Les dilemmes de la politique américaine vis-à-vis des Rogue States - article ; n°1 ; vol.65, pg 67-80
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Politique étrangère - Année 2000 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 67-80
The Dilemmas of US Policy Toward Rogue States, by Meghan O'Sullivan With the passage of the cold war, the United States increasingly focused its attention on threats posed by states it categorizes as rogues. This label was given to a disparate group of countries - including Iran, Iraq, Libya, North Korea, and, oddly, Cuba — considered by American policy-makers to support terrorism, pursue weapons of mass destruction, oppose the existence of Israel and Middle East peace, and vilify the United States. With few exceptions, the United States has sought to use punitive policies such as sanctions, military force, and covert action to compel these regimes to change their behavior. Although the record of these policies of punishment in achieving US goals is far from impressive, American policy-makers have struggled to offer more promising strategies. This article argues that one of the greatest obstacles to exploring alternative policies is the concept of rogue states itself. A flawed and subjective term, the rogue label is useful in fomenting domestic US opposition to these states, but effectively excludes less confrontational approaches, such as engagement, from the matrix of plausible policy options.
Meghan O'Sullivan analyse ici la stratégie des Etats-Unis à l'égard des « rogue states » (« Etats voyous »), qualifiés ainsi par Washington sur la base de plusieurs critères : soutien au terrorisme international, constitution de stocks d'armes de destruction massive, régime politique répressif et animosité à l'encontre des États-Unis. Pour l'auteur, ce terme, qui désigne des États aussi divers que Cuba, la Corée du Nord, l'Irak, l'Iran ou la Libye, est à la fois flou et subjectif. Il enferme les États-Unis dans une vision manichéenne de l'ordre international après la guerre froide et les conduit à privilégier des stratégies punitives contre-productives, alors qu 'une politique d'ouverture progressive pourrait, selon elle, s'avérer plus efficace.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Meghan L. O'Sullivan
Agnès Sauvage
Les dilemmes de la politique américaine vis-à-vis des Rogue
States
In: Politique étrangère N°1 - 2000 - 65e année pp. 67-80.
Abstract
The Dilemmas of US Policy Toward "Rogue States", by Meghan O'Sullivan
With the passage of the cold war, the United States increasingly focused its attention on threats posed by states it categorizes as
"rogues." This label was given to a disparate group of countries - including Iran, Iraq, Libya, North Korea, and, oddly, Cuba —
considered by American policy-makers to support terrorism, pursue weapons of mass destruction, oppose the existence of Israel
and Middle East peace, and vilify the United States. With few exceptions, the United States has sought to use punitive policies
such as sanctions, military force, and covert action to compel these regimes to change their behavior. Although the record of
these policies of punishment in achieving US goals is far from impressive, American policy-makers have struggled to offer more
promising strategies. This article argues that one of the greatest obstacles to exploring alternative policies is the concept of
"rogue" states itself. A flawed and subjective term, the "rogue" label is useful in fomenting domestic US opposition to these
states, but effectively excludes less confrontational approaches, such as engagement, from the matrix of plausible policy options.
Résumé
Meghan O'Sullivan analyse ici la stratégie des Etats-Unis à l'égard des « rogue states » (« Etats voyous »), qualifiés ainsi par
Washington sur la base de plusieurs critères : soutien au terrorisme international, constitution de stocks d'armes de destruction
massive, régime politique répressif et animosité à l'encontre des États-Unis. Pour l'auteur, ce terme, qui désigne des États aussi
divers que Cuba, la Corée du Nord, l'Irak, l'Iran ou la Libye, est à la fois flou et subjectif. Il enferme les États-Unis dans une vision
manichéenne de l'ordre international après la guerre froide et les conduit à privilégier des stratégies punitives contre-productives,
alors qu 'une politique d'ouverture progressive pourrait, selon elle, s'avérer plus efficace.
Citer ce document / Cite this document :
O'Sullivan Meghan L., Sauvage Agnès. Les dilemmes de la politique américaine vis-à-vis des Rogue States. In: Politique
étrangère N°1 - 2000 - 65e année pp. 67-80.
doi : 10.3406/polit.2000.4911
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2000_num_65_1_4911POLITIQUE ÉTRANGÈRE 1/2000
Les dilemmes
de la politique américaine
Meghan L. O'SULLIVAN
vis-à-vis
des « Rogue States »
Meghan O 'Sullivan analyse ici la stratégie des Etats-Unis à l'égard des « rogue
states » (« Etats voyous »), qualifiés ainsi par Washington sur la base de plusieurs
critères : soutien au terrorisme international, constitution de stocks d'armes de des
truction massive, régime politique répressif et animosité à l'encontre des États-Unis.
Pour l'auteur, ce terme, qui désigne des États aussi divers que Cuba, la Corée du
Nord, l'Irak, l'Iran ou la Libye, est à la fois flou et subjectif. Il enferme les États-
Unis dans une vision manichéenne de l'ordre international après la guerre froide
et les conduit à privilégier des stratégies punitives contre-productives, alors qu 'une
politique d'ouverture progressive pourrait, selon elle, s'avérer plus efficace.
Politique étrangère
En dépit de ceux qui veulent rétrospectivement y voir une divi
sion manichéenne entre bien et mal, la guerre froide fut riche
en dilemmes moraux fondamentaux pour la politique étrangère
américaine - au premier rang desquels figurait le traitement des pays
pro-occidentaux stratégiquement importants, mais dont les pratiques
internes autoritaires étaient critiquables1. Pourtant, à de rares excep
tions près, les considérations stratégiques l'emportèrent sur l'indigna
tion morale : les Etats-Unis frayèrent avec des régimes douteux, de
l'Amérique centrale à l'Afrique subsaharienne, au nom de la lutte
contre le communisme2. S'il s'avéra assez rapidement que la fin de la
guerre froide n'avait pas laissé les États-Unis sans adversaire, du
Meghan O'Sullivan est chargée de recherche à la Brookings Institution (Washington, DC).
Cet article doit beaucoup à Guillaume Parmentier et à Richard N. Haass, ainsi qu'à tous ceux qui ont bien
voulu le relire et faire part à l'auteur de leurs remarques. Qu'ils en soient ici vivement remerciés.
Ce texte a été traduit par Agnès Sauvage.
1,. Voir Daniel Pipes et Adam Garfinkle, Friendly Tyrants: an American Dilemma, St. Martin's Press, New York,
1991.
2. Ces exceptions étaient susceptibles de se produire lorsque la politique intérieure d'un pays avait un impact
sur le système politique américain, comme dans le cas de l'apartheid sud-africain. 68 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
moins demeurait l'espoir que la politique étrangère américaine se
départirait de son ambiguïté morale.
Dix ans se sont cependant écoulés, et la simplicité anticipée, espérée,
n'est pas au rendez-vous. Au contraire, les Etats-Unis sont confront
és à de nouvelles formes de dilemmes moraux, en particulier la stra
tégie à adopter envers les « Rogue States - couramment appelés, en
français, "États voyous" »3. À première vue, le traitement de régimes
cherchant à acquérir des armes de destruction massive (ADM), encou
rageant le terrorisme international et défiant les États-Unis, ne devrait
guère être sujet à controverse : il semble difficile de contester le bien-
fondé des politiques d'isolement, voire de châtiment, en particulier
lorsque la politique extérieure de tels régimes se double d'une
conduite intérieure tout aussi reprehensible. De nombreux éléments
ont néanmoins remis en cause cette vision des choses, notamment
l'éventualité selon laquelle, à long terme, la sécurité américaine et
internationale pourrait être mieux servie par des stratégies d'ouverture
qualifiée d'« engagement » par l'Administration Clinton, et non de
refoulement, de ces États voyous. Et pourtant, à l'heure même où
cette politique gagne du terrain, cet article s'attache à démontrer que
le concept d'« État voyou », à la base de la politique américaine
actuelle, entrave la mise en oeuvre et la formulation d'approches
différentes.
Qu'est-ce qu'un « État voyou » ?
Le concept d'« État voyou » — défini comme celui qui menace la sécur
ité collective en général et les intérêts américains en particulier — a fait
son apparition dès les années 80, lorsque le président Reagan mit
Kadhafi hors-la-loi4. Il n'a cependant été popularisé qu'au cours de la
dernière décennie, en réponse au changement de nature des menaces
posées aux États-Unis et, comme il a souvent été avancé, pour tenter
de combler le vide laissé par l'effondrement de l'Union soviétique et
3. Le problème de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays pour raisons humanitaires fait l'objet
d'un autre débat majeur de l'après-guerre froide. Voir Richard N. Haass, « What to do with American
Primacy ? », Foreign Affairs, septembre-octobre 1999, p. 37-49.
4. Voir, par exemple, Ronald Reagan, Public Papers of the President, vol. I, conférence de presse, 7 mai
1986, p. 563. ;
STATES » : LES DILEMMES DE LA POLITIQUE AMÉRICAINE / 69 ROGUE
du communisme international5. Quelles que soient la volonté et la
capacité de ces États voyous à constituer un danger comparable à celui
posé par l'Union soviétique, le concept continue d'influencer les
débats parmi les experts de la politique étrangère américaine et les
décisions prises par les plus hauts représentants du pays. D'ores et
déjà, le concept d'« État voyou » mine la stratégie dite « des deux
guerres » adoptée par le Pentagone en 1991, selon laquelle les forces
américaines doivent conserver un degré de disponibilité permettant de
combattre et de vaincre sur deux fronts régionaux en même temps6.
En outre, la notion d'État voyou est de plus en plus souvent

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