Moins de chiffres et plus de résultats ? - article ; n°3 ; vol.19, pg 177-190
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Description

Politiques et management public - Année 2001 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 177-190
Responsabiliser les gestionnaires et augmenter la productivité des administrations exigent de solides mesures de coûts, de ce qu'on produit, de ce qu'on réussit à changer dans la société. Cette assertion a rang sinon d'axiome au moins de réflexe conditionné dans le domaine et ce, depuis bien avant le Nouveau Management Public. L'article s'attache d'abord à montrer comment et pourquoi la mesure rigoureuse espérée il y 20 ans, d'abord ne s'est que très partiellement matérialisée, ensuite qu'elle a rencontré des difficultés impressionnantes d'utilisation pratique. Le progrès technique dans la mesure de la productivité des services en général et de ceux du secteur public en particulier s'est concentré sur un front assez étroit qui, hélas, regroupe surtout des activités qu'on ne considère aujourd'hui du ressort public qu'en raison d'accidents historiques dont le souvenir s'efface progressivement avec les privatisations et la sous-traitance.
Que la mesure traditionnelle comme l'estimation de productivité n'ait pas tenu ses naïves promesses ne signifie pas que la mesure comme instrument de responsabilisation doive être abandonnée, seulement qu'elle doit être élargie et modernisée. La seconde partie de l'article présente quelques-uns des instruments de pointe qui tentent d'évaluer les performances organisationnelles dans le secteur public, de situer la gouvernance sur des échelles semi-quantifiables. Ces instruments sont conçus et expérimentés dans une perspective très opérationnelle, notamment par les organisations internationales, afin d'aider à moderniser (ou parfois simplement à faire fonctionner) les administrations des PVD. Cette perspective opérationnelle permet de vérifier au fur et à mesure l'utilité des instruments de mesure et de diagnostic. Les promesses de ces méthodes sont modestes mais réalistes ; plus encore, les leçons apprises sur le terrain des PVD sont immédiatement transposables aux pays avancés où elle permettent notamment de focaliser plus clairement les interventions de responsabilisation qui sont capables de réussir dans la durée.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Lacasse
Moins de chiffres et plus de résultats ?
In: Politiques et management public, %vol. 19 n° 3, 2001. Les nouvelles exigences de la responsabilité publique.
Actes du dixième colloque international - Paris, jeudi 9 et vendredi 10 mars 2000 - Tome 2. pp. 177-190.
Résumé
Responsabiliser les gestionnaires et augmenter la productivité des administrations exigent de solides mesures de coûts, de ce
qu'on produit, de ce qu'on réussit à changer dans la société. Cette assertion a rang sinon d'axiome au moins de réflexe
conditionné dans le domaine et ce, depuis bien avant le Nouveau Management Public. L'article s'attache d'abord à montrer
comment et pourquoi la mesure rigoureuse espérée il y 20 ans, d'abord ne s'est que très partiellement matérialisée, ensuite
qu'elle a rencontré des difficultés impressionnantes d'utilisation pratique. Le progrès technique dans la mesure de la productivité
des services en général et de ceux du secteur public en particulier s'est concentré sur un front assez étroit qui, hélas, regroupe
surtout des activités qu'on ne considère aujourd'hui du ressort public qu'en raison d'accidents historiques dont le souvenir
s'efface progressivement avec les privatisations et la sous-traitance.
Que la mesure traditionnelle comme l'estimation de productivité n'ait pas tenu ses naïves promesses ne signifie pas que la
mesure comme instrument de responsabilisation doive être abandonnée, seulement qu'elle doit être élargie et modernisée. La
seconde partie de l'article présente quelques-uns des instruments de pointe qui tentent d'évaluer les performances
organisationnelles dans le secteur public, de situer la gouvernance sur des échelles semi-quantifiables. Ces instruments sont
conçus et expérimentés dans une perspective très opérationnelle, notamment par les organisations internationales, afin d'aider à
moderniser (ou parfois simplement à faire fonctionner) les administrations des PVD. Cette perspective opérationnelle permet de
vérifier au fur et à mesure l'utilité des instruments de mesure et de diagnostic. Les promesses de ces méthodes sont modestes
mais réalistes ; plus encore, les leçons apprises sur le terrain des PVD sont immédiatement transposables aux pays avancés où
elle permettent notamment de focaliser plus clairement les interventions de responsabilisation qui sont capables de réussir dans
la durée.
Citer ce document / Cite this document :
Lacasse François. Moins de chiffres et plus de résultats ?. In: Politiques et management public, %vol. 19 n° 3, 2001. Les
nouvelles exigences de la responsabilité publique. Actes du dixième colloque international - Paris, jeudi 9 et vendredi 10 mars
2000 - Tome 2. pp. 177-190.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2001_num_19_3_2686MOINS DE CHIFFRES ET PLUS DE RESULTATS ?
François LAÇASSE*
Résumé Responsabiliser les gestionnaires et augmenter la productivité des
administrations exigent de solides mesures de coûts, de ce qu'on produit, de
ce qu'on réussit à changer dans la société. Cette assertion a rang sinon
d'axiome au moins de réflexe conditionné dans le domaine et ce, depuis bien
avant le Nouveau Management Public. L'article s'attache d'abord à montrer
comment et pourquoi la mesure rigoureuse espérée il y 20 ans, d'abord ne
s'est que très partiellement matérialisée, ensuite qu'elle a rencontré des
difficultés impressionnantes d'utilisation pratique. Le progrès technique dans la
mesure de la productivité des services en général et de ceux du secteur public
en particulier s'est concentré sur un front assez étroit qui, hélas, regroupe
surtout des activités qu'on ne considère aujourd'hui du ressort public qu'en
raison d'accidents historiques dont le souvenir s'efface progressivement avec
les privatisations et la sous-traitance.
Que la mesure traditionnelle comme l'estimation de productivité n'ait pas tenu
ses naïves promesses ne signifie pas que la mesure comme instrument de
responsabilisation doive être abandonnée, seulement qu'elle doit être élargie
et modernisée. La seconde partie de l'article présente quelques-uns des
instruments de pointe qui tentent d'évaluer les performances
organisationnelles dans le secteur public, de situer la gouvernance sur des
échelles semi-quantifiables. Ces instruments sont conçus et expérimentés
dans une perspective très opérationnelle, notamment par les organisations
internationales, afin d'aider à moderniser (ou parfois simplement à faire
fonctionner) les administrations des PVD. Cette perspective opérationnelle
permet de vérifier au fur et à mesure l'utilité des instruments de mesure et de
diagnostic. Les promesses de ces méthodes sont modestes mais réalistes ;
plus encore, les leçons apprises sur le terrain des PVD sont immédiatement
transposables aux pays avancés où elle permettent notamment de focaliser
plus clairement les interventions de responsabilisation qui sont capables de
réussir dans la durée.
* Banque Mondiale/Université du Québec.
Ce texte ne prétend nullement représenter la position de la Banque Mondiale et les opinions
émises n'engagent que l'auteur.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 19, n° 3, septembre 2001.
© Institut de Management Public - 2001. :
:
178 François LAÇASSE
Introduction Ce texte fait le point sur la situation de nos méthodes et connaissances sur
comment augmenter la responsabilisation et la productivité dans les
administrations publiques lorsque les données requises pour mesurer les
résultats sont fragiles, inexistantes ou impossibles à utiliser. La perspective
adoptée est celle de l'évolution en cours des instruments de diagnostic et
d'assistance aux réformes des administrations dans les pays en voie de
développement (PVD).
Comment ces réformes réussissent ou échouent a aussi servi de révélateur
quant aux conditions de succès des réformes dans les pays de l'OCDE. En
effet, l'essentiel de la démarche d'aide aux administrations des PVD a
longtemps consisté à tenter d'y importer des pratiques considérées efficaces
dans les pays industrialisés. Les échecs rencontrés ont été alors plus la règle
que l'exception.1 Ceci a conduit à s'interroger sur l'identité des mesures
vraiment essentielles et sur comment elles pourraient s'insérer dans des
contextes différents de ceux où elles sont nées. Trouver des réponses a exigé
de jeter un oeil neuf sur les véritables déterminants des résultats occidentaux,
notamment dans des secteurs aux mesures incertaines comme la santé et
l'éducation. On en est aujourd'hui à forger et à expérimenter des instruments
d'analyse et d'intervention peut-être capables de pallier aux défaillances des
mesures classiques de productivité. L'attention se porte sur les structures de
gouvernance et leur analyse. En somme, on effectue un retour vers le politique
et la dynamique sociale des administrations, faute d'avoir pu y utiliser les
recettes du génie industriel.
Les mesures de Les mesures chiffrées de performance comme instruments de
résultats : des responsabilisation des administrations poursuivent depuis longtemps une
carrière remarquable par sa rhétorique et par l'emprise qu'elles exercent sur la espoirs aux
réflexion de tout le courant de pensée qu'on range sous le vocable de solutions de
rechange Nouveau Management Public2. Quoi de plus indiscuté que le fait de focaliser
les administrations sur les résultats chiffrés, sur la productivité ?
Les espoirs initiaux pour de telles mesures sont nés bien avant que le terme
même de Nouveau Management Public devienne monnaie courante. Vus
d'aujourd'hui, ils dégagent un fumet de foi du charbonnier. Ceci est dû en
partie à leurs succès initiaux dans des domaines précis et restreints : ceux où
l'origine industrielle des mesures utilisées ne présentait pas d'obstacle : le
paiement des retraites ou des intérêts sur les titres d'État, la livraison du
courrier, l'entretien des routes, etc. Ces activités sont proches de celles où les
mesures de productivité dans l'économie ont été conçues, où l'approche
taylorienne a le mieux réussi. Encore aujourd'hui les mesures de produc

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