Les relations entre l Eglise catholique et l Organisation internationale du travail - article ; n°3 ; vol.37, pg 351-387
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Les relations entre l'Eglise catholique et l'Organisation internationale du travail - article ; n°3 ; vol.37, pg 351-387

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Description

Politique étrangère - Année 1972 - Volume 37 - Numéro 3 - Pages 351-387
Les syndicats chrétiens et l'Eglise catholique ont, dès la naissance de l'O.I.T., manifesté leur intérêt à ses travaux. Du côté des syndicats chrétiens, on dénonce cependant la sclérose de l'organisation internationale et sa tendance à favoriser le syndicat unique. L'Eglise catholique, au contraire, tend à apporter son appui moral croissant à l'O.I.T. L'auteur met l'accent sur l'ambiguïté fondamentale de l'O.I.T., née sous le signe du réformisme, mais inapte à résoudre les problèmes économiques et sociaux et incapable de se rénover elle-même.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Maurice Barbier
Les relations entre l'Eglise catholique et l'Organisation
internationale du travail
In: Politique étrangère N°3 - 1972 - 37e année pp. 351-387.
Résumé
Les syndicats chrétiens et l'Eglise catholique ont, dès la naissance de l'O.I.T., manifesté leur intérêt à ses travaux.
Du côté des syndicats chrétiens, on dénonce cependant la sclérose de l'organisation internationale et sa tendance à favoriser le
syndicat unique.
L'Eglise catholique, au contraire, tend à apporter son appui moral croissant à l'O.I.T.
L'auteur met l'accent sur l'ambiguïté fondamentale de l'O.I.T., née sous le signe du réformisme, mais inapte à résoudre les
problèmes économiques et sociaux et incapable de se rénover elle-même.
Citer ce document / Cite this document :
Barbier Maurice. Les relations entre l'Eglise catholique et l'Organisation internationale du travail. In: Politique étrangère N°3 -
1972 - 37e année pp. 351-387.
doi : 10.3406/polit.1972.1921
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1972_num_37_3_1921RELATIONS ENTRE L'ÉGLISE CATHOLIQUE LES
ET L'ORGANISATION
INTERNATIONALE DU TRAVAIL (*)
par Maurice BARBIER
Les syndicats chrétiens et l'Eglise catholique ont, dès la nais
sance de l'O.I.T., manifesté leur intérêt à ses travaux.
Du côté des syndicats chrétiens, on dénonce cependant la
sclérose de l'organisation internationale et sa tendance à favoriser
le syndicat unique.
L'Eglise catholique, au contraire, tend à apporter son appui
moral croissant à l'O.I.T.
L'auteur met l'accent sur l'ambiguïté fondamentale de l'O.I.T.,
née sous le signe du réformisme, mais inapte à résoudre les
problèmes économiques et sociaux et incapable de se rénover
elle-même.
Soucieuse d'être présente dans la vie internationale d'une manière
active, l'Eglise catholique porte actuellement un grand intérêt aux
principales organisations internationales, notamment à l'O.N.U. et
à ses institutions spécialisées. De nombreuses organisations interna
tionales catholiques ont le statut consultatif auprès de celles-ci et
le Saint-Siège entretient des relations régulières avec elles par l'i
ntermédiaire de ses observateurs permanents. Le pape lui-même a
rendu visite à certaines d'entre elles : à l'O.N.U. en 1965, à l'O.I.T.
(Organisation internationale du travail) en 1969 et à la F.A.O. pour l'alimentation et l'agriculture) en 1970 (1). Les
* Cet article s'inspire d'une étude beaucoup plus détaillée, publiée par le Centre
L.-J. Lebret « Foi et développement », 9, rue Guénégaud, Paris VI*.
(1) Sur les rapports importants entre l'Eglise et l'Unesco, voir Barbier (Maurice),
L'Eglise catholique et l'Unesco, vingt-cinq ans de relations, Paris, Centre L.-J. Le
bret c Foi et développement », 1971, 151 p. (ronéotypé). 352 BARBIER
relations de l'Eglise avec l'O.I.T. sont particulièrement étroites, non
seulement parce qu'elles remontent aux origines de l'Organisation et
que les chrétiens ont préparé la création de celle-ci, mais parce qu'il
y a une harmonie profonde entre les deux institutions et une conver
gence remarquable entre leur doctrine et leurs objectifs en matière
sociale.
Le rôle des chrétiens dans la naissance de l'O.I.T.
Les milieux chrétiens ont pris une part active dans la préparation
de l'O.I.T., en réclamant une législation internationale du travail dès
le milieu du dix-neuxième siècle. A cet égard, le véritable précurseur
fut un protestant français, Daniel Le Grand (1783-1859) (2). Petit
industriel alsacien, celui-ci avait constaté que le libre-échange entraî
nait une concurrence ruineuse pour les industriels et des conséquenc
es désastreuses pour les travailleurs. Pour améliorer les conditions
de travail sans subir le contre-coup de la concurrence internationale,
il fallait une entente entre les différents pays : c'est ainsi que naquit
l'idée d'une législation internationale du travail. Dès lors, Daniel
Le Grand adressa divers appels aux gouvernements d'Europe pour
leur demander d'adopter une loi internationale sur l'ensemble du
travail industriel, mais il ne fut pas écouté.
Du côté catholique, des idées semblables ne tardèrent pas à se
manifester (3). Ainsi, en 1869, Mgr Ketteler, évêque de Mayence,
affirmait que le travail n'était pas une marchandise, ni l'ouvrier une
machine, et il dénonçait vigoureusement l'exploitation de la classe
ouvrière par le capital. En 1883, Mgr Mermillod fonda l'Union
catholique de Fribourg, qui étudia le problème de la législation inte
rnationale du travail et fit des propositions concrètes à ce sujet. En
même temps, les catholiques sociaux développaient cette idée au sein
(2) Sur Daniel Le Grand, voir Weiss (Raymond), Un précurseur de la législation
internationale du travail : Daniel Le Grand (1783-1859), son œuvre sociale et inter
nationale, Paris, Marcel Rivière, 1926, XI-280 p. (Bibliogr.), surtout pp. 182-240.
(3) Voir à ce sujet Turmann (Max), « La législation internationale du travail
et les chrétiens sociaux », Revue internationale du travail 6 (1), juillet 1922, pp. 3-10,
et « Les catholiques et les origines de l'Organisation du travail »,
La Vie intellectuelle 8 (2), septembre 1930, pp. 271-282, ainsi que Roullet (André),
« La part des catholiques dans l'organisation de la législation internationale du
travail », Chronique sociale de France 41 (10), octobre 1932, pp. 681-705 (Bibliogr.). et l'o.i.t. 353 l'église
des Parlements, par exemple Albert de Mun en France, l'abbé
Winterer en Allemagne et Gaspard Decurtins en Suisse. Le pape
Léon XIII y était lui-même très favorable, comme il le montrait
dans deux lettres adressées l'une à l'empereur d'Allemagne, Guil
laume II, lors de la conférence internationale sur les problèmes du
travail, réunie à Berlin en 1890 (4), et l'autre au parlementaire
suisse Gaspard Decurtins en 1893 (5). Un peu plus tard, au congrès
international ouvrier de Zurich en 1897, ce dernier présenta un
rapport sur la protection ouvrière internationale, où il soulignait
la nécessité d'une législation internationale du travail et demandait
la création d'un office international pour la protection ouvrière.
Effectivement, en juillet 1900, un congrès international de légis
lation du travail se réunit à Paris, sous l'impulsion notamment d'un
catholique social convaincu, Raoul Jay, professeur à la faculté de
droit de Paris, et fonda l'Association internationale pour la protec
tion légale des travailleurs, qui créa l'année suivante un Office inter
national du travail, installé à Bâle. Le Saint-Siège fut admis à faire
partie de cette Association, où les catholiques sociaux collabo
raient étroitement avec les socialistes : il paya régulièrement sa
cotisation à l'Association et participa activement à ses travaux, en
envoyant un représentant à ses assemblées. Pie X appuyait égale
ment l'idée d'une législation internationale du travail, comme le
montraient en 1904 deux lettres de son secrétaire d'Etat, le cardinal
Merry del Val (6).
A côté des syndicats socialistes et parfois avec eux, les syndicats
chrétiens réclamaient aussi, notamment à la fin de la première guerre
mondiale, l'élaboration d'une législation internationale du travail.
Ainsi, le congrès des Unions professionnelles chrétiennes et libres de
Belgique, réuni au Havre en juin 1918, demandait que le traité
de paix renferme les clauses essentielles d'une législation protectrice
du travail ou en admette au moins le principe. C'est également
ce que souhaitait la Fédération française des syndicats d'employés
catholiques dans une lettre au président Wilson en décembre 1918.
(4) Lettre du 14 mars 1890. Cf. Leonis XIII, Acta, vol. X, Rome, 1891, pp. 95-98.
Mgr Kopp, prince-évêque de Breslau, représentait Guillaume II à cette conférence.
(5) Lettre du 6 août 1893. Cf. Actes de Léon Xlll, Paris, Bonne Presse, s.d.,
tome III, pp. 216-219.
(6) Cf. Arnou (André), L'Organisation internationale du travai

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