investigation soient indiscutables) soit d'un
excès d'indignité (aucune méthode n'étant scientifiquement parfaite, l'évaluation serait d'abord un processus d'expression et de
négociation social). Cet article se propose d'analyser l'origine de ces deux positions, et de mieux préciser les rôles possibles de
la méthode, notamment en distinguant les méthodes des travaux d'évaluation (réalisés par des chercheurs, experts ou
consultants) et les choix méthodologiques résultant de la conduite d'un projet d'évaluation par les commanditaires. Il s'appuie sur
les deux premières années d'expérience du conseil scientifique de l'évaluation, créé par décret du président de la république le
22 janvier 1990.
Citer ce document / Cite this document :
Trosa Sylvie. Le rôle de la méthode dans l'évaluation à travers l'expérience du Conseil scientifique de l'évaluation en France. In:
Politiques et management public, vol. 10 n° 3, 1992. pp. 83-102.
doi : 10.3406/pomap.1992.3065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1992_num_10_3_3065RÔLE DE LA MÉTHODE DANS L'ÉVALUATION LE
À TRAVERS L'EXPÉRIENCE DU CONSEIL SCIENTIFIQUE
DE L'ÉVALUATION EN FRANCE
Sylvie TROSA
Résumé La place de la méthode dans l'évaluation est aujourd'hui l'objet en France soit
d'une fétichisation (pour qu'une évaluation soit bonne et que ses conclusions
soient acceptées il faut et il suffit que ses méthodes d'investigation soient
indiscutables) soit d'un excès d'indignité (aucune méthode n'étant
scientifiquement parfaite, l'évaluation serait d'abord un processus
d'expression et de négociation social). Cet article se propose d'analyser
l'origine de ces deux positions, et de mieux préciser les rôles possibles de la
méthode, notamment en distinguant les méthodes des travaux d'évaluation
(réalisés par des chercheurs, experts ou consultants) et les choix
méthodologiques résultant de la conduite d'un projet d'évaluation par les
commanditaires. Il s'appuie sur les deux premières années d'expérience du
conseil scientifique de l'évaluation, créé par décret du président de la
république le 22 janvier 1990.
* Conseil Scientifique de l'Evaluation.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 10, n° 3, septembre 1992.
© Institut de Management Public - 1992. 84 Sylvie TROSA
Ce point a toujours été l'objet de débat : y a-t-il des méthodes spécifiques à
l'évaluation ou l'évaluation se sert-elle de méthodes (statistiques, de
sciences sociales...) déjà existantes ? La réponse sera à mi-chemin des deux
points de vue : il existe des modes de travail propres à l'évaluation ainsi qu'un
usage raisonné de méthodologies existantes en fonction des problèmes
évalués. Elle est nécessairement double parce que le mot même évaluation
comporte deux enjeux : le point de vue du commanditaire et le point de vue de
celui qui réalise les travaux d'évaluation.
Dans l'état actuel des travaux et expériences d'évaluation plusieurs
questions surgissent :
- la méthode est-elle un enjeu central ou une question accessoire de nature
purement instrumentale (ce qu'affirme une tendance forte de la pensée
évaluative actuelle notamment e.g. guba et y. s. lincoln 1) ?
- qu'entend-on par méthode ? La méthode est-elle exclusivement le fait des
techniques mises en œuvre dans les travaux des chargés d'évaluation
(ceux qui effectuent les études concrètes) ou recouvre-t-elle également
l'ensemble des principes liés à la construction d'un projet cohérent
d'évaluation et à la démarche d'évaluation ?
- les techniques des travaux sont-elles différentes de
l'ensemble des sciences et des savoirs existants ? Si tel n'est pas le cas,
qu'est-ce qui constitue la spécificité de l'évaluation ?
Nous tenterons de développer plusieurs points :
a) La question de la méthode est centrale en matière d'évaluation, parce que
l'évaluation, telle Janus, a deux faces : celle de la production d'un savoir, qui
suppose des garanties de rigueur, et celle de l'aide à la décision qui l'oriente
vers l'utilité et la pertinence pour les acteurs sociaux et politiques. Si l'on ne
peut postuler l'incompatibilité de ces deux exigences, du moins leur harmonie
n'est-elle pas acquise d'emblée. De plus, évaluer revient en quelque sorte à
délivrer un message qui argue du fait que la décision politique n'est plus
entièrement arbitraire mais scientifiquement fondée, ce qui polarise l'attention
critique sur la qualité de ce fondement : l'expérience, notamment américaine,
montre que les contestations et débats publics autour des résultats
d'évaluation portent moins sur leurs conclusions que sur les méthodes de
travail employées.
b) Entre les deux sensibilités dominantes de l'évaluation qui sont celles du
scientisme, c'est-à-dire de la capacité à produire des connaissances en
faisant abstraction des logiques d'action et du jeu social des partenaires de la
politique à évaluer, et celle de l'évaluation "constructiviste" (guba et lincoln)
qui définit l'évaluation comme un processus de mise en évidence et de
négociation des représentations autonome et séparé de toute préoccupation
d'objectivité, telle que la définit le Conseil scientifique de
E.G. Guba et Y.S. Lincoln, Fourth Génération Evaluation, SAGE, Londres, 1989. Le rôle de la méthode dans l'évaluation à travers l'expérience 85
du Conseil scientifique de en France
l'évaluation (CSE 1), suivant en cela certaines tendances actuelles de
l'épistémologie des sciences sociales (notamment R. boudon), se trouve au
carrefour (carrefour problématique certes et difficile) de la production du
savoir et de son utilité sociale 2. La méthode en évaluation consistera alors à
travailler les deux versants, celui de la scientificité de l'élaboration des
connaissances et celui de l'usage social de ces mêmes connaissances (qui
adjoint aux techniques utilisées dans les travaux de terrain la nécessité d'une
réflexion stratégique et déontologique).
c) La méthode recouvre deux niveaux : la méthode d'élaboration du projet
d'évaluation et les méthodes propres aux travaux, différentes selon chaque
politique publique évaluée. En ce qui concerne ce deuxième volet, notre
hypothèse sera qu'il n'existe pas une méthode (en tant que technique des
travaux) qui soit nécessairement corrélée avec une politique publique
déterminée : l'ensemble des méthodes peuvent d'un point de vue scientifique
être mises en œuvre sur tout type de politique publique (un problème peut être
examiné d'un point de vue financier, ethnométhodologique, de sociologie des
organisations...) sous deux réserves :
- n'importe quelle méthode ne peut répondre à n'importe quel objectif
d'évaluation (avoir des résultats exhaustifs, par exemple, ne pourra faire
l'impasse sur un minimum de statistiques) ; mais ici la corrélation n'est pas
liée à l'analyse intrinsèque des méthodes, dont certaines seraient
supérieures à d'autres, mais à la finalité pratique assignée à l'évaluation. Il
en résulte que la définition et la responsabilité de la cohérence d'une
problématique relèvent de l'expert ou du chercheur et non des
administrations responsables (il y a une déontologie de la séparation des
rôles avec le commanditaire).
Pour le formuler autrement, l'inflexion des méthodes, des approches
conceptuelles en matière d'évaluation n&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents