Les écoles de formation aux politiques publiques : hier et demain - article ; n°4 ; vol.7, pg 105-120
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Description

Politiques et management public - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 4 - Pages 105-120
Les écoles de formation aux politiques publiques qui fleurissent aux Etats-Unis sont-elles destinées à évoluer ? Elles sont apparues au lendemain de la Grande Société du Président Johnson, lorsqu'on s'est interrogé sur les échecs des programmes sociaux qu'elle avait mis en oeuvre. Elles se sont développées autour d'une analyse plus microéconomique que macro-macho, autour d'une vision pluridisciplinaire centrée sur le mariage de l'analyse économique et de la science politique. Elles visaient à former des élites critiques, proches des universitaires mais aussi des décideurs, aptes à définir des améliorations marginales et les moyens de les mettre en oeuvre dans la pratique. Dans l'ensemble, elles ont réussi. Mais elles ne sont pas à l'abri de transformations. Le facteur marquant susceptible de les modifier est la polarisation des élites, qui obligera à réfléchir autant sur les raisons pour lesquelles des problèmes apparaissent que sur les progrès marginaux qui peuvent être réalisés dans leur résolution et les techniques à utiliser pour y parvenir. L'analyse de politique en sortira plus variée, plus prête à l'autocritique et plus consciente de sa dépendance à l'égard des relations sociales.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Aaron Wildavsky
Les écoles de formation aux politiques publiques : hier et
demain
In: Politiques et management public, vol. 7 n° 4, 1989. Numéro spécial - Formation au management public. pp. 105-
120.
Résumé
Les écoles de formation aux politiques publiques qui fleurissent aux Etats-Unis sont-elles destinées à évoluer ? Elles sont
apparues au lendemain de la Grande Société du Président Johnson, lorsqu'on s'est interrogé sur les "échecs" des programmes
sociaux qu'elle avait mis en oeuvre. Elles se sont développées autour d'une analyse plus microéconomique que "macro-macho",
autour d'une vision pluridisciplinaire centrée sur le mariage de l'analyse économique et de la science politique. Elles visaient à
former des élites critiques, proches des universitaires mais aussi des décideurs, aptes à définir des améliorations marginales et
les moyens de les mettre en oeuvre dans la pratique. Dans l'ensemble, elles ont réussi. Mais elles ne sont pas à l'abri de
transformations. Le facteur marquant susceptible de les modifier est la polarisation des élites, qui obligera à réfléchir autant sur
les raisons pour lesquelles des problèmes apparaissent que sur les progrès marginaux qui peuvent être réalisés dans leur
résolution et les techniques à utiliser pour y parvenir. L'analyse de politique en sortira plus variée, plus prête à l'autocritique et
plus consciente de sa dépendance à l'égard des relations sociales.
Citer ce document / Cite this document :
Wildavsky Aaron. Les écoles de formation aux politiques publiques : hier et demain. In: Politiques et management public, vol. 7
n° 4, 1989. Numéro spécial - Formation au management public. pp. 105-120.
doi : 10.3406/pomap.1989.2925
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1989_num_7_4_2925ECOLES DE FORMATION AUX POLITIQUES LES
PUBLIQUES : HIER ET DEMAIN
Aaron WILDAVSKY
Résumé Les écoles de formation aux politiques publiques qui fleurissent aux Etats-Unis
sont-elles destinées à évoluer ? Elles sont apparues au lendemain de la Grande
Société du Président Johnson, lorsqu'on s'est interrogé sur les "échecs" des
programmes sociaux qu'elle avait mis en oeuvre. Elles se sont développées
autour d'une analyse plus microéconomique que "macro-macho", autour d'une
vision pluridisciplinaire centrée sur le mariage de l'analyse économique et de la
science politique. Elles visaient à former des élites critiques, proches des
universitaires mais aussi des décideurs, aptes à définir des améliorations
marginales et les moyens de les mettre en oeuvre dans la pratique. Dans
l'ensemble, elles ont réussi. Mais elles ne sont pas à l'abri de transformations. Le
facteur marquant susceptible de les modifier est la polarisation des élites, qui
obligera à réfléchir autant sur les raisons pour lesquelles des problèmes
apparaissent que sur les progrès marginaux qui peuvent être réalisés dans leur
résolution et les techniques à utiliser pour y parvenir. L'analyse de politique en
sortira plus variée, plus prête à l'autocritique et plus consciente de sa dépendance
à l'égard des relatbns sociales.
* Political Science Department, Graduate School of Public Pol'icy et Survey Research Center, University of
Califomia, Berkeley. Article traduit par Philippe de LAVERGNE, avec la permission de l'auteur, à partir de
The Public Interest, N° 79, pp. 25-41, (Printemps 1985).
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC. Volume 7, n° 4. décembre 1989.
(cj Institut de Management Public - 1989. Aaron WILDAVSKY 106
Je suis partagé entre deux opinions, en partie complémentaires et en partie
opposées. La première est que les écoles de formation aux politiques publiques,
telles qu'elles existent, se maintiendront largement comme elles sont. La seconde
est que les évolutions sociales, et notamment la polarisation croissante des élites,
modifieront substantiellement leur nature. En précisant ces deux opinions, je
poserai chemin faisant les questions habituelles : Où en étaient ces écoles ?
Comment en étaient-elles parvenues là ? Où en sont-elles aujourd'hui ? Que
deviendront-elles et que devront-elles devenir ?
La grande société L'aiguillon immédiat qui a poussé à la création d'écoles supérieures dans le
et les écoles de domaine des politiques publiques a incontestablement été la Grande Société. Tout
d'un coup, de nouveaux grands programmes sociaux sont apparus et, presque formation aux
aussi vite, on a estimé un peu partout que leurs résultats étaient médiocres. politiques
Pourquoi ? Peut-être les avait-on évalués trop tôt ou les avait-on soumis à des publiques
normes trop élevées. Peut-être les recherches en sciences sociales sont-elles
biaisées de sorte qu'on rend plus probablement compte de résultats négatifs que
de résultats positifs. C'est possible.
Mais on peut avoir avancer des raisons plus substantielles. D'un côté, les individus
sont difficiles à changer ; quand le changement recherché touche plus
foncièrement les personnes (diminution des délits, accroissement de la lecture)
que les autorités (construction de ponts, transmission des chèques), l'efficacité
des programmes baisse. Comme la résistance naturelle des êtres humains au fait
d'être catalogués dans l'esprit des autres freine autant les dictatures que les
démocraties, cette difficulté n'est pas forcément un mal. Par ailleurs, aucune
politique n'a d'effets à sens unique. Par exemple, il est difficilement possible
d'atténuer la misère sans la favoriser en même temps. Les individus situés au-
dessus du seuil de pauvreté peuvent relâcher leurs efforts, en constatant que
ceux qui se situent juste en dessous disposent d'une aide sociale plus importante.
Les individus déjà pauvres sont déjà incités à rester pauvres. Mais qui voudrait
délibérément vivre sur des aides au lieu de prendre un emploi rénuméré, s'il était
disponible ? Les candidats seraient très peu nombreux. Mais là n'est pas le fond du
problème. Quand il faut choisir entre un emploi mal payé et l'aide sociale, il se peut
qu'une série de petites décisions maintiennent les pauvres dans leur état plutôt
que de les orienter vers la situation où eux-mêmes et les autorités voudraient les
placer. Ce n'est pas un argument décisif contre les programmes d'aide sociale, mais
seulement la reconnaissance du principe selon lequel, quand on subventionne
quelque chose, il est probable qu'on en aura une plus grande quantité.
Quels que soient les motifs, les évaluateurs (les objectifs fixés n'étaient pas
atteints) et les politiciens ont émis de sérieux doutes à partir de 1968. A droite de
l'échiquier politique, on condamnait les programmes sociaux en affirmant qu'ils
accroissaient la dépendance (et, de plus, à un coût élevé) ; à gauche, on avançait
qu'ils étouffaient les protestations à trop bon compte tout en perpétuant dans la
réalité les institutions qui opprimaient les pauvres. Le désir d'une analyse des
politiques publiques permettant de connaître ce qui allait de travers, d'apprendre à
faire mieux, et de divulguer ce savoir, a été le principal motif qui a conduit à établir
des écoles supérieures consacrées à l'analyse des politiques publiques (aux Etats- écoles de formatbn aux politiques publiques : hier et demain 107 Les
Unis du moins, mais pas dans la même mesure ailleurs - c'est un thème sur lequel je
reviendrai).
Inventer une En remontant en arrière, nous pouvons parler de ce à quoi les écoles de politiques
nouvelle forme publiques s'opposaient et de ce qu'elles devaient être. Elles s'opposaient aux
d'école écoles d'administration publique, aux domaines d'étude, et au travail
monodisciplinaire qui existaient alors. Que ces écoles fussent admirables ou
épouvantables, leur réputation était médiocre. Je m'en souviens très bien, parce
que, lorsque notre Chancelier me demanda de créer une nouvelle école, je lui
demandai : "De quelle espèce ,", et qu'il me répondit : "Pas une école
d'administration du vieux modèle". (En réalité, un domaine entièremen

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