Les prémices de la «démocratisation culturelle». Les intellectuels, l art et le peuple au tournant du siècle - article ; n°24 ; vol.6, pg 36-56
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Les prémices de la «démocratisation culturelle». Les intellectuels, l'art et le peuple au tournant du siècle - article ; n°24 ; vol.6, pg 36-56

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Description

Politix - Année 1993 - Volume 6 - Numéro 24 - Pages 36-56
Early beginnings of «cultural democratization». Intellectuals, art and the people at the turn of the century
Vincent Dubois. [36-56].
Cultural democratization policies are «naturally» legitimate but seem to be structurally vague. Their genesis makes this paradox understandable. The debate about «art and the people» at the turn of the century is submitted to the rules of the intellectual field. So, «art and the people» becomes a «bubbling» question with universal purposes, implicating its protagonists'positions. It becomes a «social problem» that political agents have to take into account, but it keeps the marks of the fights that made it appear. An explanation of the paradox, making «cultural democratization» as «natural» as difficult to define can be found in the restoration of the genesis.
Les prémices de la «démocratisation culturelle». Les intellectuels, l'art et le peuple au tournant du siècle. Vincent Dubois. [36-56].
Les politiques de démocratisation culturelle bénéficient d'une légitimité qui fait s'imposer l'évidence de leur nécessité mais semblent structurellement vouées au flou. Leur genèse permet d'éclairer ce paradoxe. Le débat sur «l'art et le peuple» au tournant du siècle obéit à des logiques propres aux «intellectuels». Il prend la forme bouillonnante d'une controverse aux visées universelles, tout en mettant en jeu les positions de ses protagonistes. «L'art et le peuple» devient ainsi une «question de société» que les représentants politiques se doivent de prendre en compte, mais porte en elle les traces des luttes qui l'ont fait apparaître. On trouve ainsi, dans la restitution de la genèse, une explication du paradoxe qui fait que la «démocratisation culturelle» est aussi «¦naturelle» que malaisée à définir.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Vincent Dubois
Les prémices de la «démocratisation culturelle». Les
intellectuels, l'art et le peuple au tournant du siècle
In: Politix. Vol. 6, N°24. Quatrième trimestre 1993. pp. 36-56.
Abstract
Early beginnings of «cultural democratization». Intellectuals, art and the people at the turn of the century
Vincent Dubois. [36-56].
Cultural democratization policies are «naturally» legitimate but seem to be structurally vague. Their genesis makes this paradox
understandable. The debate about «art and the people» at the turn of the century is submitted to the rules of the intellectual field.
So, «art and the people» becomes a «bubbling» question with universal purposes, implicating its protagonists'positions. It
becomes a «social problem» that political agents have to take into account, but it keeps the marks of the fights that made it
appear. An explanation of the paradox, making «cultural democratization» as «natural» as difficult to define can be found in the
restoration of the genesis.
Résumé
Les prémices de la «démocratisation culturelle». Les intellectuels, l'art et le peuple au tournant du siècle. Vincent Dubois. [36-56].
Les politiques de démocratisation culturelle bénéficient d'une légitimité qui fait s'imposer l'évidence de leur nécessité mais
semblent structurellement vouées au flou. Leur genèse permet d'éclairer ce paradoxe. Le débat sur «l'art et le peuple» au
tournant du siècle obéit à des logiques propres aux «intellectuels». Il prend la forme bouillonnante d'une controverse aux visées
universelles, tout en mettant en jeu les positions de ses protagonistes. «L'art et le peuple» devient ainsi une «question de
société» que les représentants politiques se doivent de prendre en compte, mais porte en elle les traces des luttes qui l'ont fait
apparaître. On trouve ainsi, dans la restitution de la genèse, une explication du paradoxe qui fait que la «démocratisation
culturelle» est aussi «¦naturelle» que malaisée à définir.
Citer ce document / Cite this document :
Dubois Vincent. Les prémices de la «démocratisation culturelle». Les intellectuels, l'art et le peuple au tournant du siècle. In:
Politix. Vol. 6, N°24. Quatrième trimestre 1993. pp. 36-56.
doi : 10.3406/polix.1993.1587
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1993_num_6_24_1587Les prémices
de la «démocratisation culturelle»
Les intellectuels, l'art et le peuple au tournant du siècle
Vincent Dubois
Centre d'études et de recherches
de l'Institut politiques de Lyon
LA «DEMOCRATISATION CULTURELLE« fait aujourd'hui figure de mythe.
Ambition indépassable mais hors d'atteinte, sans cesse réitérée mais
toujours démentie par le recensement des pratiques1, c'est aussi le
mythe fondateur de ce qu'on nomme aujourd'hui les «politiques
culturelles». En phase avec l'idéologie démocratique du régime républicain, un
tel horizon permet de transcender la diversité du théâtre, de la musique, des
livres ou de la peinture et d'en faire les éléments d'une même «politique».
C'est, de fait, la formalisation d'une «politique» que rend possible la
«démocratisation culturelle» : en dépassant un traitement sectoriel et
technique des questions culturelles, elle fonde en unité un objet d'intervention
et en légitimité sa prise en charge par les pouvoirs publics.
Cependant, la «démocratisation culturelle» - tout comme les «politiques
culturelles» de manière plus générale - est, aujourd'hui encore, loin de faire
l'objet d'une définition stable et univoque2. Les sempiternelles interrogations
sur le sens du mot «culture» se traduisent en effet par une incertitude
1. Donnât (O.), «Démocratisation culturelle : la fin d'un mythe-, Esprit, n° 3-4, 1991-
2. Saez (G.), -Les politiques de la culture» in Leca (J.), Grawitz (M.), dir., Traité de science politique,
t. 4, Paris, PUF, 1985, notamment p. 387 ; Friedberg (E.), Urfalino (P.), Le jeu du catalogue, Paris, La
Documentation française, 1984, notamment p. 56.
36 Politix, n°24, 1993, pages 36 à 56 :
Les prémices de la «démocratisation culturelle»
persistante concernant ce qu'il s'agit effectivement de démocratiser. Les
politiques de démocratisation culturelle apparaissent ainsi sous un jour
contradictoire : elles bénéficient d'une légitimité qui fait s'imposer l'évidence
de leur nécessité mais semblent structurellement vouées au flou.
Pour comprendre un tel paradoxe, c'est l'apparition de la «démocratisation
culturelle» que l'on se propose d'éclairer. En la matière, il s'agit moins de fixer
un quelconque acte de naissance1 que de restituer sa constitution progressive
en thème de discours, en enjeu de débats, et son passage de l'ordre du
pensable à celui de l'impérieuse nécessité. Le tournant du siècle (du milieu des
années 1890 au milieu des années 1900) est une période importante de ce
point de vue. C'est, en effet, à cette époque que l'on trouve les initiatives les
plus nombreuses, les publications les plus importantes et les débats les plus
vifs concernant «l'art donné aux ouvriers», «la démocratisation du théâtre»,
«l'éducation du peuple» ou encore «l'élévation esthétique des masses». Si la
formule n'est pas encore employée, ces diverses ambitions préfigurent bien ce
qu'on appelle, surtout à partir de la Libération, les tentatives de
«démocratisation culturelle».
Or, l'enquête historique le prouve, ce n'est pas dans le discours politique des
gouvernants et encore moins dans leur action que de tels thèmes sont le plus
vigoureusement défendus. Au tournant du siècle, ils sont certes abordés, mais
ce sont essentiellement des formules obligées pour le rapporteur du budget
des Beaux-Arts ou les discours d'inauguration2. L'élargissement de l'accès aux
spectacles ou aux musées n'est pas plus un thème majeur de revendication
populaire. Si quelques leaders ouvriers ont, dès la fin du XIXe siècle, mis en
avant l'importance de l'instruction, les questions littéraires et artistiques, y
compris dans leur rapport aux classes populaires, sont largement négligées par
les organisations du mouvement ouvrier naissant3.
Autrement dit, la constitution en objectif politique de l'élargissement de la
consommation des biens culturels - pour employer un vocabulaire actuel - à
toutes les catégories sociales n'est pas identifiable à une politisation «par le
haut», résultant de la seule «volonté» des gouvernants, pas plus qu'à une
politisation «par le bas» qui serait le produit de revendications collectives. A
la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les initiatives et interventions
préfigurant la «démocratisation culturelle» procèdent, pour une large part, de
l'action d'agents sociaux particuliers : les «intellectuels»4, qui, comme le
1. Qu'on ne saurait, par exemple, trouver dans la création du ministère des Affaires culturelles en
1959, création qui n'est pas plus l'aboutissement logique d'un processus cohérent que le
commencement absolu proclamé par ses initiateurs. Cf. sur ce point l'article de P. Urfalino dans
ce même numéro.
2. On a retracé l'émergence du thème de la «démocratisation culturelle» dans le champ politique
dans Dubois (V.), -Des "plaisirs bourgeois" aux "droits du peuple", la formation d'un discours
politique sur la culture», Sources, Travaux historiques, n°26, 1991-
3. M. Rebérioux montre ainsi que les mouvements socialistes marquent une certaine indifférence à
l'égard des questions littéraires et artistiques. Rebérioux (M.), -Avant-garde esthétique et avant-
garde politique le socialisme français entre 1890 et 1914», in Esthétique et marxisme , Paris, UGE,
1974. A. Garrigou a pu faire des observations convergentes à propos du loisir. Garrigou (A.)
«Socialisme et loisir au XIXe siècle» in Oisiveté et loisirs dans les sociétés occidentales au XIXe
siècle, Amiens, Université de Picardie, F. Paillart, 1983- Seule une reconstruction un peu
abusivement généreuse peut produire l

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