Les nouveaux textes babyloniens de Ras-Shamra (campagne 1955) - article ; n°1 ; vol.100, pg 126-135
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1956 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 126-135
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 78
Langue Français

Extrait

Monsieur Jean Nougayrol
Les nouveaux textes babyloniens de Ras-Shamra (campagne
1955)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 100e année, N. 1, 1956. pp. 126-
135.
Citer ce document / Cite this document :
Nougayrol Jean. Les nouveaux textes babyloniens de Ras-Shamra (campagne 1955). In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 100e année, N. 1, 1956. pp. 126-135.
doi : 10.3406/crai.1956.10566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1956_num_100_1_10566126
COMMUNICATION .
les nouveaux textes babyloniens de ras-shamra
(campagne 1955), par m. jean nougayrol.
Cette année encore, M. Cl.-F.-A. Schaeffer a bien voulu me confier
l'étude des 98 tablettes ou fragments babyloniens1 qu'il vient de
découvrir à Ras-Shamra. D'après leurs genres littéraires on peut les
répartir ainsi :
Textes économiques 71
Lettres 7 (dont 1 de caractère international)
Textes politiques (inte
rnationaux) 4
Textes juridiques 6 (dont 3 de caractère international
et 2 « actes royaux »)
Frustes ou indéterminés 10
II est plus intéressant que jamais de rattacher ces groupes à leurs
sites archéologiques. Les archives d'Ugarit, je le souligne encore,
sont des archives en ordre. Les documents « égarés » y demeurent
exceptionnels. Historiquement, cela signifie sans doute que la mort
s'est abattue brusquement sur la ville, c'est-à-dire, d'après d'autres
vraisemblances, que les assiégés n'ont pas eu le temps de mettre
ces archives à l'abri et que les vainqueurs ne se sont pas souciés
de les détruire systématiquement ou de les disperser. Les seuls
dommages constatés proviennent apparemment de l'incendie et
de l'écroulement des murs, non du sac de la cité.
Un excellent exemple nous est fourni cette fois par les textes éc
onomiques qui l'emportent de fort loin sur les autres et qui proviennent
presque exclusivement du « nouveau Palais » ou de ses abords, et,
plus précisément, de ses chambres 203 (38 tablettes babyloniennes)
et 204 (22). En dehors des documents de ce genre on n'a retrouvé
jusqu'à présent dans ce Palais que : 1 lettre, 1 texte politique, et
3 textes juridiques. Nous en conclurons que ces deux pièces étaient
des bureaux de commerce ou d'impôt.
De quoi y traitait-on ? De matières et denrées diverses, intéres
sant l'alimentation et l'habillement (céréales : blé amidonnier,
froment, semences — huile — lait — poissons — moutons et chèvres
— laines, étoffes, vêtements), ou encore la construction et l'outillage
(bois — cuivre et bronze — armes — instruments de travail —
vases). De personnes aussi : nous avons ici des recensements dont
plusieurs sont établis en vue de « services publics », selon la formule :
1. Une vingtaine de grands fragments hourrites a. été réservée par M. Schaeffer à
M. E. Laroche. NOUVEAUX TEXTES BABYLONIENS DE RAS-SHAMRA 127
Un tel réside (maintenant) dans telle ville, il ne peut donc fournir
le service pour telle autre. Nous avons également des comptes de
recettes et des comptes de dépenses, souvent difficiles à distinguer
faute d'indications suffisantes. Mais, presque toujours, ces comptes
sont, à coup sûr, des comptes publics : ils portent sur des villes, des
corporations, ou des individus groupés d'après les obligations aux
quelles ils sont soumis ou les avantages auxquels ils ont droit.
On m'excusera de ne pouvoir entrer dans plus de détails. La plu
part de ces tablettes ont souffert et ne peuvent être interprétées
que par comparaison avec des documents analogues de Ras-Shamra
ou d'autres sites archéologiques de même époque, ce qui représente
un travail assez long. Ce travail, je dois avouer que je l'ai à peine
abordé. Je me bornerai donc à remarquer que Yhorizon géographique
de ces nouvelles archives économiques s'ouvre nettement vers le
Sud, quand il dépasse les bornes du royaume. Ainsi apparaissent
les noms anciens de : Arwad, Byblos, Tyr, Saint-Jean d'Acre, et
même Ashod et Ascalon. Ce n'est pas sans doute par hasard que ces
toponymes étrangers relevés au cours d'une première lecture dési
gnent tous des ports. Bien que peu de nos tablettes mentionnent
explicitement des bateaux, nous pouvons imaginer que le cabotage
était, en ces temps, beaucoup plus fructueux, et surtout plus sûr,
que les transports par voie de terre.
Il n'y a rien à dire sur les textes juridiques dont les découvertes
des années précédentes ont permis de fixer les principes essentiels
et les modalités. Parmi les lettres de la 19e campagne, nous retien
drons seulement celle qu'un scribe adresse à un de ses collègues
plus haut placé que lui, et qui commence ainsi :
« Salut à toi ! Lés dieux te gardent !
Mon frère, pourquoi es-tu irrité contre moi et n'as-tu plus à mon
égard les mêmes dispositions que jadis ?
S'il est une faute à tes yeux, couche-la sur une tablette et mande-le
à ton frère !
Maintenant qu'il n'y a plus un pois, gros ni fin, dans la maison
de ton frère,
ne va pas me refuser la présente demande I » -
Dès cette dernière phrase, l'auteur de la lettre 19.53, en bon scribe,
fait des « effets de plume » : il écrit « gros pois » et « petits pois »
idéographiquement, avant de gloser ces mots en clair, par politesse.
Mais, au paragraphe suivant, grisé de son savoir, il joue tant et si
bien du calame que, jusqu'à présent, nous perdons pied devant COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS - 1956 128
certains groupes de signes : s'est-il embrouillé lui-même ou son
correspondant était-il plus fin que nous ?
Quatre textes de caractère politique semblent bien peu de chose
auprès de la centaine découverte par M. Cl.-F.-A. Schaeffer au cours
des deux saisons précédentes. Surtout si on précise que de ces rares
pièces une seule est intacte. Mais, même un fragment d'une dizaine
de lignes à demi brisées comme 19.81 ne nous laisse pas indifférents,
puisqu'il suffit à confirmer que sous Tudhaliya iv la sécession entre
Ugarit et Siyannu n'était pas encore définitivement réglée, malgré
le vieil édit de Mursil n1. Et, de sa ligne 12, dont il ne reste que
7 signes intacts : « les salines de Atallig », ne pouvons-nous pas
conclure aussi, maintenant que grâce à M. Virolleaud nous tenons
Atallig pour un port, que ces « salines », comme sans doute toutes
celles qui figurent dans les documents d'Ugarit, désignaient en réa
lité des marais salants ? Je crois que l'exploitation du sel marin
n'a jamais été attestée si tôt, tout au moins en Asie antérieure.
La Place qui séparait le « nouveau Palais » de 1' « ancien » nous
réservait d'ailleurs une surprise beaucoup plus importante pour
l'histoire d'Ugarit et de la Syrie ancienne. Je veux parler de la
tablette 19.68 qui y a été retrouvée. Par son aspect extérieur, la
couleur de son argile et la forme assez particulière de ses « clous »,
elle nous a aussitôt rappelé la « corbeille de mariage » de la princesse
Ahatmilku, qui, dès 1952, annonçait — trop discrètement pour nous
— la proche découverte des archives diplomatiques2. La tablette
de 1955 clôt sans doute cette série brillante, inespérée. Les deux
documents se rapprochent aussi par l'empreinte de cylindre-sceau
qu'ils portent l'un comme l'autre, de Aziru, roi d'Amurru.
Aziru ! Existe-t-il dans l'histoire du Proche-Orient ancien un
personnage plus curieux, et mieux documenté ?3 Ce renard se fait
ermite quand il écrit au pharaon de Tell el Amarna : l'Egypte
n'aurait pas, à l'en croire, de plus fidèle sujet que lui. Sans doute,
il ne va pas visiter son suzerain, comme on l'y invite, mais il a tou
jours les meilleures raisons d'en être empêché. On le calomnie, on
lui en veut, voilà tout ! Seulement, Ribaddi de Byblos nous dévoile,
en même temps qu'au Pharaon, l'envers de ce bon apôtre, ses empié
tements incessants, ses intrigues tortueuses. Et, sous ce double
éclairage, le personnage prend un relief saisissant. D'ailleurs, il
jettera le masque quand il jugera que la partie est jouée. Pris au
1. Cf. ci -dessus, 1954, 240 s.
2. Cf. ci-dessus, 1953, 45 ss.,

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