Les Minorités allemandes de Tchécoslovaquie et le Parti Henlein - article ; n°3 ; vol.1, pg 48-60
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Description

Politique étrangère - Année 1936 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 48-60
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

Hubert Beuve-Méry
Les Minorités allemandes de Tchécoslovaquie et le Parti
Henlein
In: Politique étrangère N°3 - 1936 - 1e année pp. 48-60.
Citer ce document / Cite this document :
Beuve-Méry Hubert. Les Minorités allemandes de Tchécoslovaquie et le Parti Henlein. In: Politique étrangère N°3 - 1936 - 1e
année pp. 48-60.
doi : 10.3406/polit.1936.6314
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1936_num_1_3_6314— — 48
LES MINORITÉS ALLEMANDES
DE TCHÉCOSLOVAQUIE ET LE PARTI HENLEIN(1)
Je voudrais essayer de vous exposer la position actuelle et l'activité du
parti allemand des Sudètes — parti Henlein — en Tchécoslovaquie. Nous
pourrons considérer très rapidement les origines du mouvement, son
organisation actuelle, les prétentions des Allemands, et enfin l'attitude des
Tchèques et Slovaques en face de ces prétentions.
Les origines du mouvement
Je ne puis faire ici un historique complet. Je vous rappellerai seulement
que le premier parti qui, en Europe, se soit déclaré national-socialiste, est
le parti national-socialiste tchèque, fondé bien avant la guerre et dont
M. Bénès, avant son élection à la Présidence, était le personnage le plus
important. En 1904 le député Jung fondait, sur le modèle tchèque, un
« parti des travailleurs » qui, après des débuts modestes, absorbait, en mai
1918, différents groupes pour devenir le parti national-socialiste autrichien
(National-sozialistische Partei Oesterreichs). Mais, alors que le parti natio
nal socialiste tchèque avait évolué très vite dans le sillage de la sociale-
démocratie, qu'à l'origine il était appelé à combattre, le parti-national-
socialiste autrichien était resté sur cette position de combat. Il se trouve
lui-même à l'origine du parti national socialiste du Reich, fondé à Munich
en 1919 et auquel M. Hitler ne tardait pas à donner son adhésion.
Le parti national-socialiste tchécoslovaque.
Après les Traités de paix, lorsque l'Autriche-Hongrie fut disloquée, le
parti nazional-socialiste autrichien se trouva brisé en plusieurs tronçons,
chacun suivant le sort des différents pays successeurs qui se constituaient.
(1) Exposé fait le 1er avril 1936, au Comité d'études de l'Europe Centrale, par
M. H. Beuve-Méry, Professeur à l'Institut français de Prague. 40
Le tronçon tchèque se réorganisa pour constituer le parti national-socialiste
allemand de Tchécoslovaquie. De 1920 à 1930, la progression de ce parti fut
à peu près constante, mais lente. Le chiffre de ses députés ne passe de sept
en 1924 qu'à neuf en 1929. Mais de 1930 à 1935 sa progression est verti
cale, parallèlement au mouvement vertical du mouvement hitlérien dans
le Reich. En 1933 le parti nazi semble présenter une telle puissance
l'Etat tchécoslovaque, que les autorités envisagent le recours à des mesures
de force. Elles craignent qu'en laissant libre cours au jeu traditionnel de la
démocratie, celle-ci ne se trouve paralysée et peut-être dévorée par les pro
grès du parti allemand.
La propagande.
Pendant que montait, d'abord lentement puis plus rapidement, ce flot
nazi, les moyens de propagande mis en œuvre étaient les moyens classiques
de la propagande allemande :
a) Campagnes de presse. Les nazis ne disposaient alors à Prague
d'aucun grand journal, mais la campagne était menée par une foule de
journaux locaux qui paraissaient ou paraissent encore dans un grand nomb
re de villes du pourtour de la Bohême et même en Moravie. Cette cam
pagne de presse était en liaison avec les journaux du Reich (notamment
par le système des annonces). Elle était facilitée par l'extrême perméabilité
de la frontière, les rapports économiques et les relations de toutes sortes,
établies de longue date et que Prague même tenait à conserver.
b) Utilisation intensive de la radio. On s'assemblait dans les auberges
et les cafés de la région des Sudètes ; on tenait là des sortes de réunions
publiques où l'on entendait la « bonne parole » venue du Reich.
c) Manifestations. Elles étaient organisées en Allemagne près de la
frontière. Les Allemands des Sudètes y étaient invités et s'y rendaient en
nombre plus ou moins grand. Quelquefois on leur procurait des uniformes,
on leur permettait de défiler avec des bannières qui rappelaient un peu,
mais moins complètement cependant, l'annexion théorique de l'Autriche
au Reich. Les représentants de l'Autriche étaient désignés, en effet, par des
numéros d'ordre qui représentaient une des circonscriptions du Grand
Reich allemand. Pour ceux de la Tchécoslovaquie, la situation était
moins nette ; il n'y avait pas de numéros, on les désignait seulement comme
Allemands des Sudètes.
d) Propagande particulièrement vive parmi les étudiants. Vous avez
peut-être entendu parler du procès du Volksport de 1 933 et des poursuites — — 50
intentées alors contre des étudiants qui, sous couleur de s'adonner aux
sports, tendaient en réalité à constituer une Allemagne autonome des
Sudètes. Le corps professoral était lui-même fortement contaminé. On a
vu le jury de l'Ecole Polytechnique allemande de Prague se déplacer, en
grande pompe, pour aller faire subir les épreuves de l'examen à un étudiant
emprisonné pour menées dirigées contre l'Etat. Extraordinairement libé
rales, les autorités administratives avaient laissé faire et l'examen en ques
tion ne fut annulé que plus tard, à la suite d'une vigoureuse campagne de
presse.
e) Enfin, brochant sur le tout, la campagne terroriste. Sans être aussi
violente et aussi prolongée qu'en Autriche, elle a été cependant marquée
par un certain nombre de meurtres et d'enlèvements perpétrés sur la per
sonne, soit de ressortissants tchécoslovaques, soit d'émigrés du Reich.
Parmi ces derniers, le cas le plus tristement célèbre est celui du professeur
Lessing tué à sa table de travail. Tout récemment encore, une dénoncia
tion a permis de prendre des dispositions pour empêcher l'enlèvement
soigneusement préparé d'un député social-démocrate.
Tentatives d'adaptation constitutionnelle et leur échec.
Telles sont, très brièvement résumées, les conditions générales dans
lesquelles se poursuivait le développement du mouvement qui arrive à
créer, en 1933, une situation insupportable pour l'Etat tchécoslovaque. A
ce moment, la menace de dissolution est dans l'air. Elle inquiète le parti
nazi, qui, pour y parer, essaie de se transformer. Il tente d'abord de prendre
la forme d'un Volksfront, front populaire, qui réunirait les principaux
partis allemands de Tchécoslovaquie, à l'exception bien entendu des
sociaux-démocrates. Ce lien, plus ou moms lâche, aurait permis aux nazis
de se fondre dans la masse tout en continuant de l'animer et en rendant
beaucoup plus difficile les mesures de répression. Mais les agrariens all
emands d'une part, les chrétiens-sociaux d'autre part, refusèrent de se prêter
à la manœuvre et le projet dut être abandonné. La menace de dissolution
devenant de plus en plus précise, le parti nazi décida finalement de se di
ssoudre lui-même, le 4 octobre 1933, dans l'espoir que cette initiative lui
permettrait de sauver ses cadres et son patrimoine. Mais le gouvernement
ordonnait aussitôt des mesures de conservation et, à la fin du même mois,
la loi sur la dissolution des partis politiques venait régulariser la situation :
tous les biens du parti pouvant être confisqués et tous les élus déchus de
leur mandat. Pour la Chambre des députés, leur petit nombre permit de
ne pas les remplacer. Dans les assemblées de provinces, d'arrondissements — — 51
et dans les municipalités, les sièges devenus vacants furent répartis à
l'amiable entre les autres partis.
Le mouvement actuel
Naissance du parti Henlein.
Le coup, sans nul doute, avait porté et les Allemands ne réussissaient
pas à cacher leur désarroi. Mais, peu après, on apprenait qu'un jeune
homme complètement inconnu du grand public : Konrad Henlein orga
nisait un nouveau groupement : le Front patriotique des Sudètes. Puisque
les partis ne marchaient pas, on es

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