Les problèmes mondiaux de l économie agraire - article ; n°3 ; vol.12, pg 345-362
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Description

Politique étrangère - Année 1947 - Volume 12 - Numéro 3 - Pages 345-362
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Dumont
Les problèmes mondiaux de l'économie agraire
In: Politique étrangère N°3 - 1947 - 12e année pp. 345-362.
Citer ce document / Cite this document :
Dumont René. Les problèmes mondiaux de l'économie agraire. In: Politique étrangère N°3 - 1947 - 12e année pp. 345-362.
doi : 10.3406/polit.1947.5497
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1947_num_12_3_5497LES PROBLÈMES MONDIAUX
DE L'ÉCONOMIE AGRAIRE
L'ASIE RIZICOLE ET LES ÉTATS-UNIS
L'Asie des Moussons, premier terme de la comparaison, s'étend depuis
le Japon (sauf Hokkaïdo) à travers la Corée, jusqu'à la partie orientale des
Indes. La zone occidentale, plus sèche, est le domaine : du blé, dans le
Nord-Ouest ; du sorgho et du millet ailleurs ; à l'exception de la côte
occidentale, dite de Malabar qui, plus arrosée, redevient le domaine du
riz. Elle englobe également la péninsule indochinoise, les États-Unis d'Indon
ésie (ex-Indes Néerlandaises), mais surtout Java et les Philippines, surtout
l'île principale, dont la capitale est Manille.
Dans ce vaste domaine, il faut tout de suite distinguer deux économies
agraires fondamentalement différentes. Les plateaux, collines et montagnes
de l'intérieur de cette région sont souvent demeurés à un stade d'évolution
primitive : culture de céréales non submergées, en poquets, sur défriche
de la forêt par le feu : le ray. Certaines peuplades de Sumatra, de Bornéo,
certaines peuplades des montagnes du Sud de la Chine et de l'Indochine
sont même restées au stade pré-agricole de la cueillette.
Dans ces régions, des formes de paludisme très pernicieuses (beaucoup
plus dangereuses que dans les plaines, contrairement à une opinion superf
icielle) constituent une grosse entrave à la mise en valeur. Quelquefois,
cette mise en valeur a eu lieu récemment, brutalement pourrait-on dire,
par l'intervention d'une forme de capitalisme agraire : les grandes sociétés
de plantation, qui ont défriché la grande forêt, établi des plantations d'hévéa
à caoutchoucs, de palmier à huile, ou encore de sucre, de café et de thé.
Par conséquent, l'intérieur n'est pas le domaine du riz, sauf dans certaines
régions où une densité de population particulièrement élevée oblige à y
pratiquer ces cultures de riz en terrasses, si photogéniques, mais si dispen
dieuses de main-d'œuvre. Il y a parfois un mètre de dénivellation, un mètre 346 R. DUMONT
de muraille de terre à aménager par terrassement manuel et à entretenir,
pour cultiver une bande de terre horizontale de 1 0 cm. à parfois 2 mètres
de large. Quelquefois, l'animal même ne peut y passer.
Le domaine propre du riz de plaine se situe essentiellement au-dessus
d'un mètre de pluie annuelle, en dessous de 900 mètres d'altitude et dans
les régions où l'isotherme de janvier ne descend pas en dessous de 0°.
De plus, ce domaine du riz ne s'étend pas beaucoup entre '5° au Nord et
au Sud de l'équateur ; ce sont les régions de Sumatra, de Malaisie, de
Bornéo, où il y a peu de riz.
Cette zone produisait en riz décortiqué, dans le quinquennat d'avant
guerre, 90 millions de tonnes, réparties ainsi :
Chine : 35 millions ;
Indes : 26 ;
Japon : 8,5 millions ;
Birmanie : 5 ;
Java et Indochine : 4 millions.
Le reste venait du Siam, de Corée, des Philippines et de Formose.
L'Asie du riz, par conséquent, se situe essentiellement dans les plaines
côtières, dans les vallées alluviales et dans les deltas des fleuves, régions
plus faciles à niveler pour la submersion. Le riz, en effet, se cultive sous
une couche d'eau de 10 à 20 centimètres, donc sur terres artificiellement
disposées horizontalement; les plaines sont plus faciles à irriguer et à cultiver.
Ces plaines plates, en outre, sont engraissées, fertilisées par l'apport
constant des terres descendues des collines et des montagnes, arrachées
des fortes pentes — par suite d'un imprudent déboisement — par les pluies
tropicales. Il n'y a pas là-bas de service efficace de « Conservation des Sols >>
comme celui qui fonctionne aux États-Unis depuis 1935.
La surpopulation est la caractéristique essentielle de cette région. Ce serait
là un très beau domaine aux yeux des agronomes, mais il a été considéré
comme tel depuis de si nombreuses générations qu'il est de ce fait surpeup
lé. Il y a densité excessive d'une population quasi exclusivement rurale.
Prenons l'exemple du Tonkin : les coteaux, les montagnes, à l'intérieur,
ont de deux à cinq habitants au kilomètre carré. Le petit triangle formé par
le delta du fleuve Rouge avait, avant la famine du printemps 1 945, 540 habi
tants au kilomètre carré. Sur moins de 2 p. 100 du territoire de l'Indochine,
plus d'un tiers de la population indochinoise est concentré. 8 millions
d'habitants vivent là, dans ce delta et les deux plaines côtières du Nord-
Annam (Thanh-Hoa et Vinh). Certaines provinces du Sud du delta, les
provinces de Nam-Dinh et de Thaï Binh, dépassaient 800 habitants au
kilomètre carré ; quelques cantons en ont même 1 200 ; soit, dans ce cas PRQBilMES AGRAIRES MONDIAUX 347
extrême, près de 1 800 habitants au kilomètre carré effectivement cultivé,
gn déduisant du territoire total la superficie des villages, des rivières, marais
et cimetières. 1 800 habitants sur une ferme de 100 hectares ! Un village
de Lorraine, qui a 10 kilomètres carrés, soit un millier d'hectares, aurait,
à ce taux-là, 18 000 habitants, alors qu'en général il n'en possède que
150 à 300.
Cette densité est triple de la densité des Flandres belges ; elle est égale
h celle de la Ruhr, avec la difïérence qui) n'y a pas de cheminées d'usines.
Car c'est une population exclusivement agricole et artisanale, avec un peu
de pêche (pêche côtière exclusivement), un petit commerce et du col
portage • très peu d'activité industrielle. Il n'y a que deux villes au Tonkin :
Hanoï et Nam-Dinh, qui dépassent 100 000 habitants. Les mines de charbon
de Hongay et de Dong Trieu sont en dehors du delta. Sur ces 8 millions
d'habitants, 7 millions habitent à la campagne, et plus de 6 millions se
consacrent à l'agriculture ; près dé 80 p. 100 de la population est agricole.
Aux Indes anglaises, une certaine activité industrielle abaisse le pourcen^
tage agricole à 70 p. 100. Des densités analogues se retrouvent dans le
Bengale (400), dans la basse vallée du Yang Tsé Kiang (600), dans la basse
vallée du Si4Ciang (Canton) ; le Siam, la Birmanie, ainsi que la Cochin-
chine spnt moins peuplées, donc exportateurs.
Pour retrouver aux Indes des densités analogues à celle du Tonkin, il
faut aller $ l'extrême pointe Sud-Ouest du Dekkan, dans la région de
Cochin et de Travancore, où il y a respectivement 700 et 500 habitants au
kilomètre carré. Il est à noter que ces deux districts les plus peuplés des
Indes sont aussi ceux où la progression de la population est la plus rapide.
En un demi-siècle, entre 1871 et 1921, l'ensemble des Indes a augmenté
de 200 p. 1 00 sa population, mais ces deux districts, dans le même espace
de temps, ont augmenté leur population de 50 p. 100 : le déséquilibre tend
à s aggraver.
Si vous circulez sur les sentiers qui réunissent les villages du Tonkin,
souvent larges de 50 centimètres, vous y voyez, les jours de marché, une
circulation intense.
Dans ces fourmilières humaines, l'homme manque d'espace vital ; par
conséquent, la dimension des exploitations agricoles est très petite.
Elles ont une superficie d'environ un hectare : un peu plus aux Indes
anglaises (1 ,2 à 1 ,5) ; un peu moins au Sud de la Chine et au Tonkin,
où il y a un peu plus d'un million d'habitants pour un peu moins d'un million
d'hectares. Au Japon, ou 16 p. 100 de la surface du sol est cultivée, la
moyenne est d'un demi-hectare.
Aû contraire, les zones de la péninsule indochinoise sont moins densé-
ment peuplées : en Cochinchine, Siam e,t Barmanie, on trouve couramment 348 R. DUMONT
des exploitations de 2 à 5 hectares. Quand il y a de grandes propriétés
(centaines ou milliers d'hectares, comme en Cochmchine et au Siam),
elles sont exploitées

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