Les problèmes financiers et les méthodes de l Alliance atlantique - article ; n°3 ; vol.21, pg 281-298
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Description

Politique étrangère - Année 1956 - Volume 21 - Numéro 3 - Pages 281-298
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Huet
Les problèmes financiers et les méthodes de l'Alliance
atlantique
In: Politique étrangère N°3 - 1956 - 21e année pp. 281-298.
Citer ce document / Cite this document :
Huet Philippe. Les problèmes financiers et les méthodes de l'Alliance atlantique. In: Politique étrangère N°3 - 1956 - 21e année
pp. 281-298.
doi : 10.3406/polit.1956.6187
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1956_num_21_3_6187LES PROBLÈMES FINANCIERS
ET LES MÉTHODES DE L'ALLIANCE ATLANTIQUE
Le problème principal posé à l'Alliance Atlantique est formulé dans
l'article 3 du traité où il est dit :
« Afin d'assurer de façon plus efficace la réalisation des buts du présent
traité, les Parties, agissant individuellement et conjointement, d'une
manière continue et effective, par le développement de leurs propres
moyens et en se prêtant mutuellement assistance, maintiendront et accroî
tront leur capacité individuelle et collective de résistance à une attaque
armée. »
Si l'on donnait ce texte à l'un de ces vieux glossateurs qui parvenaient à
produire des volumes sur une ligne, nul ne peut douter qu'il extrairait de
ce simple article tout ce qui sera décrit ci-après sans avoir besoin de solli
citer beaucoup le texte.
Le problème d'ensemble est donc de bâtir une défense. Quels en sont les
aspects financiers ?
* * *
Les problèmes financiers posés à l'Alliance Atlantique naissent des carac
tères de la défense moderne et de la nature même de l'Alliance Atlantique.
La défense moderne présente, du point de vue financier, des caractéris
tiques redoutables. Elle constitue d'abord un prélèvement net et immédiat
sur les ressources nationales, en main-d'œuvre et principalement en techni
ciens, en production d'armes et consommation de fournitures, en travaux
publics. Tout cela se traduit, en termes financiers, par des ressources
budgétaires à divertir d'autres emplois.
Du point de vue de la comptabilité nationale, l'O. E. C. E. a classé les
dépenses de défense, malgré leurs aspects d'investissement, en dépenses
19 282 PHILIPPE HUET
de pure consommation. Elle a eu raison parce que, contrairement aux
dépenses d'équipement civil dont les effets économiques immédiats sont un
peu analogues à ceux des dépenses d'armement, ces dernières ne sont pas
productrices de revenu, même à long terme. Elles seraient plutôt, et elles
sont même en fait, génératrices d'autres dépenses.
C'est ainsi que l'achat d'un avion entraîne, dès l'année suivante, des
dépenses considérables d'entretien, d'achat de pièces de rechange, de four
nitures de consommation, de produits pétroliers et autres, et la nécessité
d'un amortissement rapide, c'est-à-dire du remplacement de cet avion par
un autre généralement plus perfectionné, donc coûtant plus cher. Il résulte
de cette première constatation que les dépenses de défense, en soi et théor
iquement, excluent, pour leur financement, tout recours au marché financier,
c'est-à-dire à l'emprunt. Il paraîtrait en effet curieux de se charger des
intérêts d'un emprunt en même temps que l'investissement, pour lequel
cet emprunt a été consenti, est générateur de dépenses supplémentaires au
lieu de revenus.
La deuxième caractéristique d'une défense moderne est qu'elle repré
sente un effort continu, qui s'engendre lui-même ainsi que le montre
l'exemple de l'avion déjà donné. C'est une vérité assez amère et qui s'est
fait jour progressivement dans les esprits de la plupart des Etats membres
de l'Organisation sous l'aspect de ce qui a été nommé les « coûts annuels
récurrents » du maintien de forces d'un niveau donné. Ces
d'entretien, ou de maintien, si l'on y ajoute la modernisation nécessaire des
matériels, arrivent à dépasser, en moyenne, le coût même de mise sur pied
des forces primitives.
L'élément directeur est en réalité le progrès technique, appliqué essen
tiellement aux armes, et qui entraîne un rythme accéléré de leur renouvel
lement. De nos jours, la moyenne de vie utile des types d'armes décroît de
plus en plus. Par exemple, dans le domaine de l'aviation, il semble que l'on
arrive à un maximum de cinq ans d'amortissement pour un type donné
d'appareil dans une armée moderne. Les navires durent vingt à vingt-
cinq ans suivant les types, et le matériel de l'armée de terre en moyenne une
dizaine d'années.
La moyenne de vie des armes ainsi définie et le fait qu'elles sont toujours
remplacées par des armes plus modernes et plus perfectionnées constituent
ce que l'on appelle, d'un autre nom barbare, l'« obsolescence » du matériel,
le fait qu'il devient progressivement périmé. L'on peut même dire que, le
jour où un matériel entre en circulation, il est déjà en voie de péremption,
car le développement d'un type de matériel, depuis les stades initiaux de la
recherche jusqu'à la mise en service dans les unités, est un processus qui
s'étend plutôt sur une dizaine d'années que sur deux ou trois ans. Il arrive FINANCIERS DE L'O. T. A. N. 283 PROBLÈMES
très fréquemment qu'un matériel qui durera quatre ou cinq ans entre en
service au moment où son successeur existe déjà sur plans dans les bureaux
d'études, ou même à l'état de prototype sur les terrains d'essai. De ce fait,
les autorités militaires ont toujours tendance à considérer le matériel dont
elles disposent comme n'étant pas celui qui leur serait nécessaire pour
surclasser ou même égaler l'adversaire.
Une conséquence accessoire de ce phénomène est le problème, en temps
de paix, de l'écoulement des surplus ainsi démodés. Les solutions choisies
semblent agiter certaines parties du monde, en ce moment. Mais il résulte
surtout de cet aspect de la défense moderne la nécessité de la prévision à
long terme en vue d'établir des programmes de longue durée, et la nécessité
égale de rechercher le rendement ou l'économie de l'effort.
Une autre caractéristique de la défense moderne est que la mise sur pied
de forces de défense adéquates suppose les ressources d'un grand Etat,
car il s'agit toujours de s'aligner sur l'adversaire le plus favorisé — si je peux
dire. D'où deux problèmes accessoires. Le premier posé par ce que l'on
pourrait nommer le train de vie de la défense, qui crée des situation curieu
sement paradoxales où l'on voit des pays encore modérément développés
disposant, avec tous les problèmes accessoires que cela suppose, de matériels
de défense extraordinairement modernes, qui ne correspondent pas, il
faut bien le dire, à l'ensemble de leur équipement industriel ni au niveau
général de développement de leurs techniciens. Ce problème techniquement
déjà sérieux est, du point de vue financier, insoluble. Puis, seconde consé
quence de cette caractéristique de la défense, le fait pour un pays qui ne
dispose pas de la puissance industrielle nécessaire à la production des
matériels militaires nécessaires à ses forces, et en supposant même qu'il ait
les ressources financières intérieures suffisantes, il se pose encore la diff
iculté d'achats extérieurs dans les pays producteurs du matériel moderne,
qui risquent de rompre sans espoir l'équilibre de sa balance des paiements.
A qui songe, par exemple, que l'ensemble du matériel fourni à titre d'aide
par l'Amérique du Nord, au cours des cinq dernières années, représente la
valeur d'une dizaine de milliards de dollars, alors que le volume cumulé des
échanges commerciaux de l'ensemble des pays européens avec la zone dollar
représente au total, pour les cinq années en question, moins d'un milliard
et demi de dollars, il apparaît immédiatement que le problème eût été inso
luble s'il s'était agi d'acheter en bons deniers tous ces matériels dans le
pays producteur.
Enfin, dernier a

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