Les difficultés économiques de la Grande-Bretagne - article ; n°1 ; vol.32, pg 48-67
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Description

Politique étrangère - Année 1967 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 48-67
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mario Levi
Les difficultés économiques de la Grande-Bretagne
In: Politique étrangère N°1 - 1967 - 32e année pp. 48-67.
Citer ce document / Cite this document :
Levi Mario. Les difficultés économiques de la Grande-Bretagne. In: Politique étrangère N°1 - 1967 - 32e année pp. 48-67.
doi : 10.3406/polit.1967.2192
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1967_num_32_1_2192LES DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES
DE LA GRANDE-BRETAGNE
Depuis le début des années cinquante, la Grande-Bretagne
s'est trouvée dans l'impossibilité de concilier d'une manière
durable un taux d'expansion satisfaisant avec l'équilibre de sa
balance des paiements avec l'extérieur.
Sur le plan de la politique conjoncturelle, cette impossibilité
s'est traduite par une série d'interventions visant, tantôt à frei
ner, sinon à « casser », l'expansion, pour arrêter une hémorrag
ie de devises qui menaçait la stabilité de la livre, tantôt à
relancer la production, après une phase de stagnation plus ou
moins prolongée. C'est le « stop-go », si souvent dénoncé par
les dirigeants travaillistes, avant qu'ils n'aient fait eux-mêmes
l'amère expérience du pouvoir.
Aussi bien, si l'on décrit l'évolution de l'économie britannique
au moyen d'une courbe, celle-ci apparaît entrecoupée, à des
intervalles assez rapprochés, par des infléchissements et par des
phases d'étalement prolongées qui lui donnent une apparence
beaucoup plus irrégulière et rendent son ascension sensiblement
moins rapide que celle des autres pays européens. C'est ainsi
que de 1952 à 1958 la production de la Grande-Bretagne n'a
augmenté que de 2,9 % par an et de 1958 à 1965, de 3,9 %
par an, alors que celle de la France, à titre d'exemple, augment
ait de 5,3 % et de 4,9 % par an respectivement.
Les causes de cette situation bien connue sont multiples et
complexes et, ce qui ne facilite guère l'analyse, partiellement
interdépendantes. Nous nous proposons d'en examiner ici les
principales : celles, tout d'abord, qui ressortissent aux relations ECONOMIE BRITANNIQUE 49
avec le monde extérieur, celles ensuite qui relèvent des struc
tures internes de l'économie du pays.
En 1938 et en 1948, les exportations britanniques représent
aient 12,5 % environ des mondiales. En 1953
cette proportion était tombée à 10,2 % et en 1960 à 7,9 %.
En 1964, elle n'est plus que de 7,1 %. Si l'on se borne aux
seuls produits manufacturés (qui représentent environ 85 %
des exportations britanniques) et aux années les plus récentes,
l'affaiblissement est peut-être encore plus marqué. En 1955, les
exportations britanniques de produits manufacturés représent
aient, avec 2.392 millions de livres, 20 % des exportations
mondiales de cette catégorie de produits. Dix ans plus tard, en
1965, elles étaient passées à 3.993 millions de livres, soit un
accroissement d'environ 5 % par an. Entre temps, toutefois,
les exportations des autres pays concurrents de la Grande-Bret
agne avaient augmenté à un rythme d'environ deux fois plus
rapide, si bien que la part de la Grande-Bretagne dans les export
ations mondiales de produits manufacturés n'était, en 1965,
que de moins de 14 %.
Il s'agit là — il importe de le souligner — d'un cas à peu
près unique en Europe. Tous les autres pays européens ont en
effet maintenu ou amélioré la position relative de leurs exportat
ions par rapport à l'avant-guerre (France : 4,1 % en 1938 —
5,2 % en 1964 ; Italie : 2,6 % et 3,4 % ; Pays-Bas : 2,8 %
et 3,3 % ; Belgique : 3,5 % et 3,2 %, etc.) (1). Quant aux
exportations de produits manufacturés, l'Allemagne a vu passer
sa part de 15,5 % en 1955 à 19,4 % en 1965 ; l'Italie de 3,4 %
h. 6,9 %, tandis que la France maintenait à peu près la sienne
(9,3 % et 8,9 % respectivement).
(1) Si la part de l'Allemagne a légèrement diminué en passant de 10,8 % à
9,3 %, c'est qu'en 1938 le Grand Reich comprenait l'Allemagne de l'est, l'Autriche,
les provinces orientales, etc. LEVI 50
Cette évolution est étroitement liée à l'orientation des échan
ges extérieurs du Royaume-Uni : elle tient, dans une large mes
ure, bien que non exclusivement, au fait qu'une fraction trop
élevée des exportations britanniques a été dirigée sur des pays
producteurs de produits primaires dont la propension à import
er est relativement faible par rapport à celle des pays indust
rialisés.
Parmi ces pays, il faut placer en premier lieu les pays de la
zone de la livre. En 1955, la moitié exactement des exportations
britanniques de produits manufacturés (et 45 % environ des
exportations britanniques totales), prenaient cette direction. A
peine plus d'un quart était destiné à l'Europe occidentale et
6 % à l'Amérique du Nord. Or, les importations des pays de la
zone de la livre ne se sont accrues, entre 1955 et 1965, que de
5,5 % par an, alors que celles de l'Europe occidentale et de
l'Amérique du Nord ont augmenté, au cours de cette même
période, de 12 % et de 11 % par an, respectivement.
Par ailleurs, quelques faits méritent d'être relevés ici :
1) — L'orientation trop exclusive des échanges vers les pays
de la zone de la livre est, comme on l'a dit, une des causes,
mais non la seule, de l'affaiblissement relatif du commerce exté
rieur britannnique. Cet affaiblissement affecte, en effet, non
seulement la place de la Grande-Bretagne sur le marché mond
ial dans son ensemble, mais aussi sa place sur chaque marché
pris séparément, qu'il s'agisse des pays en voie de développe
ment, producteurs de produits primaires, ou des pays industrial
isés, comme ceux de la C.E.E., de l'A.E.L.E. ou d'Amérique
du Nord.
Les chiffres suivants, tirés d'une étude récente du Board of
Trade Journal (1) sont, à cet égard, significatifs.
(1) Economist du 26-11-1966. ECONOMIE BRITANNIQUE 51
Croissance des exportations de produits manufacturés
par marchés (1955 - 1964)
(pourcentage d'augmentation moyenne annuelle)
Pays exportateurs
Moyenne Pays importateurs Grande-Bretagne Allemagne mondiale
Japon 19,5 19,5 20,5
Bloc sino-soviétique .... 16,5 15,5 15,5
C. E. E 14,5 10 15,5
A. E. L. E 10 8,5 10
U.S.A 10 8,5 14
4 11,5 Canada 5
Pays producteurs de pro
duits primaires 5,5 2,5 7,5
5,0 11,5 Ensemble 9,0
Si les exportations britanniques ont augmenté moins que
celles des autres pays sur presque tous les marchés, cela veut
dire qu'elles n'étaient pas seulement mal orientées, mais qu'elles
étaient aussi insuffisamment compétitives. Nous aborderons
plus loin cet aspect du problème, qui relève de la situation
interne de l'économie britannique.
2) — Les inconvénients d'une orientation trop marquée des
échanges vers les pays à production primaire, comme le sont en
général les pays de la zone de la livre, ont été aggravés du fait
que la chute relative des exportations britanniques a été encore
plus accentuée dans ces pays que dans le reste du monde.
Au cours de la période considérée, les ventes de produits
manufacturés de la Grande-Bretagne dans les pays de la zone
de la livre n'ont augmenté eh moyenne que de 0,5 % par an,
alors que celles de l'Allemagne augmentaient de 8,5 % par an
et celles des Etats-Unis, favorisées par la libération des import
ations et par le programme d'aide du gouvernement américain
à ces pays, de 12,5 %. Sans doute, les exportations, tant de
l'Allemagne que des Etats-Unis, partaient-elles de niveaux très
bas. Il n'en reste pas moins que certains pays, comme la Nouv
elle Zélande et l'Inde, réalisent aujourd'hui, même en valeur 52 LEVI
absolue, un chiffre d'importation de produits manufacturés, en
provenance de la Grande-Bretagne, plus bas qu'il y a dix ans.
Les causes de cette évolution sont en partie d'ordre économi
que (manque de compétitivité comme on l'a dit) et en partie
d'ordre politique. Tous les pays de la zone de la livre ainsi que,
en général, tous les pays à production primaire, s'efforcent de
diversifier, en même temps que leurs débouchés, leurs sources
d'approvisionnement, de manière à rendre leur économie moins
dépendante de celle,

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